Nos vies, leurs stocks et leurs profits

— Par Max Dorléans, GRS —

S’il y a une chose qui compte en général chez tout capitaliste, ici comme ailleurs, c’est le profit. Et cela, sans souci particulier pour les dommages collatéraux que sa recherche peut occasionner.

De ce point de vue, les dégâts écologiques multiples faits à la planète à l’échelle mondiale pour les intérêts des multinationales, comme la déforestation de l’Amazonie pour les industries de l’élevage ou l’agriculture intensive au détriment des populations indigènes, ou encore l’extractivisme concernant le pétrole, les gaz de schiste, l’or en Guyane…sont une parfaite illustration en ce sens.

Et ce qui vaut à l’échelle internationale, vaut également chez nous même. Ainsi l’exemple fourni ces jours derniers par le Groupe Bernard Hayot (GBH), avec son besoin d’écouler (pour ne pas perdre un seul euro) ses derniers stocks de bouteilles de rhum portant encore des effigies à la gloire de la période coloniale (écusson aux 4 serpents…), indépendamment de la douleur et de la blessure que celles-ci peuvent coûter à la mémoire et à la conscience populaire martiniquaise.

Une vérité confirmée par l’un de ses représentants, Charles Larcher, pour lequel l’écoulement des stocks reste une priorité, malgré une situation sociale où la question de l’esclavage et de ses symboles est d’une actualité brulante, qui préoccupe une importante fraction de la population.

Le capitalisme, c’est la recherche du profit avant tout. Quoi qu’il en coûte ! Ni le respect de la dignité de l’autre, ni l’empathie à témoigner aux descendants des esclaves au regard des souffrances et atrocités subies par leurs ancêtres, ni…ne valent devant le fric-roi. C’est vrai aujourd’hui, comme cela l’a été hier avec le chloredécone, où la nécessité d’écouler les stocks au-delà de la période d’interdiction de son usage, a également primé – malgré les informations scientifiques sur la dangerosité du produit – sur le risque d’intoxication des ouvrier/es agricoles, et d’empoisonnement et de mort de milliers de martiniquais et guadeloupéens.

C’est absolument ce que nous devons, toutes et tous avoir en tête, pour entendre, que ce qui compte fondamentalement pour tous les capitalistes, dont GBH, c’est la recherche du profit à tout prix ! Ce qui nous conduit à dire, qu’en régime capitaliste, nos vies valent moins que leurs profits ! Ce qui aussitôt nous conduit à dire que ce système de prédation au détriment de l’humain et de la nature, il faut s’en débarrasser !

Max Dorléans (GRS)