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Tel Aviv, la vie va

Carnets de route Jours 3 & 4

Ce matin direction la capitale du pays, la seule reconnue par la communauté internationale à l’exception de deux pays. Je prends le tramway, qui traverse Jérusalem et qui était sensé contribuer à sa réunification. A l’est, parfois caillassé, iIl mobilise des forces de sécurité importantes. La gare routière est à l’ouest, je éloigne donc de la vieille ville. Le bus se remplit rapidement et une heure plus tard à l’arrivée à Tel Aviv un taxi me conduit à l’hôtel autour de Dizengoff un quartier calme au nord de la ville. Sitôt la valise déposée je repars vers la plage à quelques centaines de mètres de là et j’entreprends de longer les cinq kilomètres de promenade en bord de mer qui mènent à Jaffa, un des plus vieux ports du monde construit il y a 4000 ans. Ce n’est qu’au début du XXème siècle que des habitants quittèrent la ville pour créer à la limite nord de la ville le premier quartier de Tel Aviv. Sur le front de mer de la capitale les promoteurs s’en sont donnés à cœur joie.

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Dis à ma fille que je pars en voyage : mes regrets

— par Janine Bailly —

DisAMaFilleLe titre était prometteur, porteur d’un certain mystère autant que d’une légère aura poétique. Le thème abordé tout autant, qui disait nous faire entrer dans l’univers carcéral d’une prison de femmes, chose assez rare sur scène pour que l’on se sente intéressé. Enfin, une troupe originaire de Guyane, voilà qui n’est pas si courant, aussi étais-je fort curieuse de découvrir un théâtre venu de chez nos relativement proches voisins. C’est donc animée des meilleures intentions, et de fort bonne humeur puisque aller au spectacle est toujours une fête, que j’ai pris place ce vendredi soir dans la salle Frantz Fanon pour assister à cette unique représentation proposée par Tropiques Atrium. Las ! Si les premiers instants me laissèrent quelque espoir — décor sobre, espace de jeu limité par des montants métalliques en rappel des barreaux de la fenêtre figurée sur le mur du fond, une comédienne déjà en place ainsi que le veut la pratique actuelle, une bande son originale faite des bruits de la nuit mêlés à ceux de la prison —, je fus ensuite bien désappointée, la représentation s’étirant assez péniblement en longueur, les jeux et mimiques s’avérant par trop répétitifs voire caricaturaux, une jeune chanteuse talentueuse, à la voix certes jolie, intervenant en bord de scène pour nous délivrer sans raison apparente une sorte de zouk langoureux en langue créole…

Mais gardons-nous de jeter le bébé avec l’eau du bain, tout travail mérite mon respect quand bien même je n’y adhère pas.

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Grève : l’essence doit-elle précéder l’existence ?

— Par Jacky Dahomay —

essence_existenceComment comprendre, lors de cette grève déclenchée par la CGT dans les raffineries, que le manque d’essence puisse provoquer une telle angoisse chez les consommateurs ? Certains psychologues expliquent que cela relève d’un complexe appelé à tort ou à raison syndrome de Diogène qui consiste en une syllogomanie, pathologie caractérisée par une obsession d’accumulation d’objets. Nous voudrions montrer ici que cela éclaire plutôt le type de subjectivité produite par la domination néolibérale.

Car ce qui interpelle, c’est que tout se passe chez certains automobilistes comme si, au-delà même de tous ces inconvénients bien réels créés par cette grève, on portait atteinte à leur être même, comme si toute leur subjectivité était dépendante de ce produit de consommation, comme si, au fond, l’automobile était le prolongement de leur être et que l’essence déterminait en grande partie leur existence. Un tel comportement nous montre là le type réussi de l’ « homme consommateur » de ce nouveau sujet individuel produit par le néolibéralisme dans sa logique biopolitique et dont le désir se rabat en une quête de jouissance effrénée s’assouvissant dans la multiplication des objets de consommation.

