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« L’homme qui voulait peindre des fresques » de Michel Herland

— Jean-Noël Chrisment (revue Esprit n° 517-518, janvier-février 2025) —

Il y a une élégante humilité dans ce titre, L’Homme qui voulait peindre des fresques, faisant d’emblée douter qu’il y soit parvenu. Au dernier tiers du recueil, un poème au ton très détendu, reprenant, à peine modifié, ce titre dans le sien, en émettra de nouveau le doute, plus explicitement encore, resserrant sa dérision d’un humoristique « peut-être ». C’est une position d’écriture à laquelle peut d’emblée répondre, ici, celle d’une lecture qui sera celle, en toute simplicité, d’un partage attentif d’intérêt avec Michel Herland pour ce qui insiste en l’homme, persiste en lui de ce « haut-langage » du poème, dont le rapport au merveilleux terrifiant du monde s’est sans doute instauré bien avant que la Grèce ne lui prête cette hauteur. Au fond, sans doute, dès que l’homme a su s’interroger sur ce qui le dépassait de ce monde incompréhensible où il se trouvait jeté, au mutisme « déraisonnable » en tout cas devant ses questionnements. Sur ce qu’il redoutait comme plus durable, plus éternel ou d’une menace plus opiniâtre, derrière les rugosités passagères de l’instant ou les atermoiements fragiles d’une époque.

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La rose rouge, reflet de ce qu’il y a de pire dans la mondialisation

— Ppar Bernard Calas(*) —

Une rose rouge peut symboliser bien des choses. Le jour de la Saint-Valentin, elle devient, pour beaucoup, une marque d’amour, une preuve de tendresse. C’est la fleur des amoureux par excellence. En Russie, elle est aussi offerte le 8 mars, aux mères de famille comme un gage de reconnaissance de leur travail domestique. Mais pour le géographe, la rose rouge est aussi un marqueur de la mondialisation. Car la rose que vous offrirez ou recevrez le 14 février a toutes les chances de ne pas être française mais de provenir de serres situées sous les tropiques voire sur l’équateur. Plus précisément au Kenya, en Éthiopie, ou peut-être en Équateur si sa tige est très longue et qu’elle coûte plus cher.

Dans les serres, les chefs de culture ont travaillé d’arrache-pied depuis 6 mois pour que leurs rosiers (6 par m2 soit 60 000 environ par hectare) fleurissent précisément la semaine qui précède le 14 février, ni trop tôt, ni surtout trop tard, jouant pour cela avec les capacités techniques des serres pour moduler la lumière, l’irrigation, les apports en CO2 ou en oxygène, le taux d’humidité de façon à accélérer ou ralentir la floraison des rosiers.

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«EO», chez Jerzy Skolimoswski, l’homme n’est plus le centre du monde

Dimanche 4 décembre à 19h 30  / Madiana

— Par Siegfried Forster —

À 84 ans, Jerzy Skolimowski nous amène sur une autre planète. Né en 1938 à Lodz, cette grande figure du nouveau cinéma polonais vient de très loin. Fils d’un résistant polonais mort au camp de concentration de Flossenbürg, Jerzy aidera sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale à cacher des tracts sous son lit… Après la guerre, sa mère travaille comme attachée culturelle à Prague où Jerzy sera un camarade de classe de Vaclav Havel.

Son nouveau film EO, distingué par le prix du Jury au dernier Festival de Cannes, démarre comme une histoire d’amour entre Kasandra et son âne. Mais à la fin de la séance surgit l’amour pour un cinéma capable de nous donner accès à un autre monde, à un monde moins anthropocentrique – à travers des images nouvelles et des hors cadres surprenants, des bruits inattendus et des sans voix subitement audibles, sans oublier les soubresauts de l’âme d’un âne aussi tangibles que le bleu du ciel.

Une odyssée cinématographique

Quand l’histoire d’EO commence, nous gardons encore l’illusion de regarder un film sur un âne.

