— Propos recueillis par Matthieu Giroux —
Philosophe atypique, Dany-Robert Dufour a développé au fil des années une œuvre importante à la croisée de la philosophie du langage, de la philosophie politique et de la psychanalyse. Il publie « Fils d’anar et philosophe » (R&N éditions), un livre d’entretien avec Thibault Isabel qui revient sur son cheminement philosophique et sur les rencontres qui ont marqué sa vie.
Marianne : Vous présentez votre jeunesse et en particulier votre jeunesse étudiante comme une parenthèse enchantée mêlant engagements politiques et accomplissements intellectuels. Un parcours comme le vôtre est-il encore possible pour un jeune homme du XXIe siècle malgré la morosité qui caractérise notre époque ?
Dany-Robert Dufour :Disons que j’ai eu de la chance, beaucoup de chances. Chance d’avoir eu un père singulier, qui s’était forgé une langue bien à lui, poétique et populaire, une mère aimante mais pas surprotectrice, un frère aîné qui m’a mis le pied à l’étrier, c’est-à-dire la main à l’encrier philosophique et littéraire. Chance aussi d’avoir eu vingt ans en 1968, plutôt qu’en 1940. En fait, c’est cette époque des années soixante qui fut une parenthèse enchantée.