Catégorie : Arts de la scène

« La Bête dans la jungle » & « La Maladie de la Mort »

— Par Michèle Bigot —

Sur la scène de la Colline, Céline Pauthe lance un double défi; le premier c’est de revisiter le texte de H.James adapté par Duras, après la mise en scène culte d’Alfredo Arias, avec Samy Frey et Delphine Seyrig en 1981. Véritable défi, car pour les amoureux du théâtre, cette mise en scène est restée une référence absolue: tant par la force de la mise en scène que par le jeu de ces deux acteurs sensuels et envoûtants. Et il est probable qu’il faut au moins un tel cocktail pour faire vivre ce texte aride, somme toute peu fait pour les planches. Autant la nouvelle d’H. James restitue avec intensité la quête angoissée de ces deux personnages, dont on se demande toujours lequel mène la danse, autant l’adaptation de Duras peine à faire vivre l’émotion, toute chargée qu’elle est de sa dimension métadiscursive.
Pour qui l’écoute attentivement, le dialogue durassien s’ingénie à cultiver le décalage, soit entre les répliques elles-mêmes, soit entre les répliques et la thématique de la conversation. Certes l’époque aimait cela, mais aujourd’hui on aimerait sortir de cette coque cérébrale pour retrouver le vrai de l’émotion.

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Le temps suspendu laisse tomber la neige !

A propos de deux pièces de théâtre proposées à Fort-de-France

— Par Roland Sabra —
tete_en_roueSteve Zébina, le programmateur cinéma de l’Atrium dit souvent lors de la présentation de ses sélections : « Ce n’est que dans l’après-coup que je me suis rendu compte qu’il y avait un fil conducteur dans ce choix… » Par exemple dans la dernière proposition qu’il nous a faite on pouvait retrouver dans chaque film  d’une adolescente autour de laquelle se construisait le film. Steve Zebina nous rassure : il découvre qu’il a bel et bien un inconscient ! L’anecdote ne vaut peut-être pas pour les deux pièces de théâtre dont il va être question maintenant. En effet il y a en jeu au moins deux programmations, hélas concurrentes. Celle du T.A.C. (Théâtre Aimé Césaire) et celle de l’ATRIUM et il y plus de chances que que la fusion du Conseil Général et du Conseil Régional réussisse que de voir naitre un semblant d’harmonisation entre les deux structures culturelles. Il est des ego incommensurables que nulle salle de spectacle aussi grande soit-elle ne saurait contenir !

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Zao, soldat de la paix, revient avec Nouveau Combattant

— Par Fara C. —

Malgré les drames que la guerre civile congolaise lui a infligés, le Coluche africain continue de dispenser ses messages, au son des balafons. 
Trente ans après son tube antimilitariste Ancien Combattant, le chanteur est de retour avec un album aux formules toujours aussi savoureuses.

Zao est un survivant. L’auteur du tube Ancien Combattant (1984) aurait pu mourir cent fois pendant la guerre civile qui a tué son fils chéri et brûlé tous ses biens. Revoilà l’irréductible satiriste congolais avec l’album Nouveau Combattant, sorti trente ans après son hymne antimilitariste. « Hélas, les messages de paix sont, aujourd’hui, plus que jamais nécessaires », nous explique-t-il. Il a présenté son opus au dernier festival Africolor : à Sevran autant qu’à Saint-Germain-en-Laye, il a enflammé l’auditoire, qui dansait et reprenait en chœur ses brûlots jubilatoires, Corbillard, Moustique…
Un humble héros sachant réinventer la langue française

« Pour nous, programmer Zao, un des plus grands artistes africains des cinquante dernières années, a un sens profond, déclare Sébastien Lagrave, directeur du festival Africolor. Zao dit, avec humour, des vérités qu’il faut absolument entendre, ce n’est pas par hasard s’il est surnommé le Coluche africain.

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Laisse tomber la neige : chronique d’une folie ordinaire?

