–– Par René Ladouceur —
Un ami, agacé, me réveille pour me demander mon point de vue sur, dit-il, « les attaques racistes dont fait l’objet la Guyane». L’auditeur qu’il vient d’entendre sur Radio-Guyane 1ère ne trouve pas de mots assez durs pour fustiger, et sur un ton des plus obscènes, les Guyanais coupables, à ses yeux, de n’avoir pas participé massivement, comme dans l’Hexagone, à la grande marche républicaine du 11 janvier dernier.
Je donne raison à mon ami.Moi non plus, je n’ai pas eu envie de me trouver l’autre dimanche Place de la République, à Paris, pour crier « même pas peur ! », l’autocollant « Je suis Charlie » rivé sur le front. Pourquoi donc ? Je n’ai naturellement pas été indifférent au meurtre de masse, commis de sang-froid, qui a endeuillé la France entière. J’ai même littéralement fondu en larmes en apprenant la mort de Cabu. Rien ne peut ni ne doit justifier un tel assassinat⋅ Dire cela aujourd’hui n’a rien d’original : des millions de personnes l’ont pensé et l’ont ressenti ainsi, à juste titre⋅ Il reste que, dès les premières minutes de cette épouvantable tragédie, une question m’est venue immédiatement à l’esprit : le profond dégoût éprouvé face au meurtre devait-il obligatoirement me conduire à m’identifier avec l’action des victimes ?