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Le modèle noir de Géricault à Matisse

Du mardi 26 mars 2019 au dimanche 21 juil. 2019 Musée d’Orsay

De la Révolution française à l’abolition de l’esclavage en 1848, de la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791 à l’apparition de la négritude dans les années 1930, ce presque siècle et demi est le témoin privilégié des tensions, luttes et débats qu’occasionne la naissance de la modernité démocratique, et dont le monde des images s’est chargé, et nourri. Lentement il voit s’affirmer, en dépit de toutes sortes de réticences et d’obstacles, une iconographie, et même une identité noires.

Tableau ci-contre : Frédéric BazilleFemme aux pivoines© Courtesy National Gallery of Art, Washington, NGA Images

Portée par trois moments forts – le temps de l’abolition de l’esclavage (1794-1848), le temps de la Nouvelle peinture (Manet, Bazille, Degas, Cézanne) et le temps des premières avant-gardes du XXe siècle – cette exposition propose un nouveau regard sur un sujet trop longtemps négligé : la contribution importante de personnes et de personnalités noires à l’histoire des arts.

Edouard Manet 1862 oil on canvas 90 x 113 cm
Edouard ManetJeanne Duval© Museum of Fine Arts Budapest, 2018, photo by Csanád Szesztay
Le choix d’un titre au singulier, malgré la diversité des représentations, cherche à souligner les différentes significations du terme « modèle », qui peut aussi bien se comprendre comme « modèle d’artiste » que comme figure exemplaire.

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Ce que le jour doit à la nuit : Hervé Koubi transcende la danse de rue

Ce soir, vendredi 27 avril, 20h à l’Atrium

Voici ce que nous écrivions à propos de cette pièce après l’avoir découverte, il y a cinq ans de celà, à Aix-en-Provence? Selim Lander.

Ce que le jour doit à la nuit est d’abord le titre d’un roman de Yasmina Khadra, cet ancien militaire reconverti dans la littérature qui se trouve actuellement diriger le Centre culturel algérien de Paris. Hervé Koubi est pour sa part un Français issu de l’immigration algérienne (suivant l’expression consacrée). Le titre de sa nouvelle création – qui met en scène douze danseurs hommes, algériens à l’exception d’un seul, burkinabé – traduit son propos plus clairement peut-être qu’il ne le laisse entendre dans ses notes d’intention : qu’est-ce qu’un jeune Français comme lui, éduqué complètement en dehors de la culture maghrébine (études de pharmacie et de danse) doit au pays des origines ?

 

Pour le découvrir, il est parti à la rencontre du peuple d’Algérie et plus particulièrement des jeunes hommes adeptes du hip hop, peut-être la seule danse authentiquement populaire d’aujourd’hui. Sa compagnie est née de ces rencontres.

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« Seule sur la plage la nuit », « Vers la lumière »

— Par Selim Lander —

 

Seule sur la plage… : Hong San-soo aime et s’amuse

Qui saurait mieux qu’un peintre ou un cinéaste glorifier la femme aimée, brosser d’elle le portrait dans lequel elle pourra elle-même se contempler au sommet de sa beauté et devenir un objet d’admiration pour les siècles des siècles ?  Seule sur la plage dans la nuit est cette sorte d’épithalame offert par Hong Sang-soo à la comédienne Min Hee Kim, sa nouvelle égérie. Le cinéaste, en effet, n’a d’yeux que pour la belle, constamment présente à l’écran, souvent en gros plan, qui focalise l’attention des autres personnages autant que celle des spectateurs du film.

Le cinéaste s’est amusé à écrire le scénario, par exemple lorsque l’héroïne, Younghee dans le film, se retrouve successivement dans « la plus belle ville d’Allemagne » (où se déroule la première partie) et « la plus belle ville de Corée » (au dire de ses compagnons) sans qu’il nous en montre rien, en dehors de quelques lieux d’une grande banalité. Autre jeu, celui qui consiste à mettre systématiquement dans la bouche de Younghee des commentaires sur l’apparence de ses partenaires, lesquels ont toujours l’air à ses yeux trop jeunes ou trop vieux.

