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Exhibit B :« Censurer, c’est donner raison à toute censure »

— Par Alain Foix —

alain_foix-2Le point de vue d’Alain Foix, écrivain, philosophe, dramaturge, metteur en scène et scénariste français né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).

«On me dit : “Fais attention en sortant, ils cassent la gueule aux Noirs venus voir Exhibit B !” Je passe barrières et CRS, et m’engouffre dans la foule qui manifeste. Une femme m’interpelle :

– Comment c’est ?

– Pas de quoi fouetter un chat noir. Je développe et l’incite à voir par elle-même. Bientôt se forme un cercle mitigé de curieux et d’hostiles. On me tend un micro et je décris l’installation.

– On met des Noirs en cage ! crie quelqu’un. – Non, ce sont les spectateurs qui sont en cage. Cette installation dénonce ce qu’elle présente. Une œuvre est par nature critiquable. Mais la censurer, c’est donner raison à toute censure.

On me pose une foule de questions, dont on n’attend pas la réponse. Et celle qui devait venir vient : “Est-ce que Dieudonné, c’est de l’art ?” Un artiste, j’aurais répondu oui, c’est son statut. Mais derrière le mot “art”, se cache un abîme de malentendus, et je devine la question non posée : “On interdit Dieudonné et on pose un cordon de CRS devant un spectacle qui malmène l’image du Noir.

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« Exhibit B » à Saint-Denis : le théâtre face aux « antinégrophobes »

— Par Laurent Carpentier —

exhibit_bLa barrière a commencé à vaciller. Franco – alias le Pacificateur dans l’ancien groupe de rap La Brigade –, a grimpé sur la première marche le mégaphone à la main. « Mon corps n’est pas à vendre ! », « Décolonisons l’imaginaire ! », disaient les sages banderoles. « Salopards ! » a hurlé une pasionaria petite et baraquée. Et c’est alors que tout est parti en vrille : les barrières se sont effondrées, les grands costauds – tee-shirts noirs fraîchement endossés – de la Brigade antinégrophobie ont ouvert la voie et jeudi 27 novembre la foule galvanisée s’est ruée sur le Théâtre Gérard-Philipe (TGP) à Saint-Denis en banlieue parisienne. Une vitre brisée d’une frappe de marteau, quelques coups donnés, un début d’envahissement rapidement repoussé par la sécurité et des policiers arrivés en courant qui n’avaient visiblement rien vu venir.

Voir aussi :le portfolio sur cette manifestation

Tout ça pour quoi ? Exhibit B, une déambulation-spectacle du Sud-Africain Brett Bailey, antiraciste convaincu, cherchant à montrer au travers d’une série de tableaux vivants la souffrance infligée aux Noirs, depuis la Vénus Hottentote exhibée dans les foires au XIXe siècle jusqu’aux immigrés attachés et bâillonnés à des sièges d’avion pour être renvoyés chez eux.

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Le préfet interdit les exhibitions d’armes factices

Le préfet de Martinique a publié ce jeudi un arrêté interdisant formellement sur la voie publique l’exhibition de toute «arme factice», après la parution de plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrant de fausses armes, qui ont «choqué» la population. L’arrêté interdit le port visible de tout objet ayant l’apparence d’une arme à feu «sur la voie publique, dans les transports publics et les établissements recevant du public, notamment dans les établissements scolaires, les débits de boissons ou discothèques et salles de spectacles, ainsi que dans les lieux privés ouverts à la libre circulation du public».

Cet arrêté intervient après que les réseaux sociaux «ont colporté des vidéos montrant des armes factices exhibées sur la voie publique», précise le communiqué de la préfecture. Ces images qui ont «profondément choqué», dit le communiqué, montrent tantôt quatre collégiens se promener calmement devant la mairie de Fort-de-France avec un faux pistolet à la main, tantôt des collégiens de Saint-Joseph (centre) qui tournent un clip de trap music (forme de rap) en brandissant des armes factices.

