« La nuit – la brume ( tropicales) », de Christoph Guillermet

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Initié par Christoph Guillermet ce spectacle numérique vivant, où les images se déposent sur la brume à la manière d’un hologramme est une invitation à une exploration visuelle sonore et poétique de la forêt tropicale . « Enfant je partais la nuit avec mon père dans les forêt tropicales. La nuit tombait les brumes se levaient , puis dévalaient pentes et coteaux. Les insectes traversaient vals et monts, attirés par la lumière. Les animaux de la nuit sortaient prudemment de leurs refuges »
Une immersion confiante dans les nuits de brume où l’enfant se laisse porter par une ballade rêveuse au cœur de la nature.

Dominique Guesdon en chef d’orchestre très beau joue un yoga majestueux et magique à la fois, le contrôle du souffle et le positionnement du corps participent aussi au transfert d’énergie. Il sait tempérer divers mouvements de la main, du poignet de l’avant-bras , du bras et des épaules . C’est l’alphabet crucial élémentaire, l’essentiel même de ce langage lorsque la main remonte et met fin à la vibration, que se passe-t-il durant cette séquence gestuelle ? Ce plaisir recommencé, ce curieux mélange bercé de familiarité et d’étrangeté propose un équilibre de la performance dans une atmosphère plus concentrée et plus exprimée mais autant de calmes mesures. Ses mains prennent au-dessus de son pupitre que l’équipe nomme « l’Instrument » avec une pointe d’humours non feinte et un rien de modestie dans la voix qui traduit une belle émotion , l’allure d’un génie magicien de la forêt tropicale.
C’est un déferlement de bonheur qui s’insinue dans l’agitation joyeuse des clair-obscur
glissant de la forêt la nuit. Et comme dans la danse indienne autorise à s’ouvrir à une plus grande intensité de vivre, une amplitude de la beauté du geste dans l’art du massage en esthétique et telle qu’en vérité la gestuelle pianistique. Est-ce la technique qui guide l’esprit ou l’esprit qui guide la technique ?
On voyage en rêvant et là sous nos yeux ébahis, s’ esquisse une nature tour à tour mystérieuse, merveilleuse ou angoissante, à l’obscurité percée de mille traits divins, de lumière qui s’ouvre au petit matin. Il suffit de vouloir se laisser envahir par la chaleur de l’ambiance en forêt humide et de suivre pas à pas le petit Christoph qui écrase les fougères,, saute avec les grenouilles danse avec les papillons au milieu des derniers rayons solaires qui lancent leurs ultimes feux à l’orée du crépuscule. Moiteur de brume senteurs boisées, bruits d’animaux…Tout y est pour un dépaysement complet loin du vacarme de la ville. Le noir et blanc est habillement utilisé pour rappeler que nous évoluons dans un souvenir d’enfance de l’auteur. Cette magie créée de toute pièce ne doit rien au hasard et se pique d’aspects techniques qui peuvent paraitre un rien barbares voire de prime abord rébarbatifs. « L’Instrument » comprend une banque de sons et une banque d’images dont les fréquences sont accessibles par des capteurs de distance. La brume est créé à partir d’un dispositif permettant de canaliser de fines gouttelettes d’eau et restituées sous forme de signal Tout cela ils l’on imaginé, créé, réalisé «  l’ Instrument » est né tout entier de la seule force de leur réflexion et bien entendu de la gymnastique de leurs doigts agiles. Pourtant, aussi intentionnellement feutrée soit l’ ambiance, aussi romantiques, évanescents et suspendus, les sons et leurs images ,la visibilité , et le décryptage du scénario peuvent par moments sembler sibyllin .Aussi si l’image n’occupe qu’une partie basse de l’écran, c’est la conséquence sans doute du fait que « l’Instrument » se place au niveau du bas de l’écran ?Ce qui n’occulte d’aucune manière que c’est cet amalgame de gestes finement exécutés qui permet à Dominique Guesdon de commander efficacement cette œuvre . Ce sont ces gestes fondamentaux ( monter, descendre la main ,le bras, quitter et reprendre « l’instrument »)simples en apparence qui donnent la base de l’harmonieux développement de la technique et permettent d’acquérir la hauteur nécessaire pour transmettre plus ou moins d’énergie au système, d’obtenir les vélocités requises comme la sérénité heureuse pour jouer des traits rapides et favoriser la clarté la plus appropriée. L’étendue des gestes se trouve entre deux points limites , d’un côté un maximum d’actions avec une hauteur d’attaque qui permet une énergie puissante puis de l’autre un minimum de persuasion et un déplacement contrôlé juste suffisant à faire vibrer le son et exister l’image.
Une fois la bonne position atteinte le bras se relâche. Il s’agit d’un geste de sélection qui se transforme en geste d’excitation maitrisé.

Jauge limitée à partir de 4 ans.

Ce spectacle à d’abord évolué en milieu scolaires durant plusieurs semaines pour finalement poser son bagage à Tropiques Atrium pour deux dates et 3 représentations par jour.

Souhaitons à ce spectacle ludique et récréatif d’investir la place qui lui revient de droit.
Les enfants y trouvent un intérêt certain et sont curieux de cette forme d’art. Ils ne les décevrons pas…

Conception & création multimédia : Christophe Guillermet
Création sonore : Frédéric Duzan
Captation sonores tropicales Martinique & Guyane :
Marc Escavis, Dominique Guesdon & Brian Afata
Interprètes : Viviane Vermignon, Dominique Guesdon,& Christoph Guilermet

Construction scénographique : Dominique Guesdon

Coproduction Association La Servante

Christian Antourel
& Ysa de Saint-Auret