Catégorie : Arts de la scène

« Le Monstre » piégé dans sa « monstration »

— Par Roland Sabra —

J’attendais beaucoup du travail de Guillaume Malasné sur le texte d’Agota Kristof. Dans ces mises en scènes précédentes qu’il s’agisse des deux Pommerat, La réunification des deux Corées  et  Cet Enfant  ou de la pièce « Festen » de Thomas Vinterberg il a toujours eu le souci d’être au plus près de l’auteur ou du texte. Et à mille lieues de tout esprit servile il sait rendre hommage à un dramaturge avec une sensibilité, la sienne, toujours un peu décalée mais sincère et authentique.

Lire aussi : « Le monstre » et/est son double

La lecture qu’il fait du « Monstre », ou du moins ce qui en est restituée sur scène, ne s’inscrit pas dans cette ligne. L’écriture de la dramaturge helvético-hongroise est une écriture minimaliste bannissant toute fioriture. Elle disait réécrire sans cesse ses phrases, pour les vider de toute description inutile, pour assembler les mots au plus juste dans une épure propre à un théâtre qui doit juste permettre de poser face à un nom un texte bref. Son style —elle détestait ce mot— relève d’une éthique celle de la recherche de l’objectivité la plus proche des faits.

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Hallyday : la quête d’un père

Johnny Hallyday, décédé dans la nuit de mardi à mercredi, n’a jamais vraiment renoué avec la Belgique, le pays de son père qui l’a abandonné après sa naissance, comme l’illustre sa bataille controversée pour acquérir la nationalité belge avant de finalement renoncer, il y a dix ans.
« Je l’ai inventé tout entier/Il a fini par exister/Je l’ai fabriqué comme j’ai pu/Ce père que je n’ai jamais eu », a chanté « l’idole des jeunes » qui n’a jamais fait mystère de cette blessure inconsolée. « Ne pas avoir eu de père a marqué toute ma vie. La déchirure… », écrit Johnny, né le 15 juin 1943 à Paris, dans son autobiographie.
Léon Smet – un artiste de cabaret bruxellois proche des Surréalistes, monté à Paris avant la Deuxième guerre mondiale – a déserté le foyer familial huis mois après la naissance de son fils, qu’il a d’ailleurs tardé à reconnaître à l’état-civil. En réalité, Jean-Philippe Smet, le nom de Johnny, sera élevé par sa tante paternelle belge Hélène, qui vivait alors à Paris avec son mari et ses deux filles.

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« Le monstre » et/est son double

Vendredi 8 décembre 2017 20 h Tropiques-Atrium

— Par Roland Sabra —

« You have conquered, and I yield. Yet, henceforward art thou also dead –
dead to the World, to Heaven and to Hope ! In me didst thou exist –
and, in my death, see by this image, who is thine own,
how utterly thou hast murdered thyself »
(1)
Edgar Allan Poe

La rencontre avec le double est un thème majeur de la littérature. Edgar Poe, Oscar Wilde, Gérard de Nerval, Dostoïevski, Nabokov, Kafka, Robert Louis Stevenson, Emmanuel Carère… la liste est longue et incomplète des écrivains fascinés par ce questionnement ontologique sans doute, et certainement constitutif de l’acte d’écrire puisque celui qui s’y livre se projette dans des personnages imaginaires puisés au plus profond de lui-même. Le psychanalyste autrichien Otto Rank théorise comme sources de la croyance en un moi dédoublé ( le corps et son âme par exemple) d’une part le désir de préserver la pérennité d’une jeunesse, l’attachement irréductible à une enfance, et d’autre part la construction d’un alter ego chargé de tous les vices et les turpitudes de son modèle.

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« Wild Fantasy » : soirée Bouyon à la BU…

Mardi 5 décembre 2017 à 18h 45

Installation artistique son et lumière à la BU du campus de Schoelcher mardi 5/12
Interrogée sur le mot « Bouyon », une encyclopédie en ligne bien connue indique sobrement : « Style musical né dans la caraïbe, à la fin des années 1980, assez répandu dans les Petites Antilles.  » C’est assez pour distinguer ce bouyon-là de son homonyme culinaire, mais c’est trop peu pour donner la mesure du phénomène de société que représente ce genre musical dans nos territoires.