Pour les autorités, qui veulent «garantir la sécurité et la tranquillité des Martiniquais», il s’agit d’un «trouble à l’ordre public» mais aussi de comportements dangereux.

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Group Exhibition à l’espace 14N 61 W

Du 19 janvier au 3 mars 2019 à l’espace 14N 61 W

GROUP EXHIBITION
Works on paper
avec / with
Philippe Alexandre – Robert Charlotte – Bruno Creuzet – Nicolas Derné – Jean-Ulrick Désert – Julien Grenier – Norville Guirouard-Aizée – Roman Liška – Louisa Marajo – Sébastien Mehal – Bruno Sentier – Yoan Sorin

espace d’art contemporain 14N 61W fête ses 6 ans et commence son programme d’expositions avec Group Exhibition, une présentation d’oeuvres sur papier par les 12 artistes de la galerie.

Group Exhibition comprend un large éventail de techniques et présente une collection variée de peintures, dessins, impression, photographies, assemblage et découpage. Le support de papier est la seule constante de l’exposition, qui évite délibérément de mettre l’accent sur l’hétérogénéité des positions, mais permet au spectateur, au public de voir ces oeuvres sur papier plus ou moins récentes.

L’exposition mettra en lumière la profondeur des pratiques artistiques, en traçant des affinités de formes et de couleurs parmi les œuvres de l’exposition, tout en soulignant leur capacité à basculer entre différents supports, allant du crayon à l’encre, aux huiles.

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Des giboulées de mars…culturelles !

— Par Janine Bailly —
giboulees_culture_marsSur l’île, le mois de mars est celui où débute la saison nommée Carême, sèche et gorgée de soleil, tandis que là-bas, sur le sol hexagonal, des averses subites marquent le passage de l’hiver au printemps. Pour nous, les giboulées de mars furent… culturelles ! Une effervescence de bon aloi s’est en effet emparée de divers lieux, parfois mythiques et de belle esthétique. À tel point que l’on dut faire des choix, certes douloureux, entre les activités qui nous étaient offertes ! De ce « bouillon de culture », je ne puis partager que quelques bribes sur la toile, tant il faudrait de pages pour rendre compte de cette surprenante déferlante d’expositions, de spectacles, de films en VO, de colloques et conférences, tous événements passionnants. Qui oserait déclarer, comme on l’entend parfois encore, qu’il « ne se passe rien à la Martinique ?», alors qu’on ne savait plus où donner ni de l’oreille ni des yeux ?
Venu de France, Guillaume Pigeard de Gurbert, qui a enseigné quelques années sur l’île, a donné une série de conférences aux Foudres Habitation Saint-Étienne (Foudres HSE), en cette salle sur laquelle plane toujours l’esprit protecteur d’Édouard Glissant, et qui accueille diverses manifestations culturelles.

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« Poétique et politique de l’altérité : »

Domaine de Fonds Saint-Jacques La Purgerie jeudi 12 & vendredi 13 mars 2015

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Colloque  International interdisciplinaire :colonialisme, esclavagisme, exotisme dans la littérature et les arts (XVIIe-XXIe siècles)

présentation du projet

L’objectif de ce colloque scientifique, motivant un partenariat entre les Universités des Antilles (Faculté des lettres de Martinique), de Paris 8 et le domaine de FondsSaint-Jacques, consiste à mettre en débat les ambivalences structurelles des représentations de l’altérité dans la culture de langue française, et à mettre en évidence les contradictions idéologiques et ambivalences de l’hybridation de formes allant des pratiques artistiques au divertissement populaire, par intégration d’éléments issus des cultures de l’ailleurs à une forme de politique de la représentation de l’altérité.

