En Colombie, l’état d’urgence décrété pour protéger les bananes

— Par Audrey Dufour —
Un champignon attaque les plantations de bananes en Colombie, qui a déclaré l’état d’urgence. Si la maladie venait à se répandre en Amérique latine, principale région exportatrice, la banane moderne pourrait être menacée.

Après la Xylella fastidiosa des oliviers, voici le Fusarium oxysporum des bananiers. La semaine dernière, la Colombie a déclaré l’état d’urgence face à ce champignon qui a déjà contaminé 175 hectares dans la péninsule de Guajira, sur la mer des Caraïbes. Il n’existe en effet aucun traitement, et les spores peuvent être transportées par l’eau et la terre.

La jaunisse fusarienne se répand sur la banane en Afrique et en Asie

Pour l’homme, le Fusarium oxysporum n’est pas dangereux et ne se retrouve même pas dans la banane que l’on cueille. Mais il détruit complètement le bananier, qui ne donne plus aucun fruit. Présent dans le sol, le champignon remonte par les racines et provoque la « maladie de Panama ». Les feuilles jaunissent et tombent, et en deux mois l’ensemble de la plante meurt.
La terre contaminée pendant plusieurs décennies

Surtout, les spores peuvent contaminer les sols pendant plus de vingt ans, rendant toute future culture au même endroit impossible. En Colombie, les autorités ont donc mis en quarantaine les plantations touchées et désinfecté le matériel agricole pour essayer de contenir la maladie.

L’enjeu est important : la banane arrive juste derrière le café dans les exportations agricoles colombiennes, et a rapporté plus de 850 millions de dollars en 2018 (760 millions d’euros). La Colombie est le cinquième exportateur mondial de bananes, avec près de 2 millions de tonnes. Si le champignon se répand, il risque d’attaquer les pays voisins et notamment l’Équateur, premier exportateur mondial avec 6,6 millions de tonnes.

La disparition de la Gros Michel

Ce n’est pas la première fois que la banane a maille à partir avec le Fusarium oxysporum. Au début des années 1920, la Gros Michel, un cultivar de bananes, fut touchée par la souche TR1 du champignon. La crise débuta au Panama – d’où le nom de « maladie du Panama », et gagna toute l’Amérique latine.

En trente ans, Gros Michel disparut et fut entièrement remplacée par le cultivar Cavendish, qui est lui résistant à TR1. C’est la classique banane jaune, longue et courbée que l’on connaît aujourd’hui…

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