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Antan lontan

Pineau GuadeloupeLa Guadeloupe et la Martinique à travers les cartes postales anciennes

Par Michel Herland

La réédition de deux ouvrages de Gisèle Pineau et André Lucrèce respectivement consacrés à la Guadeloupe et à la Martinique est l’occasion d’un voyage dans le passé riche d’enseignements. Les premières cartes postales ne ressemblent en rien à celles que l’on trouve aujourd’hui sur les présentoirs des boutiques pour touristes. Pas de paysage de rêve – mer bleue, sable blond et cocotiers –, pas de fleurs exotiques, pas de pin-up plus ou moins dénudée assortie d’une légende égrillarde. Il y a un siècle en arrière, on ne connaissait pas la photographie en couleurs, ce qui rendait sans intérêt les photos de paysages ou de fleurs. Quant aux jeune femmes et dames, elles se baignaient tout habillées – comme nous le montrent, justement, les cartes postales anciennes. Celles-ci nous apportent en effet un témoignage proprement irremplaçable sur la vie de nos ancêtres. Il y avait bien, à cette époque, le journal L’Illustration, mais ce dernier couvrait surtout les grands événements ; ses reporters ne visitaient pas les coins reculés et s’intéressaient peu à la vie sans grandeur des classes laborieuses.

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Ma Biennale de Danse en demi-teintes

– Janine Bailly –

LagrimanteOn se réjouissait, en ce joli mois de mai, d’assister une fois encore aux spectacles de la Biennale de Danse, soumis à notre curiosité par Tropiques Atrium, et pourtant nous reste un goût de trop peu, en quelque sorte une petite déception chevillée au coeur et au corps. Certes, il y eut, magique, la soirée Edwin Ailey II, la grâce alliée à la force de ces jeunes danseurs, athlétiques, aériens et techniquement parfaits ; le plaisir de revoir Mon corps est le corps de tout le monde, de la Compagnie Art & Fact et la possibilité de sourire à cette critique énergique, entre humour et gravité, de la société à laquelle nous sommes astreints. Il y eut aussi la fontaine d’eau, de corps entremêlés, de larmes et de drôles de rires hurlés en pleurs de Lagrimante, nouvelle création de Christiane Emmanuel. Il y eut enfin la vie africaine bouillonnante de Rue Princesse, déclinée en une pittoresque galerie de personnages dansés avec maestria par une troupe parfaitement au point. Mais il faut cependant avouer que certaines prestations, caractérisées davantage par leur indigence que par leur créativité, et qui ne semblaient guère à la hauteur de leurs ambitions, me firent un brin somnoler puis regretter d’avoir grevé mon budget, et ce de façon non négligeable puisqu’aucune possibilité d’abonnement spécifique à cette manifestation ne nous était proposée.

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« La Rue Princesse » a enjaillé Tropiques-Atrium

— Par  Roland Sabra —

la_rue_princesse-42011 : mort et résurrection de La Rue Princesse. Le 05 août de cette année là le président Ouattara, fraîchement élu, envoie ses bulldozers « nettoyer », plus exactement raser La Rue Princesse dans le quartier d’Aya de la commune de Yopougon juste au nord d’Abidjan, la capitale économique de Côte d’Ivoire. Cette rue mythique, connue internationalement pour ses maquis (boites de nuit à ciel ouvert) ses bars dans lesquels la bière se compte en casiers, ses commerces en tout genre, ses musiques, ses danses, son imaginaire écervelé, ses rumeurs, ses dires et ses rires appartenait au peuple des rues. La dernière trace de chenille de bulldozer à peine effacée par la pluie, La Rue Princesse renaissait sous la forme d’une pièce chorégraphique portant son beau nom.

L’idée appartient à Jenny Mezile, une chorégraphe d’origine haïtienne, mais ivoirienne d’adoption quand elle n’est pas parisienne. Elle fonde sa première compagnie en 1994, et c’est à Paris en 1997 qu’elle rencontre le danseur Massidi Adiatou, né au Nigéria et abidjanais depuis l’âge de deux ans. Ils fondent une compagnie de danse.