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Ici, la peinture noire s’efface

— Par Aurélien Soucheyre —

La mémoire du 17 octobre 1961, cinquante-six ans après les faits, reste diffuse à Paris, malgré un travail citoyen de plus en plus actif, et la photo emblématique de Jean Texier.

L’eau a coulé sous les ponts. Peut-être un peu trop. Certes, la journée d’hier ne se prêtait pas forcément au recueillement. C’est un 17 octobre, que des Algériens furent massacrés à Paris. Alors le dimanche 16, sous le soleil, un sourire aux lèvres, devant une Seine qui scintille, les monuments parisiens, et des arbres encore verts, il y a de quoi être interloqué devant cette question : « Savez-vous ce qu’il s’est passé ici, le 17 octobre 1961 ? » Le petit bout d’été indien et l’interrogation inattendue n’expliquent pourtant pas complètement le flottement des Parisiens et des touristes hexagonaux face à ce douloureux souvenir.

Car la plupart des personnes croisées hier méconnaissaient largement ce que les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster ont qualifié de plus violente répression d’État contemporaine jamais appliquée à une manifestation de rue en Europe occidentale. C’était à cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie.

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« La Nuit de Rois » de la Cie Kokolampoe

— Par Roland Sabra —

De la naissance du Christ on ne sait pas grand-chose et comme il fallait retenir une date ayant une dimension symbolique ce fût le solstice d’hiver qui fût choisi. Les jours commencent à rallonger et les ombres de la nuit raccourcissent. La date retenue est un héritage des traditions festives des “Douze nuits”, propres aux calendriers celte et germanique et de la tradition romaine antique des Saturnales ou Calendes de janvier. Ces fêtes païennes, puis chrétiennes s’accompagnaient de masques et mascarades, déguisements et travestissements carnavalesques et de représentations théâtrales au cours desquelles le renversement des interdits et les inversions de sens sont célébrés. A commencer par ce qu’énonce la Bible dans le Deutéronome, XXII, 5 : « Une femme ne portera pas un costume masculin, et un homme ne mettra pas un vêtement de femme : quiconque agit ainsi est en abomination à Yahvé ton Dieu. » Diantre! Diable!  Fichtre!

La douzième et dernière nuit était celle de l’Épiphanie soit approximativement le 6 janvier. C’est de celle-ci dont il est question dans « La nuit des Rois » la pièce de Shakespeare dont le titre exact en français serait « La douzième nuit.

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« Le Baron noir » de Sergio Noré

Par José Nosel —

le_baron_noirEditions Société des écrivains, 2016, 291 pages

Dans son ouvrage pédagogique, « l’Art de lire », considéré comme un des meilleurs manuels pour tout étudiant en littérature, le grand écrivain, méconnu, Emile Faguet, de l’académie française (1847-1916), écrit, je cite :
« Pour apprendre à lire, il faut d’abord lire très lentement et ensuite il faut lire très lentement et, toujours, jusqu’au dernier livre qui aura l’honneur d’être lu par vous, il faudra lire très lentement.
Il faut lire, aussi lentement un livre, pour en jouir, que pour s’instruire par lui, ou le critiquer »

Le conseil d’Emile Faguet, vaut, me semble-t-il, pour le dernier opus de l’écrivain Sergio Noré.

Il s’agit d’un recueil de 3 Nouvelles, de 291 pages, paru aux éditions Société des écrivains, et qui s’intitule, « Le Baron noir »

Il faudrait, en effet, le lire lentement :
Car, il y a matière pour jouir du plaisir de la lecture, d’autant qu’à chaque page, on décèle toute la jubilation de l’auteur d’écrire ce qu’il met dans la bouche de ses personnages.
Il y a matière pour s’instruire sur des réalités, notamment historiques, de notre terroir, qui nous sont proposées.

