— Par Alain Nicolas —
Ferraillant avec humour et rigueur avec les tenants de la pensée unique, c’était un universitaire de pointe, un éducateur généreux, un militant pugnace. Et aussi un romancier subtil et attachant.
L’objectif que se donnait Bernard Maris, c’est avant tout de libérer les consciences.
«Pleurons sur les patrons », titrait sa chronique de Noël, où il étrillait Patrick Kron, d’Alstom, Bouy-gues, Gattaz et Kessler, avant de conclure. Un titre qui rend un son bizarre, aujourd’hui que disparaît l’Oncle Bernard, dont le rendez-vous hebdomadaire était devenu incontournable. Bernard Maris était en effet un des piliers de Charlie Hebdo, dont il avait été en 1992 un des refondateurs. Rien ne prédisposait pourtant ce jeune Toulousain brillant, diplômé de Sciences-Po en 1968, docteur en économie en 1975, promis aux plus hauts sommets académiques, à devenir un des trublions de la pensée unique en économie. Il se déclarait keynésien, et, avant la vague libérale et les « reaganomics », « les keynésiens n’étaient pas de gauche », rappelait plaisamment Guy Sorman. Au moment où la doxa néolibérale ne supporte pas la moindre discordance, conserver ces convictions vous fait classer à gauche, pas extrême mais presque.

Exiger spécifiquement des musulmans de France qu’ils condamnent cet acte, c’est enfermer ces Français dans un étiquetage religieux. C’est donc poser sur eux un regard qui n’est pas républicain.
La nuit va tomber sur la place Roméro à Fort-de -France, comme elle est aussi tombée sur les locaux du journal « Charlie Hebdo », à Paris. Peu à peu, la foule s’assemble devant la banderole qui, parlant créole, nous rappelle
Pour la défense de la liberté d’expression, nos armes sont nos plumes, nos crayons. Nous sommes Charlie. Ils ont crié « On a tué Charlie hebdo ! »… Ils l’ont rendu immortel. L’horreur. L’horreur intégrale et prétendument intégriste. Aucun acte barbare ne saura jamais éteindre la liberté de la presse ni détruire l’esprit de la République. Puissions-nous savoir réagir et faire bloc face au terrorisme, plus que jamais unis dans la lutte contre l’obscurantisme ! Condoléances émues aux familles des victimes, à toute la France et à l’humanité agressée, mais plus que jamais debout face à l’inhumanité ! Horrifiés par l’obscurantisme qui enténèbre ce 7 janvier, en cette saison des vœux, triste coïncidence, nous formulons ce vœu, inspiré de l’article publié ce même jour par Marc Verhaverbeke sur Lumina Sophie dite Surprise de Suzanne Dracius : « Lumina évoque la lumière et Sophie la sagesse », y rappelle-t-il à juste titre. Puissent les lumières de Lumina et la sagesse de Sophie éclairer le monde ! À l’orée de cet an neuf, l’association Promolecture vous souhaite de savourer toute la douceur du monde épandue çà et là, tous azimuts, dans la modération des fureurs assassines, et de déguster toutes les douceurs du monde sans modération.
Mercredi à Paris, le journal Charlie Hebdo a été la cible d’une attaque terroriste. Douze personnes sont mortes. Des journalistes, des policiers, des amis. Au nom de tous les groupes de médias de France, nous adressons à nos confrères, à leurs familles, à ceux qui sont morts pour les protéger et à toute l’équipe de Charlie Hebdo nos pensées les plus émues. À travers eux, c’est la liberté de la presse et, plus encore, l’esprit de liberté qui sont touchés en plein cœur. La presse satirique bouscule, éveille et agite les consciences. Elle nous invite par l’humour à mieux déjouer les sectarismes et les fondamentalismes. Ceux qui sont morts hier plaçaient le rire au cœur de nos vies pour nous rendre plus libres. Plus que jamais, la liberté de pensée et la liberté d’expression animent notre travail quotidien. En ce jour de deuil, nous tenons à affirmer que nous ne céderons ni à la menace, ni à la terreur. Nous ne laisserons pas le silence s’installer et veillerons à combattre toutes formes de stigmatisations.
