Deux jours, une nuit

Une fable bouleversante sur la violence du monde de l’entreprise : la puissance du système Dardenne à plein régime.

— par Romain Blondeau —

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Deux jours, une nuit des frères Dardenne

A mesure que les années passent, et que les Palme d’or s’accumulent, constituant l’un des palmarès les plus intimidants du cinéma contemporain, les frères Dardenne semblent s’ouvrir à des registres plus populaires, se défaire d’une forme de radicalité et de noirceur qui innervait leurs premiers films. Dans Le Gamin au vélo, déjà, ils faisaient le pari d’une intrigue limpide, résolument plus lumineuse, tandis qu’ils accueillaient un nouveau visage issu du cinéma commercial (Cécile de France y trouvait alors son meilleur rôle).

Cette impulsion populaire, qu’il ne faudrait surtout pas prendre pour une compromission, est encore ce qui guide leur dernière livraison cannoise, Deux jours, une nuit, dans laquelle les deux frères belges atteignent une alchimie merveilleuse entre le documentaire, le film à suspense et la fable sociale telle qu’Hollywood savait en produire par le passé. On pourrait parler de film-somme, tant les Dardenne y résument ce qui constitue l’ADN de leur cinéma, tout en cherchant une formulation plus transparente.

Le point de départ est là aussi d’une simplicité absolue. Après une terrible dépression qui l’afflige encore, une jeune femme, Sandra (Marion Cotillard), apprend qu’elle sera bientôt au chômage. Il ne lui reste alors que le temps d’un week-end pour convaincre ses anciens collègues de renoncer à une prime, ce qui lui permettrait d’être réintégrée dans l’entreprise.

Un à un, elle va leur rendre visite, plaider sa cause, tenter de rester digne, ne jamais insister, ne jamais (trop) pleurer, lutter pour sa survie comme la plupart des héroïnes dardenniennes. Elle sera l’œil des cinéastes, leur relais, qui infiltre le petit monde de l’entreprise pour en révéler les pires mécanismes sociaux : les négociations mesquines, les atteintes à la solidarité de classe, la violence psychologique infligée à ceux qui sont jugés “improductifs”.

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