— Par Sandrine Blanchard —
Le ministère de la culture va créer un observatoire afin de centraliser les données sur les arts de la scène.
« Nous sommes incapables de dire combien il y a de créations de spectacles par an en France. » Cet aveu de Régine Hatchondo, directrice générale de la création artistique au ministère de la culture, lors d’un débat, le 17 janvier, aux Biennales internationales du spectacle de Nantes, consacré à la diffusion des œuvres théâtrales, n’a étonné aucun des participants. D’autant que d’autres interrogations restent sans réponse. Combien de personnes assistent-elles chaque année à des spectacles ? Quel est le nombre d’entrées payantes et gratuites ? Quels publics se déplacent ? Combien de représentations sont données et quelle est l’évolution de la diffusion ? Sur tous ces points, la Rue de Valois n’est pas en mesure d’apporter des chiffres actualisés et précis.
Contrairement au secteur du cinéma qui livre chaque année, par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC), des chiffres détaillés de fréquentation, le spectacle vivant apparaît comme le parent pauvre des études statistiques.



En ce mois de janvier, comme en écho à une actualité brûlante, il aura beaucoup été question des femmes sur nos écrans, et à travers elles, du monde comme il va, ou comme il trébuche.
Le collectif d’artistes lyriques antillais Carib’Opera sera présent sur scène à Paris en Février 2018 pour la reprise de l’opéra comique de Gluck, le Mariage du Diable !
S’il reste connu des spécialistes, Joseph Delteil (1894-1978) est aujourd’hui oublié du commun des mortels, et peu, dont je suis, sauraient dire qu’en 1925 il reçut le Prix Fémina pour un ouvrage intitulé Jeanne d’Arc. Cette Jeanne qui, en raison de son anticonformisme, déclencha un scandale, fut par ailleurs à l’origine de la rupture avec le groupe des surréalistes auquel Delteil, venu de son Aude natale « faire l’écrivain » à Paris, s’était pourtant intégré. Malade, il se guérit de cette malheureuse expérience parisienne en regagnant le Sud pour y vivre en « écrivain-paysan », sans que cette retraite occitane l’empêchât de rester en contact avec des auteurs et chanteurs célèbres. On retient de lui qu’il aima ranimer à sa façon singulière les grandes figures historiques, et c’est bien ce qu’il fit en créant en 1960 cet étrange François d’Assise, sans lui adjoindre le qualificatif de « saint » qu’habituellement on lui accole.
Malgré leur succès croissant, mis en lumière par Jazz à Saint-Germain-des-Prés et Jazz’Hum’ah notamment, les femmes du jazz peinent à obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Interview avec Marie Buscatto, auteure de l’édifiant livre « Femmes du jazz »
Trois propositions, trois formes de spectacle bien différentes en ce début de semaine à Tropiques-Atrium, pour des aficionados qui chaque soir remplissent fidèlement les salles.
Un saint qui « ensainte les hommes »
De la Seconde Guerre Mondiale, les crimes contre les Hommes n’ont cessé d’habiter nos mémoires et nos consciences, individuelles ou collectives. Sur les écrans sort ce 24 janvier le film d’Emmanuel Finkiel, La Douleur, adapté d’une nouvelle éponyme de Marguerite Duras, et qui s’inspire de ce qu’elle vécut dans l’attente angoissée du retour de son mari, le résistant Robert Antelme, retenu en déportation. Chez Grasset vient de paraître ce 17 janvier le récit autobiographique L’amour après, où Marceline Loridan-Ivens se demande « comment aimer, s’abandonner, désirer, jouir quand on a été déportée à quinze ans ». Charlotte Delbo a, de même façon, à son retour des camps, beaucoup écrit sur sa trajectoire de femme communiste, sur son internement en tant que prisonnière politique, et sur les mécanismes de survie à inventer quand on vous plonge soudain et sans raison au cœur de l’enfer.
En ce mois de janvier où le soir tombant nous apporte déjà les échos des tambours qui s’apprêtent au Carnaval, c’est à une relecture des mythes de Martinique que Daniely Francisque nous convie avec bonheur sur la scène de Tropiques-Atrium. Que savons-nous de la Diablesse, qui donc est-elle ? La légende veut qu’elle guette les hommes la nuit afin de les séduire, pour leur plus grand malheur… Elle prend l’apparence d’une femme très belle, hélas pourvue d’un sabot de cheval ou de bouc en place d’un, ou de ses pieds. Selon certains écrits, ce serait sur les plantations la représentation d’une femme blanche, épouse ou fille de maître, et qui prendrait un malin plaisir à attirer les plus beaux esclaves dans ses filets, les destinant ainsi à subir une sévère punition, mort ou disparition inexpliquée.
Pour clôturer la première session « cinéma » de l’année, un documentaire très impressionniste sur la jeunesse chinoise déracinée qui survit dans la jungle de l’économie informelle chinoise. Une plongée dans le lumpen proletariat moderne dont on attendait beaucoup tant on est avide de savoir ce qui se passe réellement en Chine, au-delà des gratte-ciel de Shanghai. C’est peu dire que l’Empire du Milieu fait peur. Si l’expression « péril jaune » a pu paraître excessive à sa naissance, elle est parfaitement justifiée à l’heure où la Chine est en passe de devenir le nouvel hégémon, si ce n’est déjà fait. Les Etats-Unis, qui voudraient bien conserver leur domination sur la planète, n’en peuvent mais. Ils sont liés par une consommation excessive qui les a rendus débiteurs de l’atelier du monde. En caricaturant, aux Etats-Unis on consomme, en Chine on fabrique (y compris les produits « américains » d’Apple et autres). Avec 3000 milliard de dollars de réserve, la Chine tient les Etats-Unis et la planète dans sa main. L’offensive économique qui se traduit en particulier par le rachat de fleurons de l’économie occidentale (le Club Med, Peugeot… pour s’en tenir à la France) se double d’une offensive plus brutale, comme en mer de Chine du sud où des îlots contestés sont occupés à la barbe des autres Etats riverains.
Ce soir là le Quartet s’est transformé en Quintet. Un invité, était là, venu de sa Bretagne lointaine, sans biniou, mais avec sa guitare. 


Le Festival des Petites Formes s’est ouvert tout en douceur, ce mercredi en fin d’après-midi, sous le chapiteau de Tropiques-Atrium, qui cette année encore a pris ses quartiers à l’Espace Osenat du bourg de Schœlcher. Les spectateurs, hélas en nombre trop réduit, y ont retrouvé avec bonheur Léopoldine Hummel, déjà vue à la Martinique en 2016, dans une mise en scène de José Pliya, pour l’adaptation du roman de Carole Martinez, Du domaine des murmures. Cette fois encore, la jeune femme, habile à faire naître et l’émotion et l’adhésion de son public, a su mettre au service du texte non seulement une voix claire et qui sait aller au cri, une diction parfaite, mais encore ses talents de musicienne et de chanteuse.
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