Des personnes qui massacrent les membres de leur famille avant de se suicider, des employés ou des lycéens qui déciment leurs collègues et amis à l’arme automatique , des « loups solitaires » ou des « cellules terroristes » qui attaquent des civils innocents à l’arme blanche ou à la bombe, des illuminés qui massacrent des centaines de villageois. Qu’est-ce qui explique cette débauche de barbarie ? Est-il possible d’y mettre fin ? Certains se lamentent : « Le monde est devenu fou ! », « Les derniers temps sont arrivés » et beaucoup se contentent d’espérer passer entre les mailles du filet en implorant la grâce des cieux ! Eh bien non ! Notre devoir est de nous mobiliser pour mettre fin à ces dérèglements qui détruisent nos sociétés. Cela, nous ne saurions y parvenir en nous contentant de réagir émotionnellement à quelques événements dramatiques sélectionnés, hiérarchisés et instrumentalisés. La barbarie s’étale quotidiennement et massivement sur tous les continents. Le bombardement des écoles de Gaza n’est pas moins terroriste que le massacres d’écoliers au Pakistan.
— Par Guy FLANDRINA, Président Fondateur Du Club Presse Martinique —
« Not Afraid » disaient les neufs panneaux lumineux qui deux heures durant ont tourné autour de la République. Même pas peur en quelque sorte comme le disent les enfants pour défier leur adversaire. Pas sûr que cela renvoie à une réalité vraie. Sur la place flotte un parfum de dénégation, cette révélation d’une vérité gisant au creux de sa négation. Des milliers, nous étions des milliers sur la place de la République, autour de la République, graves, silencieux, ne reprenant pas, ou faiblement les slogans de la poignée de jeunes agrippés aux jupes de Marianne, plus exactement sur le socle d’où elle se dresse et qui mettait en valeur une phrase : « Nous sommes CHARLIE ». Cette phrase on la retrouvait déclinée à la première personne du singulier en affiche, lettres blanches et grises sur fond noir, sur la poitrine de quelques centaines de personnes. « Je suis CHARLIE ». Sentiment de solitude dans la foule. On se parle peu. On est venu seul, en couple, à trois ou quatre, rarement plus nombreux. Un groupe plus étoffé, parle un peu plus fort en italien de la situation….
Selon une source policière interrogée par Libération, Charb, directeur de la publication, et Cabu, font partie des victimes.
« Vers une économie «humaine« ? Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux au prisme de notre temps, sous la direction de Laurent Loty, Jean-Louis Perrault
et Ràmon Tortajada. Éditions Hermann, 616 pages, 34 euros. L’ouvrage collectif entend révéler l’actualité des débats entre des pensées économiques issues des cultures religieuse et philosophique.
Comment les objets questionnent sur le statut de l’œuvre d’art,
se demandent Reist et Faulon…
Synopsis : Victoria, fillette noire de milieu modeste, n’a jamais oublié la nuit passée dans une famille bourgeoise, à Paris, chez le petit Thomas. Des années plus tard, elle croise de nouveau celui-ci. De leur brève aventure naît Marie. Mais Victoria attend sept ans avant de révéler l’existence de l’enfant à Thomas et à sa famille, issue de la bonne bourgeoisie, généreuse et ouverte. Sous le charme de la petite fille, ils lui proposent alors de l’accueillir régulièrement. Peu à peu, Victoria se sent dépossédée de sa fille…
C’est à partir du milieu du XIXe siècle que les entreprises spécialisées dans l’eau sont venues prêter » main-forte » aux communes ou à leur groupement en partageant leur(s) savoir(s) et leur savoir-faire dans le domaine. Si ces compagnies ont participé nettement aux progrès techniques liés au processus de production et de distribution de l’eau de boisson ainsi qu’à la collecte et à l’assainissement des eaux usées, elles ne sont pas pour autant propriétaires du réseau hydraulique français.
Consommer peut être généreux, et contribuer à la beauté du monde : c’est la proposition iconoclaste du dernier numéro de «la Revue du Mauss», que le sociologue Alain Caillé a coordonné.
A ceux qui pensaient que la crise démocratique provoquée par le spectacle odieux de l’injustice raciale et de la brutalité policière quotidienne aux États-Unis était déjà derrière nous, la révélation cette semaine du meurtre d’un énième jeune Noir, Antonio Martin, par un policier blanc à quelques kilomètres de Ferguson, Missouri, tristement célèbre, offre un réveil brutal.
Ce très beau texte de Jacques-Stephen Alexis nous a été envoyé par Jean Durosier Desrivières, puis par d’autres. Qu’ils en soient remerciés.