Apparu en Dominique dans les années 1980, ce mélange de musique traditionnelle et moderne est reconnaissable à son univers sonore très dynamique, où le corps est mis à l’épreuve dans un jeu de scène qui répond à des codes particuliers – notamment des tenues colorées et moulantes… Aujourd’hui, comme le rapporte l’article de France Antilles ci-dessous, le Bouyon dans sa déclinaison « Gwada » est entouré d’un halo de soufre et de scandale, porté par des paroles, un sens du mouvement et de la gestuelle à travers lesquels certains perçoivent nettement « une dérive de notre société ».

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« Le monstre » d’Agota Kristof, m.e.s. Guillaume Malasné

8 décembre 2017 à 20H Tropiques-Atrium

Synopsis : Le Monstre serait […] le rêve d’un idéaliste pur et dur, appelé Nob, qui cherche à se débarrasser du monstre échoué dans son village. Une créature étrange avec un dos couvert de fleurs dont le parfum rend les gens heureux. Certains, dans l’euphorie du moment, tombent entre les pattes de la bête qui n’en fait qu’une bouchée. Ainsi gavé, l’animal devient gigantesque. Nob persuade quelques braves d’empêcher les habitants d’approcher le monstre afin qu’il se désagrège. La garde extermine peu à peu tout le village incapable de renoncer à sa drogue, et Nob assassine la garde, tentée à son tour par la félicité illusoire. La bête disparaît, mais Nob se retrouve seul dans un monde sans monstre, seul pour vivre, seul pour mourir.

On pourrait voir dans cette fable une métaphore des régimes totalitaires et de leurs purges pour le triomphe de la Cause… Mais Guy Beausoleil m’a appris que ce n’était pas cela qu’Agota Kristof avait voulu explorer. Le monstre, c’est…

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La vie et l’oeuvre d’Agota Kristof, née en 1935 en Hongrie, sont traversées par les grands bouleversements du XXè siècle: elle a grandi sous un régime fasciste, fui en 1956 le régime soviétique, et finalement, en exil dans une Suisse prétendument neutre, subi les revers du capitalisme.

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Le business des spectacles pour enfants

Le théâtre « jeune public » a le vent en poupe et les grandes salles s’y mettent, fleurant le bon filon. Rien qu’à Paris, plus de 200 pièces se disputent l’affiche cet hiver. Il y aura de la casse.

Embarquer dans les aventures musicales d’Emilie Jolie, s’essayer aux tours de passe-passe avec L’Ecole des petits magiciens, entendre les mots d’un grand auteur grâce à Tout Molière, découvrir en chair et en os les héros de Disney, de Peter Pan au Livre de la jungle, voir sur scène ceux de ses livres préférés, T’choupi et Petit Ours brun, se prendre pour un héros du Moyen Âge grâce à Chevaliers, revisiter les contes de Perrault avec Pauvre Méchant Loup…

Rien qu’à Paris, plus de 200 spectacles pour enfants, dont une quinzaine à gros budget, se disputent l’affiche et tournent désormais, pour certains, en province. Il y en a pour tous les goûts, tous les âges, toutes les bourses. Idéal pour faire décoller quelques heures nos gamins de leurs écrans, les mettre au chaud pendant les longs week-ends d’hiver, et s’offrir une sortie en famille.

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« Je m’en fous », disait Agota Kristof

— Par Didier Jacob —

Tic-tac de l’horloge dans l’appartement sombre où la romancière se tait. Agota Kristof est un écrivain pauvre de paroles. Auteur du «Grand Cahier», cet exercice de cruauté qui la fit connaître, en 1986, comme la fille de Beckett et de Cioran, elle n’a faim de grandes phrases ni de hautes significations.

Composé de textes anciens retrouvés aux archives de la Bibliothèque de Berne, son livre «C’est égal» est un magnifique précipité d’inquiétude et de découragement, une suite de textes réalistes et absurdes qui semblent avoir été jetés, il y a quarante ans, dans une boîte aux lettres dont le facteur viendrait seulement de relever le courrier.

Comment Agota, jeune fille née en 1935 dans un petit village hongrois, en est-elle arrivée là? Elle grandit au milieu des poules, des oies et des canards, dans une ferme dénuée de tout confort – électricité, téléphone, eau courante et pain quotidien. Avec la guerre, l’enfance a faim. Mais l’amour la console des brûlures d’estomac:

« J’avais 6 ans. J’étais amoureuse du pasteur, qui venait souvent à la maison. Il m’adorait, et il avait promis de m’épouser quand je serais grande.