L’analyse de spectacles, films, catalogues, livrets, entretiens, prospectus touristiques, est destinée à mettre en évidence les contradiction sidéologiques d’une curiosité pour l’autre et d’une réhabilitation de cultures de l’ailleurs qui peut conduire aujourd’hui à une forme d’instrumentalisation paradoxale de l’altérité.

il revêt plusieurs caractéristiques

– Perspective trans-séculaire : le colloque repose sur une mise en perspective largement diachronique, allant de la première modernité, à la fin du XVIIe siècle, qui à lafaveur des grandes explorations, voit émerger la littérature viatique et l’anthropologie, jusqu’à notre monde post-colonial contemporain.-

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L’éphéméride du 23 mars

Ouverture, à Londres, d’une exposition de cadavres le 23 mars 2002

Gunther von Hagens, anatomiste, expose ainsi ses modèles dans des postures diverses après les avoir plastinés. La plastination est une étape qui vise à remplacer l’eau et les graisses des tissus par du silicone, de l’époxy ou du polyester. Clou de l’exposition : un joueur courbé sur un échiquier, son crâne ouvert dévoilant son cerveau et un cavalier à cheval tenant un fouet dans une main, son cerveau dans l’autre.

La plastination, aussi appelée imprégnation polymérique est une technique visant à préserver des tissus biologiques en remplaçant les différents liquides organiques par du silicone.
Histoire
Cette méthode de conservation est créée en 1977 par l’anatomiste Gunther von Hagens. Elle est introduite par la suite au Canada par le docteur Régis Olry, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et ancien assistant de Gunther von Hagens.

Procédé
La plastination est réalisée en quatre étapes :

les corps ou parties de corps sont imprégnés de formaldéhyde (formol, produit chimique usuellement employé pour l’embaumement des corps ou la conservation de spécimens anatomiques) pour que ce dernier se fixe sur les tissus jusqu’à la moindre cellule, cette étape antibactérienne stoppe ainsi la thanatomorphose et l’autolyse des tissus.

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« Little Palestine, journal d’un siège », un film d’Abdallah Al-Khatib

Mardi 28 novembre au Teyat Otonom Mawon, Croix-Mission, F-de-F 🕊 Bar associatif 18h30 🍉 Séance 19h00
Titre original Little Palestine, Diary of a Siege
12 janvier 2022 en salle / 1h 29min / Documentaire
Little Palestine, journal d’un siège est un film documentaire syrien, tourné durant la guerre civile syrienne à Yarmouk, par le réalisateur palestinien Abdallah Al-Khatib, sorti en 2021. En France le film sort le 12 janvier 2022

Contexte historique
Yarmouk, ancien camp de réfugié palestinien en Syrie (le plus grand du monde), était devenu une ville populaire de la banlieue de Damas avant 2011. En 2011, au début de la révolution syrienne, dans le contexte des printemps arabes, la population de Yarmouk est considérée comme active dans les manifestations. Le régime de Bachar el-Assad et les services de renseignements y assurent la répression, avant d’assiéger la ville qui, comme bien d’autres villes de la banlieue de Damas, dont Daraya ou la Ghouta, se retrouve coupée du monde.

Synopsis :
Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas en Syrie), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde.

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Allô enfance en danger, 119 : un numéro pour les situations d’urgence

Victimes de violence, inquiets pour l’un de ses camarades, préoccupés par une situation d’enfant en danger ou en risque de l’être. Face à toutes ces situations, le 119, Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger, est le numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger. Pour agir contre les violences sexuelles faites aux enfants, le Gouvernement lance une campagne de communication nationale.

Faire prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants et apporter des solutions concrètes en matière de détection et de signalement tel est le but de la campagne lancée le 12 septembre 2023 par le Gouvernement.

Les enfants, adolescents et jeunes majeurs jusqu’à l’âge de 21 ans, ainsi que les adultes confrontés ou préoccupés par une situation de maltraitance d’un enfant, peuvent contacter le 119. Ce service est joignable sans interruption et est à l’écoute pour les signalements de violences sexuelles : inceste, viol, exhibition, attouchement, mutilation sexuelle, harcèlement, visionnage de pornograhie, etc.

