Catégorie : Parutions

Lucien Dégras, le passeur du jardin créole

— Par Jean-Claude Degras —

Né en1927, Lucien Dégras appartient à cette génération des années vingt, celle de l’entre-deux guerres où se forgent les premiers souvenirs, et celle de 1945, où en classe de terminale il découvre la dimension politique de la poésie, au lycée Schoelcher avec pour professeurs René Mesnil, auteur du manifeste « Légitime défense » et Aimé Césaire.

Jeune ingénieur agronome, il est en 1950 nommé en Guinée et découvre à sa grande surprise l’enchainement de la spoliation et de l’exploitation humaine sous le manteau hideux des droits de l’Homme. Se sentant spontanément investi d’une mission à l’égard de ses frères d’Afrique, il agace ceux qui défendent une certaine idée de la France. Au milieu des effervescences du contexte colonial il est expulsé d’Afrique pour avoir simplement invité un « indigène » chez lui. Muté en Guadeloupe au début au début des années soixante, il est nommé en 1964 directeur de l’Institut National de la Recherche Agronomique Antilles-Guyane (INRA).

Le constat est amer. Qui produit légumes, fruits, viandes d’un bout de l’année sur l’autre venus entièrement d’ailleurs et de nulle part, quand la malbouffe s’installe dans nos assiettes – quand le chlordécone pollue nos terres – quand la chimie empoisonne nos terres, quand les OGM se révèlent être un fiasco scientifico-industriel ?

→   Lire Plus

 » Guide pratique anti-machiste » de Ruth Manus

Dans ce portrait critique de notre société patriarcale, l’autrice pointe les comportements et discours sexistes que nous reproduisons tous et toutes, hommes et femmes, et cherche à déconstruire les modèles qui nous sont imposés dès l’enfance. Car admettre que nous sommes toustes concerné·es par le machisme est le premier pas pour s’en affranchir.
Valoriser les petites filles pour autre chose que leur apparence, ne pas interrompre une femme lorsqu’elle parle, comprendre que les violences faites aux femmes ne se limitent pas aux agressions physiques et sexuelles, s’intéresser à la diversité des identités de genre et d’orientations sexuelles, ne pas considérer que l’on « aide » une femme lorsque l’on fait des tâches ménagères… Voici quelques-unes des pistes avancées pour lutter simplement contre le machisme au quotidien.
Ayons le courage de changer nos mentalités pour changer la société ! La lutte contre la violence patriarcale est un combat collectif au nom de l’égalité et de la liberté pour tous et toutes.

Ruth Manus est avocate spécialiste en droit du travail féminin, conférencière TEDx et autrice de sept livres sur les questions féminines.

→   Lire Plus

Étienne Ghys, mathématicien : « Nous vivons une rupture entre la science et la société »

Étienne Ghys, mathématicien secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, directeur de recherche émérite au CNRS  et vulgarisateur hors pair, publie la Théorie du chaos. Fake news, organisation du monde, concepts… il revient sur l’importance et les enjeux de l’enseignement de sa discipline, complexe et abstraite pour nombre d’entre nous.
— Entretien avec Anna Musso —

Il est rare qu’une idée mathématique se diffuse dans la société. C’est pourtant le cas avec la théorie du chaos, popularisée grâce à une image, celle de « l’effet papillon », selon lequel le battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait provoquer une tornade au Texas.

Depuis Galilée et Newton, la physique et les mathématiques sont traversées par la problématique du déterminisme. Dans son nouveau livre (1), le mathématicien Étienne Ghys, qui a reçu la médaille de la médiation scientifique du CNRS en 2022, montre que si la science semblait en état de tout prédire, elle doit reconnaître la complexité du monde et l’impossibilité de prévoir le futur.

Dans la Théorie du chaos, vous dites qu’ « il est bien rare qu’un concept ou une idée mathématique passe dans le grand public ».