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Les femmes et le théâtre de la guerre – 23 => 29 novembre 2017

Deux mises en voix et une rencontre en partenariat avec Écritures du monde et RFI

« Depuis les origines, la guerre a occupé les scènes, depuis les Perses d’Eschyle jusqu’aux pièces de Shakespeare, notamment Henry IV, la plupart traversées par le bruit des armes. Le vingtième siècle qui fut un siècle de guerres, a vu naître les œuvres, entre autres, de Brecht et de Genet qui, dans les Paravents, considérait la guerre « comme une partouze du tonnerre ».

Plus près de nous, Sarah Kane, Edward Bond ou Wajdi Mouawad inscrivent la guerre au cœur de leur théâtre et en ont fait une métaphore de l’anéantissement de l’humain.

Si la guerre écrite par les auteurs contemporains européens semble une guerre métaphysique, déterritorialisée, traduisant un chaos cosmique, où rien de l’homme ne subsiste, chez les auteurs, nés dans des pays qui ont connu la guerre à notre époque -Algérie, Liban, Rwanda, Bosnie, Palestine-, la guerre est perçue d’une manière radicalement différente. Elle n’est pas négation de l’homme, mais exacerbation de la vie. La proximité et l’imminence réelle de la mort provoquent en chacun cette déflagration du désir dont parlait Genet, et l’humour est là qui conjure et endigue la tragédie et l’horreur alentour.

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Martinique Jazz Festival 2017 : le jazz a cent ans!

Originaire du Sud des États-Unis, il est créé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle au sein des communautés afro-américaines. Avec plus de cent ans d’existence, du ragtime au jazz actuel, il recouvre de nombreux sous-genres marqués par un héritage de la musique euro-américaine et afro-américaine, et conçus pour être joués en public. Il émerge à partir d’autres genres musicaux, dont le ragtime, la marche, le negro spiritual et le blues, et comporte des caractéristiques telles que l’utilisation fréquente de l’improvisation, de la polyrythmie, de la syncope, du shuffle, du scat et des notes bleues. En outre, il emprunte de nombreux éléments à la musique populaire américaine (en) et à la tradition des brass bands3. Couramment associé aux cinq instruments emblématiques du jazz — le saxophone, la trompette, le trombone, la clarinette et le piano —, le jazz mobilise cependant un grand nombre d’instruments différents, dont la guitare, la batterie, et la contrebasse.

Voir le programme du MJF 2017 ci-dessous

Au cours du XXe siècle, le jazz a acquis une large popularité au-delà des frontières des États-Unis et s’est répandu dans le monde, donnant naissance à de très nombreux styles et sous-genres selon les pays et les régions.

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Mort du jazzman Jon Hendricks

Al Jarreau était un de ses admirateurs, Bobby McFerrin fut un de ses élèves: le chanteur et compositeur américain Jon Hendricks, une des toutes premières voix qui ont compté dans le jazz chanté, est mort mercredi à New York à 96 ans, a annoncé jeudi sa fille Michele. Jon Hendricks, un des précurseurs du « vocalese » qui consiste à mettre en paroles et en voix des solos instrumentaux de jazz, s’est éteint dans un hôpital de New York, a ensuite indiqué son agent publicitaire, sans préciser la nature du décès.

Spécialiste du scat, il s’était rendu célèbre dans les années 1950 avec le trio Lambert, Hendricks & Ross et l’album « Sing A Song Of Basie » (1957), une version vocale du big band de Count Basie. Fils de pasteur, né à Newark (New Jersey) le 16 septembre 1921, il a grandi à Toledo (Ohio), où il interprétait des spirituals et des hymnes à l’église. Vocaliste hors pair, il a 11 ans lorsqu’il chante à la radio avec le pianiste Art Tatum.

Engagé pendant la Seconde guerre mondiale, il participe au débarquement en Normandie le 12 juin 1944.

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La bonne santé mordante d’un « Malade imaginaire »

— Par Gérald Rossi —

Dans sa mise en scène, Michel Didym exploite à fond la redoutable dynamique comique et sociale de cette dernière œuvre de Molière, qui, jusqu’à son dernier souffle brocarda avec rage les discours des médecins.

