Catégorie : Poésies

POUR GABRIEL GARCIA MARQUEZ

Par Patrick CHAMOISEAU

gabriel_garcia_marquez
Frère

ton escorte la voici

cent grappes de goyaviers en fleurs
tout autant de goyaves : saveurs puissantes en parfums d’alizés
deux trois galions fantômes où des musiques se dansent
et quelques autres enracinés dans des forêts d’errances

grands bouts d’éternité dans le secret des mots
haute tension de l’image
bouleversement de la vision dans un temps circulaire
somptueuses saisies du monde

puissance !

ce que tu avais vu de la littérature nous incline encore
(ici, l’initiation, le commencement et le recommencement
sont faits d’admiration)

ta Caraïbe avale toutes les Amériques
elle en connaît le lien
et ce qui chante ici et qui enchante
dans ces îles et ces rives
ces peuples créés
situations superbes et lieux inoubliables
nomment sur ton passage ce qui les a nommés

puissance
puissance

ne saurait disparaître l’insolitude solaire

17 04 2014

 

.

Patrick CHAMOISEAU

 

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Une mise au point de Noni Carter

L'auteure précise sa position après sa lecture à "Lire et dire pour le plaisir" : "un Quid pro quo"

— Par Noni Carter —

noni_carterI sit here and contemplate my response to your article. I am a writer of the brand that does not seek to justify a work. If you miss it, then you miss it. If we don’t agree, then we don’t agree. Still, I choose the affirmative for I think my work has been a bit misunderstood.

First a word on the text. On the last evening of the wonderful two week festival Lire et Dire pour le Plaisir in Martinique, I read a short extract from a book I am in the process of writing, entitled Womb Talk©. I shared an extract that was translated by a friend into French from the original English. The book is composed of imaginary letters written between a young teenage girl and the baby she aborts.

The scathing, red, heated review in Madinin-Art is written on what this critic picked up from the first extract I read, two-thirds of the very first letter in the novel.

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« Lire et dire pour le plaisir » avec Sophie Jeukens

Une soirée illuminée par le verbe d'une jeune poète québecoise

 sophie_jeukensSamedi soir l’association Virgul’ closait l’opération « Lire et dire pour le plaisir » par une soirée poésie réservée aux femmes dans l’ancienne purgerie du Domaine de Fonds Saint-Jacques. Quelques défections mises à part le plateau prévu répondait présent. Djeynaba Gueye, conteuse du Sénégal, a dit deux contes où il était question de petites filles désobéissantes et qui étaient punies, alors même qu’elles ne faisaient que suivre des garçons tout aussi désobéissants mais épargnés, sans doute parce justement ils étaient des garçons ! Puis elle nous a raconté une histoire de trois pintades ( énonciation au féminin!) sans beaucoup de cervelle ! A en croire Djeynaba Gueye,  il semblerait que les modes de socialisation des petites filles au Sénégal soient très fortement marqués par la soumission et que les études sur le genre y aient un bel avenir ! Le pire était à venir avec la lecture d’un long texte de Noni Carter, auteure étasunienne, sur l’interruption volontaire de grossesse, au contenu idéologique pour le moins ambigu si ce n’est franchement réactionnaire.

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Paradoxe électoral

— Par Philippe Pilotin —

poesies-360A chaque campagne électorale,
Le scrutin me sape le moral
Et au dépouillement des voix,
Je me retrouve sur la mauvaise voie.

Hi hi hi ! J’ai voté pour la droite,
En pleine face j’ai reçu une droite.
J’ai beaucoup pleurer
Car le coup m’a défiguré.

Hi hi hi ! J’ai voté pour la gauche,
C’était le même son de cloche.
Je n’ai pas cessé de pleurer
Car mes espoirs ont été dénaturés.

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Le virus de l’amour

— Par Philippe Pilotin—

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Tourmenté de n’avoir jamais eu de chagrin,
Un de mes nombreux amis et proche voisin,
Me conseilla vivement de consulter un médecin,
Ce que je fis le lendemain, jour de la Saint-Valentin.

Aux dires de ce grand prévôt de l’amour
Et sans trop jouer avec l’humour,
J’étais porteur sain du fameux virus de l’amour
Mais pour lui, ce n’était pas tellement glamour.

