Catégorie : Sociologie

Derrida et la question juive

 

— Par Nicolas Dutent —

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Le Dernier des juifs,
de Jacques Derrida,
Editions Galilée, 144 pages, 22 euros.

«Tu vas rentrer chez toi, mon petit, tes parents recevront un mot. » Ce matin d’octobre 1942, sous le soleil trompeur d’Alger, les mots que Jackie reçoit du surveillant du lycée de Ben Aknoun ont l’effet d’un tremblement de terre. « Le pourcentage de juifs admis dans les classes algériennes vient d’être baissé de 14 à 7 % : une nouvelle fois, le zèle de l’administration a dépassé celui de Vichy », situe Benoît Peeters dans sa riche biographie (Derrida, Flammarion) consacrée à l’intellectuel des marges. L’étude du rapport que Jacques Derrida cultiva avec le thème de la judéité, entreprise qui fait l’objet d’un ouvrage audacieux aux éditions Galilée, est une belle aventure. Elle n’en demeure pas moins risquée tant les liens que le penseur entretient avec son éducation et sa culture juives – sans même statuer sur l’assignation incertaine à une essence – sont profonds et complexes⋅ Ce travail est indissociablement introspectif et conceptuel⋅ Il impose déjà, en vue d’atteindre ce que Sartre appelle la profondeur du vécu, de renouer avec une approche biographique sans laquelle une blessure, disons originelle, ne peut s’apprivoiser.

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L’indécente lettre de Madame Ursull

— par Tony Albina —

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l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture on
pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer de
coups, le tuer – parfaitement le tuer – sans avoir de
compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à pré
senter à personne
un homme juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
Aimé Césaire

Il y a une indécence sans fond dans la lettre de la citoyenne, Madame Joëlle Ursull.
Anecdotique aurait pu être cette sombre affaire si l’enjeu n’était rien d’autre qu’une certaine domiciliation d’un antisémitisme larvaire et rampant dans nos pays au nom de l’insoumission nègre.
C’est se tromper mille fois. Et s’obstiner à glisser dans ce que Serge Letchimy a appelé l’abîme. Car en effet, c’est s’y engouffrer que de dire, et nous nègres ! chaque fois que l’on entend Shoah. C’est précisément ce qu’a fait cette dame. D’où la grande indécence de sa missive. Indécence : manquer de correction prévient une définition. Autrement dit manquer de rectitude, c’est à dire refuser de conformer son action à une droite conduite.
Quelle est cette droite conduite à laquelle cette lettre fait défaut ?

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Migration retour o péyi… et nécessité de retenir ceux qui y sont encore!

— Par Philippe Villard, Consultant en développement économique —

migrationL’amendement proposé par le président de Région Serge Letchimy lors de la plénière du 18 décembre, destiné à favoriser le retour des jeunes Martiniquais porteurs de projets vivant à l’étranger a remporté l’adhésion et les votes des élus régionaux à l’unanimité. A juste titre. Et chacun se félicite de cette heureuse initiative.
Tout juste peut-on souhaiter que les choix se fassent en faveur des projets les plus porteurs d’emplois (ou de perspectives d’emplois) et évitent les habituels effets d’aubaine propres à ce type de dispositifs. Mais ne devrait-on pas aussi se pencher sur les emplois existants et potentiellement menacés de disparition ? Evidemment, répondra-t-on…, et tout le monde y travaille! Pas si sûr.
Je voudrais juste témoigner à travers cet article des difficultés d’un secteur sur lequel j’interviens en Martinique depuis près de 20 ans, et dont on parle peu parce qu’il n’est pas structuré comme d’autres, mais qui pourtant pourrait potentiellement attirer nos jeunes Antillais diplômés : celui des études et du conseil (que l’on appelle de façon plus « branchée » , consulting, consultance, ingénierie).

