Catégorie : Echos d’éco

A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale !

 

— Par Serge Latouche —

 

 

 

«Il n’y a pas le moindre doute que le développement durable est l’un des concepts les plus nuisibles». Nicholas Georgescu-Roegen, (correspondance avec J. Berry, 1991) (1).

 

On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires, comme «l’obscure clarté», chère à Victor Hugo, «qui tombe des étoiles…». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l’inexprimable est de plus en plus utilisé par les technocrates pour faire croire à l’impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain, une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie.

 

En 1989, déjà, John Pessey de la Banque mondiale recensait 37 acceptions différentes du concept de «sustainable development» (2). Le seul Rapport Bruntland (World commission 1987) en contiendrait six différentes. François Hatem, qui à la même époque en répertoriait 60, propose de classer les théories principales actuellement disponibles sur le développement durable en deux catégories, «écocentrées» et «anthropocentrées», suivant qu’elles se donnent pour objectif essentiel la protection de la vie en général (et donc de tous les êtres vivants, tout au moins de ceux qui ne sont pas encore condamnés) ou le bien-être de l’homme (3).

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Martinique et Guadeloupe : le manque de concurrence comme origine de la crise

—  Par Agnès Verdier-Molinié, Samuel-Frédéric Servière —

mardi 24 février 2009

martinique-gwadaDerrière l’augmentation importante des prix à la consommation par rapport à la métropole (de 20 à 60% selon les produits), le véritable problème des DOM est bel et bien issu des monopoles et du manque de concurrence.

 

Monopoles publics parce que les administrations des Antilles ont la haute main sur un certain nombre de services publics (ports, aéroports etc.) qui s’interfacent avec le monde extérieur et renchérissent d’autant le coût des produits importés (taxes et redevances aéroportuaires, octroi de mer etc.).
Monopoles privés, qui vont à l’encontre des règles de concurrence saine et non faussée prônées par Bruxelles y compris dans ces régions dites « ultra-périphiques » (RUP).

 

Pour pallier le renchérissement du coût de la vie lié aux monopoles publics et privés, la métropole dispense subsides et régimes dérogatoires officiellement pour contre-balancer les difficultés supposées nées de l’insularité. Exercice budgétaire après exercice budgétaire, ces financements publics sont distribués à fonds perdus.

 

L’économie de ces îles semble stagner et pourtant les transferts d’argent public n’ont jamais été aussi importants : près de 13,3 milliards € en 2009 vers les DOM/TOM, soit une augmentation de 3,4% par rapport à 2008.

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L’outre-mer coûte près de sept milliards à l’État

 — par Cécile Crouzel —

La Guadeloupe coûte déjà 2,5 milliards d’euros à l’État et la Martinique 1,8 milliard.

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Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l’île. Crédits photo : AFP

Avec un taux de chômage qui dépasse les 20 %  et une proportion de RMistes presque quatre fois plus élevée qu’en métropole, les Antilles souffrent de nombreux handicaps économiques. Pourtant, l’État ne lésine pas sur les moyens qu’il accorde à l’outre-mer. L’effort global programmé jusqu’à présent pour 2009 est de 16,7 milliards d’euros. Pour la Guadeloupe, la facture s’élève à 2,5 milliards, et pour la Martinique à 1,8 milliard. «Toutefois, ces chiffrages agrègent tous les coûts, y compris ceux liés aux missions régaliennes de l’État, comme l’Éducation, la Justice, la police, qui existent dans l’ensemble des départements français», nuance Éric Doligé, sénateur UMP rapporteur du budget de l’outre-mer. Or ces charges «habituelles» ne sont pas négligeables : en Guadeloupe, l’État dépense près de 700 millions d’euros pour l’enseignement scolaire. «Il est donc plus juste de se concentrer sur le coût, pour l’État, des mesures spécifiques à ces territoires», explique Jérôme Cahuzac, député socialiste, rapporteur de ce budget à l’Assemblée.

