Catégorie : Arts de la scène

Où sont les jazzwomen? La chercheuse Marie Buscatto a enquêté.

— Propos recueillis par Fara C. —

Malgré leur succès croissant, mis en lumière par Jazz à Saint-Germain-des-Prés et Jazz’Hum’ah notamment, les femmes du jazz peinent à obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Interview avec Marie Buscatto, auteure de l’édifiant livre « Femmes du jazz »
Le bilan de l’édition 2014 de Jazz à Saint-Germain-des-Prés confirme, année après année, le succès des femmes artistes que ce festival s’attache à mettre à l’affiche : concerts à guichets fermés (ou quasiment) pour Tricia Evy, Kellylee Evans, Sofie Sörman, Youn Sun Nah, Eliane Elias, Natalia M. King… De même, les rencontres publiques programmées et animées par Helmie Bellini (voir vidéo ci-dessous), par ailleurs talentueuse chanteuse, ont pour la plupart rempli la salle mise à disposition dans le cadre d’un partenariat par le café Les éditeurs.

Nous avions observé un engouement similaire lors de l’édition 2013 de Jazz’Hum’ah à la Fête de l’Huma, pour les prestations scéniques d’Airelle Besson, Anne Paceo, Elise Caron, Laïka, Macha Gharibian, Géraldine Laurent…

Pourtant les « jazzwomen » de talent n’obtiennent pas autant de travail, ni la même médiatisation, que leurs homologues masculins.

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De l’éclectisme au Festival des Petites Formes

— par Janine Bailly —

Trois propositions, trois formes de spectacle bien différentes en ce début de semaine à Tropiques-Atrium, pour des aficionados qui chaque soir remplissent fidèlement les salles.

Pas vu, pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires, un titre énigmatique pour ce qui est en quelque sorte une pochade d’étudiants, une sorte de récréation où l’on voudrait jouer avec son public — public dont seule une petite partie, ce soir-là, accepte d’entrer dans le jeu. Quatre jeunes acteurs, dynamiques et heureux visiblement d’être sur scène, parodient allègrement les émissions de télé-réalité qui font florès sur certaines chaînes de télévision. Malgré quelques procédés pas toujours très habiles, malgré certaines plaisanteries trop convenues, on peut prendre plaisir à cette farce jouée avec un grand naturel et un bel entrain. Glissés dans cette trame, les quatre monologues, adaptés de la pièce Liars Club, de Neil Labute, dramaturge et cinéaste américain connu pour ses critiques impitoyables et acides de la société actuelle, perdent de leur sens et de leur vigueur. Un seul ne parle pas de sexe, mais d’une vengeance bien laide exercée sur la résidente d’une maison de retraite, texte assez insoutenable qui me semble décalé dans ce qui par ailleurs se veut un divertissement.

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« François d’Assise » de Joseph Delteil, adaptation, m.e.s. Adel Hakim, jeu Robert Bouvier

Samedi 27 janvier 20hTropiques-Atrium

Un saint qui « ensainte les hommes »
Je suis chrétien, voyez mes ailes.
Je suis païen, voyez mon cul.

« J’ai appelé ce texte François d’Assise et non pas Saint François. Vous remarquerez que je tiens à cette nuance. Je prétends toujours que tout homme, s’il le veut, peut devenir François d’Assise, sans être saint le moins du monde. J’imagine très bien un François d’Assise laïque et même athée, ce qui importe, c’est l’état d’esprit « françoisier » et non pas sa place réservée sur un fauteuil doré dans le paradis. Il faut un saint « utilitaire », un saint qui « ensainte » les hommes.
Nous vivons une époque cruciale de l’Histoire, c’est un véritable match entre l’histoire et la nature. D’un côté une redoutable accélération industrielle, une montée en flèche de la civilisation atomique et de l’autre une fragile levée de sève ça et là dans le vaste monde, un appétit soudain de grand air, de soleil. L’humanité bureaucratique, métallique, aspire de nouveau à sa chair, elle veut se dénuder, prendre la clé des champs.