Pendant des jours et des jours, les analystes mainstream nous ont dit et répété, du haut de leur pupitre télévisuel ou journalistique, que la fin du « régime » russe était proche. D’après eux, les fameux « marchés financiers » avaient décidé du haut de leur grandeur que cette nation était destinée à revivre les jours de pénurie de l’époque Boris Eltsine. Les marchés – nous expliquaient-ils – avaient émis leur sentence, et même la Russie devait, comme toutes les autres nations, s’incliner devant leur divine volonté.
Le jeudi 6 novembre dernier, s’est tenue, à l’Atrium, une première présentation du livre récemment paru : Lacan aux Antilles de Charles MELMAN.
Face à la nécessité de changer de logiciel social, face aux défis de la mondialisation, du réchauffement climatique et des migrations de la misère, la France se réfugie dans un nationalisme ethnique annonciateur d’un retour vers le futur des crispations qui ont jalonné l’histoire du XXème siècle. La montée du Front National de Marine Le Pen en est l’indice le plus flagrant, Marseille et la Région PACA le laboratoire le plus pertinent. Pour l’heure, nous n’en sommes qu’aux prémices symboliques, mais le réveil sera dur pour ceux qui croient encore que le principe de laïcité protège leur droit à la différence dans la République. Car il faut le répéter, la conception laïque du FN est une conception ethnique, excluante et exclusive : parmi les Français non originaires d’Europe, seuls ceux qui acceptent de renier leur culture, de s’aliéner et de s’assimiler à la francité gallo-romaine, auront droit de cité. Stéphane Ravier, sénateur-maire FN du 14ème arrondissement de Marseille depuis quelques mois, vient d’en donner une énième illustration. Aimé Césaire, symbole parmi les symboles d’une autre conception de la France, en est le prétexte.
En 1848, l’abolition de l’esclavage, par la Seconde République, a libéré des chaînes plus de 250 000 esclaves. Par l’application du suffrage universel, ceux des Antilles, de la Guyane et de la Réunion ont, en théorie, été dotés des mêmes droits civils et électoraux que tous les citoyens (masculins) de la métropole. La réalité a été fort différente. Ces citoyens colonisés sont longtemps restés soumis à un régime d’exception. Au Parlement, à Paris, leurs députés votaient des lois qui ne leur étaient pas applicables ! Le pouvoir exécutif et les gouverneurs locaux s’occupaient de leur sort.
Alors que la somme des richesses créées n’a jamais été aussi importante, 2014 s’affirme comme l’année de toutes les inégalités. Même des organismes aussi libéraux que le FMI et l’OCDE s’en alarment !
Le titre est mystérieux, difficile à interpréter et c’est volontaire.. N’allez pas croire qu’il s’agit d’une pièce politique sur les sempiternelles négociations autour de la DMZ (demilitarized zone), ce no man’s land qui s’étend sur 250 km, d’une largeur de 4 km à la hauteur du 38ème parallèle et qui sert de ligne de démarcation entre les belligérants de la guerre de Corée depuis 1953. Deux ou trois indications peuvent, tirées par les cheveux, établir un très, très loin rapport entre la pièce de Pommerat et la DMZ. Premièrement la réunification semble impossible, deuxièmement plus on se parle moins l’on s’entend, troisièmement le dispositif scénique est lui aussi un couloir mais pas tout à fait démilitarisé puisque c’est là que les affrontements se déploient.
2012, dans nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, dans la petite ville d’Aguelbok, une lapidation devant ses enfants d’un couple, uni par l’amour mais qui avait commis le crime de ne pas en référer à la mosquée.. L’assassinat filmé avec des instruments venus de l’Occident est diffusé sur les ondes des serviteurs de Satan : internet. Il n’échappe pas à l’attention vigilante d’Abderrahmane Sissako, ce cinéaste , d’origine mauritanienne et souvent considéré comme le plus grand des réalisateurs africains. On lui doit, entre autres, Bamako tourné en 2006 et projeté sur nos écrans en Martinique. Passeur d’une conscience collective révoltée il met son talent au service de la dénonciation des faits scandaleux qui donnent une image déformée de l’Afrique ou qui, dans le cas présent, défigurent l’Islam. 2012 est aussi l’année de l’occupation de Tombouctou par des djihadistes venus du nord et l’exécution sur la place centrale de la ville d’un touareg éleveur de vaches qui dans le film que Sissako va construire occupe l’avant-scène, la lapidation du couple pourtant déclencheur du désir de témoigner passant au second plan.