Règlement de comptes. Le Malade imaginaire dernière pièce écrite par Molière, est donnée au théâtre du Palais Royal à Paris, le 10 février 1673. Une semaine plus tard, au sortir de scène il meurt, à l’âge de 51 ans. Autant usé par la maladie que par les traitements d’une médecine encore balbutiante. Dans la mise en scène qu’il en propose, Michel Didym, un peu comme s’il avait lui aussi un compte à régler avec Hippocrate, serre à son tour la mécanique. Avec une charge comique remarquable. Le directeur du CDN de Nancy voit il est vrai dans cette œuvre « comme un accomplissement, l’aboutissement de toute sa dramaturgie. C’est sans conteste le chef d’œuvre absolu de Molière. Le Malade imaginaire, c’est tout Molière, comme dans Hamlet il y a tout Shakespeare » dit-il.

Un ‘’Malade’’ qu’il dit encore traiter « avec respect ».

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 » Mon roi » suivi d’un débat animé par l’UFM

Vendredi 24 novembre 18h à  la  Maison pour tous de Trinité

Dans le cadre des journées de l’Union des Femmes de Martinique «  Pour l’élimination des violences faites aux femmes »

Mon Roi

De Maïwenn
Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel
Genres Drame, Romance
Nationalité français
Synopsis :
Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …

La presse en parle :

Paris Match par Alain Spira
Energique jusqu’à l’hystérie, dialoguée avec brio, cette comédie dramatique écrite avec une profondeur charnelle, donne un bon coup de fouet à la compétition.

Télérama par Guillemette Odicino
POUR : Ce film est une tempête. Un précipité amoureux. Chaque scène, comique ou tragique, est saisissante.

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Ciné Jazz : Janis Joplin

— Par Selim Lander —

En prélude au festival de jazz de Tropiques Atrium qui se déroulera du 26 novembre au 3 décembre en divers lieux de la Martinique, trois films sont projetés à Madiana à raison d’une seule séance par film, les 20, 21 et 22 novembre. Autant dire qu’il ne faut pas se réveiller trop tard.

C’était donc le premier, hier, consacré à Janis Joplin, pas un biopic, mais un documentaire qui combine des captations de concerts (Monterey, Woodstock…), les extraits d’un talk show, des bouts de lettres qu’elle adressait à ses parents, des bouts de film la montrant avec ses musiciens, des témoignages de proches, sa sœur, des musiciens… Autant dire immédiatement que ce film d’Amy Berg intitulé simplement Janis est un chef d’œuvre du genre. Cela tient avant tout, évidemment, à la personnalité de J. Joplin (1943-1970), à sa musique, à sa voix, à son destin météorique, à sa fin tragique.

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Buena Vista Social Club: Adios

Mardi 21 novembre 2017  19h 30 Madiana V.O.

De Lucy Walker
Avec Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo, Manuel Mirabal
Genre Documentaire

Synopsis : Le parcours du groupe dans la captivante histoire musicale de Cuba, tandis que ses membres reviennent sur leurs remarquables carrières et les extraordinaires circonstances qui les ont réunis.

La presse en parle :

Le Dauphiné Libéré par Jean Serroy
Au rythme vient s’ajouter l’émotion qui baigne un hommage qui a toute la nostalgie d’un adieu.

Le Figaro par Claire Conruyt
Le documentaire de Lucy Walker célèbre l’immortalité d’un orchestre éternel par son prodige.

Le Nouvel Observateur par François Forestier
Il y a les vivants, octo ou nonagénaires, et les morts. Et, surtout, il y a des moments d’émotion magiques : les retrouvailles de Ferrer et d’Omara sur scène, le premier concert hors de Cuba, l’accueil à New York, les doigts de Ruben Gonzalez sur les claviers… Ça fait chaud au cœur.

Critikat.com par Nicola Brarda
Profitant de la dernière tournée du collectif en 2016, vingt ans après sa naissance, Lucy Walker se livre avec Buena Vista Social Club : Adios à l’exploration des coulisses d’un mythe musical.

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La La Land

Mercredi 22 novembre 2017 19h 30 Madiana V.O.

De Damien Chazelle

Avec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend
Genres Comédie musicale, Romance
Nationalité américain
23 prix et 19 nominations
Synopsis :
Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance.
Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?

La presse en parle :

Madinin’Art par Guiy Gabriel

 C’est un vrai bonheur ; un vrai bonheur par une mise en scène fluide au possible, et une interprétation remarquable de Ryan Gosling et de Emma Stone, surtout cette dernière, époustouflante…

La critique complète est disponible sur le site Madinin’Art

20 Minutes par Caroline Vié
Un grand moment de cinéma doublé d’une magnifique histoire d’amour. Courez-y et on se retrouve à la fin de l’année, pour constater que vous ne l’aurez pas oublié.