→   Lire Plus

« La Guadeloupe, la Martinique au temps du Covid-19, entre identité et décivilisation » d’André Lucrèce

L’auteur sera en signature à la librairie Cultura le samedi 29 Avril

« Il est complètement suicidaire de croire qu’une société quivous empoisonne est capable de vous soigner. »

John Joos

Ce livre se veut dans la lignée des travaux que j’ai pu mener à partir des observations et analyse consacrées aux sociétés antillaises, entendez par là Martinique et Guadeloupe. Il s’agit ici de développements inédits répondant à des dynamiques sociétales également inédites. Nous tenterons de suivre à la trace les chemins parcourus afin de découvrir les constellations de mutations qui nous mènent aujourd’hui à des sociétés convulsées.
La crise sanitaire que nous avons connue a elle-même déclenchée une crise de la parole qui a influé sur différents positionnements de chacun et une crise sociale qui détermine in fine des choix idéologiques et politiques. Elles sont ici analysées…

*******

André Lucrèce, né le 8 juin 1946 à Fort-de-France en Martinique, est un écrivain, poète, critique littéraire et sociologue français.

Biographie
Il est le petit-fils de Jules Lucrèce, l’un des tout premiers auteurs d’une Histoire de la Martinique publiée aux Presses universitaires de France en 1932.

→   Lire Plus

Parlons dette en 30 questions

Paru le 12 avril 2023
Auteur(s) : Jean-Marie Monnier
Auteur(s) moral(aux) : La Documentation française
Éditeur : La Documentation française
L’essentiel pour comprendre la dette publique : origines, mécanismes, taux d’intérêt, comparaisons internationales…
Extraits :

Le point sur
Depuis près de 20 ans, des crises d’une rare intensité ont fait pénétrer les débats économiques dans le quotidien des européens. En quelques années, le niveau des déficits budgétaires et de la dette publique, ou la politique monétaire de la Banque centrale européenne ont pris une place essentielle dans les déterminants des choix publics. Or, après la crise des dettes publiques des années 2010, les soubresauts des années 2020 obligent les gouvernants à chercher de nouvelles réponses dans un contexte de plus en plus complexe…

Les réponses publiques aux crises ont changé
Au tournant des années 2010 puis au début des années 2020, les nations européennes ont été confrontées à deux crises majeures provoquées par des chocs externes. Dans le premier cas, la crise financière et bancaire privée née aux États-Unis a gangrené l’ensemble de la planète provoquant une très forte récession. Dans le second cas, on observe une récession du même ordre, mais consécutive à la décision indispensable des gouvernements d’arrêter l’activité économique pour limiter la propagation de la pandémie de Covid-19 et la crise sanitaire qui s’en est suivie.

→   Lire Plus

Sciences sociales : nouveautés du 09 avril 2023

 

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

→   Lire Plus

« Une contre-histoire de la colonisation française » : le livre que Macron devrait lire, selon Marcel Gauchet

— Par Marcel Gauchet —

Dans « Une contre-histoire de la colonisation français » l’écrivain Driss Ghali bat en brèche les idées reçues sur la colonisation. L’historien et philosophe Marcel Gauchet estime qu’Emmanuel Macron devrait lire d’urgence ce livre.
La cause est très officiellement entendue. Le président de la République en personne l’a gravée dans le marbre : la colonisation aurait été un « crime contre l’humanité ». Je serais très curieux de savoir, soit dit au passage, ce qu’Emmanuel Macron connaît au juste de la colonisation pour en arriver à ce jugement définitif sur lequel il n’a jamais daigné s’expliquer. Je ne saurais trop lui recommander la lecture du livre de Driss Ghali pour parfaire une science que je soupçonne d’être très incertaine. Elle l’ouvrirait à une compréhension mieux étayée de la complexité du problème.

