L’éphéméride du 3 juin

Naissance de Joséphine Baker à Saint-Louis ( Missouri) le 3 juin 1906

Joséphine Baker, de son vrai nom Freda Josephine McDonald, née le 3 juin 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri, aux États-Unis, et morte le 12 avril 1975 dans le 13e arrondissement de Paris, en France, est une chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante française d’origine américaine.

Pétition: Osez Joséphine Baker au Panthéon !

En 1937, après son mariage avec un jeune raffineur français de confession juive – religion à laquelle elle se convertit alors –, elle obtient la nationalité française et, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle joue un rôle important dans la résistance à l’occupant. Elle utilise ensuite sa grande popularité dans la lutte contre le racisme, et pour l’émancipation des Noirs, en particulier en soutenant le Mouvement des droits civiques de Martin Luther King.

Années de jeunesse

Freda Josephine McDonald, alias Joséphine Baker, née dans le Missouri, aux États-Unis, est une chanteuse et danseuse américaine naturalisée française en 1937, d’origine espagnole, afro-américaine et amérindienne1. Elle descendrait probablement d’Eddie Carson, musicien de rue itinérant aux origines espagnoles2. Artistes, ses parents ont monté ensemble un numéro de chant et de danse mais Eddie abandonne sa famille en 19073. Carrie McDonald se remarie avec un ouvrier, Arthur Martin, dont Joséphine prend le nom4. Elle est ainsi métisse5, d’origine espagnole, afro-américaine et amérindienne1.

La jeune femme passe une partie de son enfance à alterner l’école et les travaux domestiques pour des gens aisés chez qui sa mère l’envoie travailler6.

À cette époque, Joséphine Baker n’a d’autre choix que de contribuer, par son salaire, à faire vivre la fratrie dont elle est l’aînée ; la famille est très pauvre et s’est agrandie : Carrie et Arthur ont eu trois enfants – Richard, Margaret et Willie Mae, qu’il faut nourrir7. Joséphine quitte l’école en février 1920 pour se marier, comme le mentionnent les registres de l’établissement public qu’elle fréquente à St-Louis4, avec Willie Wells. Lui et Joséphine, alors âgée de 13 ans, vivent dans la maison des Martin8.

Débuts au music hall
Artiste de rue
Après la fin de son premier mariage, en 1920, Joséphine Baker, qui danse depuis qu’elle est toute petite9, rejoint un trio d’artistes de rue appelé le Jones Family Band, qui est ensuite intégré dans la troupe itinérante des Dixie Steppers8. C’est au moment où leur tournée s’arrête à Philadelphie que Joséphine fait la rencontre de Willie Baker, qu’elle épouse en 1921 et avec qui elle s’installe10. Pour gagner sa vie, elle danse au Standard Theater, où elle gagne 10 dollars par semaine11.

Danseuse à Broadway
Mais Joséphine Baker voit grand, et l’envie de danser à Broadway la pousse, âgée d’à peine 16 ans, à quitter son second mari pour aller tenter sa chance à New York. Une fois sur place, elle met peu de temps à se présenter au Music Hall de Broadway, sur la 63e rue le Daly’s 63rd Street Theatre (en). Là, elle essuie plusieurs refus de la part du directeur avant d’enfin se voir offrir un rôle sommaire. Elle joint donc la troupe de la comédie musicale Shuffle Along, un spectacle populaire à la distribution entièrement noire. Au bout de deux ans de tournée, elle change d’allégeance et s’associe aux Chocolate Dandies, qu’elle quitte à leur tour pour entrer au Plantation Club, où elle fait la rencontre de Caroline Dudley Reagan. Cette mondaine, épouse de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris Donald J. Reagan, voit en Joséphine Baker un grand potentiel. Elle lui offre donc un salaire de 250 dollars par semaine si celle-ci accepte de la suivre en France, où Reagan veut monter un spectacle dont Joséphine Baker sera la vedette et qui fera d’elle une star : la Revue nègre12.