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« Rouge impératrice », un roman de Leonora Miano

Léonora Miano décale le regard : Katopia, Etat utopique africain, est-il menacé par les immigrés français? « Rouge impératrice » puissant remède aux crispations identitaires.
Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs États-unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.
L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre.
Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’État.
Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité.
Le chef de l’État, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main.

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La fin du roman des « 4 serpents »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le drapeau aux 4 serpents est supprimé. C’est la première décision concrète prise le président de la république lors de sa récente visite à la Martinique. Elle a été prise le soir même où Victor Monlouis-Bonnaire, l’animateur du Blog MAKAKLA, a interpellé Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’entre peut-être dans l’histoire l’homme dont la question avait fait passer quelques frissons sur les lieux de la conférence de presse, et au-delà. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup entendu de réactions à cette décision parmi les principaux leaders politiques. A l’exception du député Serge Nilor, l’auteur d’une intervention à ce sujet à l’assemblée nationale et non suivi d’effet. Il s’est fait brûler la politesse par celui qui se considère comme un militant de la MARTINIQUE.

Le 30 juin dernier, dans un article publié sur ce site, j’écrivais qu’ « il n’est pas difficile de convaincre les Martiniquais du rejet de l’emblème aux 4 serpents. Ces animaux étant loin de bénéficier de la côte d’amour des Antillais, les détracteurs de cet insigne marchent sur du velours (…) même si l’image de ces reptiles n’a pas toujours véhiculé que des références négatives.

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« La fin de l’homme rouge » : un théâtre hors norme

— Par Roland Sabra —

« Montrer le monde dans ses détails pour être juste » Svetlana Alexievitch

La nostalgie d’un temps passé ne conduit pas à vouloir sa restauration. Le diptyque La fin de l’homme rouge construit à partir de « Dix histoires dans un intérieur rouge » et de « Dix histoires au milieu de nulle part » en est une très belle illustration. Le livre est l’aboutissement d’un travail de recueil, sur un quart de siècle, de témoignages que Svetlana Alexievitch (Prix Nobel de littérature 2015) est allée chercher, magnétophone à la main, dans le Caucase, dans le pays profond, dans cette Russie qui considère Moscou comme une capitale étrangère. Sa méthode : « poser des questions non sur la politique, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les milliers de détails d’une vie. »

La première partie aborde la construction et l’écroulement du mythe fondateur du régime communiste à savoir l’homme nouveau, « l’Homo Sovieticus ». On retrouve cette idée forte de l’ adhésion à une idéologie se faisant sur le mode d’une croyance.

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« La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch, m.e.s. Stéphanie Loïk

17 novembre 2017 à 20 h Tropiques-Atrium

De Svetlana Alexievitch – Prix Nobel de littérature 2015 –
Svetlana Alexievitch écrit à partir d’interviews de russes et biélorusses, de tous âges et de toutes conditions sociales, ayant vécu ou non l’ère soviétique. Elle questionne non sur la politique, mais sur… les détails d’une vie.

La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (1ère partie), traite de l’effondrement de l’Union soviétique.
Dix histoires au milieu de nulle part (2ème partie) raconte la Russie et la Biélorussie d’aujourd’hui, sous l’ère de Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko.

Durée estimée du spectacle: 2 heures 45 mn.

Pour La fin de l’homme rouge ou Le temps du désenchantement, comme pour ses autres textes, armée d’un magnétophone et d’un stylo, Svetlana Alexievitch, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, s’acharne à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu’a été l’U.R.S.S, à raconter la petite histoire d’une grande utopie. Il s’agit de son dernier roman-témoignages, traduit par Sophie Benech et publié chez Actes-Sud (il a reçu le Prix Médicis Essai 2013), réalisé à partir d’interviews de femmes et d’hommes de tous âges et de toutes conditions sociales, russes et biélorusses ayant vécu ou non l’ère soviétique.