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« Pas vu pas pris »

— Par Selim Lander —

Pas vu pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires, libre interprétation de Liars Club de l’auteur américain Neil LaBute (voir photo) par Adelin Flaun qui en assure la mise en scène.

Quatre jeunes comédiens racontent à la première personne et à tour de rôle une horreur vraie ou inventée dont ils se seraient ou non rendus coupables, quatre monologues qui mettent obligatoirement en évidence les aptitudes de chacun. Or, si l’on pourrait être tenté de comparer leurs mérites et d’établir un classement, on y renonce bien vite, tant il est évident qu’ils sont tous capables, chacun dans son genre, de captiver le public. Ils sont donc quatre, deux Martiniquaises et deux allogènes, produits du Jeune Théâtre National (JTN pour les initiés). On connaît déjà bien Jann Beaudry (dont on a remarqué en particulier l’interprétation en solo de Jaz de Koffi Kwahulé), Steffy Glissant s’est produite tout récemment dans Le Monstre d’Agota Kristof. Antoine Prudhomme de la Poussinière et Clara Lama Schmit sont des nouveaux venus sur la scène martiniquaise. Une mention spéciale pour la dernière citée qui interprète un homme avec un tel réalisme qu’on s’y laisse prendre.

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« Les Hommes », chronique d’une résistance au féminin

— par Janine Bailly —

De la Seconde Guerre Mondiale, les crimes contre les Hommes n’ont cessé d’habiter nos mémoires et nos consciences, individuelles ou collectives. Sur les écrans sort ce 24 janvier le film d’Emmanuel Finkiel, La Douleur, adapté d’une nouvelle éponyme de Marguerite Duras, et qui s’inspire de ce qu’elle vécut dans l’attente angoissée du retour de son mari, le résistant Robert Antelme, retenu en déportation. Chez Grasset vient de paraître ce 17 janvier le récit autobiographique L’amour après, où Marceline Loridan-Ivens se demande « comment aimer, s’abandonner, désirer, jouir quand on a été déportée à quinze ans ». Charlotte Delbo a, de même façon, à son retour des camps, beaucoup écrit sur sa trajectoire de femme communiste, sur son internement en tant que prisonnière politique, et sur les mécanismes de survie à inventer quand on vous plonge soudain et sans raison au cœur de l’enfer.

Dans la pièce Les Hommes, présentée cette semaine au Théâtre Aimé Césaire, Charlotte Delbo relate cet épisode où, enfermées au fort de Romainville dans l’attente d’être orientées vers le camp de Auschwitz-Birkenau, des femmes d’âges différents et d’origines diverses vont rester dignes et debout, refusant, en dépit de la peur et de l’angoisse, de donner victoire à l’ennemi.

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« Ladjablès » femme sauvage, ou le mythe renouvelé

— Par Janine Bailly —

En ce mois de janvier où le soir tombant nous apporte déjà les échos des tambours qui s’apprêtent au Carnaval, c’est à une relecture des mythes de Martinique que Daniely Francisque nous convie avec bonheur sur la scène de Tropiques-Atrium. Que savons-nous de la Diablesse, qui donc est-elle ? La légende veut qu’elle guette les hommes la nuit afin de les séduire, pour leur plus grand malheur… Elle prend l’apparence d’une femme très belle, hélas pourvue d’un sabot de cheval ou de bouc en place d’un, ou de ses pieds. Selon certains écrits, ce serait sur les plantations la représentation d’une femme blanche, épouse ou fille de maître, et qui prendrait un malin plaisir à attirer les plus beaux esclaves dans ses filets, les destinant ainsi à subir une sévère punition, mort ou disparition inexpliquée.

 Ladjablès, femme sauvage incarnée par Rita Ravier, correspond bien à  cette image : alors que l’homme Siwo, seul en scène, bavard perroquet écarlate sous son bec d’oiseau, nous joue avec délectation et brio, dans un monologue épicé, son personnage de “macho” conquérant prêt à faire succomber toutes les “femelles” prises dans son sillage, Ladjablès attend, silhouette énigmatique entrevue derrière ce rideau (de perles ?)