Si vous êtes un enfant en danger ou une personne témoin ou soupçonnant qu’un enfant est en danger, vous devez :

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L’éphéméride du 23 mai

Découverte de Blanche Monnier, séquestrée pendant 25 ans

Blanche Monnier, née le 1er mars 1849 à Poitiers (France) et morte le 13 octobre 1913 à Blois, est une femme française connue pour avoir été secrètement enfermée par sa famille pendant 25 ans.
Biographie
Blanche Monnier naît à Poitiers en 1849 et grandit dans une famille de la bourgeoisie royaliste. Son père, Charles-Emile Monnier est ancien doyen de la Faculté de Lettres. Elle fut séquestrée par sa famille durant 25 ans dans le domicile familial. Après avoir été libérée, Blanche Monnier est internée dans un hôpital psychiatrique à Blois durant plus de dix ans, où elle décédera en 1913.

Faits
À la suite d’une dénonciation par lettre anonyme, le procureur général de Poitiers ordonne une perquisition chez Louise Monnier, devenue veuve. Blanche Monnier fut découverte le 23 mai 1901, à l’âge de 52 ans par un commissaire, accompagné de trois policiers, ligotée sur son lit, sous-alimentée et dans un état de faiblesse extrême. L’affaire suscite un émoi considérable après la parution du journal L’Illustration du 1er juillet 1901, affichant la photo de Blanche Monnier, amaigrie avec une chevelure particulièrement abondante.

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Photos Passion de Pascale Mariotte : L’Euplecte Franciscain

Un artiste dans tous ses états

C’est l’été… la saison préférée des semeurs de vie et déjà le dancefloor s’anime et se remplit d’une multitude de minuscules danseurs, tous animés du fervent désir de se faire remarquer des belles en pâmoison devant le spectacle donné en leur honneur.

Chaque artiste revêt sa plus belle livrée et s’essaye aux exercices les plus acrobatiques et les plus spectaculaires. Chacun rivalise d’élégance et l’air se charge de testostérone façon petits lutins à plumes, alors que les réjouissances commencent çà et là.

Certains s’échauffent quand déjà d’autres se lancent dans une chorégraphie subtile qui hypnotise les spectatrices. En mode glamour, la troupe de danseurs évolue au rythme des claquements d’ailes et d’inclinaisons, le plumage hérissé pour donner du corps et du volume à leur habit de scène.

Quand quelques-unes de ces dames succombent au charme ravageur de certains artistes, il s’ensuit une course-poursuite laissant la piste libre aux autres interprètes de la séduction pour ensorceler le public restant, fasciné par l’exhibition.

L’ambiance de la tribune des spectatrices est survoltée et c’est un festival de voltiges aériennes qui se joue au-dessus des hautes herbes.

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« Interfaces » Exposition d’Henri Tauliaut

Tropiques-Atrium Galerie Arsenec du 8 novembre au 3 décembre 2022

Dans la veine et l’esprit de Empowerment, exposition présentée au Fonds d’Art Contemporain de Guadeloupe en 2018, et d’ADN Caraïbe proposée en juillet dernier toujours sur l’île papillon, Henri Tauliaut poursuit ses explorations croisées entre nature, sciences, art et rituels avec son nouvel opus titré Interfaces. Les propositions de l’artiste et son postulat de recherches ne peuvent se départir du principe que l’interface représente bien l’idée d’une rencontre entre deux éléments, milieux ou systèmes distincts ; il permet donc le passage d’un système à un autre, par exemple du monde analogique au monde numérique, du réel au virtuel. Henri Tauliaut va alors développer la question sous-jacente à cette exposition : quel type de dispositif pourrait permettre la relation entre humains et non humains?

C’est avec une série d’installations et d’oeuvres interactives que l’artiste guadeloupéen installé de longue date en Martinique va investir la Galerie Arsenec pour partager ses expériences pluridisciplinaires. Vous êtes cordialement invités à participer à cette aventure artistique et sensorielle et trouverez ci-­‐dessous la biographie de l’artiste, le carton d’invitation pour le vernissage de l’exposition, ainsi que le visuel de INTERFACES.