Driss Ghali n’est pas un historien professionnel. Son but n’est pas de fournir un tableau plus fourni et plus précis de ce que fut la colonisation française. Son propos est celui d’un écrivain politique qui vise à permettre au citoyen de se former un jugement éclairé sur une question contentieuse entre toutes et embrouillée à souhait par des partis pris passionnels.

→   Lire Plus

« Frantz Fanon – L’antiracisme universaliste », par Kévin Boucaud-Victoire

Frantz Fanon (1925-1961), psychiatre d’origine martiniquaise, bâtit en quelques livres une œuvre révolutionnaire dans laquelle il s’applique à décrire le système colonial et ses conséquences inévitables : le racisme et l’aliénation qu’il engendre. Mais il va aussi s’engager très concrètement, en Algérie. Rejetant toute forme d’obscurantisme, il entend défendre une Afrique libre, socialiste, démocratique et laïque. Son ambition ? Ni plus ni moins que forger un nouvel humanisme, assumant les traditions locales comme la boussole universaliste, récusant tout impérialisme et permettant à tous de s’épanouir librement.

Cinq questions à Kévin Boucaud-Victoire, auteur de « Frantz Fanon. L’antiracisme universaliste »

— Par

Les écrits du psychiatre martiniquais Frantz Fanon ont marqué une intelligentsia révolutionnaire sur tous les continents, particulièrement aux États-Unis, aux Antilles et dans l’Hexagone. Dans son ouvrage « Frantz Fanon. L’antiracisme universaliste » (éditions Michalon), Kévin Boucaud-Victoire revient sur une pensée particulièrement dense et dynamique, dont les contours sont encore d’actualité.
Philippe Triay • Publié le 21 février 2023 à 14h23, mis à jour le 21 février 2023 à 15h39
De mère martiniquaise et de père guadeloupéen, Kévin Boucaud-Victoire est journaliste, rédacteur en chef de la rubrique Débats et Idées du magazine Marianne, et co-fondateur de la revue en ligne Le Comptoir.

→   Lire Plus

Denis Cogneau, économiste: «L’empire français n’a pas permis le développement des pays colonisés»

Dans un livre référence, le chercheur Denis Cogneau démonte certaines idées reçues sur l’héritage économique de la colonisation française. Il affirme que l’empire constitué en Afrique et en Asie a relativement peu coûté à la France, que les ressources engrangées n’ont que peu profité aux pays colonisés, et que la page de la Françafrique n’est pas totalement refermée. Entretien.

RFI : Pourquoi avez-vous choisi ce titre : « Un empire bon marché » ? 

Denis Cogneau : L’empire a été bon marché, déjà, pour le contribuable français métropolitain. Les États coloniaux militaro-policiers construits à la fin du XIXe et au début du XXe siècle en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et en Indochine étaient très efficaces pour prélever la ressource fiscale, faire fonctionner ces États sans réclamer une subvention ou des transferts très importants de la métropole. 

À qui ça a rapporté ? 

Ni les capitaux publics ni les capitaux privés n’ont ruisselé vers les colonies. Ces espaces coloniaux étaient pauvres, et au départ assez déconnectés du commerce international. On les a fait rentrer de force dans le marché mondial.

→   Lire Plus

Soirée littéraire avec André Berthon autour de  » Pionnères Noires de l’Aviation »

Jeudi 9 février à 18h au Lina’S Café de Manhity

Passionné par l’aviation et titulaire d’une licence de pilote privé, André Berthon est journaliste de profession et auteur de plusieurs essais, romans et films documentaires.

Rendez-vous à 18h précise au Lina’S Café de Manhity, où nous pourrons échanger avec l’auteur ainsi qu’avec Marie-Claude Valide, première pilote noire de long courrier,  tout en dégustant avec modération un verre de l’amitié.