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Il est temps de mettre fin aux suppressions de postes

— Par Jocelyn Jaubert, CSTM-Education & Patrick Jean-Baptiste, UGTM-Education —

suppression_postesMadame la Ministre,

Vos déclarations, « l’origine sociale, l’environnement culturel et le niveau de vie des parents pèsent sur la réalité scolaire des enfants » – « …j’ai voulu que les critères sociaux et territoriaux soient désormais pris en compte l’attribution des moyens… » , soulignant l’impact des inégalités sociales sur les inégalités scolaires, comme nos syndicats l’affirment depuis plusieurs années, nous ont fait espérer un changement réel dans les moyens alloués à notre académie de Martinique.
Malheureusement, l’annonce de la suppression de 27 postes d’enseignant dans le 1er degré et de 44 dans le secondaire, sous le prétexte éculé de diminution des effectifs, portant ainsi à un millier le nombre total de suppressions de postes sur ces dix dernières années, vient contredire vos discours.
S’il est vrai que nous avons perdu de nombreux élèves ces dernières années, pour des raisons historiques sur lesquelles nous reviendrons, il n’est pas moins vrai que notre situation économique, sociale et éducative est catastrophique et aurait dû au moins entraîner l’arrêt de ces suppressions, voire même l’augmentation du nombre de postes pour faire face aux besoins réels et urgents de notre pays la Martinique (…).

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Prestations funéraires : pourquoi si chères ?

—Par Emmanuel Certain, Président du SGPFM de Martinique —
pompes_funebresLes familles endeuillées posent souvent la question du coût d’une prestation funéraire. Chaque année, nous sommes tributaires d’une augmentation de certaines prestations. Prestations incontournables lors de la perte d’un être cher.
1- Les avis de décès sur la radio locale RCI ont augmentés de 40% en moins de 2 ans, alors que les textes sont de plus en plus réduits.
Pour les deux radios : Martinique 1re et RCI, les associations, infirmières, médecins, maisons de retraite, familles d’accueil, noms des épouses des fils ne sont pas cités. Il est exigé 5 noms de famille.
Toute ligne supplémentaire est facturée sur RCI.
2- Les caveaux remplis d’eau doivent être asséchés. 90% de ceux de la ville de Fort-de-France sont à assécher. La décharge de Rivière Roche, lieu où étaient déversées les eaux des caveaux de Fort-de-France, est actuellement fermée. Aucune solution définitive avec les responsables de l’Odyssi, l’ODE et de la ville de Fort-de-France n’a pu être trouvée alors qu’il est interdit de rejeter ces eaux dans les allées des cimetières. Pour les autres communes, nous sommes également en attente d’une réponse des responsables de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud ainsi que celle de Cap Nord Martinique avec qui nous avons échangé.

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Lettre à Madame Joëlle Ursull

—Par Harry Nirelep —
lettres-2Madame,

J’ai lu, avec bonheur, votre lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la république.

On y trouve bien plus d’indignation que de colère, davantage d’affirmation d’une certaine identité que de ressentiment.

Qu’il se trouvât de beaux esprits, ici ou là, pour chercher à vous donner la réplique, et tenter de dénaturer le sens et d’amoindrir la portée de votre initiative épistolaire, ne saurait me surprendre.

Je ne sais si le lien éventuel entre vous et moi, est de la seule filiation qui nous ramène à nos grands-parents esclaves hier et émancipés depuis, ou/et à nos parents, aujourd’hui assimilés.

J’ai trouvé saugrenue une réponse qui, s’adressait très directement à vous, et dont l’auteur se piquait de connaitre l’histoire et la mémoire juives, tandis qu’il avouait benoitement, sa méconnaissance de l’histoire si particulière des nègres d’Amérique dont il se revendique.

Comment ne pas comprendre qu’une artiste guadeloupéenne s’offusque d’un propos du Présidents de tous les Français, et, si j’ai bien compris, un peu président de toute l’Humanité, propos lancés sans précaution d’aucune sorte, et proclamant que « la Shoah est le plus grand crime, le plus grand génocide, jamais commis ».

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La concurrence mémorielle : suite… sans fin

plume_tribuneA propos de la Lettre ouverte au Président de tous les Français et les débats qu’elle a suscités.