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Requiem pour Jean Métellus (1937-2014)

Portrait d’un médecin en poète
— Par Joël Des Rosiers —
jean_metellus-2L’impression, tenace, envoûtante, que la disparition d’un grand homme de lettres et d’un grand médecin, neurologue spécialiste du langage, puise à des eaux profondes, non pas seulement celles de la tristesse ou de l’accablement – non sans que l’inquiétude ne vienne à celui qui se risque à saluer la mémoire du disparu – mais de la certitude que son œuvre contenait en elle-même les racines d’un art médecine et qu’on y retrouvait une langue d’écrivain, sa musique, sa distinction, son entêtement et finalement ce qui est irréductible à tout autre, une écriture.

Peu de médecins écrivains ont incarné à ce point la problématique du double déploiement : écrire un poème est chaque fois réapprendre à parler. Comme si l’intention poétique, hostile à toute entrave et toujours jalouse de l’indépendance du langage, annulait par avance la faculté de parler. Pourtant, face à ces deux instances, Jean Métellus arrivait à préserver avec force l’autonomie de l’une, la poésie, tout en établissant l’incidence de l’autre sur les actes de parole, la science du langage.

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« Lasotjè » d’Eric Pézo

lasotje_eric_pezoVoici une flambée de poèmes qu’Eric Pézo a choisi de n’écrire qu’en créole, langue qu’il fait chanter, crier, pleurer, aimer comme le font toutes les langues, aimer, pleurer, crier, chanter. Lasotjè… Ce titre parce que, pour l’auteur, le créole est tel un jardin qu’il convient sans cesse d’arroser pour qu’il fleurisse et résiste aux secousses des vents qui le menacent.
Mi an toch poézi, Éric Pézo pran lopsion matjé yen ki an lang kréyol la pou fè’y chanté, kriyé, pléré, enmen, kon tout lang oliwon latè ka fè, enmen, pléré, kriyé, chanté.
Lasotjè… Sé tit i ba liv-tala padavwè i ka wè lang-lan kon an jaden nou andwa travay ek wouzé san rété pou’y léri, pou disparet pa pran’y an mitan van boulves-la ki ka soukré’y la.

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Albin et Serena

À Monchoachi, mon ami du Morne, qui m’a soufflé un chant que j’ai écouté, et aimé à ma façon…

— Par Frantz Succab —

boulanger_loverAlbin-boulanger nous procurait notre pain quotidien ; mais si l’on fait la part entre son métier qu’il exerçait avec conscience et le reste, il n’avait montré qu’un seul don dans sa vie, celui de disparaître.

  Il ne disparaissait pas lui-même. En vérité, ou plus exactement, disparaître le prenait de l’en-dedans de son corps, là-même, sans prendre son corps ; au milieu d’une conversation, d’une réunion ou d’un monter-descendre au vu et au su de tout le monde le long de la rue Bord-de-mer. Des vieux y refaisaient sans cesse le chemin du temps, des jeunes par petits-pilots bruyants,  gesticulaient avec ces mots en rafales passés à la râpe des play-list et vendus prêt-à-porter, les flâneurs s’occupaient à ne faire rien d’autre que s’occuper des affaires d’autrui et la plupart des autres gens faisaient aller-venir pour commissions autour du marché. Et Albin faisait partie de ce paysage.

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Isabelle Fruleux enchante le verbe césairien

— Par M’A —

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— Photos Philippe Bourgade – Droits réservés—

Si le poème ne livre son âme qu’avec la voix qui le touche, Isabelle Fruleux en est l’incarnation. Samedi 23 novembre dans les ruines du théâtre de Saint-Pierre accompagnée, soutenue par la musique du pianiste Alain Jean-Marie, elle nous a fait entendre, entre souffle et murmure,  des extraits de poèmes d’Aimé Césaire avec une sensualité rarement mise en valeur dans les récitations habituelles. Le guerrier Césaire s’effaçait devant l’aimée, femme, territoire, pays, réels ou imaginés prosaïques ou sublimés mais toujours magnifiés par l’incandescence du verbe. Isabelle Fruleux s’est glissée, coulée dans le Verbe césairien, en en parant ses bras, son corps, son visage et sa voix, en s’en emparant sans jamais oublier d’en faire une offrande, sans jamais oublier, avec grâce et élégance, de le servir.

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« Vis-à-vis de mes envers » suivi de « Le poème de Grenoble » de Jean-Durosier DESRIVIERES

 j_d_d_rLe poète haïtien Jean-Durosier Desrivières signe aux éditions « Le teneur » un magnifique recueil de poésies, préfacé par Roger Toumson et illustré par l’artiste-peintre Bernard Thomas-Roudeix.