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« Quartier de femmes » au T.A.C.

23, 24, 25 novembre à 19h 30

— Par Aïnos —

Où étiez-vous ce mardi 4 juillet 2017 ? Vous ne vous en souvenez plus ?
Eh bien, je ne risque pas d’oublier, parce que moi j’ai passé une soirée mémorable. Pour la première fois de ma vie, j’ai foulé le sol de la petite salle de spectacle du Centre culturel Gérard Nouvet de Coridon, un quartier de Fort-de-France. Petite mais tellement chaleureuse.
Aux aurores, j’ai reçu le message d’une amie, appelons-la Denise. Mais en fait elle interprétera le rôle de Mauricette dans la pièce.
Elle m’a invitée à l’avant-première d’une pièce de théâtre, écrite et mise en scène par José Alpha. Pour ceux qui ne connaissent pas ce monsieur, sachez qu’il est né à Fort-de-France, qu’il est comédien, dramaturge, metteur en scène, directeur d’acteurs et formateur.

Lire aussi : Au Festival de Fort-de-France : « Quartier de femmes sous haute surveillance » par Janine Bailly

Une cellule du dépôt du tribunal, en Martinique. Trois femmes qui attendent, d’être jugées ou auditionnées par un juge. On les a pour cela extraites de leur prison, et selon la loi, on peut les retenir là jusqu’à vingt heures d’affilée.

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« Clandestin, voyage en autisme(s) » : un théâtre coup de poing!

— Par Roland Sabra —

– « La connaissance d’un être est un sentiment négatif:
le sentiment positif, la réalité,
c’est l’angoisse d’être toujours étranger à ce qu’on aime. »
La condition humaine, André Malraux.

Clandestin : se dit de ce qui échappe à l’observation indique Le Larousse sans préciser l’agent de cette échappée. Si le pluriel mis entre parenthèse renvoie avec justesse à la réalité de ce qu’il veut nommer, le mot clandestin est sujet à discussions. L’actualité socio-politique y associe jusqu’à la nausée le mot migrant. Un mauvais choix de titre pour une pièce de théâtre passionnante de bout en bout. Portée à bout de bras, jouée, adaptée par Claire Rieussec à partir du livre témoignage d’Elisabeth Emily «Autiste? Pour nous l’essentiel est invisible» Clandestin, voyage en autisme(s) est une pièce qui renoue avec un théâtre d’intervention, un théâtre militant au plus haut du terme, dans lequel le nom l’emporte sur ce qui le qualifie. A mille lieues de tout prêchi-prêcha la mise-en-scène de Marie Gaultier invite à une traversée sensible et artistique, bordée d’humour, de colère, de poésie, d’abattement, d’exaltation qui racontent le combat quotidien d’une mère pour son enfant pas tout à fait comme les autres et que le monde médical refuse pendant des années de reconnaître comme tel.

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Condamnation définitive du CMAC, pour licenciement abusif de l’ex-directrice.

Après un quinquennat de procédure juridique, l’ex-directrice gagne son procès contre l’ex-Centre Martiniquais d’Action Culturelle ( CMAC).

En octobre 2017, elle obtient ses indemnités, après un licenciement abusif dans un contexte de crise politique, qui avait entraîné la suspension du label scène nationale, en 2012.

Limogée par le président du Cmac, M. Lebon, contre l’avis de l’Etat, l’ex-directrice est partie en 2012 sans ses indemnités de licenciement. Elle a été contrainte de saisir le Conseil de prud’hommes. La scène nationale est condamnée à payer en 20131.

Mais le président Lebon, qui reçoit encore des subventions publiques, refuse cette décision de justice. Il utilise son pouvoir de nuisance et saisit la cour d’Appel de Fort-de-France qui confirme la condamnation. Quelques jours plus tard, le jugement de la cour d’Appel a été modifié ! le ministère de la culture est alors considéré comme responsable du contrat de travail de la directrice.2

L’État, représenté au conseil d’administration, ne réagit pas. L’ex-directrice est dans l’obligation de saisir la Cour de Cassation de Paris3, qui confirme la condamnation de l’ex-scène nationale.

Pourtant, le Cmac refuse encore cette condamnation et saisit la cour d’appel de Basse-Terre en Guadeloupe, en mars 20174.