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Delta Airlines : les vraies raisons de l’échec

— par Jean Crusol —
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C’est la faute à l’euro…

Delta Airlines va interrompre les dessertes qu’elle assurait, depuis décembre 2006, entre Atlanta et les Antilles Françaises. Selon les explications données par la Présidente de Comité Martiniquais du Tourisme et par le Vice Président du Conseil Régional, voici la raison : « quand nous avons commencé cette opération en décembre 2006, le taux de change entre le dollar Us et l’euro était très attractifs. Depuis, le dollar a beaucoup baissé. Nos tarifs hôteliers désormais trop élevés pour la clientèle américaine. Delta a donc décidé de partir. Ce n’est pas de notre faute, et nous n’y pouvons rien ». C’est la faute à l’euro! Un peu court comme explication…et bien loin de la vérité.

Voyons d’abord ce que vaut cette explication. En décembre 2006, un euro valait 1,321 dollars Us, en février 2008, il vaut 1,474 dollars Us. Cela signifie qu’une chambre à 200 euros la nuit qui valait 264,2 dollars en décembre 2006, vaut 294,8 dollars en 2008. Soit une différence de 30,6 dollars ou 11% d’augmentation 15 mois. Une telle différence pourrait avoir une influence si la clientèle touristique américaine attirée par notre destination était de bas de gamme.

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Entre cynisme et arrogance

Poster-Tabou

Par Roland Sabra

Edito du 13/10/2008

La crise financière des pays riches a éclipsé la crise alimentaire qui frappe les pays pauvres de puis 2007. Les deux sont pourtant liées, ne serait-ce que par les spéculations du monde de la finance sur les matières agricoles, comme par exemple le stockage de denrées alimentaires pour alimenter la pénurie et faire monter les prix, comme par exemple le développement des bioénergies autrement juteuses en termes de profits que la production  de denrées alimentaires. Chaque année 100  millions de tonnes  de ces denrées sont consacrées à faire le plein des réservoirs automobiles et sont donc retirées du marché alimentaire. « Tu peux crever de faim mais ne touche pas à ma bagnole » tel semble être le mot d’ordre des populations des pays riches…

L’indice FAO des prix alimentaires montre une hausse de 12% en 2006 par rapport à l’année précédente, de 24% en 2007 pour exploser à 50% au cours des sept premiers mois de l’année 2008. Dans le même temps les subventions agricoles octroyées aux agriculteurs des pays riches desservent les agriculteurs des pays pauvres, les produits subventionnés des pays riches étant inaccessibles et insurmontables pour les pays en voie de développement.

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Obama et la possibilité d’une sortie de la crise financière

par Roland Sabra

Ce n’est qu’un début… Pourquoi les bourses plongent-elles? On connait l’origine de la crise actuelle : la déréglementation et/ou le détournement des règles des activités de crédits dans le monde de la finance. Les banques pour échapper à ce qui restait de réglementation en ce qui concerne l’octroi de crédits, notamment dans l’immobilier, ont créé des succursales, des sociétés annexes, qui démarchaient les plus pauvres et leur refourguaient des crédits, en dehors de tout contrôle, dont elles savaient qu’ils étaient irrécouvrables. Ce qui à leurs yeux n’étaient pas bien grave puisqu’elles avaient la claire intention de s’en débarrasser au plus tôt. Elles les ont donc soit dissimulé hors bilan, soit  revendus, cachés dans des paquets beaucoup plus présentables, à d’autres banques ou des compagnies d’assurances. Elles se sont donc arnaquées entre elles. Dès lors comment faire confiance à une consœur qui se fait si facilement rouler tout en roulant les autres? Le marché interbancaire, marché sur lequel les banques se refinancent mutuellement à court terme se tarit. Aucune ne veut prêter à une voisine dont on risque d’apprendre dans les heures qui suivent la faillite et donc l’impossibilité de recouvrer la créance.