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L’Empire de l’or rouge

 Comment la tomate d’industrie est devenue le symbole des dérives de la mondialisation

Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ? Des tomates d’industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d’un continent à l’autre. Toute l’humanité en consomme, pourtant personne n’en a vu.
Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ?
Durant deux ans, des confins de la Chine à l’Italie, de la Californie au Ghana, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête inédite et originale. Il a rencontré traders, cueilleurs, entrepreneurs, paysans, généticiens, fabricants de machine, et même un « général » chinois.
Des ghettos où la main-d’œuvre des récoltes est engagée parmi les migrants aux conserveries qui coupent du concentré incomestible avec des additifs suspects, il a remonté une filière opaque et très lucrative, qui attise les convoitises : les mafias s’intéressent aussi à la sauce tomate.
L’Empire de l’or rouge nous raconte le capitalisme mondialisé. Il est le roman d’une marchandise universelle..


EAN : 9782213681856
EAN numérique : 9782213684390
Code article : 5988897
Parution : 17/05/2017—288pages
Format :135 x 215 mm

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Élodie Barthélémy, « Un lieu en liens » : aux confins de l’image

— Par Christian Antourel —

L’exposition proposée par Tropiques Atrium apparait telle un dispositif multiple, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie le travail d’Elodie Barthélémy. « Après plusieurs expérimentations artistiques, elle s’oriente actuellement vers des œuvres performatives qui témoignent de ses rencontres et multiplicités humaines et culturelles dont son œuvre est l’écho. »

Ce travail veut s’offrir au spectateur à la fois pareil à un livre ouvert et comme performance. Cette double forme est représentative de la pratique de l’artiste. La collecte des documents, des informations et des objets, leur mise en relation dans l’espace, que ce soit l’espace réel ou les pages imaginées d’un document imprimé constituant les étapes fondamentales de ce travail, qui interroge les pouvoirs sémantiques et esthétiques du montage au sens large du terme : assemblage, confrontation, hybridation , juxtaposition des agencements sont chez Elodie Barthélémy des dispositifs et des inventions de performance qui reflètent le monde tel qu’il est, contemporain· Loin de toute configuration incohérente, le sens des œuvres d’Elodie Barthélémy suit une logique qui lui est propre, à travers les nombreux entrelacs qui l’enchâssent comme un diamant.

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Shirley Rufin : à chacun sa chimère. La plasticienne au scalpel

Jusqu’au 19 avril 2015- Case à Léo. Habitation Clément

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

shirley_rufin-2Cette expo au charme outsider, bien en dehors des canons du circuit de l’art sonne l’heure d’une drôle de re création, déconcerte par sa démesure, son  inquiétante étrangeté,  et son panache. Découpées au scalpel, les ambiances vont de vagues de démence, à impressions d’insécurité frontale et stupéfiante. L’artiste y déshabille de façon instinctive le processus de la marginalisation, elle exploite de son mieux tout le registre sémantique de la photographie, et dans sa folle habileté, nous livre la générosité des émotions crues.

Elle est bercée par une avalanche de délires fantasmatiques qu’elle métamorphose en images et en puissance. Elle témoigne d’un nouveau mode de concevoir, dans ce passage révélé par ses sculptures photographiques, toujours temporaires, dans l’espace interchangeable : celui de la galerie dans laquelle elles poursuivent leur conversation muette. Ses photographies, puissamment, noblement, voluptueusement engagées pour témoigner de l’homme dans une logique du pourrissement. La beauté ici est celle d’une approche empirique et sensible sur le tabou de la nudité dans la société martiniquaise, celle là même qui sous-tend une pureté spirituelle et une élégance native dans le rapport au monde.

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Le rouge et le tricolore

— Par Alain Badiou (Philosophe, dramaturge et écrivain) —

drapeau_rouge_tricoAujourd’hui, le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité.

