Festival d’Avignon : Vitesse de croisière pour le TOMA : 25 ans déjà !

— Par Dominique Daeschler —

C’est le coup de feu. Le camion du matériel part cette semaine, les stagiaires radio s’accrochent à leurs téléphones pour capter souvenirs et anecdotes. Ça roule. Alors pour fêter ce théâtre installé dans la chapelle du Verbe Incarné et dire au public combien on l’attend, combien la parole théâtrale porte aussi la singularité des cultures ultramarines, on frappe un grand coup. Pas de commémoration surannée ni de nostalgie mais une naissance : le pass 25 qui offre toute la programmation aux jeunes ( jusqu’à 25ans ) pour 25 euros. Avanti !

L’évolution vers un lieu-ressource, alliant création, diffusion, formation est en train de devenir réalité : c’était la mission qui lui avait été impartie dans la longue convention signée avec la Drac Martinique en 2004. Une lecture un peu précise du dossier de presse, avec les éclairages de Marie Pierre Bousquet codirectrice, met en exergue une valorisation des femmes qu’elles soient interprètes, autrices, metteuses en scène.

Citons Arielle Bloesch(Mange-moi) qui travaille depuis longtemps comme metteuse en scène et dramaturge avec les compagnies martiniquaises. Véronique Kanor (je ne suis pas d’ici, je suis ici), autrice, vidéaste, performeuse, présente au Toma pour la troisième année consécutive, revient cette année avec un spectacle abouti ,amorcé en lecture l’an dernier. Elle est l’exemple, tout comme la metteuse en scène Ewelyne Guillaume, d’un travail mené sur le long terme avec plusieurs artistes.

Si les artistes, dans les premières années du Toma, exprimaient d’abord leurs revendications, il y a un pas de géant fait vers la création. Marie Pierre Bousquet souligne cette direction aussi bien dans les choix d’auteurs et de sujets que dans le souci de production, de communication. Enfin l’attention des pairs (CDN, scènes nationales ou conventions, compagnies) qui se manifeste dans les collaborations et les coproductions est une vraie reconnaissance du théâtre ultramarin et d’une entrée dans le « réseau ». Cette structuration qui passe aussi par la nécessité de l’anticipation permet d’aborder la transmission des cultures d’Outremer avec une maturité qui valorises leurs identités.

Un bon point pour l’ouverture aux trois spectacles jeune public( Réunion, Martinique, Guyane) avec des autrices confirmées comme Suzanne Lebeau, Nathalie Papin et la découverte de Laurent Contamin, à suivre l’ambition de créer une scène conventionnée d’intérêt national avec Korzemo en Martinique et le « Kabar Laparol », forme transdisciplinaire avec Baba Sifon à la Réunion : autant d’ouvertures pour dépasser la simple diffusion mais asseoir une vraie politique de pratiques artistiques.

Sont aussi au rendez-vous, désormais bien installé, des compagnies de danse à midi. Des lectures de jeunes auteurs ont lieu à la petite chapelle et on retrouve projections et débats avec l’Institut du Tout monde la Sorbonne Nouvelle, la Sefea. Nous reviennent les complices de toujours : Sylvie Glissant, Sylvie Chalaye, Edwy Plenel …

La fête commence le 7 juillet.

Dominique Daeschler