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Quand un cinéaste innove : « Les Mille et Une Nuits », de Miguel Gomes

— par Janine Bailly —

les_1001_nuitsJe voudrais, en réponse polie à l’article un tantinet injurieux de Selim Lander, — paru sur ce site le 22 novembre sous le titre élégant de Cinéma : En avoir ou pas (Bellochio et Gomes) —, et qui m’a personnellement touchée, simplement retranscrire cet article de Télérama : il y est dit ce que j’ai ressenti lors de la projection du film à Madiana, et je tiens à remercier ceux qui ont eu le courage de le programmer tout en sachant que l’inédit, toujours, a commencé par faire hurler et fuir les foules… Quel est le contexte de l’œuvre ? La crise a frappé de plein fouet le Portugal, l’un des quatre pays européens dont la situation était si grave qu’ils durent faire appel, pour survivre, à la troïka. Le réalisateur Miguel Gomes décide donc de parler de son pays, soumis à une sévère austérité, et de suggérer/analyser les troubles qu’il traverse. Dans le premier volume d’un film constitué de trois opus, où, à la façon du recueil persan Mille et Une Nuits, il déroule une succession d’histoires différentes, le cinéaste contera, entre autres, celle de représentants européens venus en mission d’observation au Portugal, et qui souffriront d’étranges problèmes de virilité…

Fort de France, le 23 novembre 2016

TÉLÉRAMA : Critique lors de la sortie en salle le 24/06/2015

Les Mille et Une Nuits : volume 1, L’Inquiet

— Par Louis Guichard

Impossible d’oublier la beauté bizarre de Tabou (2012), film portugais au noir et blanc voluptueux, à la fois mélodrame intense et subtile parodie, en même temps muet et parlant.

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CIAM 2016 : « Les jours [et nuits] du cirque »

—Par Selim Lander —

circo-ripopoloPour la quatrième année consécutive le Centre International des Arts en Mouvement, basé à Aix-en-Provence, organise un festival du « nouveau cirque » qui réunit des circassiens souvent prestigieux. Ci-dessous un bref aperçu de cinq de leurs spectacles.

Circo Ripopolo : A Rovescio

Où est passé Carlito?

Gabriele et Jiancarlo sont deux employés de cirque. Pendant la représentation, ils sont chargés de changer les accessoires, nettoyer la piste, etc. Entre deux numéros, n’ayant rien de particulier à faire,  ils s’affairent à leur manière. Leurs spectateurs sont installés dans l’arène qu’ils ont posée derrière un minuscule chapiteau censé représenter le « vrai cirque ». Spectateurs ou voyeurs ? La réussite de ce spectacle est là tout entière : ces deux clowns d’un nouveau genre ont l’air tellement fatigués, tellement peu présents à ce qui se passe en dehors de leur petit monde, leurs « numéros » sont tellement dérisoires qu’ils parviennent par moment à nous faire oublier leur qualité d’artistes authentiques. Sous l’appellation « nouveau cirque » se cache beaucoup de choses différentes. Ici, on pourrait parler de cirque « contemporain », au sens du « n’importe-quoi et du presque-rien » que l’historien de l’art Jean Clair donne à « l’art contemporain ».

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Harriet Tubman : 1ère femme noire sur un billet étasunien

dollar_tubmanElle sera la première femme noire à figurer sur un billet de monnaie étasunien. Elle s’appelle Harriet Tubman. Le billet de 20$ à son effigie ne sera pas imprimé avant 2020. Mais qui était Harriet Trubman?

Une  fervente abolitionniste!

Harriet Tubman, née Araminta Ross vers 1820 dans le comté de Dorchester (Maryland) et morte le 10 mars 1913 à Auburn (État de New York), est une militante en faveur de l’abolition de l’esclavage afro-américain. Ses actions, qui permirent l’évasion de nombreux esclaves, lui valurent le surnom de Moïse noire, Grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple Noir.

Après la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage aux États-Unis en 1865, elle oriente ses actions dans la lutte contre le racisme et le mouvement en faveur du droit de vote des femmes.