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Delta, faut il rester sur un échec ?

 — Par Caroline Romney —

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Après 13 mois d’exploitation effective avec la Martinique et la Guadeloupe, Delta Airlines a effectué ses dernières liaisons à partir de son hub d’Atlanta vers les deux îles, samedi 05 avril2008 . Cet arrêt brutal n’est pas si surprenant ; il intervient après quelques signes annonciateurs de taille. Des coefficients de remplissage sur les dessertes Antilles françaises très médiocres. Un coût du baril du pétrole qui ne cesse de grimper (aujourd’hui, il dépasse les 110$). Un taux de change euro/dollar défavorable qui rend les Antilles françaises chères pour les américains. Et des produits touristiques sur nos îles qui ne correspondraient pas toujours aux attentes des touristes américains dans leur grande majorité.Le Pr Crusol a étudié cette chronique d’un arrêt annoncé dans un article, Delta airlines, les vraies raisons de l’échec (www.jeancrusol.com), raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas. Pour autant, faut-il se dire que l’immense marché nord-américain, de quelque 260 millions d’âmes, doit être abandonné au vu de la conjoncture actuelle et du bilan très mitigé de la desserte opérée par Delta Airlines ? Non, bien sûr.

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L’exploitation des esclaves noirs : un système économique intégré

— Par CATHERINE COQUERY-VIDROVITCH, Professeure émérite à l’Université Paris-Diderot Paris-VII —

Instaurant déjà une « mondialisation » de la force de travail, systématiquement utilisée dans la croissance du capitalisme, la traite transatlantique diffère des autres pratiques esclavagistes.

L’esclavage a existé depuis des temps très anciens. Il est attesté en Europe jusqu’à la fin du Moyen Age. Pendant longtemps, l’esclave n’a pas été défini par sa couleur. Chez les Grecs anciens, pouvait être mis en esclavage tout « barbare » non grec, synonyme de non civilisé. Les Romains eurent des esclaves grecs, mais plus souvent venus des confins de Germanie, de Thrace ou du Proche-Orient. La plupart des esclaves étaient blancs (esclave vient de la région de Slavonie). Au Ve siècle av. JC, Aristote, inspiré par Platon qui avait fait des barbares les ennemis naturels des Grecs, préférait les non-Grecs comme esclaves, « car que certains aient à gouverner et d’autres à être gouvernés n’est pas seulement nécessaire, mais juste -, de naissance, certains sont destinés à la sujétion, d’autres non ».

Chez les Arabo-Musulmans, tout païen, non musulman (équivalent du barbare des Grecs), pouvait être mis en esclavage: à noter que la solution inverse fut adoptée en Occident, puisque le Code noir édicté aux Antilles par Louis XIV (1685) stipule que tous les esclaves doivent être « baptisés et instruits dans la religion catholique ».

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« Cette récession sera la plus féroce depuis la Seconde Guerre »


— Par Roland Sabra —

Editorial du 24 janvier 2008

   Privatiser les profits et socialiser les pertes. La très libérale Grand-Bretagne en était à se demander s’il ne faudra pas nationaliser la Northern Rock, au bord de la faillite en septembre 2007 et dont les pertes vertigineuses pourraient ne pas être couvertes par un emprunt pourtant garanti par l’Etat!  Georges Bush n’a même plus ce genre d’interrogations. Les libéraux appellent au secours l’Etat quand ça va mal et le prient de bien vouloir se faire le plus discret possible quand les profits flamboient. La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg. Les banques sont sorties de leur rôle d’intermédiaires financiers et ont pris des risques inconsidérés, en refourguant  des prêts à des particuliers peu solvables. Elles se sont ensuite empressées de  se vendre entre elles ces créances arrachées aux plus défavorisés, comme par exemple à la population noire de East New York, un quartier déshérité de Brooklyn, en les dissimulant, en les camouflant  dans des paquets plus ou moins bien ficelés (la titrisation). C’est en ouvrant ces paquets qu’elles prennent conscience de l’importance des dégâts.