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Wifredo Lam, la construction d’une esthétique

le 27 avril 18h Campus Schoelcher

berthet_lamLe peintre cubain Wifredo Lam (1902-1982), de renommée internationale, est l’initiateur d’une peinture métissée alliant modernisme occidental et symboles africains ou caribéens. Il a côtoyé tous les mouvements d’avant-garde de son époque – cubisme, surréalisme, CoBrA – qui incitent à la liberté, favorisent l’accès à l’inconscient ou explorent le merveilleux, à travers l’automatisme graphique… Mais Lam affronte également les problèmes du monde ; il poursuit dans son œuvre le même combat que son ami, Aimé Césaire : « peindre le drame de son pays, la cause et l’esprit des Noirs ». Il a ainsi inventé un langage propre, unique et original, pour « défendre la dignité de la vie » et « saluer la Liberté ». (http://www.wifredolam.net/)

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L’oeuvre de Wifredo Lam occupe une place singulière et paradoxale dans l’art du 20ème siècle, exemplaire des circulations plurielles des formes et des idées dans le contexte des avant-gardes, échanges et mouvements culturels inter et transnationaux qui ont constitué le « modernisme élargi » décrit par Andreas Huyssen autrement et bien avant que la question de la globalisation ne soit posée dans les années 1990.

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RCI est les Antilles : une histoire mêlée

— Dossier de presse —

rci_carnets_secretsVous allez lire un livre passionnant.
La radio est un média magique : la musique fait partie de nos vies; les voix des journalistes et des animateurs parlent à l’intimité des auditeurs. La radio est partie prenante de la société.
Les radios sont aussi des entreprises, elles connaissent les difficultés économiques des entreprises.
Et puis la radio est un moyen d’influence, elle suscite les stratégies des politiques. Peut-être plus encore dans les outre mer, parce que des décideurs parisiens, gauche et droite confondues, recherchent surtout des créneaux d’emprise, ou de manipulation.
C’est tout cela que l’on retrouve dans ces Carnets secrets, sous la plume précise et alerte d’André Berthon, qui fut lui-même un pionnier de la captivante histoire de RCI Radio Caraïbes.
C’est l’Histoire, avec un grand H, des Antilles.
Ce sont aussi les petites histoires qui font la vie d’une radio, où les auditeurs retrouveront mille anecdotes, drôles ou tendres, sur les personnes qu’ils ont connues à l’antenne, sur leurs techniciens, leurs patrons.
L’auteur de cette préface s’est souvenu, dans ses années-lycée, avoir entendu souvent, sur Radio-Tanger, Michel Ferry, le fondateur de ce qui deviendrait RCI.

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« Les anges du désir », un roman, Michel Redon

redon_anges_du_desirUn roman. Pas une histoire mais des histoires : une rencontre amoureuse, à Cayenne, de nos jours, écrite par une femme, Hélène. En fait, une histoire à quatre mains, cocasse, surprenante mais harmonieuse, un peu comme une partition de piano. L’écrivain, Claude, écrivant l’histoire d’Hélène qui écrit celle de Marie et de Julien. Chaque écrivain, le réel et le créé vit l’histoire de ses propres désirs… Jusqu’à ce que les récits s’enchevêtrent et que Claude rencontre – ou croit rencontrer – l’un de ses personnages…

Vous l’aurez compris, tout cela orchestré par la plume d’un auteur joueur voire taquin qui entraîne ses lecteurs à la découverte d’un tableau à plusieurs lectures pour faire apprécier la notion de désir.

MOTS DE LECTEUR :

« Ce que l’on aime dans ce roman c’est la liberté, sinon légèreté, du narrateur principal qui mène, si l’on ose dire, son lecteur par le bout du nez. Celui qui tient la plume a le pouvoir… C’est néanmoins avec un réel plaisir que l’on suit l’évolution des états d’âme des personnages qui, à quelques égards, nous renvoient immanquablement à nos propres questionnements sur d’éventuelles relations amoureuses en cours ou passées.

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« 2028 L’affaire Jean-Mohamed Galmot », un roman d’André Paradis

paradis_2028_affaire_galmotQui est ce Jean-Mohamed Galmot qui débarque en Guyane quelques jours avant le centième anniversaire des événements de 1928 ? Serait-il la réincarnation de Jean Galmot ? Étrange, oui, vraiment, ce qui arrive à Jean-Mohamed en cette année terrible de 2028 où il devra tout simplement sauver le monde… Mais est-ce encore possible ? Et d’ailleurs, de quel monde s’agit-il ?
André Paradis a écrit ici le roman que personne n’attendait.
Une nouvelle vérité (et définitive !) sur l’Eldorado ?