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Universités : l’ampleur des discriminations pointée par une étude inédite

— Par Leïla de Comarmond —

Les premiers résultats de la vaste étude lancée en 2018 sur les discriminations dans les établissements supérieurs et de recherche montrent l’importance des violences sexuelles et sexistes à l’université subies par les étudiantes. Elle montre aussi des discriminations d’origine chez les personnels.

Quinze ans avant #MeToo, des doctorantes et doctorants en sciences sociales créaient le Clasches, acronyme de Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur, pointant la nécessité de s’attaquer au problème. Mais jusqu’à présent, aucune étude suffisamment générale n’était venue mesurer l’ampleur du phénomène des violences sexuelles et sexistes. Tout comme d’ailleurs celle des discriminations subies par les personnels des établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

C’est le double objet d’une vaste enquête baptisée Acadiscri lancée en 2018 avec le soutien du Défenseur des droits dans deux universités dont les noms ont été anonymisés. Les premiers résultats de ces travaux qui seront rendus publics ce jeudi matin lors d’un colloque de l’institution indépendante en charge de la lutte contre les discriminations , livrent un diagnostic inquiétant de la situation.

Sexisme, harcèlement, agression…

Son focus sur la population étudiante réalisé dans l’université rebaptisée Bropolis révèle à la fois l’importance du sexisme ordinaire et celle des phénomènes de harcèlement et d’agression sexuels dans les universités.

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Nous ne voulons pas de votre « mesure »

Par Monchoachi

Le corps de l’homme est le nœud : il est l’originaire, le lieu natif d’où tout se met en mouvement et se propulse. Il est le support sur lequel tout vient se nouer. Traversé par la parole, il est la matrice en laquelle s’articule son rapport au temps, à l’espace et à la terre. Il est l’ultime où tout se joue. Il ne faut donc pas s’étonner qu’à chaque phase importante de l’évolution du monde, le corps constituât l’enjeu majeur, la mise décisive.

Déjà le christianisme, avec le génie particulier qui est le sien avait à juste titre saisi ce qu’a de véritablement crucial le corps. Il s’en est d’emblée emparé comme emblème; mais un emblème chargé d’ambigüité puisqu’il s’agit d’un corps martyrisé, châtié. Il l’a ensuite, de nouveau en toute ambigüité, métamorphosé en corpus dei (corps de dieu), ce qui constitue pour le moins une manière de l’absenter car le dieu de la religion de l’Unique n’a pas de corps, autrement dit: ou wèy, ou pa wèy, disparèt’ pran-y. Toutefois, l’exhibition du corps de Jésus, complaisamment orchestrée tout au long par l’art occidental du Moyen-âge, permettait par ailleurs au christianisme d’étendre son emprise à toute la terre, en particulier à la terre dite « païenne » (en laquelle, ne l’oublions pas, l’Europe du Moyen-âge se trouve incluse); autrement dit, d’étendre son emprise partout là où le corps est incontournable comme axe accordant l’homme au monde.

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« Liebestod El odor a sangre no se me quita de los ojos Juan Belmonte Histoire(s) du théâtre III » par Angélica Liddell

Histoire du théâtre, ou histoires de théâtre? Le sous-titre proposé par Angélica Liddell est ambigü, quant au titre lui-même (« la Mort d’amour », titre repris du final de l’opéra « Tristan und Isolde »), il est plus explicite et place le spectacle à mi-chemin de l’histoire du torero Juan Belmonte et de celle de l’autrice elle-même. « Juan Belmonte affirmait que l’on torée comme on est, on torée comme on aime », explique-t-elle. La corrida comme exercice spirituel, comme voie d’accès à la transcendance ! Car de l’aveu de l’autrice même, elle fait du théâtre comme Juan Belmonte toréait. Ce qu’elle met en scène, c’est l’angoisse de mort mais aussi la pulsion de mort. La recherche d’une spiritualité, le retour du tragique dont l’homme occidental moderne a perdu le sens. Pour ce faire, elle devient torero elle-même, par le biais du costume certes, mais aussi à travers ses vociférations, ses mouvements de danse et son corps en transe. Le spectacle tient de la cérémonie sacrée, appuyé par la musique tonitruante de l’orgue mais plus proche du vaudou que du rituel chrétien.