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Propos d’éco

Par Roland Sabra

Edito du 05-12-2007

A l’origine le mot « économie » signifie « administration de la maison. L’origine du mot est grecque : oikos veut dire maison et nomos règle. Le sens du mot a évolué et s’applique  aujourd’hui à des ensembles humains plus important, comme une nation.  Les études économiques doivent permettre d’éclairer les décisions prises par le pouvoir politique de la Maison Martinique, par exemple. Si les sciences sociales étudient les Hommes vivant en société l’économie est donc une  de ces disciplines. La « somme » que publie Jean Crusol s’inscrit dans cette veine. Il dresse une large fresque historique en insistant sur la pluralité des expériences historiques et il met surtout en évidence la question qui va devenir de plus en plus brûlante, de la reconversion que certains ne veulent pas voir. La crise de la banane n’aura été d’aucun effet.  Si l’article de Michel Herland, ci-contre « explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique », les pistes de développement que dégage Jean Crusol et qui reposent sur les avantages comparatifs que détient la Martinique, ne font que souligner ce que Madinin’Art a déjà repérer dans plusieurs articles comme incurie du pouvoir politique local.

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Insularité, indépendance et développement

 

par Michel Herland—

Michel Herland

Cet article explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique. Le concept de petit État insulaire est d’abord précisé en s’appuyant sur les travaux antérieurs du Commonwealth et de la  CNUCED. L

es handicaps de la faible dimension se traduisent par une vulnérabilité accrue aux accidents conjoncturels ou aux catastrophes naturelles. Néanmoins l’examen des performances différentes de ces États en matière de niveau de vie et de « développement humain » ainsi que du point de vue de leur capacité à affronter la « contrainte extérieure » permet de faire émerger quelques facteurs clefs de leur développement. Au-delà des avantages naturels spécifiques dont bénéficient certaines de ces îles (pétrole, minerais, etc.), les institutions semblent jouer un rôle déterminant. À la lumière de ces résultats, il est possible, en conclusion, de proposer certaines règles à suivre par un territoire insulaire dépendant – à l’instar des DOM – qui souhaiterait atteindre à la souveraineté politique.


Les économistes n’ont pas grand-chose à dire à propos du développement des départements d’outre-mer.

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Le pari de la décroissance

—  Serge Latouche —

(Bonus : un entretien-vidéo avec S. Latouche sur la décroissance)
2006, Fayard, 302 pages, 19 euros.

Voilà un ouvrage en passe de devenir un manifeste de la décroissance, sans doute en raison de la plume et de l’habileté de S. Latouche, même si, nous le verrons, il n’est pas sans laisser quelques zones d’ombre.

Après avoir précisé dans une introduction le statut de la notion de décroissance, S. Latouche évoque les raisons de la nécessité du choix d’une société de décroissance – « la décroissance, pourquoi ? » – puis il identifie les « étapes » à franchir qui nous y mèneront – « la décroissance, comment ? » -, avant de clore son ouvrage par une réflexion sur la pédagogie des catastrophes. Reprenons brièvement chacun de ces points.

La décroissance, un slogan

Qu’est-ce que la décroissance ? A vrai dire, on n’en trouve pas de définition précise, car « la décroissance n’est pas un concept […] mais un slogan politique » [p. 16], « une bannière derrière laquelle se regroupent ceux qui ont procédé à une critique radicale du développement et qui veulent dessiner les contours d’un projet alternatif pour une politique de l’après-développement » [p.

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Guy Debord père de la décroissance : sortir de « la croissance des forces productives aliénées ».

— Par Clément Homs —

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La censure est imbécile, même en Martinique!