MOTS DE LECTEUR :

« Si l’on ne se trouve pas proprement dans un roman de science-fiction à la Aldous Huxley ni semi-prophétique à la George Orwell, l’on est quand même plongé dans une intrigue à la fois étonnante et inquiétante d’une Guyane et plus largement de l’Amazonie et du monde de 2028, dévorés par la société dite de consommation et les organisations mafieuses. Une façon pour l’auteur de proposer ‘‘un monde possible’’ si les bons choix ne sont pas faits par la population guyanaise et les représentants qui, ici, ne sont qu’illusion de pouvoir. Non sans un humour rafraîchissant et une ironie piquante, l’auteur nous livre dans ce roman les charmes d’une nature et la beauté d’un environnement confrontés à la course au profit néfaste des êtres humains… »

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Extraits croustillants (la larme à l’oeil ou l’eau à la bouche, au choix)

Quand même, il me fallut pas mal de temps pour oser l’ouvrir, ce livre.

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« Moun lakou », un roman de Marie Léticée

leticee_moun_lakouSommes-nous vraiment qui nous sommes ?
Ce roman, empreint de tendresse et de nostalgie, est l’histoire d’une petite fille qui grandit à la cour Monbruno, dans une Guadeloupe d’antan, entre souvenirs et questionnements. Dans ce milieu défavorisé mais pourtant loin d’être miséreux, l’enfant questionne sa place dans cet univers de lakou ou « quartiers pauvres » dans lequel elle évolue. Progressivement, elle intériorisera les différents éléments qui peut-être constitueront la personne qu’elle deviendra dans le futur…

MOTS DE LECTEUR :

« Ce roman, un délicat voyage dans les souvenirs d’une île d’avant la modernisation. Le goût des plaisirs simples : des jeux en plein air, des plats préparés pour survivre, des relations directes avec autrui et surtout ses voisins. Bref, une régression qui n’érige pas le passé en élément parfait d’une époque ou d’une existence, mais plutôt comme déclencheur de sourires et de questions sur soi même. »

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« L’archipel des nomades », un roman de Louison Cazal

louison_cazal-archipelL’origine de la lignée de Jean-Paul Irta le condamne bien avant sa naissance.
À Fort-de-France, où elle vivait pauvrement, Rosemaine sa tante, séduite par la promesse du BUMIDOM, avait besoin, comme vous et des milliers d’autres Antillo-Guyanais, de rêves. Un jour, elle partit s’installer  dans une ville provinciale où avec son ami, ils résidaient modestement dans un des nombreux immeubles taillés les uns aux pieds des autres comme d’immenses pans de roches.
La possibilité d’obtenir un logement décent lui parvint rapidement grâce à un contrat sur le foetus que portait sa soeur Théodora. Par ce truchement, Rosemaine réussit à programmer un rapprochement familial et retourna récupérer Jean-Paul à peine sortie des entrailles de sa mère pour le ramener en France hexagonale.
Dans un univers de tentations et d’engrenages néf as tes, Jean-Paul lui, en grandissant, tentera d’éviter la spirale infernale : problèmes d’argent et avec la justice, secrets autour de sa propre identité mais aussi et par dessus tout de ne plus être la cible
des opportunistes du système défaillant…
MOTS DE LECTEUR :
« On ne saurait faire plus actuel que ce roman et son intrigue des années 70 : des individus ayant traversés la mer, à qui l’État français et organismes locaux ont promis des conditions de vie meilleures mais qui se retrouvent parqués dans des immeubles-cages à po ules, inadaptés e t insalubres, où règne l’insécurité et persistent des lendemains plus qu’incertains.

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« La mission sacrée du prince Ouanilo », un roman de Patrice Louis

ouanilo_patrice_louisL’histoire de l’exceptionnel Ouanilo est transatlantique…

Voilà un homme né prince au royaume du Dahomey, exilé en Martinique où il noue des amitiés lycéennes, il devient notable naturalisé à Bordeaux en 1916. Africain ayant fait le choix de la France, il tourne le dos à son passé mais reste fidèle au roi son père. Deux notions de civilisation en un seul être, sa vie sera consacrée à faire revenir Béhanzin au continent natal. N’ayant pas réussi à le faire de son vivant, il ramènera son cercueil.