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« Samson », texte et m.e.s. de Brett Bailey

En 2013 il présentait au public d’ Avignon Exhibit B avant d’investir le Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis en novembre 2014. Depuis quatre ans déjà cette installation, instruisait, dans la quinzaine de pays européens où elle avait été invitée le procès de la colonisation de l’Afrique, à travers douze tableaux scéniques construits à partir de faits réels, des « pièces à conviction » ( Exhibit). La pièce qui mettait le spectateur en position de voyeur à l’instar de celui qui visitait les zoos humains du débit du Xxè sicècle, s’est très vite trouvée au centre d’une vive polémique. Des pétitionnaires ont réclamé son interdiction, des représentations ont été annulées, d’autres se sont déroulées sous la protection de la police !

En 2021, Brett Bailey, un sud-africain blanc de peau, puisque c’est de lui dont il s’agit présente dans le In sa dernière création «  Samson ». La légende est bien connue : le héros biblique dont la force surhumaine provient de la chevelure et qui lui est interdit de couper, doit conduire son peuple, esclave des Philistins, à la révolte. Il est un cadeau de Dieu fait à mère stérile jusqu’alors.

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La biguine, une histoire créole

Par Clémence Guinard —

Issue de la culture créole, la biguine est une musique et une danse devenue le symbole d’une identité aux Antilles. Retour en vidéo, avec Bertrand Dicale, sur ses origines et son héritage.

« Vous savez, aux Antilles, on aime bien se frapper la poitrine en disant : ‘C’est notre musique !’. C’est évident que la biguine, c’est notre musique. », commence Bertrand Dicale, journaliste et commissaire de l’exposition Traces musicales de l’esclavage à la Sacem. « C’est la musique de nos parents, de nos grands-parents, de nos arrière-grands-parents. Si je voulais être romantique, je dirais que c’est une musique qui nous coule dans les veines. »

L’emblématique biguine est apparue aux Antilles, et notamment à Saint-Pierre en Martinique, à la fin du XIXe siècle, quelques décennies après l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Ce genre mélange deux cultures musicales : européenne et antillaise. « Se rencontrent dans la biguine : le bèlè, qui est un rythme rural martiniquais, et la polka, qui est un rythme urbain européen », développe Bertrand Dicale.

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Un projet artistique innovant et itinérant ! Imaginé par l’association Un Œuf

Un Œuf c’est quoi ?

Depuis sa création, en 2016, le collectif d’ “Un Oeuf » a pour objectif de valoriser la création martiniquaise en permettant à des artistes émergents de se produire et de développer leur processus de création

+ de 150 artistes accueillis

250 représentations artistiques

2 grands projets monumentaux d’Art dans la ville

60 bénévoles mobilisés

Des interventions auprès de public scolaire (30 à 40)

Plus de 6000 spectateurs

Le projet AN POUL C’est quoi?

Le concept d’An Poul’ a été conçu à l’issu de plusieurs constats :

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Entretiens sur l’art et la Culture – La Porte du Tricentenaire à Fort de France

Rencontre dimanche 18 octobre à 10h00 devant la Porte du Tricentenaire

— Par Matilde dos Santos —

L’Association International de Critiques d’Art, section Caraïbe du Sud a lancé en septembre dernier une série de rencontres en Martinique : les entretiens sur l’art et la culture, pour amener des artistes ou des experts à converser sur la place publique, autour d’une œuvre d’art ou un objet culturel au sens large (constructions, vestiges amérindiens, statues, pratiques culturelles….).