Son souvenir est honoré aux États-Unis le 10 mars 1990 et elle sera  donc la première femme noire a être représentée sur un billet de banque (20 dollars).

Origines familiales
Les lieux qui ont compté dans la vie d’Harriet Tubman

Harriet Tubman est née Araminta « Minty » Ross de parents esclaves, Harriet (« Rit ») Green et Ben Ross.

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A la Nuit Debout, la jeunesse s’est «conscientisée»

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REPORTAGE – Depuis jeudi dernier, les manifestants contre la loi Travail passent une partie de la nuit à République. Près des bougies laissées en mémoire des attentats, ils s’organisent avec le carré rouge en feutrine comme emblème.

Hier soir place de la République à Paris, ils étaient environ un millier à s’être rassemblé pour une nouvelle #NuitDebout, mouvement né au soir du 31 mars pour continuer la lutte contre la loi El Khomri. En l’occurence, ils étaient assis en assemblée générale pour écouter attentivement une bonne partie de la soirée les différents membres des commissions qui se sont créées depuis jeudi, et voter les résolutions à main levée. Des mesures terre à terre comme «Délocaliser la bouffe» (faire partir les vendeurs de merguez), «ne plus vendre d’alcool», «organiser le service sérénité de nuit» (un service de sécurité pour ceux qui dorment sur place) côtoient des plus ambitieuses comme: «écrire la Constitution de la République sociale», «demander un référendum sur les traités européens», ou carrément «détruire le capitalisme»!

REPORTAGE – Depuis jeudi dernier, les manifestants contre la loi Travail passent une partie de la nuit à République.

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« Suzanne Césaire, fontaine solaire » : Antigone et Panthère noire

— Par Roland Sabra —

L’ensemble du plateau est noir et nu. Au sol un vaste carré de contreplaqué aux couleurs bondes rehausse, ce qui sera l’espace de jeu des comédiennes. Les comédiennes ? Elles sont trois assises en fond de scène sur des tabourets de bar tournant le dos au public. Elles aussi tout de noir vêtues à l’exception de l’une d’entre elles qui porte un chemisier rouge orangé. Trois pour une seule voix. Une voix oubliée sous les décombres de l’histoire, sous les échafaudages de la construction d’un mythe enraciné dans le réel d’un monde en lutte pour la reconnaissance d’une identité. Cette voix à l’entendre nul ne restera intact. On avait lu ce qu’elle disait mais on ne l’avait pas entendue. Cette voix c’était celle de Suzanne Roussi. Elle avait éblouit André Breton, André Masson, Wifredo Lam et un certain Aimé Césaire qu’elle avait épousé quelques années auparavant à la mairie du 14ème arrondissement à Paris dans un tailleur rouge de laïcité affichée. C’est avec lui et quelques autres, professeurs au lycée Schoelcher pour la plupart, qu’ils fondent en avril 1941 la revue littéraire Tropiques.

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« La nuit spirituelle » Texte de Lydie Dattas, lu par Macha Makeïeff,

— Par Michèle Bigot —
la_nuit_spirituelleThéâtre de la Criée, Marseille,
5/12/2015

Macha Makeïeff a eu l’heureuse inspiration de faire précéder le spectacle de Nauziciel par la lecture d’un texte stupéfiant de Lydie Dattas, intitulé La nuit spirituelle.
L’histoire de ce texte touche au plus près à l’histoire de Genet et de sa création littéraire: voici en quels termes la poétesse le présente :
« Un jour j’ai trouvé Jean Genet assis dans mon fauteuil. Alexandre l’avait rencontré dans la rue, et sachant mon admiration juvénile, l’avait invité chez nous. Le poète ne tarda pas à s’installer dans l’appartement voisin. Le soir même j’entrai joyeusement dans sa chambre pour discuter avec lui, exprimant sans censure mes désaccords à celui dont l’œuvre avait bouleversé mes seize ans. Genet devint de glace. Le lendemain il signifia à Alexandre mon bannissement : « Je ne veux plus la voir, elle me contredit tout le temps. D’ailleurs Lydie est une femme et je déteste les femmes. » Cette parole qui me rejetait dans la nuit de mon sexe me desespéra. Trouvant mon salut dans l’orgueil, je décidai d’écrire un poème si beau qu’il l’obligerait à revenir vers moi.