Les expressions concurrence des mémoires et concurrence mémorielle désignent le danger qu’encourt une société à ce que des groupes de personnes revendiquent, par compétition, des attentions particulières en invoquant les drames humains ayant touché par le passé leurs communautés d’origine. Le débat n’est pas nouveau : dès 1976, le chanteur français d’origine arménienne Charles Aznavour, confronté au problème, déclarait, en commentant sa chanson Ils sont tombés : « Qui ne fait siens tous les génocides, n’en fait sien aucun ».En 1997 l’expression « concurrence des victimes » apparaît sous la plume de Jean-Michel Chaumont, professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain, pour dénoncer les dangers de la « compétition de reconnaissance » des déportations et des génocides historiques, qu’ils soient juridiquement reconnus comme tels ou non.

Illustrant ce propos dans les années 2000, l' »humoriste » français Dieudonné fait scandale en passant de la mouvance multiculturaliste incarnée par le mouvement « Touche pas à mon pote » à l’antisionisme et à la théorie du lobby juif, en arguant de la concurrence des mémoires.

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Cette logique de dépendance symbolique qui régente nos imaginaires

—Par Karfa Sira Diallo —
dependanceIl est regrettable que les réactions à la déclaration de François Hollande hiérarchisant les crimes contre l’humanité, au 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, n’agitent finalement que le microcosme politique hexagonal.
Après la vigilante lettre ouverte de la chanteuse et citoyenne Joelle Ursull, ce ne sont en fin de compte que des originaires d’outre-mer qui s’étripent sur le sens d’une telle déclaration. De Serge Romana (président du CM98) à Serge Letchimy (député et président de la Région Martinique), en passant par Goerge Pau-Langevin (ministre de l’outre-mer) et Elie Domota (secrétaire général de l’UGTG), ce sont des descendants d’africains de la diaspora qui gardent précieusement la mémoire du continent, la mémoire de la créolisation et du métissage de l’humanité.
On peut s’en réjouir tout en s’interrogeant sur le changement paradigmatique que cela suppose et en regrettant l’absence des africains sur un débat qui est au cœur des enjeux identitaires de l’actuelle mondialisation. Les africains auraient ils oublié ou ignoreraient ils la saignée humaine de la traite négrière occidentale et les expérimentations portugaises de l’esclavage dans l’Atlantique Sud.

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Nos Mémoires, parce qu’elles sont Habitées…, doivent être Respectées !

— Par Marie-Michèle Darsières —

memoiresLe discours de François Hollande au Mémorial de la Shoah, le 27 janvier 2015, disait en substance : « La Shoah, le plus grand crime jamais connu et jamais commis dans l’humanité. Il fut perpétré en terre d’Europe, par le régime d’une des nations les plus civilisées de notre continent…». Ceci a choqué, à juste titre. D’abord parce cette phrase hiérarchise l’Horreur, et en plus, laisse croire qu’ « en terre d’Europe », cela ne se faisait pas ….

Une Europe au dessus de tout soupçon ?

La réponse serait tellement longue et pédagogique…

Comment peut-on croire une seconde que François Hollande, Président de la République de TOUS les Français, ne connaisse pas le génocide de la colonisation et de l’esclavage ?

Comment croire une seconde qu’il a oublié les « mains coupées du Kongo » ?

Dans son livre « Les Fantômes du Roi Léopold », paru en 1998, aux éditions Belfond, Adam Hochschild chiffre à près de 10 millions les victimes de la rapacité royale de Léopold II de Belgique : tel est le bilan accablant de la conquête et de l’exploitation coloniale du Congo belge, cet «holocauste oublié», entre les années 1880 et la première guerre mondiale… ?