L’objectif est d’ouvrir le dialogue à un public plus large que celui habitué aux expositions d’art contemporain mais aussi de participer au débat sur les objets qui partagent l’espace public, qu’ils soient artistiques ou mémoriaux. Les objets de mémoire, choisis à un moment donné pour honorer un personnage ou moment historique véhiculent des valeurs et des imaginaires, souvent questionnables, d’autant plus qu’ils s’imposent à toute la population, alors qu’ils ne correspondent qu’à la vision d’un groupe. Certains de ces monuments ont été récemment détruits en Martinique. Certains méritaient sûrement d’être retirés de la place publique, d’autres auraient peut-être été plus utiles contextualisés. D’autres encore avaient déjà été en quelque sorte décolonisés comme la statue de Joséphine de Beauharnais décapitée et la Porte du Tricentenaire.

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« Mignonnes », un film de Maimouna Doucouré

À Madiana les 8, 9, et 11 octobre 2020. Horaires ci-après.

Avec Fathia Youssouf, Medina El Aidi, Esther Gohourou
Nationalité Français
19 août 2020 / 1h 35min / Drame, Comédie

Synopsis :
Amy, 11 ans, rencontre un groupe de danseuses appelé : « Les Mignonnes ». Fascinée, elle s’initie à une danse sensuelle, dans l’espoir d’intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial…

La presse en parle :

Madinin’Art par Roland Sabra

Plongée dans un conflit de socialisation entre culture africaine islamisée et occidentalisation Amy au sortir de l’enfance, tout juste pubère, est traversée d’une dissonance cognitive qui la livre à elle-même. Elle se cherche confrontée aux deux figures identificatoires lui sont proposées : le corps effacé,  momifié sous le voile religieux ou le corps méprisé, galvaudé, exhibé comme marchandise. Deux faces d’une même négation de la femme. Elle va parer au plus pressé. Elle vient d’avoir ses premières règles. Selon les codes culturels de la société d’où viennent ses parents, elle peut être mariée d’office comme c’est arrivé à sa grand-tante qui le lui explique. C’est la dimension musulmane de la socialisation biface dans laquelle elle est plongée qu’il lui faut dans un premier temps conjurer.

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« Sauvages, au cœur des zoos Humains » sur Arte

Rediffusion le 5 septembre 2020 à 20h50 / Arte

Le documentaire Sauvages, Au cœur des zoos humains est réalisé en 2018 par Pascal Blanchard, historien, spécialiste des « zoos humains » et Bruno Victor-Pujebet, auteur-réalisateur. Il retrace les destins de six exhibés à travers des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoignages de leurs descendants. Primé en septembre 2019 par le Prix Italia dans le cadre du International Festival for Radio, TV and Web, pour sa qualité et sa créativité, il est rediffusé sur Arte les 5 septembre à 20h40, mais aussi 13 et 16 septembre puis le 2 octobre 2020. Belle rentrée pour le film, après une carrière internationale de la Belgique à la Suisse en passant par le Canada.

Lire aussi :Sauvages, au cœur des zoos humains. Un film choc… et des images qui choquent —par Roland Sabra —

Le documentaire Sauvages, Au cœur des zoos humains est réalisé en 2018 par Pascal Blanchard, historien, spécialiste des « zoos humains » et Bruno Victor-Pujebet, auteur-réalisateur. Il retrace les destins de six exhibés à travers des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoignages de leurs descendants.

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Le malheur du monde

Pour la distance de précaution. Contre la distanciation sociale

Par Joël Des Rosiers, MD, FRCP, IPA, Psychiatre, psychanalyste, écrivain —

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. » écrit Albert Camus dans Poésie 44 un essai paru en 1944, durant la Deuxième Guerre mondiale. L’objet en question est à définir comme un objet philosophique, c’est-à-dire le résultat d’une activité de la pensée, que le sujet se préoccupe du monde ou de lui-même. S’agissant de l’expression « distanciation sociale », calque de « social distancing », on ne peut que regretter le coupable empressement avec lequel elle s’est illustrée dans les médias et les réseaux sociaux.