— Par Roland Sabra —

 

censure-1La censure est imbécile, seuls les censeurs ne le savent pas et pour cause.
Tout pouvoir a ses zélotes et ses sicaires, au sens réel parfois,au sens figuratif le plus souvent et de façon involontaire. La droite nationalo-populiste qui qui est aux affaires régionales à les siens. Ils oeuvrent sous le masque des institutions, en catimini. Le Rectorat est un de leurs domaines d’expérimentation de ces lendemains qui chantent qu’ils nous promettent.

Le 10 octobre 2005, ils ont obtenu d’un Conseiller polpo-TICE du Recteur la fermeture totale d’un site internet consacré aux sciences sociales et économiques, destiné aux élèves, étudiants et enseignants des disciplines concernées. Le prétexte? Sur les 3800 pages du site deux pages, signées R. Sabra, épinglaient le clientélisme du MIM.

Un texte sur «Phèdre» et les conditions socio-politiques de sa création en Martinique, comme possible illustration des dimensions économiques, sociales et politiques d’un évènement culturel ( première leçon de l’année pour les élèves des classes de seconde et de première). Un autre intitulé «DMS n’est pas un modèle» » sur l’absence de stratégie de développement «durable» d’un Conseil Régional qui aligne sa politique sur celle des milieux d’affaires et qui tire son profit d’un assistanat qu’il feint de déplorer et dont il fait son fonds de commerce électoral.

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DMS n’est pas un modèle !


par Roland Sabra —


Poster-Tabou

DMS est le nom d’un modèle économique utilisé par l’INSEE pour faire des prévisions. Ce sont aussi les initiales de Daniel Marie-Sainte vice-président du Conseil Régional

Les seconds couteaux sont bien utiles en politique : ils disent tout haut ce que le chef, charismatique selon les codes journalistiques, pense tout bas..

AMJ est paraît-il « charismatique ». « Charismatique » :relatif au charisme, don particulier conféré par la grâce divine » dixit le Robert véhément serait plus juste, même Claude Lise est qualifié de « charismatique » ( Antilla n° 1162) on constate à quel point l’adjectif est dévalorisé.  Claude Lise est tout sauf charismatique, placide à la rigueur. Rappelons encore une fois que lorsque le sociologue Max Weber utilise ce terme, aujourd’hui galvaudé, il fait référence au discours tenu par les dominés pour justifier leur domination. Le « charisme » n’existe pas en dehors de ce rapport de sujétion. Le mot en dit plus sur celui qui l’attribue que sur celui auquel il est attribué. Revenons aux seconds couteaux, à Daniel Marie-Sainte en particulier, lui tout le monde sera d’accord n’a rien de charismatique, mais il présente un intérêt: il en dit plus sur la politique de son chef que son chef lui-même.

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DMS n’est pas un modèle !

— par Roland Sabra —


DMS était le nom d’un modèle économique utilisé par l’INSEE pour faire des prévisions. Ce sont aussi les initiales de Daniel Marie-Sainte vice-président du Conseil Régional

Les seconds couteaux sont bien utiles en politique : ils disent tout haut ce que le chef, charismatique selon les codes journalistiques, pense tout bas..

AMJ est paraît-il « charismatique ». « Charismatique » :relatif au charisme, don particulier conféré par la grâce divine » dixit le Robert, véhément serait plus juste, même Claude Lise est qualifié de « charismatique » ( Antilla n° 1162) on constate à quel point l’adjectif est dévalorisé.  Claude Lise est tout sauf charismatique, placide à la rigueur. Rappelons encore une fois que lorsque le sociologue Max Weber utilise ce terme, aujourd’hui galvaudé, il fait référence au discours tenu par les dominés pour justifier leur domination. Le « charisme » n’existe pas en dehors de ce rapport de sujétion. Le mot en dit plus sur celui qui l’attribue que sur celui auquel il est attribué. Revenons aux seconds couteaux, à Daniel Marie-Sainte en particulier, lui tout le monde sera d’accord n’a rien de charismatique, mais il présente un intérêt: il en dit plus sur la politique de son chef que son chef lui-même.