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L’extermination des Amérindiens et la déportation des Africains relèvent du génocide

— Par Garcin Malsa —
extermination_amerindiensUne descendante d’africains déportés et rendus esclaves, du nom de Mme Joëlle URSULL à osé avec dignité, fierté, estime de soi et en toute humanité exiger des excuses de Mr le Président de la République française, Mr François HOLLANDE, pour avoir publiquement déclaré en ce mois de février 2015, que la « Shoah est le plus grand crime et le plus grand génocide jamais connu ».
Elle a raison, et je suis fier d’elle. Le MIR dont je suis le président est également solidaire de sa prise de position.
Elle à raison, car dans les propos de Mr le président de la République il y a 2 choses condamnables ; d’abord une hiérarchisation des crimes contre l’humanité, donc des souffrances, ensuite une logique qui consiste à ignorer tous les autres crimes commis avant la Shoah et qui concernaient les populations non blanches.
Et c’est dans cette logique et cette même démarche de hiérarchisation que vous vous inscrivez, malheureusement, Mme Georges Pau Langevin quand en réponse à Mme Joëlle Ursull, vous déclarez « ceux qui sont allés chercher les esclaves en Afrique pour travailler dans les exploitations ne voulaient pas les exterminer ; ils voulaient les faire travailler gratuitement ».

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« Faire l’apologie de l’esclavage n’est pas condamnable par la loi française »

— Par Élie Domota —

esclavage-400Monsieur Le Président de la République,

Un débat sur la liberté d’expression et le droit au blasphème agite la société française actuellement. Permettez moi de vous adresser ces quelques remarques, considérant le contenu répété de vos discours, et des membres de votre gouvernement, sur le vivre ensemble.
Vous le savez, l’esclavage et la traite négrière sont, depuis la loi TAUBIRA du 21 Mai 2001, reconnus comme crime contre l’humanité.

En 2009, M. Despointes, béké Martiniquais, descendant de propriétaire d’esclaves, tenait les propos suivants sur Canal plus :
«Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous (ndlr: les Békés), on a voulu préserver la race.» «Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l’esclavage et c’est regrettable» ……« les bons côtés de l’esclavage et les colons qui étaient très humains avec leurs esclaves, qui les ont affranchis et qui leur donnaient la possibilité d’avoir un métier ».

Ces propos ont déclenché la colère de milliers de Martiniquais et de descendants d’esclaves de part le monde.

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La mémoire de l’esclavage n’est pas une victime collatérale de la commémoration de la Shoah!

— Par George Pau-Langevin —

concurrence_memorielleChaque fois que les mémoires de l’Esclavage et de la Shoah se retrouvent mesurées, comparées ou opposées, les passions, les emportements et les outrances qui s’expriment démontrent combien la connaissance historique et scientifique de l’une et de l’autre doit progresser et progresser encore avant que ne s’effacent, enfin, les tentations de l’inutile concurrence des mémoires et des victimes.

Peut-on encore évoquer la singularité de la Shoah sans que les descendants d’esclaves – dont je suis – ne se sentent minorés ou, pire, niés dans la mémoire des souffrances et des atrocités qui furent infligées à leurs aïeux ? Peut-on, de même, rappeler avec force la singularité de la traite des Noirs, de ses abjects fondements et de la monstruosité de son bilan humain, sans pour autant blesser la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans les camps, jetés dans les rouages d’une industrie de la mort programmée et planifiée au seul motif qu’ils étaient Juifs ?

Chacun de ces deux crimes contre l’humanité a acquis sa singularité dans l’Histoire. Une singularité conquise de haute lutte et qui, pour la Shoah comme pour l’Esclavage, continue de se construire à mesure que la connaissance des faits historiques se renforce et que l’œuvre de mémoire collective progresse.

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Sitôt la première atteinte

— Par Serge Letchimy —
crimes_vs_human-2L’horreur commence sitôt la première atteinte, le premier sang, le premier mort. Elle est d’emblée totale. Toute atteinte à l’humain déclenche un abîme sans limites.