Le nouveau livre de Jean-Durosier Desrivières est un recueil de compositions poétiques se présentant telle une corne d’abondance, d’une époustouflante richesse métrique et rythmique, totalement exigeant, captivant et convaincant. Vis-à-vis de mes envers, divisé en quatre grandes parties, traduit les faces multiples du poète et de son art qui entre en dialogue avec les dessins hautement expressifs et significatifs de Bernard Thomas-Roudeix. Le poème de Grenoble n’est qu’une trace des fraîcheurs de l’errance urbaine du poète haïtien dans cette ville qui s’ouvre et s’offre à lui dans un contexte post-séisme. L’écrivain et universitaire, Roger Toumson, pose ainsi son cachet sur l’ouvrage, dans une préface éclairante : « Constamment sur le qui-vive, poète de l’urgence, Jean-Durosier Desrivières […] s’est d’emblée distingué sur la scène des nouvelles semences littéraires par son audace : pensée ardente, éloquence batailleuse. »

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Le slam du tram

tcsp—Par Philippe Pilotin —

Grande première en outre-mer.
Le TCSP (*), super moyen de transport d’entre-les-deux guerres,
Actuellement aux Antilles françaises prend de grands airs,
Offrant à ces îles de la caraïbe un atout supplémentaire.
Avant même d’entendre les premiers : Cling ! Cling ! du tram,
Déjà, la belle Martinique dans son âme s’enflamme.
A l’horizon 2015, s’élanceront les premières rames,
Faisant de ce transport l’acteur principal de la trame,

Cling ! Cling !

Les commentaires de toutes sortes vont bon train,
Faisant ainsi des on-dit un sacré refrain.
L’affaire est dans toutes les mains,
Sans même savoir de quoi sera fait demain.

Cling ! Cling !

Lamentin, Dillon et Sainte-Thérèse défileront tour à tour.
Le convoi longera l’autoroute sans détours,
Destination Fort-de-France, « Aller-Retour »
Pendant que les resquilleurs réfléchiront à leur sale tour.

Cling ! Cling !

Très tôt le matin et tard dans la soirée,
Le va-et-vient incessant de ce nouveau tramway
Sera surement le lot quotidien de beaucoup d’usagers
Et cela tant chez les jeunes que chez les plus âgés.

Cling ! Cling !

Probablement à la future station Aimé Césaire,
Les prétentieux rouleront sans doute les « R »
En voulant imiter le poète et ses beaux vers
Qui lui ont valu ses habits de lumière.

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« Isuma » Anthologie de poésie nordique de Jean Désy

—Dossier de presse —

isumaOn est toujours d’un lieu. Un lieu où aller et revenir. Un ancrage qui forge l’identité et qui fonde notre présence au monde. Dans le cas de Jean Désy, c’est Isuma, c’est-àdire l’esprit du Nord qui fait de lui un capteur de songes, et de sa poésie une pierre de patience. Le poète regarde les points cardinaux et déclare : « l’infini, c’est pour moi ».
« J’ai bourlingué comme un fou dans le Nord, travaillé comme un fou, souffert avec les souffrants et les suicidaires. J’ai admiré les accouchées les plus stoïques du monde. J’ai appris à chasser. J’ai pêché des truites mouchetées et des ombles arctiques qui sautent encore dans mes rêves. »
Le point de vue de l’éditeur
Isuma, anthologie de poésie nordique est un manifeste de la nordicité. La parole nous apprend le bon usage du monde. Poète, médecin, Jean Désy revendique la chair blessée du Grand Nord, donnant aux mots et à cette blanche géographie une part d’humanité et de puissance jusque-là insoupçonnée. Bourlingueur, il court les routes, les soleils, les outardes, les blizzards, les lichens, nous montrant les chemins du nord dans l’humilité et la splendeur des paysages.

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Le CAC 40 caracole

 

Chtonien sulfureux panache
Eclabousse la croute des volcans
Le nègre vendu à l’encan
Sue et saigne sous la cravache

Pas si loin le maître parla
Viens me rejoindre sur ma couche
Je veux le plaisir de ta bouche
Jacaranda et pergola

Orient régiments laborieux
Air pollué puanteur acide
Fourmi automate livide
Trime ouvrier miséreux

A Shanghaï le luxe s’étale
Maserati Lamborghini
Jambes étirées robes mini
Le riche orgueilleux se régale

Chômeur au visage fermé
ANPE bureau immonde
C’est le triste sort du vieux monde
Irrésolu et désarmé

Mais il faut que je me console
La finance se porte bien
Les puissants ne manquent de rien
Le CAC 40 caracole