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« La fin de l’homme rouge » : un théâtre hors norme

— Par Roland Sabra —

« Montrer le monde dans ses détails pour être juste » Svetlana Alexievitch

La nostalgie d’un temps passé ne conduit pas à vouloir sa restauration. Le diptyque La fin de l’homme rouge construit à partir de « Dix histoires dans un intérieur rouge » et de « Dix histoires au milieu de nulle part » en est une très belle illustration. Le livre est l’aboutissement d’un travail de recueil, sur un quart de siècle, de témoignages que Svetlana Alexievitch (Prix Nobel de littérature 2015) est allée chercher, magnétophone à la main, dans le Caucase, dans le pays profond, dans cette Russie qui considère Moscou comme une capitale étrangère. Sa méthode : « poser des questions non sur la politique, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les milliers de détails d’une vie. »

La première partie aborde la construction et l’écroulement du mythe fondateur du régime communiste à savoir l’homme nouveau, « l’Homo Sovieticus ». On retrouve cette idée forte de l’ adhésion à une idéologie se faisant sur le mode d’une croyance.

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Des petites et une Grande Histoire(s).

Le Jazz à trois doigts, texte et m.e.s. Luca Franceschi

Par Dégé

La pluie est rédhibitoire. Sinon on peut mesurer le succès d’une pièce au nombre de groupes de spectateurs restant discuter devant le Théâtre Aimé Césaire et à la durée de leurs échanges. Ce soir là, 16 novembre, le public a été bon : la salle a risqué quelques applaudissements, s’est autorisée à rire, a répondu aux demandes d’interactivité, et a remercié intensément au salut final des acteurs.

Dehors des sourires de satisfaction mais les commentaires sont sans vigueur : difficile d’expliquer le plaisir. Or les rationalistes ont du mal à justifier leur acrimonie « Où est le Jazz là dedans ? ». Au delà de l’ennui exprimé, Ils semblent même prêts à se laisser convaincre du contraire.

Le Jazz à trois doigts est un spectacle qui rend heureux. On n’en sort pas indigné, prêt à combattre pour ou contre, bouleversé du miroir tendu…Non simplement heureux. Pas exalté. Heureux au point d’apprendre l’hospitalisation d’un ami sans être révolté : on sait qu’on ira lui soutenir le moral. Heureux au point où, à la sortie du spectacle, ayant assisté impuissant de loin à l’attaque d’une vielle dame par un malabar voulant la dépouiller de son sac, on reste heureux.

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Théâtre documentaire

Le Jazz à trois doigts, La Fin de l’homme rouge        

— Par Selim Lander —

Hasard du calendrier, le Théâtre municipal de Fort-de-France et Tropiques-Atrium ont présenté simultanément deux pièces relevant du « théâtre documentaire ». Pour Lucas Franceschi, il s’agit de raconter des histoires nées dans la misère des petits métiers du monde » tandis que Stéphanie Loïk se propose de « parler du Monde et de l’être humain ». Certes tout théâtre « parle » (enfin, sauf exception !) et « raconte des histoires », néanmoins les deux déclarations d’intention, dans leur brièveté, indiquent suffisamment que le contenu importe ici davantage que le souci de l’intrigue. Sur le fond, sinon dans la forme, le propos est plutôt celui d’un conférencier que d’un dramaturge.

Le Jazz à trois doigts de et avec Lucas Franceschi

Un comédien qui monologue accompagné par un accordéoniste, c’est une configuration assez banale. La prédilection des metteurs en scène pour l’accordéon (ici tenu par Bernard Ariu) s’explique par le caractère polyvalent d’un instrument aux tonalités proches de l’orgue mais d’un orgue populaire fait pour les chants nostalgiques autant que pour les danses endiablées.

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« The square » : du cynisme comme dépassement des contradictions?

— Par Roland Sabra —

Plus qu’une critique du monde de l’art contemporain qui n’est somme toute que le reflet de l’époque The Square, le film de Ruben Östlund aborde avec férocité, à partir d’une situation singulière dans un pays particulier et qui reste une référence en matière de «vivre ensemble», des thématiques universelles. Il déclare dans le dossier de presse : « Je voulais faire un film élégant en me servant de dispositifs visuels et rhétoriques pour bousculer le spectateur et le divertir. Sur le plan thématique, le film aborde plusieurs sujets, comme la responsabilité et la confiance, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et l’impuissance, l’importance croissante que l’on accorde à l’individu par opposition à la désaffection vis-à-vis de la communauté et la méfiance à l’égard de l’État en matière de création artistique et de médias ».