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Des sévices dans les services

— Par Christophe Dejours* —
sevices_servicesLa volonté collective de coopération est indispensable pour atteindre la qualité. Mais elle est aussi le moyen indépassable de régulation des souffrances individuelles et de contrôle des dérives.

D es catastrophes industrielles et commerciales ont endeuillé l’été : le crash du Concorde à Roissy, le naufrage du Koursk en mer de Barents, le rappel de 6,5 millions de pneus Firestone qui auraient déjà provoqué 62 morts. Mais, dans l’ombre, il y a d’autres tragédies moins spectaculaires, comme la fermeture de la clinique de la Martinière et le récit de Christine Noël dont la grand-mère, hospitalisée à Marseille, est décédée dans des conditions lamentables.
La petite-fille retrouve sa grand-mère  » couverte de cloques et de brûlures. Une aide- soignante l’avait contrainte à prendre une douche sous l’eau brûlante « , et avait  » sans se soucier de ses cris, poursuivi sa besogne jusqu’à brûler la majeure partie du corps « . Et de préciser  » que cette aide-soignante du service de neurogériatrie inflige quotidiennement des brûlures aux malades qu’elle a en charge de doucher. Ma grand-mère a été une de ses victimes « .

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Richesse des nations et promesse de bonheur

— Par Christophe Dejours —
travail_&_mafiaLe « caïdat » et les organisations mafieuses commencent à coloniser les zones exclues de la prospérité.
Avec le retour de la croissance, on attendait que la société don-ne des signes de réjouissance. En fait les réactions sont discordantes et prêtent aux malentendus. Pour peu qu’on soit trop loin des lieux du drame où se fomentent les manifestations de protestation, on en vient vite – trop vite – à condamner ceux qu’on prend pour des geignards. Un exemple ? Celui de cette grande entreprise où ont été embauchés, en deux ans, 2 000 jeunes possédant des diplômes commerciaux. Confrontés à un flux ininterrompu de clients, ils se plaignent d’une surcharge et d’une dégradation insupportable des relations de travail. Et pourtant, ils bénéficient d’un statut et de revenus confortables, doublés d’un temps de travail record ne dépassant pas 30 heures par semaine ! Des mouvements de grève se préparent.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire de l’extérieur, ce ne sont pas des caprices d’enfants gâtés. L’investigation clinique révèle une souffrance indiscutable, confirmée par des décompensations psychopathologiques en nombre.

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Réévaluer l’évaluation

— Par Christophe Dejours*–

evaluationsAucune production, aucune entreprise, aucune organisation, aucune armée ne serait opérationnelle si les travailleurs exécutaient les ordres. Travailler suppose toujours des infractions aux règlements, aux procédures, aux prescriptions.
Réévaluer l’évaluation On évalue un patrimoine, le débit d’un fleuve ou la population d’un territoire : l’évaluation est devenue le signe extérieur de dignité de la démarche scientifique. Par mimétisme ou par vanité on évalue ce qui n’est pas objectif : des intentions (comme les intentions de vote), le stress, voire la dépression, on évalue même l’intelligence ! N’y a-t-il donc pas de limite à l’évaluation ?
Le domaine du travail est lui aussi concerné. Or toute situation de travail se caractérise par l’écart irréductible entre conception, organisation, procédures et prescriptions, d’un côté ; modes opératoires, coups de main, ficelles, « tacit skills » (habiletés tacites), de l’autre. Quelles que soient la nature de la production (de biens ou de servi- ces) et la méthode d’organisation du travail, y compris dans les chaînes de montage lorsque les cycles de travail sont inférieurs à 60 secondes, les travailleurs ne respectent pas les prescriptions.