 

Michel Lercoulois, juin 2013

 

 

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Sur « Lémistè » de Monchoachi

 Ce livre ci est frère de très grandes sommes poétiques…

lemiste lemiste

— Par  Yves Bergeret, poète —

Le titre en créole pousse d’emblée le lecteur loin de la stable lumière apollinienne. Lémistè : Les mystères. Le livre entraîne le lecteur dans un très âpre tourbillon de gestes rituels et surtout de longues formules sacrées antillaises. Le livre est paroles en tous sens, extrêmement vivantes et actives. Presque aucune contemplation, presque aucune strophe où le temps s’arrête en s’ouvrant vers une sorte d’infini ou d’éternité. Tout ici est proche, odorant, sensible, tactile. Pas d’horizon lointain, pas d’infini océanique, pas de grands ciels. Mais le livre entraîne toujours son lecteur dans l’intensité d’un rite sacré dans un lieu cultuel ou d’un geste sacré de la vie pratique dans la cour et même dans le secret de la maison. Le livre entraîne son lecteur dans la proximité mobile de ce rite ou de ce geste. Continuels gros plans. Nous voici dans les Antilles, dont presque chaque habitant se rappelle la déportation esclavagiste de ses ancêtres.

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Néolib’

— Par Michel Lercoulois —

Gratouille ta merde héron
Tu n’as pas meilleur domicile
Tu trouveras bien un étron
De quoi nourrir un imbécile

Tu n’es pas content bouge-toi
Ah tu veux faire le candide
Réclamer exiger tes droits
Reste dans ta bauge sordide

Non mais tu crois au pèr’ Noël
Et qu’il suffit que tu demandes
Festin royal plat en vermeil
Langoustes ortolans amandes

Tes droits on se les fout au cul
Tout cela n’est pas si facile
Et ta naïveté me tue
Tant pis si tu es trop fragile

La monde est pour les héritiers
Les malins et les sans scrupule
Plutôt que me faire pitié
Pauvre héron tu-es ridicule

Contente-toi du RSA
Et de tes pauvres jobs minables
Ne m’embête plus avec ça
Je n’aime pas les misérables

heron
Michel Lercoulois, 10 juin 2013  

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La non-poésie des non-poètes

— Par Martin Rueff Poète, philosophe —

poete-300«Poétique» est l’adjectif de la louange partagée. D’une exposition, d’une installation, d’une chanson, d’une silhouette on dira aujourd’hui qu’elles sont «poétiques». Le prédicat est ici moins descriptif qu’évaluatif. «Poétique» signifie tour à tour mystérieux, beau, profond, singulier, frappant.

Mais on assiste, aujourd’hui, en France, à un phénomène sémantique qui ne doit pas passer inaperçu : non seulement le nom «poésie» (descriptif en tant qu’il désigne une activité symbolique qu’on a pendant des siècles identifiée comme «art du langage») dont l’adjectif «poétique» (évaluatif) est tiré n’est plus considéré comme son porteur naturel, mais encore on va jusqu’à dénier aux poètes la poésie qu’on prête aux non-poètes. Ce n’est plus la poésie des poètes qui est poétique. On apporte ici un cas limite.

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Pou lapéti lajan bannann

 –– de Daniel Boukman—
Dépi an tan nanni nannan
pou yo lajan sé bon nannan
an sel larel toulong yo ni
sé anni pran neg pou zouti

Pou lapéti lajan bannann
sé misié-a pa lé sispann
vréyé monté élikopté
wouzé lanmò asou laté

Anba kalté lapli-tala
mouch-an-miel ka tombé léta
nan kò nan dlo andidan té
sé an sel lablanni kansé

Anba kalté lapli-tala
mouch-an-miel ka tombé léta
nanko nan dlo andidan té
sé an sel lablanni kansé

Pou lapéti lajan bannann
sé misié-a pa lé sispann
vréyé monté élikopté
wouzé lanmò asou laté

Fidji yo tout ka pòté mas
mé dèyè ma sé lagrimas
yo lé kontel an tan lontan
pran nou pou an bann bèlévan

An nou sispannn palé palé
palé épi palé
lé-a rivé lé-a rivé
ansanm ansanm annou lévè !

 

 

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La vie… aime la vie, la vie t’aimera

 

 

— Par Jean José Alpha —

Je réponds à l’envie de vous rappeler à mon tour, la poésie de Pablo Néruda, poète, écrivaindiplomatehomme politique et penseur chilien, que m’a fait découvrir Vincent Placoly en 1988.