Négation de la loi d’échanges entre les hommes, décrété au nom de l’impératif d’endiguement de la contagion, le syntagme est désormais passé dans la langue et pas seulement. Ne le retrouve-t-on pas flanqué d’une congruente cohorte de termes techniques issus du novlangue dont l’infâme jargon collapsologie, science de l’effondrement de la civilisation ? La distanciation sociale ne représente pas moins un contresens moral et historique. Parce que distanciation signifie refus des liens entre les classes sociales et fut dans un autre contexte introduit par le dramaturge Bertol Brecht pour définir un processus critique de création théâtrale, il y résonne de ce fait un jeu d’équivoques.

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« Pourquoi interroger la race au théâtre ? »

— Par Sylvie Chalaye —

Sylvie Chalaye, anthropologue et historienne, codirectrice de l’Institut de recherche en études théâtrales de l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle (France) est spécialiste des arts du spectacle et des représentions du monde noir dans les sociétés occidentales. À l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Race et théâtre. Un impensé politique (Actes Sud-Papiers, 15 janvier 2020), l’auteure interroge la persistance d’une distribution stéréotypée des rôles en fonction de la couleur de peau. Elle a également publié « Cirques, scènes et café-théâtre ou le mélange des genres (1850-1930) », in Exhibitions. L’invention du sauvage, Arles/Paris, Actes Sud/Musée du quai Branly, 2011, Culture(s) noire(s) en France : la scène et les images, Africultures, n°92-93, 2013 ainsi que Sexualités, identités et codirigécorps colonisés (CNRS Éditions, 2020)

Le monde du théâtre est loin d’être représentatif de la diversité chromatique de la société française. Alors que les médias, la publicité, la mode sont aujourd’hui soucieux de se faire le reflet de la diversité des consommateurs, le milieu théâtral tente d’expliquer ce manque par la rareté des personnages noirs au répertoire. Mais que connaît-on de la carnation des personnages ?

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Le Musée de l’Illusion, à Paris, promet des expériences renversantes

— Par Odile Morain —
Ce tout nouveau musée vient d’ouvrir ses portes dans le centre de Paris. Un parcours étonnant où tous les sens sont mis à contribution.

Illusion d’optique, distorsion des formes, trompe-l’œil, le Musée de l’Illusion de Paris promet une multitude d’expériences renversantes. Il vient tout juste d’ouvrir dans le quartier des Halles et attire déjà de nombreux visiteurs.

Inégaux face à l’illusion d’optique

Avec plus de 60 installations interactives, le parcours immersif invite les visiteurs à expérimenter leurs sensations cognitives et sensorielles. Et face aux illusions, chacun réagit différemment. « Il y a des gens qui vont imprimer et réagir sur certaines exhibitions simplement parce que leur œil, leur éducation et leur façon de vivre diffère des autres », explique Steven Carnel, co-fondateur du musée.

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« Déconstruire les images de l’éroticolonie »

—Par Sylvie Chalaye et Pascal Blanchard —

Sylvie Chalaye est anthropologue et historienne, codirectrice de l’Institut de recherche en études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Pascal Blanchard est historien, chercheur LCP/CNRS (Paris), codirecteur du Groupe de recherche Achac

 « Sage comme une image » dit la formule populaire… et il est vrai que le danger, ce ne sont pas les images en soi, mais leur performativité, leur capacité à habiter notre inconscient sans que l’on ne s’en rende compte, de manière insidieuse, et surtout subliminale, parce que nous perdons à notre insu notre libre arbitre, nous sommes agis par les images et ce qu’elles contiennent sans prise de distance, sans prise de conscience. L’action des images procède par infusion de la société, une infusion de masse qui entretient un conditionnement dont il est difficile de se défaire.

La littérature d’anticipation et le cinéma ont largement dénoncé la capacité des images à impressionner nos représentations et nos imaginaires, mais l’influence secrète des images du passé n’a pas encore été largement étudiée. C’est à l’évidence un immense chantier pour les historiens et les chercheurs que de s’attacher aux images traitant de la sexualité, de la corporalité et de la domination en contexte colonial.

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