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« Une nuit d’orgie à Saint-Pierre Martinique »

une_nuit_orgie_st-pierre « Une nuit d’orgie à Saint-Pierre Martinique » a été publié en 1893 par un certain Effe Géache ou F.G.H., dont l’identité n’a jamais été découverte.
L’histoire se déroule dans le « Paris des Antilles » encore appelé la « Venise tropicale» ou le « Sodome américain », qu’était alors Saint-Pierre, la capitale de l’île de la Martinique.
Ce roman met en scène les us et coutumes amoureux de cette ville peu avant sa destruction par l’éruption de la Montagne Pelée.
Les aventures érotiques de Hubert, Jules et Philippe, les compères d’Une nuit d’orgie, « mêlent toujours – selon Raphaël Confiant – la débauche au comique, le stupre à la rigolade la plus franche ». L’intérêt de cet ouvrage réside moins dans l’intrigue que dans la richesse de son vocabulaire imagé et épicé ; le créole apporte notamment gourmandise et gaieté à cette oeuvre sans égal.

Lire un extrait :
Le port de Saint-Pierre est magnifique tant par l’immobilité de la mer dans la belle saison que par sa forme gracieuse.
Quoi de plus beau, en effet, que le quart de cercle que la vague a creusé sur la plage de la ville montueuse et mal pavée, et les petites lames qui, couronnées de blanches écumes, viennent mourir presque sans bruit sur un bord de sable gris ?

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Edouard Glissant, une luciole dans la nuit primordiale

— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Ecrivain —
Face à un monde qui se défait devant nous, la pensée du poète, essayiste, romancier martiniquais, Edouard Glissant n’a jamais été aussi vive et fondée.
« On nous dit et voilà vérité, que c’est partout déréglé, déboussolé, décati, tout en folie, le sang, le vent. Nous le voyons et le vivons. Mais c’est le monde entier qui vous parle par tant de voix bâillonnées »…(Traité du Tout-Monde), observait déjà Edouard Glissant. L’humanité s’enfonce-t-elle dans de sombres temps?…Sont-ils mûrs ces fruits d’un ombrageux destin?…Dans son éloge de Lessing, Hannah Arendt évoquait la situation de celui qui . se trouve confronté à un temps de ce genre. Un temps où le domaine public a perdu le pouvoir d’illuminer…Un temps où nous ne nous sentons plus éclairés selon l’ordre des raisons, ni radieux selon l’ordre des affects.
Des clôtures s’érigent tous azimuts. Le problème des migrations se découvre épineux; il n’est qu’à ses débuts. Le repli sur soi empêche d’anticiper cette tendance inéluctable. La guerre en Syrie nous sert d’avertissement. Nous connaîtrons d’autres afflux massifs de populations dus à des évènements soudains: guerres, catastrophes naturelles, changements climatiques…Rien de vraiment surprenant, lorsqu’on sait, par exemple, que les politiques d’aide au développement ont été laissées de côté.

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Mémorial ACTe, le plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l’esclavage

memorial_acteVisite en avant-première du plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l’esclavage.Un équipement culturel sans précédent aux Antilles.

Le site abrita, plus d’un siècle durant, l’usine sucrière Darboussier, fermée en 1980 puis démolie, à l’exception de sa seule annexe administrative, une bâtisse jaunie de style colonial, où furent réglées les payes de générations d’ouvriers locaux. Connu de tous les Antillais pour avoir englouti des quantités de tiges de canne à sucre en plein centre de Pointe-à-Pitre, à deux pas de la préfecture, ce phare industriel de l’île de la Guadeloupe cède aujourd’hui sa place à un imposant bâtiment moderniste tout juste sorti de terre, long de 240 m et fort de 7.124 m², dont 2.500 m2 dédiés aux expositions mémorielles et artistiques. Le « centre Beaubourg » de l’île? La formule circule.

