EXIT ABOVE, after the tempest, d’Anne Teresa De Keersmaeker, Jean-Marie Aerts, Meskerem Mees, Carlos Garbin.

— Par Dominique Daeschler —

Dans cette nouvelle création, la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker associe d’emblée à la construction du spectacle Jean Marie Aerts architecte sonore du groupe fondé par Arno, Meskerem Mees autrice-compositrice-interprète- qui est proche du songwriting et danse aussi sur scène en compagnie du danseur guitariste Carlos Garbin. Plus que jamais, le rapport à la musique qui s’est développé au fil du temps dans ses chorégraphies, est présent : rapport à la pop, à la chanson, au blues, références à la dance et aux beats, amplification des instruments…Les chemins musique et danse sont d’abord tracés de façon parallèle avant une mise en commun qui dessine le corps du spectacle et son âme

Le point de départ est un hommage au bluesman Robert Johnson mâtiné d’une référence à la Tempête de Shakespeare, cœur de cyclone qui déchire l’espace (une grande toile en fond de plateau) et interroge l’humanité dans son devenir. L’univers, qui colle à merveille au grand plateau de la Fabrica, est celui d’un gymnase ( souvent lieu de refuge en cas de catastrophe naturelle), au sol des diagonales, des lignes droites, des courbes de couleurs différentes qui sont dédiées aux parcours singuliers des douze danseurs. Le souci de distinguer chacun et de faire groupe est toujours présent : Solal Mariotte nous donne une belle performance hip-hop solo. Les gestes déconstruits du groupe dans une danse déréglée par la violence d’une musique bruitiste mettent en valeur le « my walking is my dancing » de Johnson valorisant le bas du corps comme dans toutes les danses populaires. Des déséquilibres, des excès, des suspensions rythment ces marches avec jubilation, gravité … Meskerem Mees et Carlos Garbin valorisent la grâce d’un spectacle où rien n’est gratuit, traduisant la profondeur d’une réflexion sur le monde d’aujourd’hui , sur la fin d’un monde. La vie chancèle, repart en soubresauts et danse, malgré tout, son espérance.

La Fabrica. 18h. Jusqu’au 13 juillet.

Créé avec et dansé par Abigail Aleksander, Jean-Pierre Buré, Lav Crnčević, José Paulo Dos Santos, Rafa Galdino, Nina Godderis, Solal Mariotte, Mariana Miranda, Ariadna Navarrete Valverde, Cintia Sebők, Jacob Storer, Carlos Garbin, Meskerem Mees (musique)
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker Musique Meskerem Mees, Jean-Marie Aerts, Carlos Garbin
Scénographie Michel François
Lumière Max Adams
Costumes Aouatif Boulaich
Texte et paroles Meskerem Mees, Wannes Gyselinck
Texte d’ouverture Über den Begriff der Geschichte, Thèse IX, de Walter Benjamin
Dramaturgie Wannes Gyselinck
Direction des répétitions Cynthia Loemij, Clinton Stringer
Coordination artistique Anne Van Aerschot
Assistanat à la direction artistique Martine Lange
Administration de tournée Bert De Bock
Direction technique Freek Boey
Assistanat à la direction technique Jonathan Maes
Régie plateau Jonathan Maes, Quentin Maes, Thibault Rottiers
Régie son Alex Fostier
Direction costumes Emma Zune assistée de Els Van Buggenhout
Habillage Els Van Buggenhout
Couture Chiara Mazzarolo, Martha Verleyen