— Par Christian Antourel —

laisse_tomber_la_neige-2L’histoire est tirée d’un fait divers réel. Une femme, éminente personnalité du monde médical ayant assassiné sa meilleure amie. Plusieurs faits antérieurs au crime sont suffisamment troublants pour qu’une enquête psychologique soit ouverte. Simule t-elle la folie pour éviter la prison ? Elle se raconte dans un plaidoyer qui dénonce les conditions d’enfermement psychiatrique. On imagine cette femme qui prend la boule de verre dans laquelle la neige voltige, qui l’abat une fois deux fois et encore sur sa victime.

Que s’est-il passé dans la vie de cette femme pour qu’elle assassine avec une telle cruauté sa meilleure amie ? Nous sommes peut-être en présence d’une personnalité dite de type « antisociale » de celles qui animent la chronique des faits divers spectaculaires et inspirent cinéastes et romanciers. Sans aucun scrupule ni sens moral, les antisociaux transgressent les lois sans relâche. Ils méprisent leur prochain, trompent par jeu ou par profit…Charment leurs victimes, les manipulent, leur mentent puis les escroquent ou les sacrifient. Et si ce n’est pas de la folie, c’est quoi alors ? le tout médical avance que la plupart des meurtres sont le fruit de
la nécessité plutôt que du désir, quoi que certains ont tué parce que ça les excitaient.

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Aimé Césaire, une parole pour le XXIème siècle

Le samedi 28 février à 18h00 à la Salle des fêtes de Basse-Pointe

cesaire_voix_pour_le_21emeA partir du mois de mars dans le cadre de Ciné Bò Kay: « Le cinéma près de chez vous ! »   plusieurs projections en salles ou en plein air, seront programmées tous les week-ends sur l’ensemble du territoire de l’ile.

Cet élégant coffret devrait figurer dans toute dvdthèque. Il comporte les trois documentaires de 52 minutes Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire d’Euzhan Palcy et un livret regroupant des extraits rangés par ordre alphabétique de thèmes des paroles de Césaire dans ces documents filmés. C’est une somme incontournable alliant entretiens, archives d’actualité et textes mis en images d’un homme qui a su allier écriture et engagement dans la Cité. L’exercice est délicat et Maryse Condé y rappelle qu’il résume ainsi les contradictions antillaises. Le premier film, L’île veilleuse, résume la vie, l’œuvre et l’action politique du poète. La mise en image des textes s’accroche aux paysages et au labeur des hommes. Le deuxième, Au rendez-vous de la conquête, approfondit l’éthique et la théorie de la Négritude. Il retrace les rencontres de Césaire étudiant à Paris avec les intellectuels de l’époque, et celle, déterminante, avec Senghor.

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« Le temps suspendu de Thuram », une pièce de Véronique Kanor

A l’Atrium, le 26 février 2015 à 20h, Salle Frantz Fanon

le_temps_suspendu— Par Michèle Bigot —

Voici la critique publiée le 09 juillet 2014 dans Madinin’Art

Le temps suspendu de Thuram
Une pièce de Véronique Kanor
Mise en scène et scénographie : Alain Timar,
Théâtre des Halles, du 5 au 27 juillet 2014

Répondant à une commande de L’ARCHIPEL dans le cadre de son projet autour des « Mythologies actuelles de la Guadeloupe », Véronique Kanor a écrit ce texte dramatique autour de l’histoire de Lilian Thuram, promu au statut de mythe depuis la coupe du monde de football de 1998. Dans le match de demi-finale contre la Croatie, Thuram accède au rang de héros national en marquant vaillamment deux buts⋅ Mais c’est surtout le geste de penseur qu’il fait pour marquer l’événement qui le fait entrer dans l’histoire⋅ La suite de sa carrière de star sera marquée par son engagement aux côtés des jeunes des cités, ce qui en fait une notable exception dans le monde du football.

Et c’est justement ce mythe que vient interroger Véronique Kanor. On sait en effet que Thuram est revenu au pays, en Guadeloupe, où il fait figure de « grand grec » sociologue du monde noir.