The square est pour l’auteur une nouvelle fois l’occasion d’une illustration de l’effet papillon. Dans Snow therapy, prix du Jury Un Certain Regard en 2014, lors de vacances de neige, une avalanche de poudreuse s’abattait sur la terrasse d’un restaurant d’altitude et provoquait la fuite du père de famille abandonnant femme et enfants devant le danger.

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« Une vie violente » : la violence comme arme politique

— Par Selim Lander —

On ne saurait voir en Martinique ce film sur la Corse sans être sensible aux ressemblances et aux différences entre les deux îles. Ressemblances : le sentiment d’une minorité de la population de vivre en pays colonial avec la rancœur, le besoin de révolte que cela suscite immanquablement chez les personnes concernées… et l’incompréhension du reste de la population. Différences : la Martinique n’a pas la culture de la Corse basée sur un machisme exacerbé, un sentiment dévoyé de l’honneur, la vendetta, une accoutumance au crime organisé ; l’histoire des luttes pour l’indépendance dans chacune des îles témoigne suffisamment dans ce sens.

Il n’en reste pas moins que la Corse fonctionne comme un anti-modèle pour la Martinique, l’exemple même des erreurs à ne pas commettre. S’il reste encore des indépendantistes en Martinique, malgré des années de Césairisme, l’exemple corse pourra leur apprendre qu’il faut convaincre et non brutaliser, si l’on veut rendre sa cause populaire, et que les comportements mafieux ne sont pas de bons arguments.

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«Clandestin, voyage en autisme(s)»,

18 & 19 novembre 2017 à 15h Villa FL Le Lamentin

Afin de sensibiliser le grand public sur la question de l’Autisme, l’Association Martinique Autisme a choisi comme support une pièce de théâtre «Clandestin, voyage en autisme(s)», qui raconte le combat au jour le jour d’une mère pour son enfant autiste.

Les représentations auront lieu pour les scolaires à 9h  les 16, 17 novembre, et pour tout public à 15h les 18 et 19 novembre 2017.

Le combat au jour le jour d’une mère pour son enfant autiste. Entre humour, colère, poésie, abattement ou exaltation.

Elle observe les premières étrangetés dans le comportement de son fils. Elle attend un diagnostic dont elle a depuis longtemps déjà l’intuition. Elle réinvente chaque jour les mots parentalité et éducation. C’est une plongée dans le quotidien : Louis, enfant autiste, rejeté du monde, coupable d’être né différent. Nous sommes plongés dans un monde sensoriel, un tourbillon émotionnel fort, très fort…

Lorsque Claire Rieussec, avec qui j’avais déjà travaillé, m’a appelée pour que je signe la mise en scène de Autisme ? Pour nous, l’essentiel est invisible, je ne connaissais absolument rien sur le sujet.

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« L’Orage Africain – Un continent sous influence » De Sylvestre Amoussou

Avec Sylvestre Amoussou, Philippe Caroit, Sandrine Bulteau
Genre Drame
Nationalité béninois

Synopsis:
Le Président de la République d’un pays africain imaginaire, qui souffre de voir les richesses naturelles de son pays uniquement exploitées par des entreprises occidentales, décide de nationaliser tous les moyens de productions installés sur son territoire par des étrangers : puits de pétrole, mines d’or, de diamants, etc.
Évidemment, les Occidentaux apprécient peu : « C’est nous qui avons foré ces puits, nous qui avons creusé ces mines » ! Les Africains répondent : « Exact, mais c’est notre sous-sol ». Un combat féroce s’engage alors, où tous les coups sont permis. Surtout ceux qui sont interdits. Qui va gagner ? Cette histoire, bien sûr, est une fiction. Pour l’instant. Mais allez savoir…

La presse en parle :

Le Nouvel Observateur  par Xavier Leherpeur

Dénonçant un colonialisme toujours vivace et criminel, Sylvestre Amoussou signe un brûlot féroce, parfois manichéen mais mû par une vraie conviction militante.

La critique complète est disponible sur le site Le Nouvel Observateur

Le Journal du Dimanche par Alexis Campion

S’il cultive un certain exotisme et une ambiance malicieuse, le film ne tire que peu de légèreté de ce réquisitoire trop prévisible sinon trop avéré.

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