Né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares) au Chili, Pablo Néruda constitue avec Aimé Césaire et Rabindranath Tagore, la trilogie de penseurs reconnus par l’UNESCO, qui ont réagi aux pesanteurs de l’Histoire, par leurs actions militantes et leur œuvre littéraire. Ils ont réagi aux contradictions d’un système mondial inégal et injuste, pour élaborer une nouvelle intelligence de leur société et du monde, afin de fonder un humanisme concret et universel.

La vie

Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement
celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.

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Concours de poésie en langue créole de la Caraïbe

 règlement concours

1. KL2 organise périodiquement un concours de poésie en langue créole de la Caraïbe.

2. Ce concours de poésie est EXCLUSIVEMENT réservé à des textes écrits en langue créole de Dominique, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique, Sainte-Lucie.

3. Ce concours est ouvert à tous créolophones d’origine ou d’adoption.

4. Ce concours est ouvert à la participation des scolaires du niveau 6ème à la terminale.

5. Un jury composé de créolophones martiniquais auxquels s’associeront des jurés créolophones de Dominique, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Sainte-Lucie, décernera trois Prix :

Kalbas Lò 1 Kalbas Lò 2 Kalbas Lò 3

Et un prix kalbas Lò Jénès.

Toutefois, le jury se réserve le droit de citer d’autres poèmes non primés.

6. La graphie recommandée est celle dite du GEREC F., à savoir « tout ce qui s’écrit se prononce, tout ce qui se prononce, s’écrit ».

7. D’autres façons de graphier sont acceptées mais, en cas de publication des poèmes primés, KL2 se réserve le droit d’utiliser pour ce, la graphie ci-dessus recommandée.

8. Chaque participant/e au concours fait parvenir, du 18 février au 15 juillet 2013, un poème inscrit au maximum sur DEUX PAGES (soit 2 feuilles A4) de format 21×29,7cm – recto/verso, interligne 1, 5.

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« Lémistè » de Monchoachi

Monchoachi

à François Boddaert, Editions Obsidiane

 

…Je vous expose ma visée pour Lémistè dont Liber America que vous avez entre les mains, constitue un premier volet : il s’agirait d’un long parcours à travers les mythes, les magies, les rituels cérémoniels qui ont fait la présence des différentes parties ou lieux du monde, présence recouverte totalement de nos jours par la Civilisation : Amérique, Afrique-Océanie, Europe-Asie (se sont mes découpes), non évidemment dans le simple but de rapporter ceux-ci (je ne suis pas ethnologue), mais en les jouant, en les déplaçant, en les retournant, voire en les subjuguant, ceci en vue d’ébranler la vision calamiteuse du monde charriée par la dite Civilisation.

Comme tout poète, je n’ai à ma disposition pour ce faire que la langue, ou du moins j’en ai deux : la créole et la française, ce qui me permet de jouer des facultés de l’une et de l’autre, la française plus portée aux généralisations, la créole plus rythmique, plus sonore, plus imagée, plus sensible, plus traversée aussi par le souffle, non de l’esprit, mais des esprits et des magies, ce qui ne constitue pas un moindre recours pour nous ramener à une vision du monde sensible où toutes choses vivent et pas seulement l’homme.

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Les poèmes sont des gros cochons, la poésie est une grosse truie

de Benoist Magnat  

–Haïti février 2013–

 

-La pieuvre sexuelle-

 

Les gros nichons sont octopus – ils attirent le regard – vous ne vous en remettez pas – en dérive totale – les îles de vos yeux s’engloutissent – confiture de baise – les volcans chauffent la cheminée – le magma se rue vers la surface – il n’y a pas moyen d’arrêter tout ça – pour le moment seulement – Une tape sur les doigts ou sur le regard risque de tout bouleverser – on rentre sa « chose » comme les cornes d’un escargot et tout semble redevenir normal.

De fines jambes avec un en-bout de derrière bien potelé réveillent la machine – je crois entendre la mélasse s’étendre sur la crêpe – on sourit d’une envolée ou d’une partie de jambes en l’air – pour le moment c’est seulement dans l’air – on suit des yeux cette excitation mobile – on met allume-cigare en connexion – on se vidange le disque dur par des images rafraîchissantes – un coca pétillant avec une paille – une montée d’escaliers voluptueuse – un raclement de la gorge pour signaler votre existence à l’allumeuse de réverbères.

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C’était un homme

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

Par Michel Lercoulois.