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SheZow, la petite super-héroïne transformiste qui énerve les réacs

shezow-1TELE – Les enfants vont adorer, les parents les plus réacs beaucoup moins. Le dessin animé SheZow, diffusé depuis janvier sur Gulli, met en scène un petit garçon qui se transforme en super-héroïne pour traquer les méchants. Le cartoon, après avoir été dénoncé comme une apologie de la prétendue « théorie du genre » par des associations conservatrices américaines, suscite un début de controverse en France.

On a récemment vu Winnie l’ourson ou Bob l’éponge mis à l’index dans certains pays pour leur sexualité supposée « douteuse ». Eh bien un nouveau dessin animé suscite la controverse au pays des réacs : SheZow. Il faut dire que ce cartoon est basé sur une idée aussi amusante que loufoque : face au danger, son jeune héros un brin macho, Guy, se transforme grâce à une bague magique en super-justi…cière. En prononçant la formule « Allons-y les filles ! », le garçon de 12 ans endosse en effet le costume de SheZow : minijupe fushia et justaucorps rose à motifs léopards. Il chasse alors les méchants avec son « rouge-à-lèvres laser » et sa « pince à épiler turbo ».

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« Laisse tomber la neige » mise en scène José Alpha

Les 26, 27 & 28 février à 19h 30 au T.A.C.

laisse_tomber_la_neige-2Dossier de presse :

Plaidoyer pour une folie raisonnable ? Réquisitoire contre la détention arbitraire ? Ou … vrai crime d’amour ? … A l’origine, un fait divers : « … le 11 décembre 19…, Antonia D., éminente personnalité du monde médical, commet un assassinat. Plusieurs faits antérieurs au crime sont suffisamment troublants pour qu’une enquête psychologique soit ouverte…
Que s’est il passé dans la vie de cette femme pour qu’elle assassine avec une telle cruauté sa meilleure amie ? Qu’est ce qui amène une femme à torturer la jeune maitresse de son mari avant de lui donner la mort ? … quelques années plus tard, pourquoi se retrouve –t elle aux assises pour assassinat de 21 coups de couteaux à son nouvel amant ?
Les Martiniquais ont découvert avec effroi ces nouveaux assassins, généralement des femmes de toute condition, dont la cruauté des actes témoigne d’une grande détermination et d’une redoutable maitrise de soi.
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a eu un entretien avec la psychiatre médico-légale autrichienne Sigrun Roßmanith.

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Golshifteh Farahani doit-elle cacher ce corps que le régime ne veut plus voir ?

— Par Lara Plougastel —

golshifteh_farahaniEn 2007 l’actrice franco-iranienne qui été apparue non voilée dans Mensonges d’Etat avait déjà suscité les réactions du régime. En faisant la une du magazine Égoïste, dans le plus simple appareil, la communauté iranienne a réagi, entre message politique et provocation.

« Je suis pour la liberté totale de chaque être dans cet univers. C’est une véritable artiste, talentueuse de surcroît ». Alireza Soroush, écrivain, photographe et cinéaste basé à Los Angeles aux États-Unis est très clair : il soutient l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, dont la nudité tranquille fait le bonheur des directeurs de magazine. Car la belle a décidé de remettre le couvert : après avoir choisi de dévoiler un sein en 2012 aux Césars, de poser nue dans le Figaro Madame la même année, elle enlève le haut et le bas fin janvier 2015 pour enjoliver la couverture du magazine Égoïste. Mal dans sa peau ? Provocation ? Nudiste invétérée ? Influencée par les journaux ? Tombée dans le « piège des Occidentaux » ? Les réactions fusent.

L’histoire démarre en 2007 lorsque l’actrice tourne non voilée dans le film hollywoodien Mensonges d’État, aux côtés de Leonardo Dicaprio, provoquant immédiatement le grondement orageux du régime iranien.

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« Les Drôles de Poissons-Chats » : Martha, une condamnée à la joie contagieuse

A Madiana le 25.02.2015 à 19h30 en V.O.

droles_de_poissons-chatsLe cinéma latino-américain s’écrit désormais au féminin. Claudia Sainte-Luce, Mexicaine de 31 ans, a fréquenté l’école de cinéma de Guadalajara et réalise ici son premier film. Encouragée par la réalisatrice argentine Paula Markovitch, elle a entrepris de rédiger un scénario, nourri de sa propre biographie.

