— Par Laure Bereni (Sociologue, chercheuse au CNRS), Sébastien Chauvin (Sociologue, maître de conférences à l’université d’Amsterdam et directeur du Amsterdam Research Center for Gender and Sexuality), Alexandre Jaunait (Politiste, maître de conférences à l’université de Poitiers et membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes) et Anne Revillard ( Sociologue, professeure associée à Sciences Po Paris) —
Les contempteurs français des études sur le genre craignent par-dessus tout que les découvertes de ce champ de recherche ne trouvent une traduction à l’école. C’est un paradoxe. En effet, si les normes de masculinité et de féminité sont si naturelles, pourquoi craindre à ce point que la différence des sexes ne soit plus systématiquement inculquée aux esprits jeunes et influençables ? N’est-ce pas de toute façon encore le cas dans les manuels d’école primaire ? Si la division des rôles sociaux entre hommes et femmes, par exemple dans la famille contemporaine, découle des gènes, des hormones ou d’un décret divin, cet arsenal de représentations par lesquelles on contraint les enfants à leur future place dans la division des sexes ne se révèle-t-il pas bien inutile ?