Il s’agit du flambant Mémorial ACTe, le centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage*, projet porté par la Région Guadeloupe tout au long des années 2000. Érigée en bord de mer à la façon d’un navire, sa façade altière, toute minérale, rappelle celle du récent MuCem, à Marseille (musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).

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À Fort-de-France, jeudi soir – jeudi noir, mais jeudi l’espoir.

— Janine Bailly —

charlie_se_mwenLa nuit va tomber sur la place Roméro à Fort-de -France, comme elle est aussi tombée sur les locaux du journal « Charlie Hebdo », à Paris. Peu à peu, la foule s’assemble devant la banderole qui, parlant créole, nous rappelle
que la liberté de penser et de dire n’a pas de frontières, et qu’elle s’exprime de même façon, sous tous les cieux, quelle que soit la langue utilisée.
Silence et recueillement sont de mise, les enfants eux-mêmes l’ont compris, qui ne troubleront pas des discours, sobres et pudiques dans leur ensemble, bien que chargés d’émotion autant que d’une juste indignation.
La plus belle image est pour moi celle de ces adolescentes qui, visage grave et tenue sage, lèvent bien haut leur pancarte proclamant « Je suis Charlie ».
Le plus beau moment reste celui où les bougies s’allument, et, dessinant un cercle lumineux autour de la fontaine qui occupe le centre de la place, font reculer la nuit et revenir la lumière, de même façon que l’humanisme fera renaître l’espoir et reculer l’obscurantisme ! C’est du moins ce en quoi je veux croire !

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« Mon amie Victoria » : la lutte des classes en Noirs et Blancs (2)

— Par Roland Sabra —

mon_amie_victoriaSynopsis : Victoria, fillette noire de milieu modeste, n’a jamais oublié la nuit passée dans une famille bourgeoise, à Paris, chez le petit Thomas. Des années plus tard, elle croise de nouveau celui-ci. De leur brève aventure naît Marie. Mais Victoria attend sept ans avant de révéler l’existence de l’enfant à Thomas et à sa famille, issue de la bonne bourgeoisie, généreuse et ouverte. Sous le charme de la petite fille, ils lui proposent alors de l’accueillir régulièrement. Peu à peu, Victoria se sent dépossédée de sa fille…

Pour son neuvième long métrage Jean-Paul Civeyrac adapte à l’écran une nouvelle de Doris Lessing « Victoria et les Staveney ». Le film en transposant la situation de Londres à Paris dresse avec une grande finesse, une belle distance et beaucoup de sensibilité le portrait de deux univers à travers deux générations. D’un coté une bourgeoisie blanche, ouverte, de « gôche » si tant est que le mot est encore un sens, possédant les codes culturels dominants et capables d’en jouer, très « bobo » en un mot, de l’autre un monde en marge qui regarde passer les trains de l’histoire sans jamais oser y monter si ce n’est comme soutier et qui se sent dépossédé non seulement des richesses matérielles mais plus encore des us et des coutumes incorporés par les possédants et que ceux-ci manient de façon presque « naturelle »⋅ Habitus dirait Pierre Bourdieu.

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Mort d’un jeune Noir : deuxième nuit d’émeutes dans le Missouri

mickael_brownDe nouvelles émeutes ont éclaté lundi soir dans la petite ville américaine de Ferguson, dans le Missouri, après la mort d’un adolescent noir de 18 ans, Michael Brown, tué par la police alors qu’il était non armé. Le FBI a ouvert une enquête.

La communauté noire de Ferguson ne décolère pas. De nouvelles émeutes ont éclaté lundi 12 août au soir dans la petite ville du Missouri, sous tension depuis la mort de Michael Brown, un jeune adolescent noir de 18 ans mort, après avoir été blessé d’une balle par un policier.