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« Argent amer » : les écailles du dragon

— Par Selim Lander —

Pour clôturer la première session « cinéma » de l’année, un documentaire très impressionniste sur la jeunesse chinoise déracinée qui survit dans la jungle de l’économie informelle chinoise. Une plongée dans le lumpen proletariat moderne dont on attendait beaucoup tant on est avide de savoir ce qui se passe réellement en Chine, au-delà des gratte-ciel de Shanghai. C’est peu dire que l’Empire du Milieu fait peur. Si l’expression « péril jaune » a pu paraître excessive à sa naissance, elle est parfaitement justifiée à l’heure où la Chine est en passe de devenir le nouvel hégémon, si ce n’est déjà fait. Les Etats-Unis, qui voudraient bien conserver leur domination sur la planète, n’en peuvent mais. Ils sont liés par une consommation excessive qui les a rendus débiteurs de l’atelier du monde. En caricaturant, aux Etats-Unis on consomme, en Chine on fabrique (y compris les produits « américains » d’Apple et autres). Avec 3000 milliard de dollars de réserve, la Chine tient les Etats-Unis et la planète dans sa main. L’offensive économique qui se traduit en particulier par le rachat de fleurons de l’économie occidentale (le Club Med, Peugeot… pour s’en tenir à la France) se double d’une offensive plus brutale, comme en mer de Chine du sud où des îlots contestés sont occupés à la barbe des autres Etats riverains.

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Lilas Jazz Quartet revisite avec bohneur le patrimoine musical national

— Par Roland Sabra —

Ce soir là le Quartet s’est transformé en Quintet. Un invité, était là, venu de sa Bretagne lointaine, sans biniou, mais avec sa guitare. Julien Tritz a régalé le public de ses impros aériennes et magiques, dont il semble avoir le secret. Le Lilas Jazz Quartet est une jeune formation composée d’éléments ayant une solide praxis jazzistique étayée par des improvisations comme il se doit mais aussi, et c’est beaucoup plus original par un désir de revisiter le patrimoine musical français en le colorant façon jazz, bossa nova, samba, ballades, swing etc. Adaptation ou retour aux sources ? On ne sait trop tant il est vrai que le souci de restituer l’œuvre dans son contexte, celle du siècle dernier, est empreint de la formidable explosion musicale issue du ragtime, de la marche, du negro spiritual et du blues. La chanson française ne s’est pas construite dans un bunker imperméable aux musiques du monde. Bien au contraire et c’est un des grands mérites du Lilas Jazz Quartet que de rappeler, ou d’apprendre à son public que bien des standards internationaux du Jazz sont des adaptations étasuniennes de créations françaises.

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« Ladjablès, femme sauvage » de Daniely Francisque

20 janvier 2018 Tropiques Atrium à 20h

—Par Selim Lander —

Daniely Francisque est d’abord une comédienne, et qui fait de plus en plus parler d’elle. Elle est aussi auteure de théâtre et l’on se souvient de sa pièce Cyclones, reprise l’année dernière au festival d’Avignon. Ladjablès, son nouvel opus, dont elle a assuré la mise en scène, est d’une tonalité toute différente. Abandonnant l’ambiance sombre, chargée d’un lourd secret de Cyclones, elle est passée à un univers proche de l’héroïc fantasy. Le thème, pourtant est toujours ancré dans la Caraïbe, sa diablesse en est une figure mythologique, mais la manière dont il est traité évoque immanquablement les personnages de ces sagas situées dans un ailleurs improbable auxquelles les adolescents d’aujourd’hui font un succès, que ce soit sous forme de livre ou de film. La diablesse de D. Francisque interprétée par Rita Ravier est une reine fascinante, somptueusement parée et il faut ici, sans tarder, souligner la perfection des costumes réalisés par Melissa Simon-Hartman et Sylviane Gody : les trois revêtus successivement par la comédienne au cours de la pièce, tous plus impressionnants les uns que les autres, et la tenue carnavalesque uniformément rouge de Patrice Turlet (Siwo dans la pièce) avec une coiffe en bec d’oiseau, également fort réussie.

