— Collectif —
Pour les rescapés rwandais vivant en France, la République doit aujourd’hui présenter ses excuses aux victimes et familles endeuillées.
En 1994, nous étions pourchassés, traqués, renvoyés à la condition animale par nos meurtriers parce que nous étions nés tutsi. Dans ces moments d’immense solitude, envahis par une peur extrême de mourir découpés à la machette, nous fabriquions des lueurs d’espoir pour nous accrocher à la vie qui nous échappait à chaque minute qui passait
Puisque nous étions convaincus de notre appartenance à la communauté des humains, beaucoup d’entre nous, jeunes et naïfs, se sont dit que « le monde » viendra nous secourir dès qu’il saura ! D’autres ont vu très tôt leurs espoirs s’évaporer en voyant les soldats étrangers trier ceux qui possédaient les bons passeports pour être évacués. Leur vie et celle de leurs chiens valaient plus que celle des Tutsi.
De moins en moins nombreux au fil des jours et des semaines qui passaient, affamés, trempés jusqu’aux os, lassés, nous avons miraculeusement déjoué la mort.