Dans ce contexte désespérant s’est montée une sorte de pièce historique en trompe-l’œil. Sur la trame générale de « l’Occident », patrie du capitalisme dominant et civilisé, contre « l’islamisme », référent du terrorisme sanguinaire, apparaissent, d’un côté, des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant pour se faire obéir le cadavre de quelque Dieu ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique…) et faisant des milliers de victimes, sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.

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« Reine Pokou », dans une lecture de Françoise Dô

— par Janine Bailly —

De Stéphanie Loïk, actrice, metteur en scène et dramaturge, nous avions découvert en 2016 à Tropiques-Atrium, un spectacle présenté comme une « adaptation-lecture théâtrale » de l’ouvrage éponyme d’Alain-Gilles Bastide, Tchernobyl Forever ; puis en 2017, La fin de l’Homme rouge, pièce issue d’un livre de témoignages recueillis, en Russie et Biélorussie, par Svatlana Alexievitch. De Françoise Dô, comédienne écrivaine metteur en scène, nous connaissions L’Aliénation noire, monologue écrit, mis en scène et merveilleusement interprété par elle-même, en ce même lieu en 2017, avant qu’elle ne le reprenne sous le titre de Aliénation(s) à la Bibliothèque Universitaire de Fort-de-France en 2018.

Il était donc normal que ces deux talents se rejoignent, dans le cadre de ce « dispositif national de compagnonnage à la mise en scène/dramaturgie » initié par le Ministère de la Culture et de la Communication, et pour lequel Françoise Dô a eu le privilège d’être retenue. Normal que les deux femmes se rejoignent dans cette volonté de faire découvrir, en les adaptant et les mettant en scène, des œuvres qui à priori n’avaient pas été écrites pour le théâtre, puisque le travail présenté ce mardi dans l’intimité de La Terrasse, Reine Pokou, est tiré du roman de Véronique Tadjo, Reine Pokou, concerto pour un sacrifice.

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Théâtre documentaire

Le Jazz à trois doigts, La Fin de l’homme rouge        

— Par Selim Lander —

Hasard du calendrier, le Théâtre municipal de Fort-de-France et Tropiques-Atrium ont présenté simultanément deux pièces relevant du « théâtre documentaire ». Pour Lucas Franceschi, il s’agit de raconter des histoires nées dans la misère des petits métiers du monde » tandis que Stéphanie Loïk se propose de « parler du Monde et de l’être humain ». Certes tout théâtre « parle » (enfin, sauf exception !) et « raconte des histoires », néanmoins les deux déclarations d’intention, dans leur brièveté, indiquent suffisamment que le contenu importe ici davantage que le souci de l’intrigue. Sur le fond, sinon dans la forme, le propos est plutôt celui d’un conférencier que d’un dramaturge.

Le Jazz à trois doigts de et avec Lucas Franceschi

Un comédien qui monologue accompagné par un accordéoniste, c’est une configuration assez banale. La prédilection des metteurs en scène pour l’accordéon (ici tenu par Bernard Ariu) s’explique par le caractère polyvalent d’un instrument aux tonalités proches de l’orgue mais d’un orgue populaire fait pour les chants nostalgiques autant que pour les danses endiablées.

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Martinique : agenda culturel des jours qui viennent… et plus encore!

Mercredi 19 mars
Jeudi 20 mars
« Indépendant Queen » : une comédie musicale qui fait vibrer les cœurs et les esprits
Grand Carbet du Parc Culturel Aimé Césaire
Plongez dans l’univers d’ « Indépendant Queen », une comédie musicale 100% française, où l’art de la scène se réinvente à travers des compositions originales, des chorégraphies séduisantes, et un récit théâtral novateur. Ce spectacle, qui prendra vie au Grand Carbet du Parc Culturel Aimé Césaire en Martinique vous transportera dans un royaume prospère où les femmes détiennent le pouvoir.
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Mercredi 19 mars à 20h30
Concert de Patrick Bruel
Tropiques Atrium, à Fort-de-France
– Tarif : Carré or proscénium : 121€ • Carré
Or : 91€ • Orchestre : 81€ • Loges/Balcon : 61€ Billet en vente sur icketpeyi.com

Jeudi 20 mars de 7h à midi
Grande Lessive (exposition d’œuvres éphémères)
Parcours santé (derrière le hall des sports) et à l’espace polyvalent (ex marché couvert) Ducos
Thème de cette édition « Du papier, des papiers, votre papier ». Créez en individuel ou à plusieurs à l’aide de crayons, pinceaux, collages, photos… sur du papier format A4.