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« Les Hommes » de Charlotte Delbo – théâtre et bons sentiments

— Par Selim Lander —

Charlotte Delbo (1913-1985) était un personnage extraordinaire comme seules les périodes les plus troublées (guerres, révolutions) peuvent en produire, celles où l’on risque sa vie pour un idéal (pour peu – mais c’est beaucoup, évidemment – qu’on ait en soi cette foi et ce courage qui permettent d’accepter de mourir pour une juste cause). Ch. Delbo est une héroïne de la Résistance et si, contrairement à son mari, elle n’y a pas laissé sa peau, elle a connu l’horreur d’Auschwitz et fut l’une des rares rescapées d’un convoi de 230 femmes françaises arrivé au camp en 1943. Il se peut que certains de nos lecteurs aient comme nous en mémoire la série d’émissions sur France Inter, rediffusée naguère, dans laquelle elle racontait sa guerre et où elle se montrait éblouissante, avec la même flamme que dans sa jeunesse.

Il n’est pas superflu de préciser, puisqu’il est question ici de théâtre, que Ch. Delbo fut, avant guerre et pendant plusieurs années, l’assistante de Louis Jouvet. C’est pourquoi, de la part d’une femme brillante, au destin de résistante exceptionnel, plus que versée en matière théâtrale, on ne pouvait qu’espérer un chef d’œuvre de la pièce qu’elle a tirée de son passage à la prison de transit du fort de Romainville.

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Prison possession

Du 30 janvier au 04 février 2018 à La Maison des Métallos. Horaires

1ère mise en ligne le 09/07/2017

De et par François Cervantes

— Par Michèle Bigot —
A partir d’une correspondance avec Erik Ferdinand
F. Cervantes, debout, seul, noir sur fond noir. Pas d’objets, pas de décor, la nudité. Il prend la parole, à moins que ce soit la parole qui s’empare de lui. Hésitant, mais calme et déterminé, commence le récit. Comme un balbutiement de l’enfance. Récit autobiographique : l’enfance à Tanger, la mère, l’apprentissage de l’alphabet, à partir de quoi le verbe va le hanter pour ne plus le lâcher. De là, l’histoire d’une formation, qui est aussi l’histoire d’un corps à corps avec les mots : « Je cherche les mots » dit-il, « Je découvre un volcan caché en moi et j’ai peur ». Jusqu’à ce qu’il découvre le théâtre. Le théâtre comme voix et comme médiateur entre les corps et les mots. L’écriture comme dramaturgie et la scène comme une passe entre auteur et lecteur, incarnée par une double présence vivante : l’acteur et le spectateur. Donc un vrai dialogue prend naissance, non pas une parole adressée par un homme seul à une multitude indéfinie, mais comme un homme qui parle à un homme.

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« Un Buffle », fable moderne à l’usage des grands

— par Janine Bailly —

Le Festival des Petites Formes s’est ouvert tout en douceur, ce mercredi en fin d’après-midi, sous le chapiteau de Tropiques-Atrium, qui cette année encore a pris ses quartiers à l’Espace Osenat du bourg de Schœlcher. Les spectateurs, hélas en nombre trop réduit, y ont retrouvé avec bonheur Léopoldine Hummel, déjà vue à la Martinique en 2016, dans une mise en scène de José Pliya, pour l’adaptation du roman de Carole Martinez, Du domaine des murmures. Cette fois encore, la jeune femme, habile à faire naître et l’émotion et l’adhésion de son public, a su mettre au service du texte non seulement une voix claire et qui sait aller au cri, une diction parfaite, mais encore ses talents de musicienne et de chanteuse.

