Catégorie : Sciences Sociales

« Personnes qui ont leurs règles », « identité de genre »… mais qu’est-ce qu’être une femme ?

— Par Pauline Arrighi, Essayiste féministe —

Auteure de deux livres, dont Et si le féminisme nous rendait heureuse ? (Dunod)

Alors que J. K. Rowling a été accusée de transphobie pour avoir suggéré que seules les femmes avaient leurs règles, selon Pauline Arrighi, il est impossible de définir le sexe féminin en s’affranchissant de toute considération biologique.

« Personne qui a ses règles ».. pourquoi ne pas tout simplement utiliser le mot « femme » ? C’est ce qu’a suggéré l’écrivaine Joanne K. Rowling dans un tweet, qui lui a valu des accusations de « transphobie ». Selon ses détractrices et détracteurs, certains hommes ont des règles. De même que d’autres personnes, qui indépendamment de ce phénomène physiologique, ne sont ni hommes ni femmes. Tout est une question de définition. Peut-on définir qui est une femme en s’affranchissant de toute considération biologique – pour inclure les personnes transgenres ? Cette proposition de définition, qui a fait son apparition dans les champs intellectuel et militant dans les années 1980, balaie d’un revers de main toute référence à l’observation des corps. Selon les tenants du transgenrisme, la définition biologique de qui est une femme et qui est un homme est non seulement inepte, mais aussi « transphobe ».

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Déboulonner les statues « reste une victoire à la Pyrrhus, un acte purement symbolique »

— Par Marie-Louise Ryback Jansen
Directrice du projet « Contested Histories », Institute for Historical Justice and Reconciliation, La Haye, Pays-Bas
&
Steven Stegers
Directeur exécutif d’EuroClio, association européenne de professeurs d’histoire
Le retrait symbolique de certaines statues ne suffit pas à effacer les griefs qui divisent une société soulignent, les historiens Marie-Louise Ryback Jansen et Steven Stegers. —

Tribune. Un mouvement « monumental » secoue le monde. La mort de George Floyd et l’indignation générale du public face au racisme systémique et à la brutalité policière ont provoqué la dégradation, le renversement ou le piétinement de statues qui, jusqu’alors, se fondaient dans le paysage pour le commun des mortels.

Le déboulonnage, le 7 juin à Bristol (Royaume-Uni), de la statue d’Edward Colston, négociant négrier du XVIIIe siècle, traînée dans les rues et jetée dans les eaux du port par des manifestants, en est un exemple parmi d’autres. Ces actes semblent avoir mis fin à des années de débat à propos de ces statues – elles doivent tomber. Mais est-ce la mesure la plus efficace pour atteindre les objectifs recherchés par les manifestants ?

Peu après la destitution de Colston, un manifestant, à Oxford, a laissé un panneau sur les portes de l’Oriel College sur lequel on pouvait lire, à propos de Cecil Rhodes (1853-1902), donateur de cet établissement et homme d’affaires, mais surtout colonisateur britannique et créateur de la firme diamantaire De Beers, « Rhodes, you’re next » – « Rhodes, tu es le prochain ».

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Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique

Ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui fut elle-même victime d’attaques racistes, livre dans le Journal Du Dimanche du 6 juin, son analyse sur le mouvement contre les violences policières et le racisme.

JDD : 20.000 personnes ont manifesté mardi devant le Palais de Justice, à Paris, pour demander « Justice pour Adama », quelles différences et quelles similitudes repérez-vous entre les situations américaine et française?

Quand Adama Traoré ou George Floyd meurent, c’est pareil : ce sont des hommes noirs qui meurent de leur rencontre avec des policiers. Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique. Les différences résident dans l’organisation de nos systèmes : République fédérale contre État central jacobin. La consanguinité qui existe dans certains corps de police aux États-Unis n’a pas lieu chez nous. En France, il y a une institution judiciaire compétente sur l’ensemble du territoire et des enquêtes systématiques sur ces cas. Chez nous, des personnes meurent d’avoir rencontré des policiers, pas d’avoir rencontré la police.

JDD : En tant qu’ancienne garde des Sceaux, comment jugez-vous la façon dont la justice française traite ces affaires?