Les circonstances exactes du décès de Michael Brown, qui était âgé de 18 ans, n’ont pas encore été établies. Le jeune homme, blessé samedi, a succombé dimanche à ses blessures. Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme. Le jeune homme a été touché à « plusieurs reprises », selon la police, huit fois selon la famille de l’adolescent.

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Deux jours, une nuit

Une fable bouleversante sur la violence du monde de l’entreprise : la puissance du système Dardenne à plein régime.

— par Romain Blondeau —

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Deux jours, une nuit des frères Dardenne

A mesure que les années passent, et que les Palme d’or s’accumulent, constituant l’un des palmarès les plus intimidants du cinéma contemporain, les frères Dardenne semblent s’ouvrir à des registres plus populaires, se défaire d’une forme de radicalité et de noirceur qui innervait leurs premiers films. Dans Le Gamin au vélo, déjà, ils faisaient le pari d’une intrigue limpide, résolument plus lumineuse, tandis qu’ils accueillaient un nouveau visage issu du cinéma commercial (Cécile de France y trouvait alors son meilleur rôle).

Cette impulsion populaire, qu’il ne faudrait surtout pas prendre pour une compromission, est encore ce qui guide leur dernière livraison cannoise, Deux jours, une nuit, dans laquelle les deux frères belges atteignent une alchimie merveilleuse entre le documentaire, le film à suspense et la fable sociale telle qu’Hollywood savait en produire par le passé. On pourrait parler de film-somme, tant les Dardenne y résument ce qui constitue l’ADN de leur cinéma, tout en cherchant une formulation plus transparente.

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La Nuit des assassins : des paumés magnifiques

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Par Selim Lander – En compagnie de Yoshvani Medina, puis de Ludwin Lopez et maintenant en solo, Ricardo Miranda a permis au public martiniquais de découvrir un théâtre latino-américain riche d’invention, de fantaisie, de mystère, où le sacré n’est jamais bien loin. Avec La Nuit des assassins Miranda puise une nouvelle fois dans le répertoire cubain. José Triana a écrit là un vrai texte de théâtre moderne, qui captive moins par les ressorts de l’intrigue que par l’étrangeté de la situation dans laquelle les personnages se trouvent plongés. Pourquoi sont-ils réunis, qui sont-ils, que veulent-ils, à quoi jouent-ils ? Telles sont les questions auxquelles chacun est invité à apporter ses propres réponses. À cet égard, on peut se demander s’il est pertinent de donner au futur spectateur, comme fait le programme du Théâtre municipal, autant de clés pour « comprendre » la pièce. N’est-il pas préférable de le laisser se faire sa propre opinion en toute autonomie ? Certes, il faut bien un « pitch » pour le convaincre d’assister au spectacle, mais il ne faut pas moins se garder d’imposer une interprétation a priori.

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« La nuit des assassins » : une création prometteuse de Ricardo Miranda

Retenue pour le Festival d'Avignon en juillet 2014

—Par Roland Sabra —

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« En éduquant l’enfant, les parents placent en lui leur conscience déjà formée et ils engendrent leur mort. Ce qu’ils lui donnent, les parents le perdent, ils meurent en lui. Les parents contemplent dans le devenir de l’enfant leur propre suppression dialectique » Hegel « Conférences »

La pièce « La nuit des assassins » écrite par José Triana à Cuba en 1964 a connu et connait encore un succès mondial plus particulièrement en Amérique du Sud et en Europe. De quoi s’agit-il ? Enfermés dans un grenier deux sœurs et un frère imaginent, miment, mettent en scène l’affirmation hégélienne bien connue selon laquelle« les enfants sont la mort des parents ». Prurit boutonneux, crise d’adolescence, révolte contre le Père ? Se contenter de cette lecture serait bien superficielle. Les frères Castro ne s’y sont pas trompés. Ils y ont vu un appel à la résistance à l’oppression et leur sens développé de la démocratie, comme chacun sait, a conduit au début des années 1980 José Triana à l’exil en France.