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Trois artistes martiniquais à la Fondation Clément

— par Selim Lander —

La Fondation Clément s’attache à faire voir, à promouvoir les artistes antillo-guyanais, tout en faisant découvrir à son public des œuvres venues d’autres horizons mais le plus souvent en relations historiques et affectives avec la Martinique (l’art traditionnel africain, l’art contemporain du Bénin, Télémaque, Pascale Marthine Tayou, etc.). Trois artistes martiniquais, dont un « importé », sont en ce moment à l’affiche, soit dans l’ordre alphabétique Claude Cauquil, Alain Dumbardon et Robert Manscour. Comme ces artistes sont déjà bien connus des amateurs, on se contentera d’examiner ici deux œuvres de chacun.

Les Temps recomposés de Claude Cauquil

En dehors même des amateurs, tout le monde connaît Claude Cauquil à la Martinique, tout en ignorant parfois son nom, pour les grandes fresques peintes sur nos murs, avec ou sans son ami Mickaël Caruge, telle, pour ne citer qu’un exemple, la série de visages plus grands que nature sur le mur situé en face du magasin Bricorama, ex Weldome, à Fort-de-France. Son art, néanmoins, est bien plus divers et s’est encore diversifié au cours du temps avec, d’une part, l’apparition de broderies minutieusement confectionnées et, d’autre part, à l’opposé pourrait-on dire, des toiles de grand format vigoureusement brossées représentant des paysages naturels.

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Un amour de TikTokeur ! ( Parties 1, 2, 3 & 4)

— Par -Myrna Nérovique —

Partie 1

Il me plaisait, mais je ne savais pas comment lui parler. J’étais une jeune femme sans expérience. Apparemment, il avait fait Harvard et moi, je me sentais toute petite avec mon niveau master à l’Université des Antilles.

Non, toute fac a ses honneurs, mais il me plaisait et avec mon anglais rudimentaire, je me demandais s’il verrait plus que de la plastique, chez moi.

Il était polonais, moi, j’étais martiniquaise. Je ne savais pas si je pouvais lui plaire. La reine du France-Antilles, la princesse des éditions Baudelaire, la duchesse de Madinin’art.

Pour moi, c’était le roi de TikTok et de Harvard, peut-être. Un homme simple et distingué, que j’aurai aimé avoir auprès de moi.

Je n’avais plus vingt ans. Je pensais à des choses un peu plus sérieuses. Il avait une copine. Une blondinette aux yeux gris et moi, j’étais juste une jolie chabine aux yeux noirs, belle en rouge et belle en orange. Et, défrisée par-dessus le marché.

Pendant qu’on discutait, mon cœur se réchauffait en plein hivernage et s’attristait de l’éloignement de ce beau prétendant, irrésistible et cuisinier.

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« L’Or », d’après Blaise Cendrars

Jeudi 16 janvier, Vendredi 17 janvier & Samedi 18 janvier à 19h30 au T.A.C.

Spectacle musical Adaptation, mise en scène et jeu Xavier Simonin

Adapté et mis en scène par Xavier Simonin, L’Or, le chef-d’œuvre de Blaise Cendrars, est un spectacle qui nous plonge dans une épopée à la fois héroïque et tragique. À travers l’histoire vraie de Johann August Sutter, un aventurier suisse devenu l’un des hommes les plus riches du monde avant de tout perdre, Cendrars nous raconte une aventure humaine d’une grande intensité, marquée par l’espoir, l’ambition et la ruine. Ce roman publié en 1925 est l’une des œuvres majeures de l’écrivain, qui abandonne ici la poésie pour se consacrer à la fiction romanesque, tout en conservant son goût pour l’aventure et les récits flamboyants.