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La Santé est l’affaire de tous

Manifestons avec les travailleurs de la Santé le mardi 16 juin 2020

Mardi 16 juin, les travailleurs et les travailleuses de la santé sont appelés faire grève. Ils manifesteront pour réclamer des moyens pour que le système de santé public fonctionne correctement, mais aussi pour défendre leurs droits. Ils n’ont que faire des breloques et autres miettes que le gouvernement s’apprête à leur lancer en guise de remerciements.
Pendant toute la période du confinement, ils ont été applaudis chaque soir. Les télévisions sont même allées jusqu’à diffuser en direct les applaudissements de gens depuis leur balcon.
Le confinement est levé et le Conseil d’Etat a entériné le 13 juin 2020 une situation de fait constatée depuis plusieurs jours : les manifestations publiques se déroulent.
Renouons donc avec nos traditions et montrons concrètement notre solidarité active en descendant dans la rue nombreux aux côtés des personnels de Santé.
La santé, ce n’est pas que l’affaire des soignants. C’est l’affaire de tous

G. Jean-Marie

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Que sera la France d’après crise ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Le buzz médiatique actuel va rendre les rapports de forces économiques et sociaux de plus en plus brutaux en France. La France  » d’après  » la crise du coronavirus est riche d’idées, mais elles ne sont pas partagées par tous.
Qui pouvait penser que le coronavirus ferait basculer le pays entier dans le télétravail, mettrait l’ économie en péril et bousculerait complètement nos certitudes ?
Parmi ces certitudes, il en va désormais du questionnement de la survie même du modèle social français. Il en est également de la question de la France comme parangon de vertu avec la paternité de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Loin d’être dédouanée , la France renoue ainsi avec une polémique sur la véritable interprétation de son histoire esclavagiste et coloniale. Ainsi de même lorsque les acteurs politiques tentent de retrouver un positionnement par rapport à l’histoire qui leur permette de donner du sens à leurs souvenirs, les efforts déployés à cet effet restent souvent embryonnaires en raison d’un certain flou autour de la question « qui a fait quoi dans le passé ».

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Et si le noir était un blanc comme un autre….

— Par Emmanuel Argo —

France, le 12 juin 2020, par Emmanuel Argo, afro-caraïbéen né à la Martinique, auteur du concept de la NégroÉvolution, agressé et blessé 2 fois par des racistes en 2000 et 2015 sur la voie publique, en France continentale. Il est actuellement Conseiller municipal d’un petit village du centre de la France.

Á cause de l’assassinat de Georges FLOYD, afro-américain, par un policier blanc : une protestation mondiale et sans précédent contre la banalisation du racisme et de la négrophobie.

Il y a deux nuances de « noir » : celle de ceux qui réussissent et qu’on croise à l’université, à la banque, à l’hôpital, dans un centre de recherches… et celle de ceux qui galèrent, concentrés dans le métro, dans le quartier et à la ceinture des métropoles pour ne pas s’éloigner des poubelles à vider, tard dans la nuit ou très tôt le matin. C’est surtout la couleur de ces derniers qui détonne par rapport au blanc caucasien, la couleur de l’authenticité.

Depuis des siècles, l’idéologie occidentale conquérante a établi que la couleur universelle de référence était le blanc : quiconque est blanc, du haut de cette supériorité de façade, peut juger, représenter l’ordre, l’intelligence, l’autorité, le pouvoir, au nom d’une évolution d’un degré supérieur.

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Mettre fin au racisme, de toute urgence !

À Fort-de-France, deux âges, deux formes d’expression

 Aimé Césaire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Des jeunes Martiniquais se mobilisent contre le racisme

À Fort de France, le mercredi 10 juin, à midi sur la place de l’Enregistrement, devant le centre commercial Perrinon, on a pu applaudir une trentaine de jeunes étendus par terre, les mains dans le dos. Ils étaient accompagné de tanbouyés. La mise en scène était organisée mercredi par des collégiens, lycéens et étudiants, de Rivière-Salée et de Sainte-Luce. 