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« La nuit des assassins » : un artefact théâtral

8ème Rencontre Théâtre Amateur

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

la_nuit_des_assassins-2« L’Autre bord Compagnie » s’attaque au drame familial à travers l’une des œuvres les plus subversives de José Triana. « Dans la cave de la maison familiale, à l’aide de jeux et de souvenirs d’enfance ,trois frères et sœurs Lalo, Cuca et Beba se transforment en acteurs qui jouent leurs propres rôles, ceux de leurs parents et des autres personnages liés au présumé parricide. Rien de mieux que le jeu pour soigner leurs plaies toujours béantes. » Commettrons t-ils l’irréparable ?
Le théâtre de José Triana répond à deux courants de la scène européenne des années soixante : l’esthétique absurdiste et le théâtre cérémonial, héritier du théâtre de la cruauté. Il remet en question toute l’organisation des idées et des pratiques qui représente une manière de calmer des états de tensions agréables ou désagréables lié à toute une éducation, c’est-à-dire la transmission d’une culture qui conditionne les structures profondes de la personnalité à qui elle fournit un incontournable système de valeurs-attitudes.

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« Première nuit : une anthologie du désir » sous la direction de Léonora Miano

premiere_nuitVient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier le collectif Première nuit : une anthologie du désir sous la direction de la romancière Léonora Miano.

C’est sous le signe de la subversion que s’annonce cet ouvrage qui renverse le parcours thématique des littératures noires francophones. Un univers jusque-là inexploré – celui de l’intime et du désir –, nous est offert dans ces dix nouvelles écrites par des écrivains noirs pour notre plus grand bonheur.

Point de vue de l’éditeur :

Parlons du corps et de l’intimité avec Alfred Alexandre, Edem Awumey, Julien Delmaire, Frankito, Julien Mabiala Bissila, Jean-Marc Rosier, Insa Sané, Felwine Sarr, Sunjata et Georges Yémy. L’initiative est signée Léonora Miano, romancière.

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Nous avons besoin de l’Afrique comme «instance d’une plus grande inspiration»

— Par Serge Letchimy —

Discours prononcé à Dakar lors de la commémoration du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire

LE SIGNE DE L’AMITIÉ

Nous voici aujourd’hui en terre africaine, au Sénégal, pour honorer le centenaire de la naissance de celui qui fut, sans aucun doute, le plus africain des Antillais, et, très certainement, si vous me le permettez, le plus Sénégalais de tous les Antillais.

Le rapport de Césaire à l’Afrique relève du sentiment le plus complexe qui soit. Dans l’avion qui me menait vers Dakar, me revenaient à l’esprit ces fulgurances qu’il avait sans cesse, tout au long de son œuvre, consacrées au continent premier. Je me souviens de cette interview de 1977, dans laquelle il expliquait ceci :

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Ce que le jour doit à la nuit : Hervé Koubi transcende la danse de rue

Par Selim Lander. Ce que le jour doit à la nuit est d’abord le titre d’un roman de Yasmina Khadra, cet ancien militaire reconverti dans la littérature qui se trouve actuellement diriger le Centre culturel algérien de Paris. Hervé Koubi est pour sa part un Français issu de l’immigration algérienne (suivant l’expression consacrée). Le titre de sa nouvelle création – qui met en scène douze danseurs hommes, algériens à l’exception d’un seul, burkinabé – traduit son propos plus clairement peut-être qu’il ne le laisse entendre dans ses notes d’intention : qu’est-ce qu’un jeune Français comme lui, éduqué complètement en dehors de la culture maghrébine (études de pharmacie et de danse) doit au pays des origines ?

 Hervé Koubi1

Pour le découvrir, il est parti à la rencontre du peuple d’Algérie et plus particulièrement des jeunes hommes adeptes du hip hop, peut-être la seule danse authentiquement populaire d’aujourd’hui. Sa compagnie est née de ces rencontres. Un premier ballet, El Din, en 2010, a précédé Ce que le jour doit à la nuit dont la première a eu lieu à Aix, le 31 janvier, dans ce lieu magique qu’est le Pavillon Noir d’Angelin Preljocaj.

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