L’histoire de Claudia est donc la sienne. Coincée dans une vie médiocre de démonstratrice de supermarché, la jeune femme est hospitalisée à la suite d’une crise d’appendicite. Dans ce triste décor, elle fait la connaissance de Martha, une mère de famille atteinte du sida, qui élève seule ses quatre enfants. Claudia s’installe chez elle et noue avec eux une relation privilégiée.

Sous son titre énigmatique, ce premier film raconte une amitié féminine placée sous le signe de la transmission. Deux décennies séparent Martha et Claudia. La jeune fille a l’avenir devant elle et pourtant son horizon est bouché. Quant à Martha, ses jours ont beau être comptés, elle déborde de vie. Ce qui porte Martha est bien plus que du courage face à la maladie. C’est un élan, une joie de vivre contagieuse.

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Oscars 2015 : une cérémonie très politique

oscar_2015Discrimination raciale, immigration, sexisme… Les lauréats des 87e Academy awards ont prononcé des discours militants très forts qui ont électrisé l’assistance et les cinéphiles. Voici les déclarations chocs à retenir.

C’est généralement la partie la plus ennuyeuse des cérémonies de remise de prix, mais cette année les discours de remerciement ont presque volé la vedette au palmarès. Les lauréats des 87e oscars se sont succédé sur scène avec des déclarations chocs qu ont électrisé le parterre et les réseaux sociaux.

• Patricia Arquette sur les inégalités entre hommes et femmes

Lauréate de l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Boyhood, Patricia Arquette a déclaré: «À toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays, nous nous battons pour l’égalité des droits. Il est temps pour nous les femmes, d’obtenir l’égalité salariale et l’égalité des droits aux États-Unis».

Une déclaration saluée par Meryl Streep qui a brandi le poing.

Les disparités salariales sont aussi vraies dans le monde du cinéma, comme l’a révélé l’attaque informatique contre les studios Sony Pictures l’année dernière.

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L’été des poissons volants

A Madiana le 24.02.2015 à 19h30 V.O

ete_des_poissons_volantsSynopsis et détails

Manena est une adolescente déterminée et la fille adorée de Pancho. Ce riche Chilien, grand propriétaire foncier, ne consacre ses vacances qu’à une seule obsession : l’invasion de sa lagune artificielle par des carpes. Alors qu’il recourt à des méthodes de plus en plus extrêmes, Manena connaît cet été ses premiers émois et déboires amoureux – et découvre un monde qui existe silencieusement dans l’ombre du sien : celui des travailleurs indiens Mapuche qui revendiquent l’accès aux terres, et s’opposent à son père.

Dans les InRocks : Beau film d’ambiance chilien, où la nature s’immisce dans le conflit larvé entre deux communautés.

Une première œuvre sensible, voire envoûtante, confirmant une nouvelle fois qu’après l’Argentine, la renaissance cinématographique de l’Amérique latine passe par le Chili.

Pour aller vite et résumer, on dira que cette geste lacustre et campagnarde (les vacances d’une famille bourgeoise sur ses terres au bord d’un plan d’eau) tire toute sa force du climat hanté que distille le paysage ; il contamine irrémédiablement les êtres qui vivent en symbiose dans ce coin presque sauvage du sud du Chili.

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Nous irons voir Pelé sans payer

Au 14°N 61°W le 24.02.2015 à 20h30

voir_pele_sans_payerUn film de Gilles Elie-Dit-Cosaque
2014 – France – 65 minutes – HD