Xavier Simonin, acteur et metteur en scène prolifique avec une carrière de plus de trente ans, a su s’emparer de ce récit épique et de ses enjeux universels. De ses premières créations comme L’Or et Les Raisins de la colère qui ont tourné dans de nombreux pays, à ses plus récentes productions comme Oreille Rouge (inspirée de l’œuvre d’Eric Chevillard), Simonin mêle avec brio théâtre classique et enjeux contemporains.

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Gérard de Catalogne et l’édition canadienne-française

Le rôle de Gérard de Catalogne dans l’introduction des idées fascistes en Haïti… par Virginie Belony(*)

Source : haitianhistoryblog.com

Lien https://haitianhistoryblog.com/gerard-de-catalogne-et-ledition-canadienne-francaise-un-haitien-au-centre-dune-crise-1941-1948/

Note contextuelle

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En raison de sa rigueur conceptuelle et analytique adossée à des références documentaires de premier plan, je recommande hautement cet article de Virginie Belony. L’historienne Virginie Belony a soutenu avec succès en septembre 2022, à l’Université de Montréal, une originale thèse de doctorat en histoire intitulée « Tout [n]était pas si négatif que ça » : les mémoires contestées du duvaliérisme au sein de la diaspora haïtienne de Montréal, 1964-2014 ». Aujourd’hui Virginie Belony est professeure adjointe au Département d’histoire de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal. À l’instar de sa thèse de doctorat, le présent article de Virginie Belony est incontournable et fort éclairant sur plusieurs registres. D’une part, depuis la défaite du nazillon Jean-Claude Duvalier en 1986, la société haïtienne n’a toujours pas entrepris sa déduvaliérisation et, d’autre part, l’analyse approfondie de la pensée duvaliérienne vue de l’intérieur, dans l’enclos de son dispositif narratif, n’a pas encore fait l’objet de travaux spécifique de recherche universitaire.

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En Haïti le Fonds national de l’éducation, haut-lieu de la corruption, tente de s’acheter une impunité « à vie » à Radio Magik9

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Funambulisme – « Mot dérivé de funambule, avec le suffixe -isme. Art du cirque, danseurs et acrobates marchant sur une corde tendue et pouvant s’aider d’un balancier ».

Funambule – « Acrobate qui évolue sur une corde tendue à une certaine hauteur » (OrtoLang, Centre national de ressources textuelles et lexicales, CNRS, France).

Le Fonds national de l’éducation (FNE), haut-lieu de la corruption et du népotisme dans le système éducatif haïtien, mène depuis peu une nouvelle campagne sur les ondes de plusieurs stations radio de Port-au-Prince et d’ailleurs. De l’avis de certains observateurs, cette nouvelle campagne se distingue par son amplitude nationale et par l’insistante mention de l’étendue des soi-disant domaines d’intervention du FNE dans le secteur de l’éducation en Haïti où sont scolarisés plus de 3 millions d’enfants. L’on observe que cette nouvelle campagne du FNE se déploie à l’aune d’une explicite et intrépide affabulation dont l’objectif est : (1) de tenter une fois de plus d’obtenir la confiance du public quant à l’action du FNE en général et suite à la perquisition effectuée dans ses locaux le 4 juin 2024 par l’Unité de lutte contre la corruption ; (2) de tenter encore une fois de justifier la légitimité de l’action du Fonds national de l’éducation : cette justification est d’autant plus nécessaire que la direction du Conseil d’administration du FNE est assurée, selon la loi, par le ministre en titre de l’Éducation nationale ; et (3) de faire le plaidoyer du rôle du FNE comme principale sinon exclusive institution haïtienne de financement du système éducatif national.