A propos du livre :

Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Oui, et c’est une femme, une femme noire ! À une époque, en découvrant cela, des passagers auraient frôlé le malaise, mais aujourd’hui la présence de femmes dans les cockpits ne surprend plus, même si la féminisation du métier de pilote de ligne se fait lentement. Cependant, en raison de la croissance annuelle du trafic aérien, la flotte mondiale d’avions de ligne pourrait doubler dans les vingt prochaines années et sans doute le nombre de femmes devrait-il lui aussi augmenter dans les cockpits alors qu’en 2022 elles représentaient à peine 10 % en moyenne, certaines compagnies refusant encore cette évolution naturelle.

→   Lire Plus

« Black Church. De l’esclavage à Black Lives Matter »,

Sorte de fédérations de courants issus du protestantisme, l’Eglise noire américaine s’est construite sur le lien social que les esclaves pouvaient y trouver. Elle est ainsi le fruit des divers héritages culturels et spirituels des Africains déportés.

— Par Séverine Kodjo-Grandvaux —

Livre. Directeur du Hutchins Center for African & African-American Research de l’université Harvard, Henry Louis Gates Jr. est l’auteur d’une enquête passionnante, extrêmement documentée, qui revient sur l’histoire de la communauté africaine-américaine à travers son rapport à la religion. L’essai Black Church, paru initialement aux Etats-Unis en 2021, n’est pas seulement consacré à l’Eglise noire. Il retrace comment les Africains déportés en tant qu’esclaves aux Etats-Unis – et leurs descendants – sont parvenus à faire communauté à travers elle.

C’est que cette Eglise noire, qui regroupe différents courants chrétiens issus du protestantisme, n’est pas seulement une institution religieuse. Elle est aussi le lieu social et politique où les Africains-Américains ont fait peuple. C’est là la grande force de la démonstration d’Henry Louis Gates Jr. En remontant à la période esclavagiste, il explique comment l’Eglise est devenue un refuge.

→   Lire Plus

« L’art change-t-il la vie ? »,

Par Alain Joséphine

Il suffit d’avoir été au moins une fois, une seule, en présence d’une œuvre qui nous a marqués ou bouleversés pour nous être posé la question : l’art change-t-il la vie ? Le livre de Dominique Berthet au titre éponyme1 rassemble un certain nombre de textes publiés dans des revues, des ouvrages collectifs, ou prononcés lors de colloques. À l’occasion de ce livre, ces textes ont été modifiés, amendés, ou ont subi une totale refonte pour les besoins de la publication. Réunir ces textes, les articuler de façon cohérente, nous indique que cette question que nous nous sommes tous déjà posée est érigée ici en véritable questionnement.

Questionnement, en effet, car tout au long de ce livre, Dominique Berthet ne développe pas un raisonnement en vue d’une réponse, mais il interroge méthodiquement, chapitre après chapitre, les problématiques qui découlent de la question. Ainsi, et même si le titre appelle la réponse, ce livre n’est pas un livre-réponse. Il ne répond pas à la question qu’il pose. Son propos est plutôt d’analyser en termes dialectiques les relations complexes que tissent l’art et la vie, pour qu’au bout du compte, nous ayons les arguments de notre propre réponse.

→   Lire Plus

« Géopolitique des outre-mer, entre déclassement et (re)valorisation » par Fred Constant

Atouts indéniables pour le contrôle des routes commer­ciales et les jeux de pouvoirs qui leur sont corollaires, les outre-mer restent perçus comme des étrangetés péri­phériques, plus ou moins éloignées et exotiques.

Ce sont pourtant des lieux-clé où des visions du monde se rencontrent, s’affrontent et se confrontent. Ces points à peine visibles sur la carte sont des relais de puissance et d’influence : réservoirs de main-d’œuvre bon marché, laboratoires d’expériences médicales et militaires, rampes de lancement, lieux d’internement abusif, sites de stockage, faire-valoir touristique ou écologique… les territoires ultramarins forment un empire en pointillé et, paradoxalement, la géopolitique ne leur a guère accordé d’attention.