 

Comiques du vieillard les sourcils broussailleux

Les bouquets de poils aux nasaux les yeux chassieux

Les cheveux clairsemés et la bouche édentée

Les crevasses les rides le souffle coupé

Le ventre débordant les muscles affaissés

La chair flasque et triste des dernières années

Le chef qui ploie le dos de plus en plus vouté

Le pied qui accroche à peine se soulève

Marche hésitante maladroite inquiète

D’avance fatigué et si découragé

 

À quoi bon se dit-il s’efforcer davantage

Toujours recommencer d’éternelles corvées

Il a tout essayé à chaque fois échoué

Naïveté qui ne sied plus à son grand âge

Il ne regrette pas les illusions d’antan

Mais ce qu’il eut jadis de force et de courage

Les élans stupéfiants du sexe vigoureux

Le rire des filles qu’il tenait enlacées

 

La vie était légère et le plaisir frivole

Il attend maintenant que son âme s’envole

Prêt pour le néant ou pour le souverain bien

De son corps épuisé il n’espère plus rien

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Rumeurs d’îles : La poésie vers de nouveaux horizons


Jo Ensfelder

par Rodolf Etienne
Jo Ensfelder, comédien, poète, passionné de littérature, après « Solitude cannibale », nous revient avec un nouveau recueil de poésie inspiré par les Haïkus japonais. Une inestimable douceur à consommer sans modération…
Peut-on imaginer plus douce littérature que celle qui, plus que des mots, charroie des humeurs en autant de correspondances que l’âme peut en supporter ? Peut-on imaginer plus douce musique que celle qui parle à l’âme, lui sussurant à l’oreille des douceurs tellement belle qu’elle ne saurait y résister. Peut-on, enfin, imaginer, l’aurore primordiale comme un beau pays rêvant au soleil ? Oui ! On le peut ! Jo Ensfelder, avec ses 49 Haïkus, tirés du recueil « Rumeurs d’îles », nous convie à une quasi initiation, tout au moins à une élévation de l’esprit, de l’imaginaire et de l’âme tout ensemble. Écoutons plutôt : « La mangue. Sa dévorante couleur. Patience de l’arbre. Pluie de carême. Une fleur dans la boue. Son parfum intact… » Musique des mots, pulsions de terre, rumeurs de vague, déboulante de tendresse, d’harmonie comme une avalanche d’amour sur le cœur assoiffé.

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Que l’espérance demeure

de Wébert Charles et Denise Bernhardt

Poèmes à quatre mains, publiés aux Editions du Vert-Galant.

 Par Jeannine Dion-Guérin*

De la Société des Poètes Français

 

 

Il y a, dans la chair des Haïtiens, une blessure ouverte indéfiniment empêchée de se refermer. Poétesse française et femme de cœur, Denise Bernhardt tente de s’en approcher en établissant avec les artistes, un dialogue à long cours sur le mode sensible qui lui appartient, grâce à un échange continu avec ces îliens, riches de courage et d’endurance.

En Haïti, « on parle dans la démence » et « c’est aussi simple que se laver les mains » dit Wébert Charles.

Or chacun possède sa propre « démence », qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, et le devoir de s’y atteler :

« Libérés de nos chaînes/ Et de la malédiction/ Du temps des Origines. » D. Bernhardt

C’est ce que tenteront W Charles , natif de Port-au-Prince et D B qu’une meilleure providence a fait naître à Cannes, par le biais de poèmes à quatre mains, publiés par le Vert-Galant, sous la forme d’un livre soigné et prometteur de résilience : « Que l’espérance demeure ».

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Autiste, un poême de Patrick Mathélié-Guinlet

 

Je ne vois rien

mais ne suis pas aveugle…

Je n’entends rien

mais je ne suis pas sourd

ni muet, pour autant

je ne dis rien

mais n’en pense pas moins…

Et ce monde où je vis,

où je me réfugie,

certes vaut bien le tien !

Tu parles de folie

quand tu ne comprends rien…

Mais c’est la jalousie

qui fait parler ainsi

lorsque ta vie tu rêves

et que souvent t’en crèves

des rêves inassouvis

alors que j’ai choisi

de vivre dans les miens

que j’aime à la folie !

Change donc ton regard

car mon indifférence,

en fait, à ton égard

est juste une apparence,

plutôt ma différence

et d’or est mon silence…

C’est pas une maladie,

différent je le suis,

mais on peut être amis

dans un monde enrichi

si, au lieu de rejet,

vient un peu de respect.

Lors, à bon entendeur

si tu ouvres ton cœur,

l’autiste te salue…

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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