« Marguerite : le feu », texte et m.e.s. Emilie Monnet.

— Par Dominique Daeschler —

— Avignon 2023 —

Emilie Monnet, artiste multidisciplinaire autochtone travaille au Québec où elle a fondé une plate-forme nomade pour les arts vivants dédiée à la rencontre des artistes des peuples autochtones. Le chant, la danse, la performance sont au cœur de ses créations théâtrales, utilisant des processus collaboratifs et multilinguistiques.

Découvrant la vie de Marguerite Duplessis, née d’une mère autochtone libre et d’un père français et mise en esclavage, elle se penche sur un Canada raciste et colonialiste où les propriétaires pratiquaient la vente et l’achat d’êtres humains . Une mémoire toujours occultée, comme le montre en 2015, le refus du gouvernement conservateur d’ouvrir une enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues.

Une Marguerite chorale ( 4 comédiennes d’origines différentes) va naître sous la plume d’Emilie, créant un dialogue entre le passé et le présent. Elle renvoie le combat de Marguerite Duplessis qui engage un procès pour faire reconnaître sa liberté et ne pas être déportée en Martinique, à toutes les oppressions faites aux femmes autochtones et afrodescendantes, à la violence des « starlight tours ». Déboutée de son procès, Marguerite prend le bateau et on perd sa trace (1740 ) sans savoir si elle est réellement arrivée : recherches, rencontre avec des juges, des historiens ,des activistes…Emilie va jusqu’en Martinique, cherche des correspondances ( La Pelée, le Mont royal), met en place une mémoire cyclique , nourrie de remixage d’images d’archives projetés tels des paysages sonores et visuels en fond de scène sur de grandes ailes d’acier qui évoque la cale d’un bateau .

Tour à tour, les comédiennes se saisissent du texte choral pour décliner l’identité, la mémoire, l’héritage. L’aspect documentaire politique aux références précises : le plaidoyer pour le maintien en esclavage de Marguerite, la longue liste des propriétaires coloniaux , l’énumération récente de premiers ministres… est bien relayée par la musicalité et la poésie du texte. Le mouvement est travaillé comme une partition : dans les rythmes des chants et des danses, brûle gravement le feu de la mémoire retrouvée et d’une régénération en marche qui permettra aussi la transmission. En filigrane se tisse un mot, souvent prononcé dans les territoires soumis à la colonisation : respect. Il a ici toutes ses lettres de noblesse, assumant ses choix esthétiques.

Marguerite le feu fait partie d’une triade constituée de deux réalisations antérieures : Marguerite la pierre ( parcours performatif et sonore au sein du vieux Montréal), Marguerite la traversée (podcasts).

A souligner la collaboration avec l’ethnomusicologue martiniquaise Dominique Cyrille et à rappeler le livre de Serge Bilé, journaliste martiniquais sur Marguerite Duplessis,

Distribution
Avec Anna Beaupré Moulounda, Catherine Dagenais-Savard, Émilie Monnet, Tatiana Zinga Botao
Texte Émilie Monnet
Traduction pour le surtitrage Elaine Normandeau
Dramaturgie Marilou Craft

Mise en scène Émilie Monnet, Angélique Willkie

Collaboration à la mise en scène Mélanie DemersMusique Laura Ortm
an, Frédéric Auger

Scénographie Max-Otto Fauteux
Lumière Julie Basse
Vidéo Caroline Monnet
Son Frédéric Auger
Arrangements chant Dominique Fils-Aimé
Chant pow wow Black Bear Singers
Costumes Korina Emmerich, Yso
Assistanat à la mise en scène Érika Maheu-Chapman
Voix Dominique Cyrille
Intégratrice vidéo Dominique Hawry
Régie son Frédéric Auger
Régie vidéo Marie-Frédérique Gravel
Direction technique Romane Bocquet
Direction de tournée et régie surtitres Élise Di Pierro
Production Dominique Sarrazin
Administration Gestion Dumont St-Pierre
Communication Jean-Matthieu Barraud
Diffusion Cusson Management, La Magnanerie MAG.I.C