Patrice LOUIS a commencé à écrire le roman du fabuleux destin du prince Ouanilo en Martinique et l’a achevé au Bénin, l’ancien Dahomey, avant de se réinstaller dans l’Hexagone — auteur transatlantique.

MOTS DE LECTEUR :

« Ce roman, constitué de faits historiques avérés, replace le prince Ouanilo dans un contexte propice à la réflexion. Entouré de ses trois amis chacun représentant un milieu de la société martiniquaise – le béké, le blanc France et le créole noir – ils se lancent avec une innocence toute relative dans ce qui semble être un tableau comparatif de mœurs…

Ce texte permet de mener habilement une réflexion sur la notion d’équilibre entre savoir et civilisation de deux grands pôles, l’Afrique et l’Occident et aussi quelque part de questionner la légitimité de l’un par rapport à l’autre et des idées répandues.

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Tchernobyl, my love forever

— Par Roland Sabra —

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Le 26 avril 1986 à Tchernobyl dans la centrale nucléaire des apprentis sorciers ont voulu tester la possibilité d’une production supplémentaire d’énergie en cas d’arrêt d’urgence. Ils sollicitent le réacteur nucléaire numéro 4 au-delà des ses possibilités. A 1 h 23 minutes 49 secondes l’expérience prend fin avec l’explosion du réacteur. L’humanité va connaitre la plus grande catastrophe technologique de son histoire et sans doute la plus grande opération de camouflage et de dissimulation. Des dizaines et des dizaines de milliers de tonnes de ferrailles, de béton, de sable vont être transportés en catimini pour tenter de construire « le plus giganstesque et dérisoire sarcophage du monde« . Le nuage radioactif traversera l’Europe, l’Asie, l’Amérique du nord. Tchernobyl ne s’évoque qu’avec des superlatifs, qu’il s’agisse de l’incurie, du cynisme, du mensonge, du mépris, de la complicité, du mutisme il n’y a pas dans l’histoire d’événement qui l’égale. Aujourd’hui trente ans plus tard nous continuons de faire comme si cela n’avait pas été. Et le pire est à venir. Il est celui que nous réservent les vingt tonnes d’uranium toujours en fusion instable au coeur du récteur numéro quatre et dont peronne ne sait que faire.

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Moi Pirandello, la vie , l’amour, la mort et le théâtre…

Axel de Booseré— Par Roland Sabra —
moi_pirandello-3L’amour, la mort, la disparition, la guerre des sexes et toutes les rêveries plus ou moins cauchemardesques afférentes à ces thèmes traversent l’œuvre de Pirandello et Jean-Claude Berutti nous en livre avec brio un aperçu laissant le spectateur dans une tension irrésolue, entre portrait théâtral de Luigi Pirandello et questionnement philosophique autour de l’identité, l’aliénation, le fantastique, le vrai, le faux, le théâtre dans le théâtre. Le portrait de l’écrivain sicilien est brossé à l’aide de quelques unes des figures les plus connues des œuvres pirandelliennes, issues de « Ce soir on improvise », « L’homme à la fleur à la bouche », « Je rêve, mais peut-être pas », «  Colloque avec des personnages ».

Les deux premières pièces sont très connues, les autres un peu moins. Au début du spectacle «  Ce soir on improvise ». Un metteur en scène, Hinkfuss, se présente. Il indique au public que les acteurs, à partir d’un canevas de Pirandello, vont improviser un drame familial. » Jouant cette histoire sicilienne, les acteurs sont constamment interrompus par Hinkfuss: « C’est un véritable despote.

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André Aliker, un crime resté impuni

— Par Pierre Sabourin, psychiatre, psychanalyste —
un_petit_matinUn petit matin, de Simonne Henry Valmore. Éditions Vents d’ailleurs, 104 pages, 16 euros.

Conteuse psychanalyste, Simonne Henry Valmore enrichit son évocation première de l’affaire Aliker par une mise en scène qui est ici théâtralisée, où le héros se fait accoucher par Lacan.

