« Welfare », m.e.s. Julie Deliquet.

— Par Dominique Daeschler –

Festival d’Avignon.IN.

Julie Deliquet, directrice du TGP, avec une expérience certaine d’adaptation de scénarios, s’attaque à l’adaptation théâtrale du film de Frederick Wiseman, Welfare, qui décrit la vie d’un centre social de New York dans les années 70, en dressant le portrait des usagers et des travailleurs sociaux. Dans une sorte de gymnase réaménagé en urgence vont être livrées aux exigences terre à terre de l’administration – le fameux « remplir les papiers « pour avoir droit à postuler à une aide, des demandes d’urgence qui implique un regard humain sur la situation et un soutien loin de toute rigidité administrative. Réunis par la douleur de vivre au quotidien, défileront, le blessé du Vietnam, la petite vieille un peu juste du caboulot, la femme délaissée avec ses gosses , la grande gueule, le cacou, celui qui n’a jamais travaillé, la femme mytho, l’apatride, le sans abri …. Autant d’abîmés par la vie qui connaissent l’usure, la faim et se heurtent à l’absurdité de règles auxquelles ils ne peuvent répondre, faute le plus souvent de critères concordants. En face, des gentils et des méchants, usés eux aussi par un dialogue impossible et par leur propre lâcheté : renvoi vers un autre service, promesse d’un coup de fil, utilisation abusive de l’autorité, mépris ou condescendance paternaliste. De part et d’autre une vulnérabilité qu’accentue l’espace trop grand de la cour d’honneur. Au-delà d’un système social différent ,d’une nation différente c’est la démocratie qui est en jeu avec un vivre ensemble non galvaudé. Redonner à chacun une prise sur le réel avec son langage, au-delà de l’incompréhensible, faire dignité en prenant à bras le corps la différence comme essentielle pour construire collectif et communauté dans un renouveau démocratique. Si l’immense plateau vibre sans arrêt des questionnements portés par des personnages qui savent s’y planter, s’incruster, disparaître, on regrette que l’absurde prenne le dessus, sans doute parce que le spectacle est un peu trop long et la misère plus facile à asséner en opérations coups de poing. De même le long démontage du premier décor : un hôpital en alvéoles séparées par des rideaux. S’il nous conduit du nécessaire soin des corps malades au nécessaire soin d’une société dite démocratique qui laisse sur le carreau une partie de ses citoyens, il apparaît comme un luxe inutile.

22h. jusqu’au 14 juillet. Cour du palais des papes.

Dominique Daeschler

Avec Julie André (Elaine Silver) Astrid Bayiha (Mme Turner) Éric Charon (Larry Rivera) Salif Cisse (Jason Harris) Aleksandra de Cizancourt (Elzbieta Zimmerman) Évelyne Didi (Mme Gaskin) Olivier Faliez (Noel Garcia) Vincent Garanger (M. Cooper) Zakariya Gouram (M. Hirsch) Nama Keita (Mlle Gaskin) Mexianu Medenou (Lenny Fox) Marie Payen (Valerie Johnson) Agnès Ramy (Roz Bates) David Seigneur (Sam Ross) et Thibault Perriard (John Sullivan, musicien)
D’après
 le film de Frederick Wiseman
Traduction 
Marie-Pierre Duhamel Muller
Mise en scène
 Julie Deliquet
Adaptation scénique 
Julie André, Julie Deliquet, Florence Seyvos
Collaboration artistique
 Anne Barbot, Pascale Fournier
Scénographie 
Julie Deliquet, Zoé Pautet
Lumière 
Vyara Stefanova
Musique 
Thibault Perriard
Costumes 
Julie Scobeltzine
Marionnette 
Carole Allemand
Assistanat aux costumes
 Marion Duvinage
Habillage
 Nelly Geyres
Décors 
François Sallé, Bertrand Sombsthay, Wilfrid Dulouart, Frédéric Gillmann, Anouk Savoy – Atelier du Théâtre Gérard Philipe Centre dramatique national de Saint-Denis
Régie générale
 Pascal Gallepe
Régie plateau 
Bertrand Sombsthay
Régie lumière 
Jean-Gabriel Valot
Régie son 
Pierre De Cintaz
Traduction en anglais pour le surtitrage 
Panthea