Choix de la France

Le 25 septembre 1925, le Berengaria13, bateau sur lequel Joséphine Baker a effectué la traversée, arrive au port de Cherbourg. Le temps de se rendre à Paris et, très vite, les répétitions commencent. Le 2 octobre 192514, elle passe en première partie dans la Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées. Vêtue d’un simple pagne de fausses bananes, elle danse sur un rythme de charleston — musique alors encore inconnue en Europe — l’interprétation d’un tableau baptisé La Danse sauvage. Le scandale fait rapidement place à l’engouement général. Elle devient l’égérie des cubistes qui vénèrent son style et ses formes, et suscite l’enthousiasme des Parisiens pour le jazz et les musiques noires. À cette époque, elle rencontre Georges Simenon, qu’elle engage comme secrétaire.

Revue nègre

Joséphine Baker dansant le charleston aux Folies Bergère à Paris lors de la Revue nègre en 1926 (photo de Walery).
Le succès réservé à Joséphine Baker, la Revue nègre s’inscrit dans la vision bienveillante et condescendante envers les Noirs (ou les colonisés en général) des Français des Années folles, qui a succédé dans certains discours à celle de la peur du sauvage, plus caractéristique de la Belle Époque, selon Sophie Jacotot15. Il est cependant juste d’affirmer que ce personnage de la sauvageonne, aussi réducteur soit-il, a permis de faire de Joséphine Baker la pionnière de ce qui est qualifié par certains comme une Renaissance Nègre fondée sur un mélange de jazz, de dadaïsme, d’art nègre et de cubisme16.

En 1926, elle rencontre un ancien tailleur de pierre originaire de Sicile, souvent qualifié de « gigolo », Giuseppe (dit « Pepito ») Abatino, avec qui elle entame une liaison qui dure jusqu’en 193617. Pendant cette période, il est son impresario, son manager, son mentor. Leur relation correspond à la période de l’ascension de Joséphine Baker.

Après une tournée en Europe, Joséphine Baker mène la revue des Folies Bergère de 1927 accompagnée d’un léopard, dont l’humeur fantasque terrorise l’orchestre et fait frémir le public. Cette même année, la jeune star se lance dans la chanson et suivant les conseils de Giuseppe elle participe au film La Sirène des tropiques. Avec Joséphine, Giuseppe ouvre le club « Chez Joséphine » et organise la tournée mondiale de la chanteuse en 1928.

Magie noire
À cette époque elle aurait inspiré à Paul Morand une des huit nouvelles de Magie Noire (1928), celle qui met en scène la danseuse afro-américaine Congo, initiée aux pratiques vaudoues dans le Harlem des années 1920 ; dans cet ouvrage marqué par le fantastique et l’érotisme, l’écrivain rend hommage au génie de la culture noire, au moment où « l’art nègre » fait fureur dans certains milieux artistiques et mondains.

J’ai deux amours

Henri Varna, directeur du Casino de Paris par l’intermédiaire de son imprésario Émile Audiffred, l’engage pour mener la revue de la saison 1930-1931 et lui achète un guépard, nommé Chiquita. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson J’ai deux amours composée par Vincent Scotto.

Quelques rôles lui sont proposés au cinéma par des cinéastes, tel Marc Allégret. Elle tourne ensuite dans deux films qui lui sont consacrés et dont Abatino écrit le scénario : Zouzou avec Jean Gabin et la fameuse chanson Fifine (composée par Vincent Scotto, Henri Varna et Emile Audiffred) puis Princesse Tam Tam qui ne rencontrent pas le succès espéré. Sur les planches du music-hall, en revanche, elle rassemble un plus large public en chantant et en dansant même le tango Voluptuosa de José Padilla.

Sa tournée de 1936 aux États-Unis ne rencontre pas non plus la réussite escomptée. L’Amérique est sceptique et certains lui reprochent de parler parfois en français, ou en anglais avec un accent français. Pepito et Joséphine Baker se séparent après l’échec de ces Ziegfeld Follies.

Elle rentre en France et acquiert la nationalité française en épousant le 30 novembre 1937 à Crèvecœur-le-Grand le jeune raffineur Jean Lion (la société Jean Lion et Compagnie existe encore), Giuseppe Abatino étant mort d’un cancer à l’automne 1936. Le nouveau couple s’installe au château des Milandes.

Au service de la France libre

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Joséphine Baker devient un agent du contre-espionnage, traité par Jacques Abtey (chef du contre-espionnage militaire à Paris). À cet effet, elle fréquente la haute société parisienne, puis se mobilise pour la Croix-Rouge18,19. Après la bataille de France, elle s’engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France libre, toujours via le commandant Abtey, qui reste son officier traitant jusqu’à la Libération20, en France puis en Afrique du Nord où elle est sous la protection de Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol19,21.