Ils dénonçaient les violences policières perpétrées contre les Noirs. Un flashmob de 8 minutes et 46 secondes — le temps où le policier a maintenu son genou sur le cou de sa victime, le temps pendant lequel sa victime a suffoqué avant de mourir… Un flashmob pour faire écho à la mort de George Floyd, aux États-Unis, pour lui rendre hommage, mais aussi pour interpeller le public : « C’est un autre moyen d’occuper l’espace public : on a choisi d’occuper la rue car George Floyd est mort dans la rue.

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Sciences sociales : nouveautés du 14 juin 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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« Mémoires et Partages », pour que nos villes changent

Karfa Diallo : « La France a débaptisé des rues qui portaient des noms de collabos, pourquoi pas celles qui portent des noms de négriers ? » 

En marge des manifestations contre le racisme, après la mort de Georges Floyd, des statues de négriers sont déboulonnées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique etc. Et en France, qu’en est–il du passé négrier de certains grands ports de la façade atlantique ? Pourquoi certaines rues n’ont-elles jamais été débaptisées ? France Inter a demandé à Karfa Sira Diallo son avis sur la question. Karfa Sira Diallo est essayiste, éditorialiste, et consultant franco-sénégalais, né à Thiaroye en 1971. Engagé depuis de nombreuses années sur les questions de la diversité culturelle et du travail de mémoire, en particulier autour de l’esclavage et de la colonisation, il est actuellement directeur fondateur de l’association internationale « Mémoires et Partages », basée à Bordeaux et à Dakar.

Beaucoup de rues portent encore les noms des familles qui ont prospéré sur le commerce d’esclaves. Square Rasteau, square Giraudeau, rue Admirault en sont un exemple à la Rochelle, où six lieux portent le nom d’armateurs qui ont bâti fortune et renom sur la traite négrière au 18e siècle.

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Voir, revoir, ne jamais ou ne plus voir, lire ou ne pas lire la saga « Autant en emporte le vent »

Un livre, un film qui font aujourd’hui polémique

Participant à un stage de formation à l’analyse filmique, alors toute jeune enseignante, il me fut donné de travailler sur ce film… et de partager l’émerveillement purement cinématographique et esthétique, de ressentir l’émotion qui fut celle du formateur nous expliquant, outre le procédé technique, la force incomparable du dernier plan long, qui voit de dos, dans un superbe travelling arrière, Scarlett s’éloigner seule vers son domaine de Tara. Dans mon innocence, je regardais d’abord l’histoire de Scarlett et Rhett, Scarlett comme une de ces héroïnes à la recherche de sa liberté de femme, déterminée à s’imposer dans un monde d’hommes, où elle tracerait son chemin, fière et résolue. Il est certain que mon regard, nourri d’autres lectures et d’autres enseignements, sur l’ensemble du film ne saurait être tout à fait le même aujourd’hui. Cependant je ne voudrais me priver de certaines séquences culte à la sauvage beauté, ainsi de Scarlett et Retth traversant avec leur petite fille la ville d’Atlanta en feu…

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Où il est question du « plan de soutien aux médias »

La lettre du « Club Presse Martinique » à  Édouard Philippe, publiée sur RCI, le 10/06/2020

Le président du « Club Presse Martinique », Adams Kwateh, a interpellé le Premier Ministre sur la situation des médias privés. Dans un courrier adressé le 9 juin à Édouard Philippe, il lance l’alerte sur la situation des journalistes pigistes, qui souffrent des effets de la crise du Covid-19 sur les médias privés.

Dans son rôle de promotion des activités des médias et la défense de la pluralité de l’information, le « Club Presse Martinique » veut ainsi attirer l’attention  sur « les menaces de disparition de la presse et les médias privés dans notre île »,  en espérant très fort et très vite un arbitrage favorable.

L’annonce par Annick Girardin, le 1er juin dernier, d’un plan de soutien aux médias locaux n’a pas échappé à la sagacité des membres du « Club presse Martinique ». Mais ces derniers ont aussi entendu que ce plan qui consiste en la diminution des cotisations sociales, l’attribution d’aides directes et l’ouverture d’un « crédit d’impôt communication » pour les annonceurs, est toujours en arbitrage à Matignon.

