— Par Roland Sabra —
D’abord il y eut cette heureuse imprévue, Luan Pommier, présentée par celle qui fût sa professeur au lycée en Guadeloupe avant qu’elle n’intègre directement en 2éme année l’école Américaine de Musique à Paris, pas pour longtemps, elle sera dès la rentrée, dans cette même école mais à Berkeley aux États-Unis tant son talent est évident. Privée de vue, elle a développé une sensibilité musicale hors paire qu’elle lance comme un pavé, aux oreilles du public dès son deuxième morceau, une reprise émouvante, bouleversante de ce monument de la chanson française qu’est « L’hymne à l’amour » d’Edith Piaf. Il fallait oser. Celles et ceux qui, avant elle l’on fait , de Johnny Halliday(!) à Céline Dion en passant par Mireille Mathieu en font la démonstration à leur dépens : qui s’y frotte s’y pique. Et bien cette très jeune femme a pris, toute en sensibilité, en pudeur retenue, la vague de cet hymne à l’amour pour l’emmener sur les rivages de la soul et du jazz faisant entendre au-delà des notes et des mots, entre le blanc et noir des touches du clavier qu’elle porte en elle et sur elle, une déchirure maîtrisée, apaisée par sa mise en musique.