Installée au Maroc entre 1941 et 1944, elle soutient les troupes alliées et américaines et se lance dans une longue tournée en jeep, de Marrakech au Caire, puis au Moyen-Orient, de Beyrouth à Damas, y glanant toutes les informations qu’elle peut auprès des officiels qu’elle rencontre22.

Elle s’acquitte durant la guerre de missions importantes, et reste connue pour avoir utilisé ses partitions musicales pour dissimuler des messages. Lors de sa première mission à destination de Lisbonne, elle cache dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d’espions nazis, qu’elle remet à des agents britanniques23. Engagée ensuite dans les forces féminines de l’armée de l’air, elle débarque à Marseille en octobre 194420.

À la Libération, elle poursuit ses activités pour la Croix-Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front, suivant avec ses musiciens la progression de la 1re armée française20. Ses activités durant la guerre lui vaudront après les hostilités la médaille de la Résistance française avec rosette (par décret du 5 octobre 1946) 24, et quelques années plus tard les insignes de chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme des mains du général Martial Valin. L’ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans l’ouvrage de Charles Onana Joséphine Baker contre Hitler25.

Ambassadrice de la haute couture française
Joséphine Baker est l’une des premières ambassadrices de la haute couture française, « spécialement après la Seconde Guerre mondiale. La France était très pauvre, il n’y avait donc pas beaucoup d’argent pour promouvoir la haute couture française. Cependant, Joséphine Baker était une très bonne amie de Christian Dior et de Pierre Balmain et ils adoraient l’habiller. Alors, lorsqu’elle était revenue des États-Unis en 1949-1950, Joséphine avait bien porté – dans un spectacle, sur scène – ces robes fabuleuses »26.

Rêve d’une fraternité universelle

Après une grossesse à l’issue de laquelle Joséphine Baker accouche d’un enfant mort-né, elle contracte une grave infection post-partum et doit subir une hystérectomie à Casablanca en 194127.

Avec Jo Bouillon, qu’elle épouse en 1947, elle achète le château des Milandes en Dordogne qu’elle loue depuis 1937 et où elle vivra jusqu’en 196928. Elle y accueille douze enfants de toutes origines29 qu’elle a adoptés et qu’elle appelle sa « tribu arc-en-ciel »30,31.

Séparée de Jo Bouillon en 1957 (le couple divorce en 1961), elle engloutit toute sa fortune dans le domaine des Milandes, où elle emploie un personnel nombreux, et doit multiplier les concerts pour poursuivre son œuvre.

Cause des Afro-Américains
Elle retourne aux États-Unis en 1947 et 1951 pour tenter de renouer avec le succès. Elle y est victime de la ségrégation raciale, notamment lors de l’incident du Stork Club (en) le 16 octobre 1951 : alors qu’elle accuse le journaliste présent Walter Winchell de ne pas l’avoir défendue, ce dernier agacé, décide de briser sa réputation, la traitant de communiste, d’ennemie du peuple noir32.

En 1955, elle amplifie en Europe la vague d’indignation soulevée par le meurtre (dans le comté de Tallahatchie, Mississippi, États-Unis) du jeune afro-américain Emmett Till, suivi de l’acquittement des deux assassins, puis de leurs aveux cyniques après le jugement, une fois assurés de l’impunité33. Joséphine Baker est initiée, le 6 mars 1960, au sein de la loge maçonnique « La Nouvelle Jérusalem » de la Grande Loge féminine de France[réf. nécessaire]. En 1964, Joséphine retourne aux États-Unis pour soutenir le mouvement des droits civiques du Pasteur Martin Luther King. Elle participe en 1963 à la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté organisée par Martin Luther King, lors de laquelle elle prononce un discours, vêtue de son ancien uniforme de l’armée de guerre et de ses médailles de résistante23. À cette époque, elle est engagée depuis un moment dans l’action de la LICA qui deviendra la LICRA en 197923.