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Au TNB, La vie est une fête, par la troupe Les Chiens de Navarre

– par Janine Bailly –

Comment dire par le burlesque les dysfonctionnements du monde.

Ils sont sept, prompts à se métamorphoser, à endosser des habits et des rôles différents, mais leur énergie communicative, leur fougue et leur jeu débridé sont tels que, le spectacle fini, ils nous sembleront avoir passé au crible de leur humour, iconoclaste et dévastateur, notre société tout entière !

Nous prenons place sur les gradins et sommes d’emblée partie prenante du spectacle, déjà en cours. Nous voici députés lors d’une séance houleuse de l’Assemblée Nationale, entraînés, par une partie des comédiens positionnés dans la salle, à applaudir comme à huer, interpellés par le Président juché sur son perchoir au-devant d’un rideau rouge qui derrière lui ferme l’espace. Levons le doigt si nous sommes de gauche, levons le doigt si nous avouons être de droite ! Un jeu avec la salle, qui s’y prête volontiers. Aux micros se succèdent les intervenants, députés ou ministres, qui débattent sur le sujet à l’ordre du jour, à savoir si l’âge de la retraite doit être porté à 72 ans ! Entre arguments plus ou moins ridicules et spécieux, mais clairement entendus, et cacophonie des voix qui se mélangent, la séance joyeusement parodique tourne au pugilat, à l’invective, sous les vains rappels à l’ordre d’un Président débordé !

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La fable de la « soup joumou », soi-disant « soupe de l’Indépendance »…

… dans le brouillard de la patrimonialisation et de l’arnaque identitaire

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« On distingue généralement trois types de fraude scientifique : la fabrication de données, la falsification de données et le plagiat. Fabriquer des données, consiste à forger de toutes pièces les résultats d’une recherche. Falsifier des données consiste à altérer intentionnellement des données de façon à les rendre plus conformes à l’hypothèse du chercheur. Le plagiat visé ici consiste dans l’appropriation totale ou partielle d’un texte qu’on n’a pas écrit soi-même. Nonobstant leur gravité, nous passerons sous silence les conduites « zone grise » (par ex.: l’autoplagiat, les publications « salami », la cosignature honorifique, les soumissions multiples, etc.) analysées ailleurs (Larivée et Baruffaldi, 1993) » — (« La fraude scientifique et ses conséquences », par Serge Larivée, Faculté des arts et des sciences, École de psycho-éducation, Université de Montréal.)

La parution des articles dans lesquels nous avons soumis à l’analyse critique l’incrédibilité de l’historicité de la « soup joumou » frauduleusement et idéologiquement qualifiée de « soupe de l’Indépendance » a suscité l’intérêt de nombreux lecteurs dans divers milieux, tant à Port-au-Prince que dans certaines villes de province.

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Permis de tuer

— Par Gustavo Torres —

L’immense physicien que fut Albert Einstein aimait à dire : – je ne connais que deux choses infinies : l’univers et la bêtise humaine… et il rajoutait : – encore que pour l’univers je ne suis pas certain.

En fait, nous le savons depuis longtemps, l’homme occidental moderne est un arrogant prétentieux convaincu que le monde est là pour son service et bon vouloir et la nature une pauvre petite chose qu’il faut domestiquer.

Mais puisque nous sommes dotés d’une mémoire de poisson rouge, il est bon que régulièrement, l’un d’entre-nous galvanisé d’un quelconque pouvoir, vienne nous le rappeler.

L’honneur revient aujourd’hui à l’acte de bravoure déterminant pour l’avenir de la planète que fut l’abattage du fromager des Anses d’Arlet par son maire et son conseil municipal.

Notez que pour se donner bonne conscience (il y a toujours cela de fascinant dans les actions des lâches qu’ils soignent la forme) ils ont appelé cela un abattage, comme pour les animaux qu’on tue à l’écart de notre vue trop sensible. Ainsi l’arbre, être vivant méprisé du haut de notre capacité de déplacement, aura été donc mis à terre.