En janvier 1971 le Santos FC, le mythique club de foot de São Paulo avec à sa tête le non moins mythique “roi Pelé” débarque en Martinique afin de disputer un match contre les meilleurs joueurs locaux. La belle affiche a un prix, le cout du billet est multiplié par 10 mettant l’événement hors de portée de la plupart des Martiniquais.
Un groupe d’extrême gauche fraichement constitué baptisé “Groupe d’Action Prolétarienne (GAP)”, qui puise ses influences chez Mao et Frantz Fanon, voit là l’occasion d’un premier coup d’éclat politique. Tout est bon pour la révolution. Ils mettent en branle un mouvement dont le mot d’ordre sera “Nous irons voir Pelé sans payer”.
Et pendant que l’équipe martiniquaise s’entraine, la campagne s’organise. Grèves, tracts, graffitis, manifestations à Fort de France , le mouvement prend de l’ampleur… Les autorités s’inquiètent, et à la va-vite est alors organisée la retransmission télé en direct du match. Une première en Outremer.
Mais qu’importe la transmission télé prévue, les plus acharnés persistent.

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« Canada Morrison » ou la douloureuse quête du père

A Madiana le 23.02.2015, séance unique à 19h30

canada_morrisonPremier film prometteur d’un réalisateur argentin, ce road-movie sur la quête filiale d’une adolescente est illuminé par ses deux interprètes féminines.
Lila, 12 ans, qui a grandi dans un internat perdu dans les montagnes, est obsédée par le besoin de retrouver son père. Il n’a pas voulu la connaître, n’est jamais venu la voir. Lila ne sait rien de lui. Sa mère ne lui a livré que des bribes obscures. Intraitable, invivable pour ses éducateurs, Lila multiplie provocations et tentatives de fugue.

La directrice du pensionnat prend la décision de la renvoyer chez elle, accompagnée par sa professeur de biologie. En cours de route, Lila parvient à faire fléchir son accompagnatrice et à l’embarquer avec elle sur les traces effacées de son géniteur. Elle n’a qu’un indice dans les mains : le nom d’une compagnie d’électricité, qui a disparu des registres, où l’auteur évanoui de ses jours aurait travaillé.

Ce premier film d’un réalisateur argentin, d’une belle fluidité et d’une séduisante simplicité, se déploie comme une enquête policière avec des rebondissements, de fausses impasses, des moments de découragement.

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« Timbuktu » et Sissako, grands triomphateurs des Césars 2015

timbuktu-3Six semaines après la tuerie de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher de la Porte de Vincennes, l’Académie des arts et techniques du cinéma a plébiscité Timbuktu, le film du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako lors de la quarantième cérémonie des Césars.( Lire Timbuktu : Islam le jour et Malboro la nuit, de R. Sabra) Produit par Sylvie Pialat, ce magnifique réquisitoire contre l’intégrisme et l’obscurantisme a obtenu pas moins de sept Césars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Timbuktu a également été couronné dans les catégories « scénario original », « musique originale », « photo », « son » et « montage ».

De sa voix douce et posée, Sissako a rendu un hommage vibrant à la France, « ce pays magnifique, capable de se dresser contre l’horreur ». Sans la France, sans Arte, sans le festival de Cannes, « je n’aurais pas pu être le cinéaste que je suis aujourd’hui » a ajouté le nouveau lauréat avant de marteler : « Il n’y a pas de choc des civilisations. Il y a une rencontre de civilisations !

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L’ennui d’Ivanov

— Par Jean-Pierre Han —

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L’occasion est belle de suivre les premiers pas de Tchekhov dramaturge puisque, parmi le flot ou plutôt le déluge de pièces de l’auteur russe qui sont représentées cette saison sur les scènes de l’Hexagone, Platonov et Ivanov, ses deux premiers essais théâtraux, occupent les plateaux de deux de nos théâtres nationaux, celui de la Colline et celui de l’Odéon. C’est cependant Ivanov, dont la première version date de 1887, qui est considérée comme sa première pièce, Platonov, écrite alors qu’il était encore lycéen, ayant probablement été enfouie au fond d’un tiroir et son manuscrit retrouvé seulement en 1920, bien après sa mort survenue en 1904. Mais peu importent ces précisions, ce qui est vrai, c’est que l’on trouve dans ces deux textes la genèse des thèmes et des grands personnages de son œuvre à venir. Une matière quasi brute et passionnante.

