— Par Dominique Daeschler —
Derrière ce titre (gaspillé, raté, défoncé), quatre vies qui vont le justifier à travers dialogues, monologues, chants. L’auteure, rompue au « spoken word » et à l’usage du vers shakespearien slamé, a trouvé une authenticité dans la parole donnée à ses personnages qui fait d’emblée du public un témoin de leur détresse. Martin Jobert metteur en scène a choisi des acteurs qui ont l ‘âge de leurs personnages Ted, Charlotte, Dan ( 25 ans environ) ce qui renforce ce côté de « plein pied », d’invitation à partager avec des potes.
Ces potes, rassemblés pour l’anniversaire de la mort de Tony qui les a secoués dans les rêves de leurs 15 ans rattrapés par le trio fête-drogue- alcool. Qu’ont-ils fait depuis ? Qu’auraient-ils fait avec lui ? Dans la vacuité du quotidien , passés à côté de leurs rêves, le temps ne leur fait pas de cadeau. Chacun réagit différemment . Ted s’il admet faire un boulot qu’il déteste voit dans sa vie tranquille, le salaire régulier et les petits bonheurs du quotidien des choses qui l’aident à vivre : fumer parce qu’il fait froid, entendre la clé de sa compagne tourner dans la serrure.

« Le Canard sauvage », texte d’Ibsen, Adaptation et m.e.s. T Ostermeier
— Par Dominique Daeschler —
— Par Dominique Daeschler —
Comme à son habitude, au théâtre de l’Oulle, Julie Timmerman empoigne le plateau et le spectateur. Pas de décors : le juste nécessaire ( une table, un fauteuil, un grand tableau) qui permet les changements à vue. De façon quasi obsessionnelle, les murs sont recouverts d’affiches, de photos, de cartes : il convient d’expliquer pour bien comprendre, pour convaincre, faire exister sa pensée. Et il faut aller vite, vite, pardon papa Brecht, car aujourd’hui c’est le temps des fake news, du Big Data.
Une ombre vorace, texte et m.e.s. Mariano Pensotti
— Par Dominique Daeschler —
Fraîchement paru aux éditions Autrement, un long plaidoyer pour la reconnaissance du travail des Sœurs Nardal ( antiracisme, féminisme, élaboration d’une conscience noire…), écrit par la journaliste Léa Mormin-Chauvac dont on a pu récemment voir le documentaire qui leur est consacré (en collaboration avec MC Gambart) sur France Télévisions.
— Par Dominique Daeschler —
A travers deux livres « un Afghan à Paris » et « Chant de la mélancolie », Mahmud Nasimi évoque le long périple qu’il a accompli avant d’arriver à Paris : Iran, Turquie, Grèce, Serbie, Hongrie, Autriche, Allemagne, Belgique. Parti précipitamment de Kaboul en 2013 car menacé, il prend la route de l’exil et y connaît ces douleurs multiples qui blessent jusqu’à l’intime : peur, soif, faim, duplicité des passeurs, vols et trahisons, prison et chantages…
— Avignon 2023 —
— Festival d’Avignon — Carolina Bianchi, metteuse en scène, autrice et interprète travaille à Amsterdam avec le collectif artistique Cara de Cavalo. Elle aime mêler performance, danse, théâtre pour entrer dans un univers syncrétique qui crée volontairement ou non une confusion entre réel et imaginaire, entre passé et présent. 
— Festival d’Avignon — 
— Festival Avignon —Fred Cacheux s’empare de Gros Câlin, un des romans que Romain Gary publia sous le pseudonyme d’Emile Ajar et en fait un petit bijou : finesse de l’adaptation, bonheur du jeu . Le comédien passé par la Comédie Française, longtemps permanent du Théâtre National de Strasbourg, est sur scène ,seul, comme un poisson dans l’eau faisant de la durée du spectacle (1h30) un argument au service de la connaissance de son personnage Monsieur Cousin, sans redondance. Dans son costume étriqué d’employé de bureau effacé, ce dernier fait consciencieusement son travail et rentre en solitaire dans son petit appartement retrouver son …python surnommé Gros Câlin. Ceci intrigue ses collègues de bureau, suscite des problèmes avec les voisins quand Gros Câlin explorant les tuyauteries pointe sa tête dans les toilettes de l’appartement du dessous. Comment Monsieur Cousin amoureux mais ne souhaitant pas se séparer de son python va-t-il sans sortir ? Le texte de Gary reprend des thèmes qui lui sont chers : la solitude, le spleen, l’ambiguïté, la difficulté du regard de l’autre. Ce n’est pas mièvre mais enveloppé d’humour comme une politesse extrême.
Dans cette nouvelle création, la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker associe d’emblée à la construction du spectacle Jean Marie Aerts architecte sonore du groupe fondé par Arno, Meskerem Mees autrice-compositrice-interprète- qui est proche du songwriting et danse aussi sur scène en compagnie du danseur guitariste Carlos Garbin. Plus que jamais, le rapport à la musique qui s’est développé au fil du temps dans ses chorégraphies, est présent : rapport à la pop, à la chanson, au blues, références à la dance et aux beats, amplification des instruments…Les chemins musique et danse sont d’abord tracés de façon parallèle avant une mise en commun qui dessine le corps du spectacle et son âme
FESTIVAL D’AVIGNON
estival 
C’est le coup de feu. Le camion du matériel part cette semaine, les stagiaires radio s’accrochent à leurs téléphones pour capter souvenirs et anecdotes. Ça roule. Alors pour fêter ce théâtre installé dans la chapelle du Verbe Incarné et dire au public combien on l’attend, combien la parole théâtrale porte aussi la singularité des cultures ultramarines, on frappe un grand coup. Pas de commémoration surannée ni de nostalgie mais une naissance : le pass 25 qui offre toute la programmation aux jeunes ( jusqu’à 25ans ) pour 25 euros. Avanti !
La reprise d’Angels in America de l’américain Tony Kushner, réaffirme avec vigueur, la pertinence d’un questionnement sur une Amérique puritaine, obsédée par le mal sa punition divine. C’était hier avec l’explosion du sida et le haro sur les homosexuels C’est aujourd’hui avec l’avortement.
Entre châssis suspendus et voiles de plastique, Sivadier mène un train d’enfer à ses comédiens, maniant avec brio une introduction du burlesque au sein du tragique. Passé le prologue où Othello ( Adama Diop) apprend quelques mots de wolof à Desdémone (Emilie Lehuraux), la douceur va laisser place à l’intrigue, a dépendance , le tourment. A son accoutumée , Sivadier a bousculé la traduction de Déprats avec des interjections, des poncifs misogynes qui entrent dans le bonheur de jeu d’un Iago sans limites( Nicolas Bouchaud).