Alors que nous prenons place, la comédienne se tient sur scène, vue de dos, sur un leitmotiv musical sombre. Quand se font le silence et la lumière, elle se retourne, nous salue avec jovialité, et nous devenons ses proies, visiteurs factices d’une blanchisserie à vendre, qu’elle nous décrit de ses mots et de ses gestes : voilà c’est dit, abattu le quatrième mur, nous entrons sur ses pas dans la fable, Un Buffle, qu’elle nous contera, et par instants chantera, avec un bel enthousiasme, dans la jubilation du dire.

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Les hommes : « Une saison en enfer »

18, 19 & 20 janvier 2018, 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Le camp de Romainville, camp d’internement installé dans l’enceinte du fort de Romainville et administré d’abord par la Wehrmacht puis par la SS recevait différentes catégories de détenus. Il constituait une sorte de «  réserve » permanente d’otages. Ils s’y servaient chaque fois que l’on devait procéder à des exécutions de représailles.

Le souffle de la violence du monde fait incursion sur la scène, se référant à une multitude d’évènements historiques ou plus confidentiels, Florence Delbo nous narre cette histoire d’une implacable vérité ; sept femmes donnent corps et voix aux traumatismes que l’histoire inflige.

C’est dire l’angoisse que vivent ces femmes enfermées depuis des mois dans leur dortoir -cellule tremblantes, dès qu’après les silences glacials des nuits, l’angoisse des nuits, des bruits de portes de serrures et de pas s’infiltrent tenaces jouant à la roulette russe entre leur désespoir, l’angoisse d’être déporté et des vagues idées d’évasions. Une loterie ou tout est joué d’avance. Que reste-t-il, alors quand tout s’effondre autour d’elles ? la tendresse irremplaçable d’une conscience innocente dont le cœur est sur les lèvres ,une douleur une souffrance scélérate sentie à fleur de peau..

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« Cri de mes racines » : une réussite paradoxale

— Par Selim Lander —

Un spectacle de danse qui commence par un quart d’heure de projection vidéo, suivi pendant un autre quart d’heure d’un dialogue de théâtre entre les deux interprètes avant qu’elles se mettent enfin à danser une sorte de non-danse, le tout dans une sorte de demi-pénombre, voilà un programme qui pourrait rebuter. Mais les spectateurs n’étaient pas prévenus et l’eussent-ils été, qu’il eût été dommage qu’ils renonçassent car ce spectacle atypique se révèle une réussite de bout en bout. Nous nous laissons conduire à travers les étapes de ce parcours incongru, curieux de découvrir la suite et charmé par l’élégance et la tenue de ce que l’on ne saurait appeler une pièce de danse tant le spectacle apparaît composite.

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« A Beautiful Day » : joliment glauque

— Par Selim Lander —

Ce film de Lynne Ramsay a fait l’événement au début du dernier festival de Cannes, au point que les journalistes spécialisés le voyaient déjà remporter la palme d’or. Cependant le jury, on s’en souvient, lui a préféré The Square de Ruben Östlund, un choix qui n’apparaît pas malheureux pour qui les a vus tous les deux : malgré d’incontestables qualités formelles et une ambiance prenante (les deux étant en l’occurrence liés)  A Beautiful Day laisse finalement le spectateur sur sa faim.

Cela tient en particulier à l’histoire, un paradoxe quand on sait que le film a reçu le prix du meilleur scénario (à côté du prix du meilleur comédien). Ce n’est pas que A Beautiful Day ne soit astucieusement construit : les flash back sur le passé du héros et son enfance éclairent justement sa personnalité tourmentée. Simplement cette construction est mise au service d’une histoire de pédophilie dans le milieu de la haute politique qui n’est ni vraisemblable ni palpitante. 