 Concernant le Platonov proposé par Rodolphe Dana et son collectif des Possédés – restons chez les Russes… –, avec une comédienne de talent, Emmanuelle devos, que le cinéma a rendue célèbre, dans un des rôles-titres (ça aide toujours pour le montage d’une production), j’ai déjà dit par ailleurs toutes mes réticences sur la représentation, je n’y reviens pas sauf à devenir franchement désagréable… Reste donc Ivanov, proclamé de facto comme événement de la saison ; on remarquera qu’il n’y a pas dans ce spectacle une seule « vedette », mais carrément toute une pléiade d’acteurs de premier plan.

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Un souffle de rage et de sons sur « Présences »

— Par Maurice Ulrich —

presences_2015Le festival de Radio France a retrouvé de l’audace et de l’ambition avec « On fire », 
de Benjamin de La Fuente, autour de la figure radicale de Malcolm X.

En réintégrant sa maison mère, avec son grand auditorium tout neuf et très beau, le festival Présences, après une longue éclipse, allait-il retrouver son âme ? Question posée dès son ouverture, le week-end passé, et qui, à vrai dire, n’a trouvé qu’une demi-réponse. Créé en 1990, Présences, avec à l’époque trois semaines de concerts gratuits, un nombre exceptionnel de créations, une programmation autour d’une grande figure de la musique du XXe siècle (essentiellement de sa seconde moitié) et une très large place offerte à de jeunes compositeurs explorant avec audace des champs inouïs, se situait, on peu le dire clairement, dans une position militante quant à la musique de notre temps. Au tournant des années 2000, des changements dans l’équipe de direction l’avaient considérablement affadi, puis les travaux engagés à la Maison de la radio l’avaient morcelé en l’envoyant un peu aux quatre coins⋅ On attendait donc beaucoup de ce retour mais, pour le dire clairement, la première soirée, ouvrant donc un cycle sur la musique des deux Amériques, fut décevante⋅ Pourquoi programmer, par exemple, au regard de la thématique de ce cycle, le compositeur franco-suisse Richard Dubugnon, certes né en 1968, mais qui, outre qu’il n’a rien d’américain, cherchant en l’occurrence ses sources dans le chant grégorien, s’inscrit dans une écriture néoclassique ?

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Programme du Carnaval à Fort de France

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Voici venu les 4 jours de liesse populaire qui caractérisent le Carnaval de Martinique. Les temps forts, les horaires, les navettes, l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, où se restaurer ? le dress code du jour, … Nous vous livrons les clefs pour profiter au mieux des festivités du Foyal…

 DIMANCHE GRAS

4:30 : Jou Ouvè : Rendez-vous pour le vidé en pyjama au centre-ville.| DÉPART du Siège de Tanbou Bô Kannal Rive Droite Canal Levassor.
Organisation : Association Tanbou Bô Kannal (TBK)

15:00 : GRAND CARNAVAL DE LA MARTINIQUE,
Revue carnavalesque qui met en scène les orchestres, groupes et publics.
Sortie officielle du Roi de la fête, sa Majesté Vaval [Satire sociale d’un fait d’actualité symbolisé ou incarné par personnage géant réalisé sur structure métallique monté sur un char], vidés haut en couleurs et en musique.
Dress Code : Multicolores et déguisements variés.

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Berlinale : l’Ours d’or à « Taxi », de Jafar Panahi

Auteur de films sensibles chroniquant avec humour et bonté la vie en Iran (Le Ballon blanc dès 1995, Le Cercle en 2000, Hors-jeu en 2006), tous récompensés dans de grands festivals internationaux, Jafar Panahi se trouve, depuis 2010, frappé d’interdiction de réaliser des films et de quitter son pays… pendant vingt ans! En 2011 cependant, il a réussi à envoyer au Festival de Cannes, via une simple clé USB, Ceci n’est pas un film, un journal de bord personnel tourné avec une petite caméra numérique, dans lequel il décrit la situation aberrante dans laquelle il est désormais maintenu.