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Le mal-vivre ensemble

— Par Christophe Dejours* —
le_mal_vivreOu bien le travail est un lieu d´exercice, pour chacun, de la délibération et de la confrontation des opinions ; ou bien il est un lieu d´expérimentation de la duplicité, de la manipulation et de la méfiance qui conduisent à la démobilisation, à la solitude et au repli individualiste défensif Le Monde daté du mardi 16 janvier 2001 En décembre, dans un discours à l´Académie des sciences morales et politiques, le président du Medef a vigoureusement appelé à la revitalisation de la société civile et, pour ce faire, a exposé un projet de refondation sociale. Son principal leitmotiv est la dénonciation des interventions de l´État, du gouvernement, de l´administration, du Parlement et de l´appareil judiciaire, qu´il tient pour responsables de « la sclérose du modèle social français ». Il ne souhaite rien de moins que de » faire reculer le domaine [de la loi] au profit du contrat « .
L´ensemble de son argumentaire se déploie donc vers l´extérieur de l´entreprise. Mais peut-être faudrait-il aussi attirer l´attention vers l´intérieur. Les nouvelles formes d´organisation du travail, de gestion et de management qui succèdent au modèle fordiste se caractériseraient par « le développement de l´autonomie et la mise en place d´une hiérarchie à la fois plus directe et plus légère » , ce qui laisse supposer qu´elle serait plus souple et plus nuancée.

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L’ambiguïté de la gestion du stress

— Par Christophe Dejours* —
stress_ambiguL’intervention des psychanalystes écarte la mise en discussion de qui, dans l’organisation du travail elle-même, est en cause dans le déclenchement de la violence. Dans bien des cas, ce qui déclenche l’agression ne vient pas du tout des maladresses psychologiques des salariés victimes, mais des tâches qu’ils assument.
On assiste actuellement à un renouveau de la demande, adressée aux psychologues et aux médecins par des entreprises ou des administrations, liée aux problèmes psychologiques occasionnés aux salariés suite aux agressions qu’ils subissent dans l’exercice de leur profession. Salariés du secteur bancaire victimes de hold- up, agents des chemins de fer ou de la RATP, enseignants dans les collèges et les lycées, employés de La Poste, caissières de supermarchés, etc. Gestion du stress, groupes de parole connaissent ainsi un grand développement et recrutent, parmi d’autres, praticiens de la santé et psychanalystes.
Deux axes théoriques servent le plus souvent de référence à ces interventions. Le premier est connu sous le nom de  » théorie du traumatisme « . Il concerne les troubles psychiques qui s’installent parfois à la suite d’une agression ou d’un accident : réminiscences inopinées de la scène traumatique, manifestations physiques d’angoisse (sudations, tremblements, palpitations, sensations d’étouffement, etc.),

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Le Medef et l’apologie du risque

— Par Christophe Dejours* —
medef_apologie_risqueDans la plupart des situations ordinaires, partager le risque est un leurre : l’entrepreneur prend des risques dans le registre de l’avoir, sur son capital ; le salarié prend des risques dans le registre de l’être, sur son intégrité physique et parfois mentale

L entretien qu Ernest*Antoine Seillière a accordé aux Cahiers de l assurance laisse perplexe. Il place la prise de risque du côté du bien. Il en fait l une des deux caractéristiques du libéralisme (à côté de la responsabilité) et la qualité, par excellence, de l entrepreneur moderne. Il divise la société en  » riscophiles « , qui portent l esprit d entreprise, et  » riscophobes « , qui, accrochés à leurs privilèges, refusent le progrès.
Mais emporté par son enthousiasme, le président du Medef commet quelques erreurs. Comment soutenir, par exemple, que  » le premier rempart contre le risque, c est le travail  » ? Est-ce une invitation à oublier les milliers de morts et de mutilés que produisent le bâtiment et les travaux publics chaque année, les malades qui se meurent de cancer par l amiante ou les solvants chlorés ?