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Lettre à Marianne* à propos de son livre

— Par André Lucrèce —

D’abord, je voudrais te féliciter pour la qualité de ta réflexion et la précision de ton écriture. Le livre est agréable à lire et interpelle par la gravité des thèmes abordés. Les rappels historiques évoqués resituent les problèmes soulevés dans le contexte du capitalisme planétaire qui commence, comme tu le rappelles, par la colonisation honteuse, laquelle a permis à la France une accumulation nécessaire à son développement capitalistique.
Donc oui, la Martinique a contribué à l’enrichissement européen, avec le cortège ignoble de la traite négrière, de l’extermination des amérindiens et de la mise en esclavage de milliers d’hommes et de femmes auxquels aucuns traitements barbares ne furent épargnés. Et cet attirail fut labélisé par l’Europe au point d’en faire une religion à prétention universalisante, sacralisée par les bulles papales dès le XVème siècle, religion qui conférait s’agissant des terres nouvelles aux envahisseurs européens la liberté « de les envahir, conquérir, emporter et subjuguer, et de réduire en perpétuelle servitude les personnes qui y habitent ». Ce processus historique fut même considéré par certains comme une
« humanisation de la planète ».

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Faut-il brûler les Panthéons?

L’actualité m’amène à reproduire une tribune parue en 2005 et qui ne paraît pas sans intérêt au moment où, en mode d’effet boomerang de l’esclavage et la colonisation, prospère un vent propice au déboulonnage des statues. A cet égard, les incidents iconoclastes qui se sont déroulés le 22 mai 2020 en Martinique ne constituent-ils pas le phénomène déclenchant d’un mouvement mondial qui pourrait n’être qu’à ses débuts ? Seize ans plus tard nul n’est besoin d’en rajouter, sauf à considérer qu’on ne s’achemine pas vers l’érection de nouvelles statues et que ceux qui voudraient que celle de Césaire trouve bonne place à Fort-de-France pourrait en avoir pour leurs frais. N’est-ce pas la première entorse avérée faite à l’aura du Nègre fondamental que de l’associer au rejet de Schoelcher ?

Yves-Léopold Monthieux, Fort-de-France – 10 juin 2020

cembre 2005

Toussaint-Louverture au Panthéon, c’était le sujet de ces derniers jours1. Mais au moment où les remises en question ainsi que les revers de médailles tourneboulent l’histoire et où les héroïsmes révèlent la part d’ombre qu’ils portent inévitablement en eux, la question se pose de savoir ce que valent encore les panthéons.

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Coronavirus : Annick Girardin annonce la fin des « motifs impérieux » pour se rendre dans les Outre-mer à partir du 22 juin

Annick Girardin l’a annoncé sur Twitter : à partir du 22 juin, il ne sera plus nécessaire d’avoir un motif impérieux (familial ou professionnel) pour se rendre dans les Outre-mer. « Le nombre de passagers par vol ne sera plus plafonné. Oui, les Français pourront se rendre dans les territoires ultramarins cet été » précise encore la ministre des Outre-mer ce lundi 8 juin.

Au-delà du 22 juin, il n’y aura plus de motifs impérieux pour se rendre dans un territoire d’outre-mer. Le nombre de passagers par vol ne sera plus plafonné. Oui, les Francais pourront se rendre dans les territoires ultramarins cet été. (@RCI_GP)

— Annick Girardin (@AnnickGirardin) June 8, 2020

 

Augmentation du nombre de vols

Depuis le début de la crise sanitaire, les vols en direction des Outre-mer ont été drastiquement réduits, et il faut pour se rendre dans un de ces territoires un « motif impérieux ». « Au delà du 22 juin, il n’y aura plus de motif impérieux » obligatoire pour se rendre dans un territoire d’outre-mer, a expliqué la ministre sur la radio RCI, précisant que cela répondait à une volonté de promouvoir le « tourisme affinitaire » cet été en Outre-mer.

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Pas de justice, pas de paix. Manifestons le 9 juin !