Un film sans générique

Cette année, c’est avec Taxi, un documentaire où il se met en scène en chauffeur de taxi dans les rues de Téhéran, qu’il surprend à nouveau, brave les interdits au nom du septième art et décroche l’Ours d’or du meilleur film de la 65e Berlinale ainsi que le Prix Fipresci de la presse internationale.

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La reine Christine et Julien Doré sacrés aux Victoires de la musique

— Par Victor Hache —
victoire_de_la_musique-cLe palmarès des 30èmes Victoires de la musique a récompensé les artistes de toutes les générations, Christine and The Queens, Julien Doré, Calogero, Cascadeur, Benjamin Clementine, Akhenaton, Alain Souchon et Laurent Voulzy.

Quatre heures d’une cérémonie interminable ! Il a fallu s’armer de patience pour aller au bout d’une émission qui s’est achevée vers une heure du matin. Trop longue comme on le craignait. Mais bon, on n’a pas tous les jours trente ans et sans doute les organisateurs ont-ils voulu goûter leur plaisir en cette soirée anniversaire, multipliant les vidéos des grands moments qui ont marqué l’histoire des Victoires de la musique. De quoi ajouter au programme déjà bien chargé de la cérémonie avec en prime la création pour l’occasion d’une Victoire des 30 ans. Un prix spécial attribué à David Guetta, Jean-Louis Aubert, IAM et Rachid Taha dans les catégories musiques électro, rock, rap et musiques du monde.

La cérémonie retransmise vendredi soir France 2 depuis le Zénith de Paris, a manqué de suspense tellement on s’attendait à la Victoire légitime, d’Héloïse Letissier alias Christine and The Queens.

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« Les estivants » : l’ampleur d’une fresque sociale

Gérard Desarthe signe une mise en scène remarquablement aboutie du chef d’œuvre de Gorki.

les_estivants-400— Par Annie Chénieux —

Déjà, il y a le rideau. Pas n’importe lequel : signé Lucio Fanti, rouge, sur lequel on découvre des figures humaines. Quand il se lève, tous les personnages des Estivants sont assis, comme pétrifiés au milieu d’une forêt de bouleaux. Sur les troncs, des dessins estompés de têtes, encore. L’image, saisissante, n’est pas près de s’effacer. Elle augure de la qualité de ce qui va suivre. Là où beaucoup croient s’affranchir de la tradition en « actualisant » un classique, Gérard Desarthe assume le respect de la tradition et n’a pas peur de ce qui pourrait paraître conventionnel : la forêt de bouleaux, le samovar,… Situer l’action en lieu et date, pour mieux faire entendre ce chœur d’hommes et de femmes, à l’été 1904, c’est-à-dire un an avant la révolution. Et qui résonne encore aujourd’hui. Que dit-elle alors, l’âme russe ? « Mon pays est pauvre en hommes intrépides et pourtant l’heure vient où il aura besoin de héros », lançait alors Gorki devant une assemblée d’intellectuels pétersbourgeois.

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On écoute ce qu’on est?

Selon certaines études, on pourrait déduire la personnalité de quelqu’un à partir de la musique qu’il écoute.

trombone_coulisseDites-moi ce que vous écoutez, je vous dirai qui vous êtes. Et avec qui vous pouvez vivre. Musique et personnalité sont liées dans l’inconscient collectif, au point que cela devienne un « et plus si affinités ». Après les sites de rencontres fondées sur les convictions politiques, religieuses ou encore la classe sociale, voici venue Louise. Cette application, qui se présente comme le « Tinder des mélomanes », part d’un principe simple : mieux vaut éviter de faire cohabiter Led Zeppelin et France Gall sur le même tourne-disque. Même idée chez Soundmeet, qui a tout de même installé une option « affinités contraires ». Pour l’exotisme d’un duo d’un soir…

Et parce que certaines âmes sœurs musicales sont parfois insoupçonnées. Une étude britannique dirigée par Adrian North, docteur en psychologie, avait ainsi montré en 2008 que les fans de metal et de musique classique se ressemblaient plus que ce que les idées reçues sur leurs préférences musicales pouvaient laisser penser. Des deux côtés, des gens « créatifs, doux, bien dans leur peau », concluait l’étude.