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Les médecins dans ou hors le travail ?

— Par Christophe Dejours* —

medecine_du_travailLe Medef propose des réformes qui permettraient de se passer de ces spécialistes, en confiant leurs visites périodiques aux salariés à des généralistes libéraux, et leur travail sur le terrain à des techniciens du risque
Les médecins-inspecteurs du travail se sont mis en grève le 8 juin pour protester contre l’insuffisance des moyens mis à leur disposition et la précarité de leur statut. A l’issue des Journées nationales de médecine du travail, qui se tenaient à Lille, un millier de congressistes ont défilé dans les rues de la ville pour défendre leur métier. Alors qu’il manque environ 1 000 médecins du travail en France, le Medef propose des réformes qui permettraient de se passer de ces spécialistes.
En matière de santé au travail, les problèmes se sont compliqués ces dernières années. On a enregistré, en France, une recrudescence des accidents qui semblent atteindre principalement les personnes en contrat précaire. On commence seulement à évaluer les désastres de l’amiante. Et l’on découvre maintenant de nouvelles pathologies professionnelles. Des pathologies de  » surcharge « , d’abord, comme les troubles musculo- squelettiques (TMS), l’épuisement professionnel ( » burn out « ), le karôshi (mort subite par accident vasculaire chez des sujets jeunes sans antécédent, mais travaillant plus de soixante-dix heures par semaine).

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La guerre économique n’aura pas lieu

— Par Christophe Dejours* —
guerre_ecoComment de telles énormités peuvent-elles devenir la référence obligée de tous les discours ? Si c’est vraiment la guerre, alors la fin justifie les moyens. On peut décréter la mobilisation générale, et s’il y a des victimes, c’est qu’il ne peut en aller autrement. La guerre économique vaut pour une absolution des puissants

La guerre économique est un slogan annonçant une ère de catastrophes qui réalisera un partage sans pitié entre ceux qui seront sauvés et ceux qui seront broyés. Guerre étrange qui éclate sans bombe et sans char, sans soldat et sans armée ! Une guerre si différente de celle de Bosnie ou du Vietnam que ce n’est tout simplement pas une guerre. La guerre économique est seulement une métaphore. Faire passer la métaphore pour la chose même, c’est risquer le délire. Ainsi Jean-Pierre Chevènement a-t-il affirmé naguère devant une convention nationale du PS la nécessité d’apporter  » une riposte politique  » à la guerre économique qu’il a qualifiée de  » troisième guerre mondiale « . De même, Edith Cresson, lorsqu’elle était ministre des affaires européennes, avait-elle préconisé la création en France d’un  » haut commandement de la guerre économique « .

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Les vertus cachées du jeu au travail

— Par Christophe Dejours* —
travail_&_jeuLe paradoxe des activités ludiques, c’est qu’elles ont leur utilité : elles permettent, ici, de maîtriser l’angoisse ; là, de maintenir la vigilance, d’accroître la sensibilité et l’habileté professionnelle. Le plus surprenant, c’est que, souvent, les salariés en éprouvent de la gêne, de la culpabilité ou de la honte
Jouer sur les lieux de travail est illégal.  » Tel est le jugement rendu en mars dernier par la Cour de cassation, concernant un intermédiaire financier surpris alors qu’il se livrait  » à des jeux de hasard avec des tiers. En l’occurrence des paris sur l’élection présidentielle et sur les matches de football « . Ce salarié a été licencié sur-le-champ pour faute grave.
Il va de soi qu’activité ludique et activité de travail sont antinomiques. S’entendent déjà les gloussements d’indignation :  » On ne paie tout de même pas les gens pour qu’ils jouent à la belote ou aux échecs, au lieu de travailler ! C’est inimaginable !  » Imagination ? Raisonnons plutôt et intéressons-nous aux réalités du terrain.
Prenons l’exemple des cambistes qui spéculent sur les taux de change.

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