Cuba
En 1931, le poète Alejo Carpentier publie un article où il rend compte de l’influence de la rumba cubaine sur les chansons de Joséphine Baker. Lors de ses tournées en Amérique latine, la chanteuse se produit à Cuba en 1950, en janvier 1951 puis en janvier 1952 mais lors de cette dernière date, elle est confrontée au racisme quand on lui refuse une chambre à l’hôtel Nacional. Deux mois plus tard, Fulgencio Batista revient au pouvoir par un coup d’État. Joséphine Baker s’était alors engagée à créer une organisation en Amérique latine contre le racisme : proche du couple présidentiel argentin Juan et Eva Perón, elle ouvre une antenne à Buenos Aires et cherche à essaimer dans le sous-continent, notamment à Cuba. Elle est reçue par Batista, mais qui, mis en garde par le FBI et la mafia, la traite avec mépris. Le fait que des militants anti-Batista assistent à ses shows n’aide pas sa situation. Le 13 février 1953, de nouveau en tournée à La Havane, se tient une manifestation étudiante sur le Malecón. Elle est violemment réprimée par le régime et un jeune homme est tué. Sa dépouille est emmenée dans le grand amphithéâtre de l’université et Joséphine s’y rend, afin d’assister à la veillée funèbre. Le lendemain, le corps est emmené au cimetière lors d’un défilé de plusieurs dizaines de milliers de manifestants, mené par Fidel Castro. Joséphine Baker aurait ensuite décidé d’offrir les bénéfices d’un concert au parti castriste. Le 18 février, elle est arrêtée par les services de renseignement militaires de Batista, interrogée et finalement relâchée grâce à des diplomates français. Questionnée sur son prétendu communisme, elle nie, même si le FBI indique qu’elle s’était produite pour la SFIO pendant le Front populaire et qu’elle avait effectué une tournée en URSS en 1936. Si elle finit sa tournée le même mois au Teatro Campoamor, elle promet de ne plus revenir à Cuba tant que le régime de Batista ne sera pas tombé.

En décembre 1965 / janvier 1966, elle est invitée à Cuba par Castro, qui a pris le pouvoir quelques années plus tôt. D’autres personnalités sont présentes, comme les écrivains Alberto Moravia et Mario Vargas Llosa et le couple Régis Debray et Elizabeth Burgos. Il se tient alors à La Havane un évènement d’importance, un rassemblement de dirigeants du Tiers monde (d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine), la Conférence tricontinentale, qui vise à émanciper ces pays des sphères d’influence soviétique et chinoise. Le FBI de Hoover, qui dispose d’un dossier sur elle à cause de son soutien aux Afro-Américains, pourrait avoir pensé qu’elle y était l’envoyée du général de Gaulle, dans un contexte où la France envisage de faire sortir son pays de l’OTAN. De même, le contre-espionnage cubain cultive des doutes. En réalité, sa présence est, elle l’affirme, la poursuite de ses engagements antiracistes. Elle déclare ainsi dans une interview au quotidien Granma : La Tricontinentale, c’est formidable avec ces gens de tous les pays, toutes les langues, toutes les couleurs. C’est une chance inouïe d’avoir un public pareil. Toute la race humaine réunie en une seule famille. Avant le début de la conférence, elle rencontre Fidel Castro, et le met en garde sur le fait qu’on va essayer de l’assassiner. On ne sait pas de qui elle tient cette information mais il est à noter qu’au même moment, des réseaux anti-Castro et des tentatives d’attentats sont neutralisés. Elle se fait remarquer pour son enthousiasme politique, chantant au siège de la délégation du Nord-Vietnam, se faisant acclamer place de la Révolution et jouant au Teatro Garcia Lorca devant Castro. L’une de ses prestations est même diffusée en direct à la télévision cubaine et elle enregistre un disque. Avant son départ, Castro l’invite à se rendre à la baie des Cochons, où un débarquement soutenu par les États-Unis avait échoué en 1961. Devant les journalistes, elle déclare : Je suis heureuse d’avoir été le témoin du premier grand échec de l’impérialisme américain !.

Elle quitte l’île à la fin du mois, mais promet de revenir en juillet, invitée par Castro à venir y passer ses vacances avec ses enfants. Victime de problèmes de santé à l’intestin, elle est hospitalisée à son retour à l’hôpital américain de Paris. De Gaulle lui envoie une immense gerbe de fleurs. L’été, elle retourne donc à Cuba et retrouve le Lider Maximo. On lui remet un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines. En 1967, après la mort de Che Guevara, elle écrit une lettre de condoléance à Castro.

