— Par Philippe Pierre-Charles —
Le premier devoir des nouvelles générations à l’égard des ancêtres est de chercher à les comprendre, à faire corps avec leurs luttes, à étudier patiemment, avec empathie, leurs vies, hauts faits comme faiblesses, succès comme échecs, espoirs comme illusions, tout compris.
Cet exercice est salutaire à plus d’un titre : il est une bonne introduction à l’histoire qui arrive plus facilement à la vérité quand elle regarde depuis le bas de la société, là où on pousse de hauts cris. Elle est aussi un bel antidote contre le sectarisme et l’arrogance qui aigrissent l’âme. Dans le jugement qu’il porte aux « grands hommes » (expression bien plus courante au masculin, hélas !) le peuple est parfois plus sage que les intellectuel-le-s parce que c’est lui qui vit d’abord les effets et les méfaits des « grands » et de leurs politiques. Le peuple n’ignore pas les trajectoires humaines auxquelles il assiste aux premières loges. Ces trajectoires sont lumineuses quand elles sont ascendantes, affligeantes dans le cas contraire.
Schœlcher est partisan de l’esclavage à ses débuts, partageant les préjugés racistes dominants de l’époque, mais il n’est pas un cas unique.