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L e Carnaval : une performance sans manifeste

— Par Joëlle Ferly Artiste —

A l’absurdité de nos sociétés, à la mondialisation qui nous mène, à notre impossibilité de retrouver l’harmonie avec notre environnement, nous répondons: CARNAVAL!

Si l’usage du corps est ce qui définit, en art contemporain, la performance, alors la procession carnavalesque que nous connaissons sous nos latitudes, relève bien de cette nouvelle forme d’expression que l’art moderne nous a léguée.

Qu’il soit nu, vêtu, peint, poudré, recouvert de boue, de cendres ou autre, le corps devient pour le performeur, son matériau premier de travail.

Dès les années 1920, l’artiste cherche à mettre en scène son corps et l’institue en tant qu’œuvre d’art.
Entre le théâtre et la danse, la performance se situe à la lisière du terrain connu et la sphère de l’esthétique. Le projet de la performance n’étant pas de connaître à l’avance le résultat de l’expérience qui se va se décliner -selon un manifeste, postulat, ou bien encore processus de réalisation- ni de chercher à être plaisant aux sens, comme le définirait Kant.
D’abord ludiques, les performances des premières années sur siècle dernier, se réalisaient en Europe, entre artistes en besoin de rompre radicalement avec l’art académique, en cette période d’entre-deux guerres.

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The Haunting Melody : « on est ce qu’on écoute »

Horreur philosophique

the_haunting_melody— Par Anaïs Heluin —

A priori, le théâtre peut exprimer l’épouvante aussi bien que n’importe quelle action ou sentiment humain. Pourtant, il y a un type d’horreur qu’il s’abstient de dire et de montrer : celle où victimes et assassins se lancent dans des courses-poursuites souvent alambiquées, où le sang coule à flots plus denses que les paroles échangées par les protagonistes. Autrement dit, au théâtre, le film d’horreur n’a pas vraiment d’équivalent. Les spectacles adaptés de la comédie musicale the Rocky Horror Picture Show (1973), par la troupe des Sweet transvestites, au Studio Galande à Paris depuis quatorze ans, font figure d’exceptions et confirment l’appartenance de la terreur à coups d’hémoglobine au septième art. Avec The Haunting Melody, le metteur en scène et directeur du nouveau théâtre de Montreuil, Mathieu Bauer, offre au contraire au théâtre sa part d’épouvante. Mais il fait aussi bien plus : à mille lieues du mauvais goût des Sweet transvestites, il imagine une partition musicale et visuelle qui interroge notre rapport à l’environnement sonore.

Thomas Blanchard, dans le rôle d’un ingénieur du son bavard et prompt à théoriser sur tout ce qui lui passe dans l’oreille, plante d’emblée le décor.

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50 Nuances de Grey et cinq raisons d’être frustré(e)

— Par Nathalie Simon —
cinquante_nuances-1L’adaptation du roman de E. L. James qui relate le coup de foudre entre Christian Grey (Jamie Dorman) et Anastasia (Dakota Johnson) manque de souffle et de souffre.
● Un film sans érotisme

Pas de quoi fouetter un chat, le film de la britannique Sam Taylor-Wood annoncé comme l’événement de la rentrée cinématographique s’avère aussi torride qu’un steak de soja. Le pic sado-maso de cette bluette tient en six coups de ceinture sur le dos de la belle donnés par l’éphèbe en jean et pieds nus. C’est la collection Harlequin avec l’option martinet. À se demander pourquoi il est interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis. La bande-annonce qui appâtait le public avec des scènes coquines, notamment l’héroïne harnachée et suspendue dans les airs, ne tient pas ses promesses. Les scènes plus «chaudes» ont été coupées. Suite au prochain épisode, déjà programmé.

● Un casting fade

Le couple ne nous fait pas rêver. Dakota Johnson est bien jolie, en chemisier et jupette ou dans le plus simple appareil, mais ne possède pas la sensualité de Sylvia Kristel dans Emmanuelle.

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