Région de Mopti au Mali : demande d’aide alimentaire d’urgence

République du Mali
Un peuple – Un but – Une foi

Région de Mopti
Cercle de Bankass
Commune Rurale de Kani-Bonzon

MONSIEUR LE MAIRE DE LA COMMUNE RURALE DE KANI-BONZON

Kani-Bonzon le 16 Août 2019

Objet: Demande d’Aide Alimentaire d’urgence

A Monsieur le président de l’association UN JARDlN AU MALl

J’ai l’honneur de venir très respectueusement vous solliciter pour un appui alimentaire ou financier qui permettra l’achat de vivres afin de secourir les déplacés venus se réfugier à Endé et les familles diminuées de ma commune, menacées de famine en cette période de soudure ( août et septembre) 2019 . L’insécurité due aux attaques terroristes (djihadistes) et aux affrontements intercommunautaires au Pays Dogon a eu comme conséquence dans la commune : une vingtaine de morts ; une dizaine de personnes disparues ; des pertes énormes de bétail ; une école incendiée; et l’arrivée de 578 personnes sur les 1000 déplacés au pays Dogon ; 16 familles – soit 127 personnes sans ressource ni aucun bien -sont accueillies à Endé dans les 4 quartiers. S’y ajoute l’interdiction de circulation des motos, des véhicules « pic up » qui a mis la commune sous embargo depuis le mois d’avril 2018 perturbant les activités économiques, la mobilité des personnes et des biens, l’approvisionnement. Par le passé, les revenus tirés des activités touristiques permettaient aux populations de diminuer le déficit alimentaire par l’achat de complément de céréales sur les marchés voisins.

Le bon rendement de la production maraîchère dans [a commune a conséquemment atténué les difficultés alimentaires de Janvier à juin’ Mais cela n’a pas pu endiguer totalement la situation d’où la menace de famine en cette période qui justifie mes recherches d’aide alimentaire afin de pouvoir faire une distribution de céréales (mil et riz) pendant cette période de soudure difficile.
Le besoin alimentaire individuel par an en céréales (riz et mil) qui sont les aliments de base est estimé à 214kg /an/personne par le PAM ; cela fait 6,8 tonnes de céréales supplémentaires à trouver pour nourrir ces personnes pendant 3 mois soit un coût de près de 3 millions de F CFA alors que les réserves suffisent à peine à nourrir le village. Suite à la requête des chefs de village, de la Commission de sécurité alimentaire de la Commune, j’ai jugé bon d’élaborer une demande d’aide alimentaire, adressée à divers partenaires et soutiens institutionnels.

L’État, l’association Yag Tu de Bandiagara (avec le soutien de USAID), ont envoyé une aide mais cela ne couvre pas les besoins.
Toute aide complémentaire sera bienvenue.

En espérant que ma requête retienne votre attention, veuillez agréer ma très haute considération.

Le Maire

SOUMAILA GUINDO


Madame, Monsieur,

Vous avez lu la demande d’aide d’urgence du Maire de la commune de Kani Bonzon où se trouve le village de Endé. Je voudrais vous présenter en détail les raisons de ma démarche concernant une aide d’urgence pour la population de cette commune du Pays Dogon au Mali durement éprouvée par les atrocités commises par des groupes djihadistes ces derniers mois dans cette région ( attaques contre des villages peuls et dogon le long de la falaise de Bandiagara, dans le cercle de Bankass et la plaine du Séno à la frontière avec le Burkina-Fasso). En plus des centaines de victimes, il y a l’errance des survivants et la famine. L’état malien est incapable de protéger la population et de rétablir l’ordre. Les forces françaises et alliées ont enregistré d’abord un certain succès dans le Nord du pays sans pour autant éradiquer le terrorisme qui désormais se répand au centre du pays ( Région de Mopti et Pays Dogon). La population de cette région est donc abandonnée à elle-même et est passée à l’auto-défense. Il semblerait que la tactique djihadiste est de jouer «  les redresseurs de tort » en montant les Peuls contre les Dogon et inversement. Il est vrai qu’il y avait traditionnellement une certaines méfiance et parfois de mini-conflits entre les Dogon cultivateurs et les Peuls éleveurs nomades, mais aussi complémentarité sur le plan économique.

Il faut rappeler que l’origine de cette déstabilisation du Mali est extérieure au pays, elle est la conséquence de l’intervention française contre la Libye et de la chute du régime de Kadhafi, dont les milices armées touareg ont reflué vers le Sahara malien, entraînant à leur suite les milices djihadistes internationales. J’ai connu au Mali de 1999 à 2012, une population ( composée de 14 ethnies) très pacifique et tolérante dont la religion était un islam africain très modéré qui laissait vivre pacifiquement des communautés de la religion traditionnelle (chez les Dogon) ou des communautés chrétiennes, souvent dans un même village.

Je me suis investi à fond depuis 2000 dans l’aide au village de Endé, Pays Dogon en créant l’association UN JARDIN AU MALI dans le but de permettre à ce village d’environ 3000 habitants de devenir autonome économiquement et sur le plan alimentaire en construisant un barrage pour développer des cultures maraîchères sur une vingtaine d’hectares. Cette idée est venue de la population, d’où depuis presque vingt ans une participation et un enthousiasme de la population, d’où le succès de ce projet qui permet aux habitants de se nourrir de manière plus diversifiée, d’avoir des ressources financières qui pallient la disparition du tourisme depuis 2012, de réduire la tendance à l’émigration. Pour autant la situation reste encore précaire et les périodes de « soudure » entre deux récoltes de mil ( août-septembre) sont difficiles.

UN JARDIN AU MALI a aujourd’hui une centaine d’adhérents. Ses finances, alimentées par les cotisations des membres et des subventions de divers organismes publics ou privés selon nos projets permettent d’assurer les réparations annuelles sur le barrage et de financer des projets complémentaires ( unité de séchage des fruits et légumes pour les femmes, aides pour certaines semences et matériel agricole, construction d’un local de réunion etc …). Notre objectif ( et celui de la population !) est d’aller vers toujours plus d’autonomie économique de la population jusqu’à ce que le village n’ait plus besoin de nous !

La situation actuelle telle que décrite par le Maire de la commune remet douloureusement en cause notre œuvre. Mais nous ne baisserons pas les bras ! Les villageois et particulièrement le Maire, Soumaïla Guindo nous donnent l’exemple. Nous devons faire face et espérer un retour au calme.

J’avoue que j’ai éprouvé quelque pudeur à demander votre participation à cette aide d’urgence. Il y a tellement de causes semblables qui nous sollicitent. Mais la pensée des hommes et des femmes que j’ai connu(e)s, ces jeunes qui se sont accroché(e)s à moi et qui sont devenu(e)s des frères et des sœurs et qui ont maintenant des enfants, mon amitié pour le Maire, Soumaila Guindo qui se sacrifie pour sa population, m’ont fait surmonter cette pudeur

Je vous remercie

Michel Pennetier

QUESTIONS PRATIQUES :

Les chèques sont à libeller à l’ordre de UN JARDIN AU MALI , indiquer au dos du chèque «  AIDE D’URGENCE POUR ENDE »
Envoyer le chèque à la Trésorière de l’association : Mme Nelly Guilvard, 35 rue du progrès, 92140 CLAMART . Ce don est déductible des impôts.