En résonance avec la grande saga poétique d’Aimé Césaire, son Cahier d’un retour au pays natal, voici une romancière d’aujourd’hui, Simonne Henry Valmore, qui revient vers nous avec une étonnante réalisation. Comme un roman initiatique, elle nous subjugue avec son improbable rencontre entre Jacques Lacan, le Maestro, en pleine forme dans son activité publique de consultant à l’hôpital Sainte-Anne, et ce patient inconnu qu’on lui présente. Troublé par cet homme noir étrange, sorcier inspiré, dit le Massaï, il va ensuite le rencontrer chez lui, et alors « le plus grand docteur des âmes de Paris se met à broyer du noir (rires) ». Ses dialogues entre le Maître et Gloria, sa fidèle sténotypiste, entament cette plongée à double entrée : l’univers très privé de cette figure de l’intelligentsia française et l’histoire d’enfance de cet enfant créole qui, sur une plage du Nord Caraïbe, la plage aux oursins, a découvert, un petit matin, le corps d’un homme ligoté des pieds à la tête, bâillonné, assassiné : le journaliste André Aliker, communiste de la première heure, aimé, admiré de tous.

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Cyclones : De bruit et de fureur !

– par Janine Bailly –

cyclones-1D’abord, il y a le bruit. Ruissellements d’eaux tandis que l’on prend place, grincements de portes, fenêtres et tôles malmenées par un cyclone en approche, hurlements du vent, orage qui gronde dans la colère du ciel : la bande sonore ne nous laissera que peu de répit, qui nous accompagnera au long du récit, coupée de quelques brusques et rares interruptions laissant place à un épais silence, trou noir chargé de toutes les choses non encore dites.

Puis sort de l’obscurité un corps, corps replié, tout en contraction sur soi-même. Puis sort du sombre un visage plus sombre encore, qui garde à peine figure humaine, yeux exorbités dans une hallucinante fixité. Et le corps se met en mouvement, si lourd, corps d’un reste de femme, sorcière ou fantôme caché de grises guenilles, aux pieds et aux mains quelques bandages qui suggèrent une indéfinissable altération physique : oui, c’est une femme encore, et elle boit (pour conjurer la peur ? pour exorciser de vieux démons ? pour faire front quand hurle la nature et que déferlent les souffrances ?).

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Festival des petites formes

Du 19 au 27 février 2016

festival_petites_formesUn nouveau rendez-vous théâtral de Tropiques Atrium Scène nationale !

Spectacles à Tropiques Atrium, en communes – Ateliers – Lectures…

La présence de Philippe Caubère, acteur majeur de la scène française !

Avec le soutien de la SACD

Présentation

Pour sa première saison, Tropiques Atrium Scène nationale créée le Festival des petites formes organisé du 19 au 27 février à Fort-de-France et dans plusieurs communes du territoire martiniquais.

Inscrit au cœur d’un trimestre placé sous le signe des écritures contemporaines, Tropiques Atrium a souhaité faire de ce festival un temps fort de sa programmation théâtrale et le lieu de découverte de ce format artistique offrant non seulement une souplesse particulièrement adaptée au contexte territorial et social martiniquais mais également une proximité précieuse entre artistes et spectateurs.

Cette première édition mettra l’accent sur les monologues, les Seul en scène, sur les cheminements qui conduisent des questionnements intimes aux problématiques sociétales. Créations, diffusion hors-les-murs dans plusieurs communes et auprès des publics empêchés, résidence d’auteur, ateliers d’écriture en milieu scolaire, lectures, masterclasses rythmeront le festival afin de toucher une diversité de publics et de nourrir le goût du théâtre.

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Sony Labou Tansi : une œuvre majeure d’une évidente actualité

sony_labou_tansi-2Entretien avec Bernard Magnier

Le Tarmac : Pouvez-vous nous dire comment est née l’idée de ce spectacle ?

Bernard Magnier : C’est une commande du comédien et metteur en scène Hassane Kouyaté qui souhaitait depuis longtemps aborder l’œuvre de Sony Labou Tansi. Nous en avons parlé et de cet échange est née l’idée d’un spectacle qui présenterait l’itinéraire de l’écrivain et tenterait une traversée de l’œuvre. En outre, pour le 20e anniversaire de sa mort, il me semblait important de saluer cet écrivain qui, en quelques années de création romanesque et dramaturgique, a bouleversé la scène littéraire africaine.