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« J’habite une blessure sacrée.. » deuxième élément d’un diptyque de Max Diakok

— Par Roland Sabra —

Max Diakok poursuit son travail sur la quête du sens dans un balancement permanent entre polarités opposées et néanmoins complémentaires. Dans le très réussi « Depwofondis » il proposait d’emprunter le chemin qui va du social à l’individu, invitant à se défaire de défroques uniformisantes et oppressantes pour retrouver la primeur d’une saveur humaine enfouie sous les couches successives de la fonction civilisatrice. Dans « J’habite une blessure sacrée.. » le voyage proposé prétend faire le même chemin dans le sens inverse. De l’individu vers le social. Comment « la quête intérieure dialogue avec le besoin de solidarité humaine » nous dit-il dans la note d’intention qui présente son travail. Le parcours est en réalité fait d’aller et retour entre ces deux exigences autour d’un mécanisme qui relève d’un même procès. On retrouve en effet cette idée que l’ordre ancien et/ou présent est un désordre à déconstruire pour qu’émerge un nouvel ordre porteur d’une harmonie en gésine, fragile et précieuse. Sa fragilité tient au fait que « Le ventre est encore fécond… », que « Rien n’est jamais acquis à l’homme … ».

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« L’Atelier », « The Florida Project », « Manon »… Une nouvelle année de cinéma

— Par Selim Lander —

La saison cinéma 2018 de Tropiques-Atrium a commencé avec trois films sur des « jeunes » quoique très différents. L’Atelier, de Laurent Cantet, s’intéresse à de jeunes adultes plus ou moins en perdition dans la France désindustrialisée. The Florida Project, de Sean Baker, se focalise sur trois enfants, pré-adolescents qui s’ébattent en toute liberté ou presque. Les premiers étant pris en charge par une écrivaine descendue de Paris pour les (re?)mobiliser autour de l’écriture collective d’un roman[i] et les seconds n’étant pas privés de familles, même si elles sont monoparentales et pour l’une monograndparentale. Quant à Manon Lescaut et au chevalier des Grieux, le couple de jeunes délinquants imaginé par l’abbé Prévost, il se meut dans un autre monde, celui de l’argent trop facilement gagné et vite perdu jusqu’à la fin tragique, prévisible.

The Florida Project laisse une impression mitigée. La situation est intéressante, le décor fascinant, les enfants sont attachants en dépit de leur propension à faire des bêtises : livrés à eux-mêmes pendant toutes les longues journées de vacances, il pourrait difficilement en aller autrement.

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L’Atelier de Laurent Cantet, ou comment se dire et s’écrire

Jeudi 18 janvier à 19h30. Madiana V.O.

— par Janine Bailly —

De Laurent Cantet nul n’aura oublié la Palme d’Or reçue en 2008 au festival de Cannes pour le film Entre les murs qui regardait, au plus près et au plus juste, une classe réputée difficile fonctionner sous la férule d’un professeur de lettres, et qui ouvrait le monde fermé du collège au spectateur, l’incitant à une réflexion sur ce qu’est aujourd’hui l’acte d’enseigner comme sur les rapports qui se tissent au sein d’un groupe social constitué.

Dans L’Atelier, programmé en ouverture du second cycle cinéma de Tropiques-Atrium pour cette rentrée, un groupe de jeunes garçons et filles, volontaires en principe pour participer à un stage d’insertion sous forme d’atelier d’écriture, se forme, se soude, se déchire, s’affronte ou se réconcilie, microcosme d’une société en souffrance, et que l’œil de la caméra scrute, entre réalité et fiction, puisque là encore, hormis les deux protagonistes principaux joués par Marina Foïs et Matthieu Lucci, jeune acteur prodigieux bien que débutant, les rôles ne sont pas tenus par des professionnels.

Certes, le choix de rassembler autour de la table d’écriture un représentant de chaque groupe social, religieux ou ethnique — l’adolescent noir, le jeune musulman, la “beurette” fille de parents algériens émigrés et fière d’une insertion qu’elle juge réussie, etc. —

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Artistes martiniquais : « L’heure de nous-mêmes a sonné »

— Par Alfred Varasse —

Artistes Martiniquais entrons dans la dimension qui est la nôtre, déployons notre art avec force et audace afin de servir notre peuple à la mesure de ce qu’il mérite de recevoir de nous.