Dès lors, toute hiérarchisation des crimes contre l’humanité peut être aventureuse. Il ne saurait y avoir de plus grand crime par-ci, de moins grand crime par-là. La proximité temporelle, l’immédiateté géographique, le voisinage sensible, les films, images ou autres qui se trouvent disponibles, les usures ou les frappes de l’oubli, les prééminences ou les dominations, infléchissent notre esprit dans le bourbier de cette ornière. Qu’il soit très proche ou pas, qu’il avale nos semblables ou qu’il terrasse des étrangers… l’abîme reste l’abîme ! La haute conscience devrait pouvoir s’en préserver et, à chaque fois, atteindre tout de suite le même éclat de vigilance, l’exacte intensité d’une absolue condamnation.

En la matière plus que toute autre, la mesure ne saurait être de mise. La Traite des nègres, l’esclavage américain, l’ouvrage colonialiste en son ensemble, les génocides amérindiens, la Shoah, les purifications sordides, les actes de guerre odieux… relèvent toujours d’un même principe : l’inhumain est au cœur de l’humain.

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Mediapart – Céregmia : 2-0

mediapart-ceregmia-2Après la publication d’un dossier sur les « errements » dans la gestion du Ceregmia le site d’information Mediapart gagne sa seconde manche contre les dirigeants de ce laboratoire de recherche installé sur le campus de Schoelcher.

Le directeur du CEREGMIA et son adjoint avaient attaqué le site Mediapart en diffamation devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour un article paru en mai dernier intitulé « Université Antilles-Guyane: les fonds européens ont été siphonnés à grande échelle L’avocat du site pour protéger la liberté d’expression avait soulevé des nullités de procédures qui ont été suivies par les juges du tribunal correctionnel.
Les avocats des responsables du Ceregmia, dont Philippe Edmond-Mariette, ont annoncé leur intention de faire appel.

Lire les articles sur Madinin’Art

Et on lira aussi avec intérêt les articles de Lisa David sur le site Free Pawol et notamment le dernier en date :

 

Céregmia fort dans le marigot

— Par Lisa David —

Le dossier du CEREGMIA ne finit plus d’occuper l’actualité. Le procès en diffamation du 5 janvier, intenté à Médiapart par les dirigeants du Ceregmia, Fred Célimène le directeur et Kinvi Logossah le directeur adjoint, le remettait aux devants de la scène.

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Libres et sans fers, paroles d’esclaves français

Présentation-débat du livre de Frédéric Régent, Gilda Gonfier, Bruno Maillard  le 10 février à 19h

libres_&_sans_fersIls s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor…
Tous sont esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique. Ils s’expriment, « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs témoignages inédits racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux châtiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient parfois la mort.

Ces témoignages, souvent très émouvants, permettent de revoir l’image trop caricaturale d’un être aliéné, sans capacité face à l’horreur de l’esclavage, ou celle au contraire, d’un esclave toujours rebelle obsédé par l’idée de détruire la société coloniale.

 Cet ouvrage a été co-écrit par Gilda Gonfier, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), Bruno Maillard, docteur en histoire et chercheur rattaché au Centre de Recherche sur l’Océan Indien, Université de la Réunion (Université de la Réunion) et Frédéric Régent, maître de conférences en histoire à l’université Paris 1 Panthéon- Sorbonne à L’institut d’Histoire de la Révolution française.

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« Joëlle Ursull se trompe »

— Par Pierre Kanuty —
oopsLa chanteuse à succès des années 80 et 90 ne faisait plus beaucoup parler d’elle jusqu’à ce texte qu’elle publie et qui sera probablement bien commenté dans les milieux afro-antillais. Elle a écrit une « Lettre ouverte » à François Hollande pour s’insurger d’une phrase prononcée par le Président de la République lors des commémorations du soixante-dixième anniversaire de l’entrée de l’Armée rouge dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Ce texte est à relier au Manifeste des nègres insoumis qui dénonce la hiérarchisation dans l’indignation. Les deux textes procèdent de la même démarche de dénonciation du fait qu’on dise que la Shoah est le pire des génocides de l’Histoire de l’Humanité. Ils considèrent, même si ce n’est pas dit comme cela, qu’il est plus facile pour un juif d’attirer à lui la compassion des gens indignés par l’injustice que pour un autre Français.
Si j’ai décidé d’en parler, ce n’est pas pour faire de la publicité à des thèses connues qui peuvent être relayées indifféremment par des gens animés de mauvaises intentions ou par des personnes qui ne font que percevoir ce qui à leur yeux n’est qu’injustice, mais parce qu’il est toujours important de répondre à des idées qui nourrissent ici la confusion, là le rejet.