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Le livre « Vèvè Vodou Haïti » de Roxane Ledan – Taino-L

… ou l’éblouissante traversée d’un univers pictural exceptionnel

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

 Livre-événement le lundi 11 novembre 2024 à 18 h

 Librairie Le Port-de-Tête

369 Avenue Mont Royal Est

Montréal, Québec

Le livre « Vèvè Vodou Haïti » de Roxane Ledan, de son nom d’artiste Taino-L, a pour la première fois rencontré son public en Haïti, au Cap-Haïtien, le 25 juillet 2023 à l’hôtel Mont Joli, puis le 1er août 2023 à l’Hostellerie du Roy Christophe. Ce remarquable ouvrage de 104 pages est le résultat d’un minutieux travail de terrain mené par l’auteure en Haïti durant plus de vingt ans. Le livre est assorti d’exceptionnelles et inédites photos, toutes prises par l’auteure : il comprend 81 illustrations, incluant 38 vèvè de Milo Rigaud. L’ouvrage a été édité en Haïti en 2023 par AYITI BÈL. La deuxième édition, datée elle aussi de 2023, a été assurée à Montréal par le Cidihca. Le livre « Vèvè Vodou Haïti » sera l’objet, à Montréal, d’un livre-événement le 11 novembre 2024 à 18 h à la Librairie Le Port-de-Tête (369 Avenue Mont-Royal Est, Montréal).

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Anatomie d’une crise : « Ce monde a un goût de cendres »

—Par Mireille Pierre-Louis, contribution à titre personnel —

  • Une crise de la « vie chère » ?
  • « Même prix qu’en France !» 
  • Le danger de fragiliser l’Octroi de mer, avec Bercy et le Rassemblement national en embuscade
  • L’exonération de 40 000 produits alimentaires demandée par le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources afro-caribéens (RPPRAC) n’est qu’une variante des ambitions de Bercy et du Rassemblement national s’agissant de l’Octroi de mer
  • La lutte contre la « vie chère » en Martinique : un piège qui se referme sur les DOM?
  • Malgré une baisse des prix, les ferments de la colère resteraient intacts en Martinique
  • Sous les feux croisés de l’ultralibéralisme et du colonialisme
  • L’essor inexorable du populisme

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  • Une crise de la « vie chère » ?

2009 a ouvert un cycle de révoltes populaires dans les DOM qui, faute de réponses de l’Etat iront crescendo aux Antilles, prêtes à s’embraser à la moindre étincelle ces dernières années : destruction de statues, empoisonnement au Chlordécone, obligation vaccinale, affaire Pinto et « vie chère » aujourd’hui.

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Et si l’État réactivait le BUMIDOM…

Par Michèle Latouche

Les Compagnies républicaines de sécurité avaient été bannies de l’île après la mort d’Edmond Eloi, surnommé Rosile, Christian Marajo et Julien Betzi, lors des « événements » de 1959.

Le 24 décembre 1959, le Conseil Général adoptait une motion demandant le retrait de tous les C.R.S. et des éléments racistes indésirables.

Un certain émoi a accompagné l’arrivée depuis deux semaines de la huitième Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS 8), une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021.

Cette décision a constitué pour de nombreux martiniquais un chiffon rouge qui ravive les rancœurs et les douleurs et enfouies et a force symbolique de réitération du rapport de domination de l’État sur la population et les institutions locales. Mais le rétablissement de l’ordre ne s’est pas opéré. Au contraire, du nord au sud, de ronds- points occupés aux nuits incendiaires, l’embrasement gagne.

Quel sens donner à ces manifestations spontanées et violentes, quasi concomitantes avec des mouvements sociaux revendicatifs, telles des braises couvant sous une cendre qui depuis des décennies ne parvient pas à refroidir ?

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