Faisons comme jamais nous n’avons fait, soyons dans l’excellence, il y va du respect que les peuples éprouveront face au nôtre.

C’est de cela qu’il s’agit !

2018 Notre Année ! Que chacun travaille sa propre création et sachons aussi nous mettre ensemble pour rendre concrète notre vision commune.

«L’heure de nous-mêmes a sonné » Voilà ce que nous dit Aimé CESAIRE !

A.VARASSE

07Janvier 2018

 

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Argent amer

Vendredi 19 janvier 2018 à 19h 30. Madiana V.O.

De Wang Bing
Avec acteurs inconnus
Genre Documentaire
Nationalités hong-kongais, français

Synopsis:
À peine sortis de l’adolescence, Xiao Min, Ling Ling et Lao Yeh ont des rêves plein la tête. Quittant leur village du Yunnan, ils partent grossir la main d’oeuvre de Huzhou, une cité ouvrière florissante des environs de Shanghaï. Soumis à la précarité et à des conditions de travail éprouvantes, ils veulent quand même croire en une vie meilleure.

La presse en parle :

Les Inrockuptibles par Jean-Baptiste Morain
Immersion documentaire dans une ville industrielle vouée à la confection de masse. Le réalisateur de « A l’ouest des rails » poursuit sa fulgurante épopée de la Chine contemporaine.

L’Humanité par Emile Breton
La leçon d’économie sur la mondialisation qu’ils dispensent, parce qu’ils la vivent tous les jours et que le cinéaste les a assez aimés pour les laisser parler, jamais on ne l’aura aussi bien entendue.

Cahiers du Cinéma par Camille Bui
L’humanité du geste cinématographique (dont les filmés sont complices) permet de porter attention à une beauté gratuite dont n’a que faire la triste machine productiviste : la chaleur des amitiés ou les lumières colorées qui, la nuit, transfigurent le paysage urbain.

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Le mystère Picasso

De Henri-Georges Clouzot
Avec Pablo Picasso, Henri-Georges Clouzot, Claude Renoir
Genre Documentaire
Nationalité français
Date de reprise 8 novembre 2017 – Version restaurée (1h 18min)

Synopsis :
« On donnerait cher pour savoir ce qu’il s’est passé dans la tête de Rimbaud pendant qu’il écrivait le Bateau ivre… » Tels furent les premiers mots d’Henri-Georges Clouzot pour commenter Le Mystère Picasso.
Ce film donne à voir l’exécution par Pablo Picasso de dessins et de tableaux, au moyen d’un procédé technique innovant qui se propose de lever le voile sur le mystère de la création de l’artiste.
Au printemps 1955, Picasso fait part d’une récente découverte à Clouzot : des feutres-pinceaux inventés par un graveur américain, trempés dans des encres spéciales.
Ces feutres et encres ont la propriété de traverser le papier sans baver et d’inscrire au verso les traits exacts dessinés au recto.
Clouzot décide alors de filmer, non pas Picasso en train de créer, mais sa création elle-même, débarrassée de l’outil et de la main du peintre.

Critiques :
François Truffaut
« Le film d’Henri-Georges Clouzot dépasse tout ce que le cinéma a fait jusqu’ici pour la peinture »

Claude Brulé – Paris Presse
« Film unique.

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A Beautiful Day

Mardi 16 janvier 2018 à 19h30. Madiana V.O.

De Lynne Ramsay
Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola
Genres Thriller, Drame
Nationalités britannique, français, américain

Prix d’interprétation Festival de Cannes 2017

Interdit au moins de 12 ans

Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

La presse en parle :

Bande à part par François-Xavier Taboni
Le voyage au bout de la nuit d’un tueur à gages bordeline et la rencontre inoubliable entre Lynne Ramsay et Joaquin Phoenix. Un choc.

CinemaTeaser par Aurélien Allin
Lynne Ramsay, en symbiose avec Joaquin Phoenix, dissèque le héros américain. Un très grand film, à la fois romantique et désespéré.