Comment avez-vous rencontré Sony Labou Tansi ?

J’ai lu en 1979, son premier roman, La Vie et demie. Ce fut un choc. Il y avait là quelque chose de neuf, tant dans le propos que dans la manière de le dire ou, plus exactement, de le crier. J’ai tout de suite souhaité entrer en contact avec l’auteur pour un entretien et lui demander des poèmes car je constituais à l’époque une petite anthologie pour la revue Encres Vives. Je lui ai écrit par l’intermédiaire de son éditeur.

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« L’expulsion de Chine de notre consœur Ursula Gauthier est injustifiable »

liberte_de_la_presseNous nous élevons contre le traitement injurieux réservé par la République populaire de Chine à la correspondante à Pékin du magazine « L’Obs », Ursula Gauthier. Après avoir subi une campagne d’insultes dans les médias officiels et essuyé des menaces de mort postées sur sa page Facebook, celle-ci vient de se voir signifier par les autorités chinoises son expulsion du pays le 31 décembre à minuit. Nous déplorons par ailleurs l’apparente volonté des autorités françaises de ne pas faire de vagues autour de cette expulsion injustifiable.

Ursula Gauthier est singulièrement accusée par Pékin d’avoir « encouragé le terrorisme » dans un article publié le 18 novembre sur le site de l’hebdomadaire « L’Obs », et en conséquence de ne pas être « apte » à travailler comme journaliste en Chine. La situation est digne d’un roman de Franz Kafka. Les autorités communistes exigent d’elle « une autocritique » en bonne et due forme, pour des propos qui lui sont faussement attribués.

L’article qui lui est reproché traite de la situation au Xinjiang, une vaste région de l’ouest du pays où s’affrontent, depuis de nombreuses années, la police et l’armée chinoise, d’un côté, et une frange militante de la « minorité ethnique » ouïgoure, turcophone et majoritairement musulmane, de l’autre.

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« Nous irons voir Pelé sans payer » version longue en DVD disponible!

nous_irons_voir_pele-2A la veille du 45eme anniversaire du fameux match, le 23 janvier 2016, le DVD « Nous irons voir Pelé sans payer » (version longue) est disponible depuis Noël à la Librairie Antillaise ou en commande via le site lamaisongarage.fr.

Le 23 janvier 1971 à l’initiative de la ligue martiniquaise de football fut organisé à Fort-de-France une rencontre entre la sélection de la Martinique et le Santos FC, le mythique club de foot de São Paulo avec le non moins mythique “roi Pelé” et près de la moitié des joueurs brésiliens qui venaient de conquérir pour la 3ème fois le titre de champions du monde de football. C’est un peu comme si aujourd’hui le Real de Madrid allait jouer contre une sélection régionale française.
Cela peut sembler aujourd’hui incongru mais, à l’époque, de grandes équipes aussi bien européennes que sud-américaines faisaient de temps à autre des tournées qui les menaient jusqu’aux Antilles. Mais aucune n’avait le prestige du Santos et de son leader Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé.
Pour la ligue, nouvellement rénovée après une grosse crise, cette belle affiche négociée à prix d’or était l’occasion de marquer les esprits.

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Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

— Par Sonya Faure —

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé. Des textes inédits publiés par La Découverte.

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

Frantz Fanon naît il y a quatre-vingt-dix ans en Martinique, et meurt trente-six années plus tard d’une leucémie, à Washington. Trente-six ans seulement, et Fanon a eu le temps de s’engager contre le nazisme au sein d’un bataillon de la France libre, pour l’humanisation des hôpitaux psychiatriques ou pour l’indépendance de l’Algérie – il rejoint le FLN en 1954. Trente-six ans et beaucoup de textes devenus cultes pour ce psychiatre, figure de la décolonisation. Paru en 1961, les Damnés de la terre devient vite la bible révolutionnaire des luttes anticoloniales et du mouvement pour les droits civiques. Dans les années 80, c’est Peau noire, masques blancs (1952) qui alimente les cultural studies qui questionnent les identités et les représentations raciales. Fanon était, avant tout, lu et célébré dans les pays anglo-saxons.