Une Colère légitime et salutaire

Depuis lundi 25 mai 2020, c’est une véritable onde choc qui parcourt le monde entier. En effet, aux Etats-Unis, dans la ville de Minneapolis, état du Minnesota, une jeune femme a filmé l’assassinat de sang-froid d’un afro-américain de 46 ans, George Floyd, par un policier blanc sous les yeux de trois autres Il a maintenu son genou sur le cou de FLOYD durant 9 minutes jusqu’à son asphyxie. Cet acte ignoble ne peut être qualifié autrement que d’assassinat.

Depuis, et tous les jours, des centaines de milliers de personnes manifestent dans des dizaines de villes dans tout le pays. Dans plusieurs états, Trump a appelé au déploiement de la Garde nationale. Mais les manifestants ne reculent pas, et ne respectent pas non plus le couvre-feu. Au contraire, ils maintiennent la mobilisation et la pression avec le slogan : « No justice, no Peace » (Pas de justice, pas de paix).

Ce qui est arrivé à George Floyd, de très nombreux de Noirs l’ont subi aux Etats-Unis. Avec la période de la ségrégation et des lynchages bien sûr. Mais aussi même quand la ségrégation a « disparu ».

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Guadeloupe: les maires mis en demeure de rouvrir les écoles

Début mai, presque tous les élus locaux avaient signé une « motion » validant un retour à l’école en septembre, au motif que « les conditions n’étaient pas réunies pour une rentrée » dès le début du déconfinement.

Le préfet et le rectorat de Guadeloupe ont envoyé ce mardi une mise en demeure à « tous les maires » du département « qui ont décidé de ne pas ouvrir leur écoles », fermées depuis le début de la crise du coronavirus.

« Aujourd’hui, la situation sanitaire est sous contrôle en Guadeloupe, classée en zone verte, écrivent-ils.  Dans ces conditions, la privation pour un enfant de toute possibilité de bénéficier d’une scolarisation ou d’une formation scolaire adaptée, obligatoire dès l’âge de trois ans, est susceptible de constituer une atteinte grave et illégale à une liberté fondamentale garantie par la constitution ».

« Qu’ils viennent assurer eux-mêmes cette affaire »

Dans cette lettre, les deux représentants de l’État demandent donc aux maires de « définir pour le 6 juin, les modalités d’accueil dans les établissements scolaires maternelles et élémentaires, en prenant les mesures proportionnées aux risques sanitaires encourus ».

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Sciences sociales : nouveautés du 7 juin 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Le dilemne : rouvrir les écoles, ou pas ?

En Martinique, des établissements scolaires fermés depuis cinq mois

— Marie Piquemal, dans le journal « Libération » du 4 juin 2020 — 

Une grande partie des écoles, collèges et lycées sont fermés depuis décembre, d’abord en raison du mouvement de grève contre la réforme des retraites. Puis de la crise sanitaire. Aujourd’hui, seules 15 écoles ont rouvert (1).

Tout en parlant, elle feuillette son cahier d’appel. « La dernière fois que j’ai vu mes élèves en classe… C’était le 15 janvier. Oui, c’est bien ça. Depuis bientôt cinq mois, mon collège est fermé et toujours pas de date de reprise ! ». Florence Lapierre, professeur d’EPS à Sainte-Marie en Martinique, est passée par tous les stades : la patience, l’incompréhension, la colère, la résignation. « À présent, je suis blasée. Comme tout le monde. Comment ne pas l’être ? ». Partout sur le territoire, l’année scolaire a été particulière, hachée comme jamais, avec le mouvement de grève contre les retraites, une grève très suivie dans le domaine de l’éducation, puis cette crise sanitaire et la fermeture inédite des écoles. Mais en Martinique, encore plus qu’ailleurs, la situation interpelle.