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Le street artiste Combo agressé à Paris

comboCela ne leur a pas plu, ce grand gars à la voix douce et à la barbe fournie d’un imam, qui collait sur le mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah avec, à côté, le mot « coexist » – Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T. Samedi 30 janvier, porte Dorée à Paris, les quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. L’homme a refusé, alors ils l’ont roué de coups. Epaule démise, des bleus douloureux et huit jours d’incapacité totale de travail (ITT), mais « rien de cassé » : « Mon petit frère, qui fait de la boxe, m’a appris : j’ai eu les bons gestes quand j’étais à terre. »

Combo a 28 ans. Il n’est pas religieux. Il est « street artiste ». C’est-à-dire qu’il a fait de la rue son moyen d’expression. « Publicitaire repenti – pour Peugeot, MacDo ou Canal+ », il a décidé un jour qu’il devait faire œuvre. Depuis, il parcourt le monde avec ses rouleaux de papiers imprimés et ses bombes de peinture.

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La concurrence mémorielle

Réflexions, le site de vulgarisation de l’Université de Liège du 28/02/12
Faut-il sanctuariser telle ou telle catégorie de la société -les Juifs, les Arméniens, les descendants d’esclaves africains, etc. – en donnant à chacune la satisfaction d’une loi mémorielle qu’elle pourrait avoir de bonnes raisons de revendiquer ? Appartient-il à l’autorité politique de définir la vérité historique sur certains traumatismes du passé pour préserver, sous la menace de sanctions pénales, la mémoire collective ? Ne risque-t-on pas, ce faisant, d’attiser les conflits de mémoires ? Telles sont quelques-unes des questions cruciales, et très actuelles, qu’aborde La concurrence mémorielle (1), un ouvrage collectif sous la direction de Geoffrey Grandjean et Jérôme Jamin. 

 Le 22 décembre 2011, à Paris, l’Assemblée nationale adoptait en première lecture une proposition de loi de la députée Valérie Boyer (UMP) visant à réprimer « la contestation des génocides établis par la loi ». Le Sénat faisait de même le 23 janvier, mais la Cour constitutionnelle a invalidé le texte de cette loi le 28 février 2012. En France, deux génocides sont reconnus légalement : la Shoah – dont le négationnisme était déjà sanctionné par la loi Gayssot (13 juillet 1990), ainsi que le génocide des Arméniens (loi du 29 janvier 2001) qui a fait un million et demi de morts entre 1915 et 1917.

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Contre la (stupide) idée de « concurrence mémorielle »

concur_memoireC’est un petit mais important geste que vient de poser le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en s’alliant avec son homologue, le Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom).

C’est ce 4 mai que Crif et Crefom ont signé ensemble un mémorandum « afin de lutter contre le racisme et l’antisémitisme et pour étendre la diffusion de la mémoire de la Shoah et de l’esclavage».

Avec le Mémorial de la Shoah, elles vont pour commencer soutenir la création d’un Mémorial de l’Esclavage dans la région parisienne. Une réaction rendue nécessaire, explique le président du Crefom par la prétendue « concurrence mémorielle » :

« L’idée qu’il y a une guerre des mémoires entretenue par le Crif se répand depuis quelques années chez une partie des descendants d’esclaves, d’autant plus qu’elle est portée par des gens comme Dieudonné »

De fait, ce « concept » aussi creux qu’haineux a été lancé et propagé par l’antisémite Dieudonné et ses alliés d’extrême-droite : selon eux, les Juifs avec « leur » génocide, trusteraient toute la mémoire aux dépens de celui des esclaves noirs.