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Itinéraire d’un prénom enchanté…

— Par Guy Flandrina —

cultierA compter du 18 décembre 2015, la Martinique commémorera, dans les jardins du Parc Floral de Fort-de-France, les 30 ans de la disparition de Marius CULTIER. Célèbre pianiste martiniquais qui tirait sa révérence le 23 décembre 1985.

Ses filles, Ayule et Laïni CULTIER -initiatrices du projet- seront présentes pour l’occasion.

Le prénom Laïni est l’objet d’une légende cultivée par des amis d’Eugène MONA.

Ce dernier parle de la fille de Marius CULTIER et de son épouse Gisèle dans « Bibon dachine » ; mythes et vérité d’un prénom chanté et d’une amitié avérée.

A l’occasion d’une rencontre, à Paris, avec Christian BOUTANT −Délégué régional de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM)− Laïni CULTIER, lui confie : « Tu sais, mon père était très africain ! A une époque où tout un chacun se voulait blanc, voulait se blanchir, lui, se vivait nègre revendiquant son héritage africain ». Et la fille de notre talentueux pianiste de proclamer : « d’ailleurs, mon prénom est africain ».

Et de fil en aiguille cette conversation devient une invitation à refaire un voyage en terre charentaise afin de découvrir l’historique d’un prénom.

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« La traversée », de Xavier Orville, avec Lucette Salibur

— Par Roland Sabra —
affiche_traverseeC’est un conte réaliste entre lumières vives et ombres noires au moment où le jour le dispute encore à la nuit. Elle est seule dans le creux du tronc d’un arbre de vie, desséché dont les branches portent les portraits des figures de sa vie. Elle nous dit la solitude et la misère d’existences qui peinent à être au monde sous le poids de dominations qui durent et qui perdurent de si loin qu’on en connaît plus le pourquoi mais dont on souffre encore et en corps le comment. Sans fin. Jusqu’à présent. Elle ira vers les autres, ses sœurs de douleurs. Ces vies en souffrances ce sont celles de six femmes d’un ici repérable à un lieu que l’on pourrait croire précis et localisable mais qui par ce qu’elles disent outrepassent nos petites frontières, qu’elles soient géographiques ou sociales. Elles disent haut et fort ce qui a été tu pendant tant de siècles. Elles disent la pauvreté et l’oppression. Elles appellent à la solidarité. Et c’est une enfant, Chloé, la verdoyante, l’herbe naissante, la déesse des moissons à venir en grec ancien, qui les invite à une traversée vers un monde où elles pourront être non seulement écoutées mais entendues, un monde dans lequel les chants du malheur ignoré se métamorphoseront en espérances et assurances d’accomplissement.

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Carnation et incarnation au théâtre vues par Patrick Chamoiseau

patrick_chamoiseauCet article a été initialement publié sur africultures.com, que nous vous invitons à visiter.

Patrick Chamoiseau, célèbre écrivain martiniquais, prix Goncourt pour Texaco en 1992, l’un des représentants de la Créolité avec Raphaël Confiant et Jean Bernabé, disciple inconditionnel d’Édouard Glissant, est indéniablement plus connu pour son œuvre romanesque que pour son œuvre théâtrale. Beaucoup ignorent en effet que l’auteur de Solibo le magnifique et Biblique des derniers gestes est aussi dramaturge. Ses pièces témoignent de l’intérêt de l’écrivain pour le conte, la langue créole ainsi que de son engagement politique contre le colonialisme et le néo-colonialisme : il s’inspire du théâtre grec antique avec sa première pièce écrite en 1975, une adaptation d’Antigone de Sophocle transposée dans le contexte indépendantiste martiniquais des années 70 ; il oppose les représentantes de la tradition orale antillaise et occidentale avec Manman dlo contre la fée Carabosse publiée en 1982; il confronte les croyances populaires antillaises au rationalisme cartésien dans Un dimanche avec un dorlis, pièce jouée en 2004 au festival d’Avignon dans une mise en scène de Greg Germain. Son théâtre offre aussi des réflexions sociologiques et politiques sur le monde du théâtre aujourd’hui, comme en atteste sa dernière pièce Audition sur l’esclavage, écrite en 2005 et encore inédite, où Chamoiseau s’interroge sur la couleur de peau au théâtre, sur le lien problématique entre carnation de l’acteur et incarnation du personnage.

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