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À Fort-de-France, deux manifestations pacifiques contre le racisme

— par Janine Bailly — 

Alors que le monde entier — ou presque — bougeait, porté par son indignation après la mort de George Floyd, que l’onde de choc gagnait de ville en ville, certains attendaient impatiemment une réaction massive des citoyens de la Martinique… Puisque, comme le disait Martin Luther King, « il vient un temps où le silence est trahison » ! Une affirmation reprise sur la page web de « Jodia » : on pouvait en effet y lire, légendant la photo de ce pasteur américain, militant non-violent pour la reconnaissance des Droits civiques des Noirs aux États-Unis, lui-même assassiné le 4 avril 1968, le commentaire suivant : « Cette citation devrait résonner dans les îles muettes ». C’est fait, au soir de ce samedi 6 juin, la vague est arrivée, qui a brisé le silence ! À Fort-de-France, deux actions ont été organisées, deux manifestations bienvenues pour protester contre l’assassinat de George Floyd par des agents de police, le 25 mai 2020 à Minneapolis. Deux manifestations qui entendaient dénoncer le racisme de façon plus générale. Une occasion aussi de manifester contre les violences policières, où qu’elle soient !

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Schœlcher : Coupée Bouche

— Par Zakhyé —

La statue n’eut pas le temps de s’échapper. Malgré sa résistance d’aplomb, son socle armé et la force de ses années, la jeunesse eut raison d’elle. Fracassée, démembrée, décapitée, elle n’eut pas le temps de crier. Elles ne put se libérer de ces sangles bon marché vendues par le béké. Le Schœlcher de plâtre, de pierres, d’agrégats, de mémoire, de maçons, de paradoxes, de France, d’Alsace et de porcelaine, se mit à supplier :
Vous ! Vous parlez, vous écrivez, votre verbe est haut et doux. Il chante à mes oreilles de béton et de mauvais marbre. Sachez qu’il méprise, votre verbe, car il ne libère pas, il statufie. Ce n’est pas eux que je voulais fuir. Je voulais m’échapper de Vous. Je ne voulais pas entendre vos voix, et me voilà maintenant obligé. J’ai tant de fois tenté de Vous souffler à l’oreille que Vous n’aviez que peu de temps, mais Vous passiez devant moi, dans vos voitures climatisées. D’autres passaient à pieds avec leurs espoirs désenchantés ou réprimés. Combien de fois ai-je tenté de me libérer pour ne plus Vous regarder comme un produit que je ne pouvais imaginer alors.

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Contrôles au faciès en France: le défenseur des droits propose des solutions

Après la mobilisation de mardi 2 juin pour demander la vérité pour Adama Traoré et la fin des violences policières, le défenseur des droits Jacques Toubon a fait plusieurs propositions pour restaurer la confiance entre la police et la population.

L’idée de mieux encadrer les contrôles d’identité pour limiter les contrôles au faciès et in fine recréer de la confiance entre une partie de la population et les forces de l’ordre, n’est pas nouvelle. En 2012, déjà, le président François Hollande avait promis qu’il mettrait en place un système de récépissé pour éviter qu’un même individu soit contrôlé plusieurs fois dans la même journée. La promesse n’a jamais été concrétisée, mais elle ne serait pas idéale non plus, selon le défenseur des droits.

Dans un entretien accordé à l’agence France Presse, Jacques Toubon préconise plutôt une « traçabilité des contrôles » pour lutter contre les arrestations au faciès qui, selon lui, sont une réalité sociologique en France. Une étude publiée par son institution en 2017 révélait en effet qu’un individu perçu comme noir ou arabe a 20 fois plus de probabilités d’être arrêté qu’un autre.

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« Travailler les imaginaires est une action politique » 

La phrase-titre est d’Abd Al Malik. Au micro d’Arnaud Laporte, sur France-Culture, le rappeur, écrivain et réalisateur évoque son enfance et ses études à Strasbourg, ses débuts dans la musique et sa passion pour la littérature. D’Abd Al Malik, venu à Tropiques-Atrium, le 9 novembre 2019, présenter « Le Jeune Noir à l’épée », un spectacle chanté et chorégraphié, créé à l’occasion de l’exposition « Le Modèle Noir » au Musée d’Orsay, nous savons l’authenticité des engagements, l’importance de l’ œuvre artistique, l’humanisme dont il se réclame. Nous savons aussi qu’Aimé Césaire fait partie de son panthéon littéraire : « Sénèque, Camus, Césaire sont devenus mes potes ». C’est pourquoi nous intéressent les prises de position qu’il revendique, après les manifestations contre la mort de George Floyd là-bas, la mort d’Adama Traoré, ici, où les atermoiements de la justice risqueraient bien de mettre le feu aux poudres.