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Regarder l’horreur en face

— Par Nicolas Weill —

auschwitz-2Les maximes sur l’impossibilité de représenter la mort ne manquent pas. En particulier quand il s’agit de la mort de masse, celle qui fut donnée dans les camps d’extermination. Au nom d’une « irreprésentabilité » supposée de la Shoah, une école de pensée a délégitimé a priori l’archive visuelle, se fondant sur le parti pris formel de Claude Lanzmann dans Shoah (1985), qui excluait toute image d’époque. Siegfried Kracauer, dans Théorie du film (Flammarion, 2010), anticipant ce débat dans les années 1950, avait suggéré que l’horreur pouvait être vue, mais seulement de façon détournée (il recourut pour cela à l’allégorie de la tête de Méduse, dont Persée évita le regard mortifère en contemplant son reflet sur son bouclier). Dans Images malgré tout (Minuit, 2004), le philosophe et historien d’art Georges Didi-Huberman a, sans craindre la polémique, voulu restituer un statut « imaginable » à la déchirure du génocide, en commentant quatre photographies d’Auschwitz prises à l’insu des gardes SS par des Sonderkommandos en août 1944, alors que la machine meurtrière battait son plein avec le gazage des juifs hongrois.

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« Quelques mots pour Joëlle Ursull »

— Par Serge Romana —

en_ns_memes-Tribune- Ma soeur, car nous le sommes par nos parents qui ont souffert de l’esclavage, j’ai lu attentivement la lettre que tu as adressée au Président Hollande et il me vient ces quelques réflexions et une invitation.

Le constat est clair et me semble juste :

1) le Président Hollande, en déclarant le 27 janvier 2015, au mémorial de la Shoah, que « la Shoah est le plus grand crime le plus grand génocide jamais commis » hiérarchise les crimes contre l’Humanité et participe lui aussi à la concurrence des mémoires. C’est désolant et regrettable. Cela entretient chez nous le ressentiment et arme les extrémistes.

2) On parle plus des victimes de la Shoah que de celles de l’esclavage colonial et cela nous fait mal ?

Pourquoi ?

Peut-être parce que la Shoah s’est déroulée au milieu du 20e siècle et que le souvenir de ce génocide est encore prégnant en France ?

Peut-être parce qu’il existe toujours des survivants pour raconter Auschwitz ?

Peut-être parce qu‘Auschwitz est vivant, que l’on peut voir les valises, les cheveux, les jouets des personnes gazées et que nos moulins sont en ruine ?

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« Réinventer des médias émancipateurs passe par une réconciliation avec les classes populaires »

goulet_vincentDans un ouvrage qui vient de paraître, Vincent Goulet, sociologue spécialiste des médias et des pratiques culturelles, ancien maître de conférences à l’université de Lorraine, annonce la couleur avec un titre quelque peu provocateur, « Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1 ». Entretien.
Partant du constat, « regrettable paradoxe », que « les classes populaires semblent se désintéresser de l’information politique, ne fréquentent guère les “médias de gauche” et préfèrent les médias commerciaux », vecteurs d’une idéologie libérale ou conservatrice, Vincent Goulet propose une réflexion vigoureuse et engagée, nourrie par l’histoire et la sociologie du journalisme, sur le rôle de la presse dans la relance de la critique sociale dans une visée émancipatrice.

HD. « Le peuple n’est pas condamné à TF1 », annoncez-vous dans le titre de votre dernier ouvrage. En quoi serait-il voué aux médias dominants ?
VINCENT GOULET. On constate que les médias les plus fréquentés par les classes populaires ne sont pas les plus progressistes. Les médias progressistes, émancipateurs, de gauche pour le dire brièvement, ne prennent pas véritablement en compte certains usages sociaux des médias d’information par les milieux populaires : se situer dans la hiérarchie sociale, faire des pieds de nez à l’autorité, se réassurer sur les risques de l’existence – ce à quoi servent les faits divers – ou encore transmettre non seulement des visions du monde, mais un style de rapport au monde.