Ecran Large par Simon Riaux
Lynne Ramsay dope son polar hardboiled grâce à une mise en scène et à un montage d’une exceptionnelles profondeurs, transformant Joaquin Phoenix en ange de la mort déchirant.

Le Point par Philippe Guedj
C’est à la fois une expérience visuelle immersive, un grand film torturé sur la condition humaine et une osmose créative entre une cinéaste et son acteur.

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Manon

 Mercredi 10 janvier 2018 à 19h 30. Madiana V.O.

 De Henri-Georges Clouzot
Avec Cécile Aubry, Michel Auclair, Serge Reggiani
Genre Drame
Nationalité français

Date de reprise 8 novembre 2017 – Version restaurée (1h 40min)

Synopsis :
Sur un bateau qui vient d’appareiller de Marseille, des juifs, rescapés du génocide, embarquent pour immigrer illégalement vers Israël alors sous mandat britannique. Tandis qu’un des lieutenants du bord installe les nouveaux venus dans les cales du navire, il découvre par hasard deux passagers clandestins.
Il les mène au capitaine dont le second reconnaît l’homme grâce à la photographie d’un journal. Il s’agit de Robert Desgrieux, un assassin en fuite.
Le capitaine décide de livrer le couple à la police d’Alexandrie à son arrivée, mais, quelques jours avant celle-ci, il se laisse attendrir par la jeune femme et finit par convier dans sa cabine les deux jeunes amants. Ceux-ci se mettent alors à conter leur histoire.

Redécouvrir Manon

La rétrospective consacrée à l’œuvre de Clouzot par la Cinémathèque française est l’occasion ou jamais de découvrir en version restaurée (également diffusée en DVD par les éditions Montparnasse) ce beau film, longtemps mésestimé, dans lequel le cinéaste porte à leurs paroxysmes plusieurs des thèmes qui parcourent sa filmographie.

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L’Atelier

Jeudi 18 janvier à 19h30. Madiana V.O.

De Laurent Cantet
Avec Marina Foïs, Matthieu Lucci, Warda Rammach
Genre Drame
Nationalité français

Synopsis :
La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière connue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, il va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire.

 La presse en parle :

aVoir-aLire.com par Claudine Levanneur

Le portrait radical et subtil d’une génération perdue. Passionnant !

 Femme Actuelle par Amélie Cordonnier

Un film bouleversant et lumineux.

L’Express par Eric Libiot

Cantet, qui n’oublie jamais le romanesque (personnages, péripéties…), filme droit et juste, ne juge pas, n’élude rien et décrypte ces glissements. La société est responsable, mais elle est ce qu’on en fait. Passionnant, effrayant.

L’Humanité par Dominique Widemann

Atelier ou laboratoire, confinement des solitudes ou horizons de mer, compte la farouche volonté de travailler en commun.

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Les « Golden Globes » sacrent les femmes

La cérémonie des Golden Globes a célébré dimanche la lutte contre les violences sexuelles à Hollywood, trois mois après le début de l’affaire Weinstein. Plusieurs oeuvres mettant en scène des personnages féminins forts ont été couronnées.
« Depuis trop longtemps, les femmes n’ont pas été entendues ou crues si elles osaient dire la vérité face au pouvoir de ces hommes. Mais c’est fini pour eux! C’est fini pour eux! » Dimanche soir à Los Angeles, la prise de parole d’Oprah Winfrey a été l’un des temps forts de la cérémonie des Golden Globes, qui récompensaient films et séries de l’année 2017. Très populaire, la productrice, présentatrice et actrice vedette noire Oprah Winfrey venait de recevoir le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble sa carrière.

« Dire notre vérité est l’outil le plus puissant que nous ayons. Je suis particulièrement fière et inspirée par toutes les femmes qui se sont senties suffisamment fortes pour élever la voix et partager leurs histoires personnelles », a-t-elle également déclaré. Oprah Winfrey a reçu une ovation pour son intervention, déclenchant des larmes parmi les actrices dans la salle de bal du Beverly Hilton.

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