« La mort de George Floyd ne doit pas masquer nos réalités franco-françaises »

Abd Al Malik, rappeur, slameur, écrivain et réalisateur participait mardi à la manifestation devant le tribunal de grande instance de Paris, organisée pour Adama Traoré.

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Aux États-Unis, la ville de Richmond va déboulonner sa statue du général Lee

Sur décision du gouverneur de l’État de Virginie, la ville de Richmond renonce à son monument le plus célèbre et le plus controversé : la statue équestre du général Robert Lee, commandant en chef des États confédérés, opposé à l’abolition de l’esclavage.

Le maire afro-américain de Richmond, Levar Stoney, entame la conférence de presse avec des mots très forts. « Nous avons deux pandémies dans ce pays : le Covid-19 et le racisme. L’une a seulement six mois, la seconde a 400 ans », dit-il. « Il est temps de guérir ».

Levar M. Stoney

✔ @LevarStoney

It is time to show our community how much love we have. It is time that we embrace our diversity. It is time that we remove barriers that hinder the dreams of Black children. It is time for healing – through changes to our symbols and our systems. #1RVA https://twitter.com/ABC7News/status/1268570859255533569 …

Quelques minutes plus tard, le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, annonce le déboulonnement de la statue équestre du général Lee, installée en plein cœur de la ville depuis 1890, mais aussi le passage d’une loi qui permettra dans un mois à toutes les villes de l’État de disposer comme elles le souhaitent des monuments de ce type. « 

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La société Antillaise se racialise et devient dystopique.

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Même sans en connaitre la définition, il y a fort à parier que peu d’entre nous connaissent ou apprécient la dystopie. Connue aussi sous le nom de contre-utopie, il s’agit d’un courant littéraire rencontrant aujourd’hui un succès fracassant. Elle vise à dépeindre, pour ce qui concerne notre sujet, une fiction d’une identité noire, où le bonheur semble impossible. Contraire d’une utopie, le récit de fiction dystopique vire systématiquement au cauchemar en annonçant un avenir sombre avec la montée du populisme et du racisme, ainsi que l’ombre menaçante de la révolution numérique et l’intelligence artificielle ou un monde futuriste sans espoir avec le changement climatique .

La Martinique et la Guadeloupe jouissent actuellement d’une société où l’immédiateté est la seule dynamique, il devient alors impossible de réfléchir sur les conséquences à moyen et long terme de nos actes ainsi que sur notre nouveau rapport au futur, qui ne fait que se rappeler à nous sous la forme d’innombrables menaces et non plus comme la promesse d’un avenir meilleur. La menace est en train de se poser aujourd’hui avec la crise économique du coronavirus et la fracture sociale pour les minorités raciales en France – le danger d’explosion sociale en plus.

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De quoi des statues brisées sont-elles le nom ?

— Par Georges Trésor—

Le 22 mai 2020, date de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique, deux statues de Victor Schoelcher ont été détruites. Parallèlement, les auteurs de cet acte ont fait connaître leurs motivations dans une lettre non signée. A la lecture, Il ressort une volonté de leur part de démontrer que Schoelcher, en prenant la décision de signer le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848, n’a été en rien « le sauveur du peuple noir martiniquais ». C’est sous la pression de la résistance séculaire des esclaves contre l’ordre esclavagiste qu’il aurait été contraint d’abolir l’esclavage. Pour cette raison, il conviendrait selon ces activistes de se montrer en phase avec la vérité historique en honorant dans l’espace public, non pas Schoelcher, mais les figures emblématiques de la résistance chez les esclaves.

La destruction des statues a provoqué des réactions spontanées dans les milieux politiques et intellectuels martiniquais. Dans l’ensemble, les avis convergeaient dans le sens de l’indignation ou au contraire de la compréhension, dans un climat d’échange, il faut le dire, relativement apaisé. Sans doute, parce que les auteurs de ces réactions avaient en partage un sentiment confus, selon lequel déboulonner des statues de Schoelcher, 172 ans après l’abolition de l’esclavage, ne pouvait être simplement interprété comme un acte de pur vandalisme.

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