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Lettre ouverte au Président de tous les Français

— Par Joëlle URSULL —

plume_tribuneVous avez osé, Mr Hollande, en 2015 au vu et au su de tous, insulter par omission des peuples, oui des peuples entiers. Lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, vous avez affirmé que : « La Shoah est le plus grand crime, le plus grand génocide, jamais commis »
Alors Mr le président je suis furieuse d’une telle déclaration. Car ou vous êtes inculte ou vous faites semblant de l’être……..
C’est ce genre d’hiérarchisation des horreurs de l’humanité, qui engendrent d’autres discriminations, toutes aussi pernicieuses. Voilà pourquoi de nos jours en France, si vous marchez sur le pied d’un juif, c’est une agression antisémite. Mais le tort fait aux autres (Noirs, Maghrébins etc.) c’est juste du racisme ordinaire. C’est à s’y perdre Mr le président. Alors comment expliquer le fait lorsque vos compatriotes noirs, arabes ou asiatiques sont agressés par des activistes d’extrême droite, il ne se trouve aucun homme politique pour le dénoncer autant que s’il s’agissait d’un acte antisémite ? Et dans le dernier malheur ayant touché notre pays et fait 17 victimes, dont 4 juifs, l’attention du grand public n’est presqu’attirée, que sur ces 4 victimes.

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La Chandeleur

chandeleurLe nom de cette fête, Chandeleur, ou fête des chandelles, a une origine latine et païenne : la festa candelarum.

La Chandeleur (Fête des chandelles) est une fête religieuse chrétienne qui correspond à la Présentation du Christ au Temple.

Elle est actuellement fixée au 2 février, soit 40 jours après Noël.

Étymologie

Le nom de cette fête, Chandeleur, ou fête des chandelles, a une origine latine et païenne : la festa candelarum.
Historique

Chez les Romains, on fêtait les Lupercales aux environs du 15 février, fêtes inspirées de Lupercus, dieu de la fécondité et des troupeaux. À la même époque, on trouve également la fête de Feralia.

Les Lupercales ont fréquemment été liées à la fête de la Chandeleur, ainsi par le Cardinal Cesare Baronio au XVIe siècle, notamment de par la visée purificatrice que les deux fêtes peuvent avoir. En outre, le pape Gélase Ier a écrit une lettre au sénateur Andromachus4 – qui souhaitait rétablir les Lupercales et arguait qu’elles avaient un pouvoir purificateur – et le sacramentaire gélasien mentionne la fête de la Chandeleur, on conclut donc que Gélase avait remplacé la fête païenne à date environnante par la fête de la Présentation.

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« Comment l’islam est perverti par des fidèles »

— Par Ali Malek, écrivain algérien —

faux_propheteLe Prophète de l’islam est le plus impopulaire parmi les fondateurs de religion. Si vous évoquez Confucius, Bouddha ou Jésus chez les non-chrétiens, on vous prête l’oreille. Dès que vous évoquez Mahomet devant un non-musulman, celui-ci est dubitatif, à juste titre. On voit trop d’images horrifiantes à la télé commises en son nom pour être tenté d’avoir envie de le connaître. Mes compatriotes algériens ont manifesté dans les rues d’Alger pour exprimer leur indignation devant les caricatures de Charlie Hebdo et crier que les frères Kouachi sont des martyrs. Or, y a-t-il un seul verset dans le Coran qui appelle à mettre à mort celui ou celle qui insulte le Prophète ? Aucun verset ne légitime le meurtre d’un blasphémateur, d’un hérétique ou d’un apostat. Aucun !

Les musulmans ne puisent pas leur religion dans le Coran qu’ils prétendent être la parole de Dieu transmise par l’archange Gabriel au prophète Mahomet. Vous tombez à la renverse quand vous vous penchez sur ce que les musulmans appellent la « charia »[loi islamique]et que certains d’entre eux, par ignorance, souhaitent voir appliquée, et qui est en inadéquation avec le Coran.

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