Années difficiles
En juin 1964, Joséphine Baker, criblée de dettes et harcelée par le fisc, lance un appel pour sauver sa propriété de Dordogne, où vivent ses enfants ; la mise en vente aux enchères du château est annoncée.

Émue et bouleversée par sa détresse, Brigitte Bardot participe immédiatement dans les médias au sauvetage, et envoie un chèque important à cette collègue qu’elle ne connaissait pourtant pas directement. Cependant le château est finalement vendu pour un dixième de sa valeur en 1968. Faisant jouer la loi française, après avoir dû vivre dans la seule cuisine du château, et même passer une nuit dehors devant la porte, elle obtient néanmoins un sursis qui lui permet de rester dans les lieux, jusqu’au 15 mars 1969.

Jean-Claude Brialy la prend sous son aile et l’accueille dans son cabaret La Goulue pour se produire régulièrement à Paris. Suite à son expulsion violente des Milandes, elle est hospitalisée un temps mais trouve rapidement les forces nécessaires pour assurer le spectacle. Le lundi, son jour de relâche, Joséphine parcourt l’Europe en solitaire pour aller honorer des engagements à Bruxelles, Copenhague, Amsterdam ou Berlin.

Alors que Joséphine Baker est pratiquement ruinée, la princesse Grace de Monaco, amie de la chanteuse d’origine américaine et artiste comme elle, lui offre alors un logement à Roquebrune pour le reste de sa vie et l’invite à Monaco pour des spectacles de charité.

Aidée aussi par la Croix Rouge, Joséphine Baker remonte sur la scène parisienne de l’Olympia, en 1968, puis à Belgrade en 1973, au Carnegie Hall en 1973, au Royal Variety Performance, au Palladium de Londres en 1974. À Paris, elle est au Gala du cirque en 1974.

En 1968, au cours des évènements de mai qui font tanguer le régime gaulliste, elle participe en tête de cortège à la grande manifestation de soutien au président sur l’avenue des Champs-Élysées.

Le 24 mars 1975, pour célébrer ses cinquante ans de carrière, elle inaugure la rétrospective Joséphine à Bobino, dont le prince Rainier III et la princesse Grace figurent parmi les mécènes. Dans la salle se trouvaient entre autres Alain de Boissieu, gendre de Charles de Gaulle, Sophia Loren, Mick Jagger, Mireille Darc, Alain Delon, Jeanne Moreau, Tino Rossi, Pierre Balmain et la princesse Grace de Monaco, invitée d’honneur. Le spectacle, pour lequel toutes les places avaient été vendues des semaines à l’avance, ne recueillit pratiquement que des critiques extasiées. Après le spectacle, deux cent cinquante personnes étaient invitées à souper au Bristol.

Elle retrouve son appartement parisien le 9 avril 1975 alors que le rideau vient de tomber devant une salle enthousiaste pour sa quatorzième représentation. Le lendemain matin, 10 avril, Joséphine Baker, victime d’une attaque cérébrale, est transportée dans un coma profond à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où elle meurt, le 12 avril, à 68 ans.

Elle reçoit les honneurs militaires et, après des funérailles catholiques le 15 avril 1975 à l’église de la Madeleine, à Paris, elle est enterrée au cimetière de Monaco.

Artiste
Bien qu’initialement Joséphine Baker ait été perçue comme une sensation exotique, une charmante afro-américaine au déhanchement incroyable46, elle a su se forger une solide réputation dans les hautes sphères de la société parisienne, pour qui elle en vint à incarner le personnage d’une Vénus d’ébène. Elle a su intelligemment se servir de cette image et la manipuler à sa guise, façonnant elle-même son personnage public synonyme d’émancipation, symbolisant toute forme de liberté (du swing jusqu’aux droits civiques en passant par la lutte contre le fascisme), et ne définissant sa destinée qu’à sa façon.

Jean-Gabriel Domergue la peignit nue dans un tableau (1936) qui passa en vente publique à Lille le 28 mars 1999 (reprod. dans La Gazette de l’Hôtel Drouot no 11 du 12 mars 1999, p. 177).

Source : Wikipedia