À l’heure de la mondialisation et de la compétition sino-américaine pour le leadership mondial, Fred Constant analyse comment ce processus de reconfiguration spatiale des puissances confère à certaines de leurs extensions territoriales de nouvelles vertus stratégiques.

Spécialiste reconnu des outre-mer français et étrangers où il a effectué plusieurs séjours, Fred Constant a exercé des responsabilités dans la haute-fonction publique notamment en qualité d’ambassadeur délégué à la coopération régionale dans les Caraïbes. Il est aujourd’hui professeur de science politique à l’Université des Antilles et chercheur au Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales (UMR CNRS 8053).

→   Lire Plus

Sciences sociales : nouveautés du14 décembre

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

→   Lire Plus

« Textiles africains », de Duncan Clarke, Vanessa Drake Moraga et Sarah Fee

Un volume historique sur l’une des principales formes d’art du monde et une influence importante sur la mode contemporaine

Le continent africain abrite de nombreuses traditions textiles exceptionnelles, dont beaucoup datent de l’Antiquité et jouent toutes un rôle à multiples facettes dans leurs sociétés respectives : ces tissus accrocheurs proclament la richesse et le statut, véhiculent des significations symboliques et, bien sûr, remplissent une fonction pratique dans les vêtements à la fois ordinaire et exceptionnel. Ce magnifique livre transmet l’étonnante diversité des textiles africains, des tissus kente à motifs géométriques du Ghana, aux jupes en raphia multicolore de la République démocratique du Congo, en passant par les écorces perlées autrefois réservées à la royauté ougandaise.

Les auteurs, tous des experts de premier plan dans le domaine, examinent tour à tour chaque région d’Afrique subsaharienne et de Madagascar, élucidant les qualités esthétiques, la signification culturelle et les méthodes de production des traditions textiles les plus importantes. Leur texte faisant autorité est illustré de plus de 300 textiles exceptionnels provenant de collections publiques et privées, dont beaucoup sont reproduits sous forme de planches pleine page qui permettent au lecteur d’apprécier chaque fibre individuelle.

→   Lire Plus

Comment naissent les religions

Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d’empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l’Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu’un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l’impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu’il passe de l’agir militaire et politique au dire religieux.

La résonance avec le monde moderne est frappante. La fin de l’extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l’Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l’affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l’idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante.
Gabriel Martinez-Gros, historien, spécialiste de l’islam médiéval, montre que trois religions – le christianisme, l’islam et le bouddhisme – sont nées de l’effondrement des empires. Et s’attend à ce que la fin de la suprématie occidentale crée une nouvelle religion à prétention universelle.

→   Lire Plus

Livret pédagogique sur le Dr Hippolyte Morestin à la B.D.P.

Le livret pédagogique sur le docteur Hippolyte Morestin (1869-1919), chirurgien des « gueules cassées » de la guerre 14-18 et pionnier de la chirurgie esthétique, est disponible à la Bibliothèque de Prêt.

La ville de Basse-Pointe et Cap nord ont publié un livret pédagogique intitulé Hippolyte Morestin (1869-1919) : un chirurgien martiniquais pionnier de la chirurgie plastique et esthétique, relatant le parcours et la postérité de ce grand chirurgien méconnu.

Natif de Basse-Pointe où il passa son enfance, Hippolyte Morestin fut un médecin très réputé à Paris durant la Belle Epoque. Spécialisé dans la chirurgie des voies digestives, des articulations ainsi que des tumeurs et du cancer, il fut l’un des premiers à donner une dimension purement esthétique à ses opérations.

Mais c’est pendant la Première Guerre mondiale qu’il devint mondialement célèbre en se consacrant à la réparation et à la reconstruction des crânes et visages des malheureux soldats défigurés par les balles et éclats d’obus.

Ce livret d’une vingtaine de pages a été réalisé en partenariat avec la Société martiniquaise d’histoire de la médecine et Réseau Canopé. Comprenant de nombreuses illustrations, il est destiné au milieu scolaire, bibliothèques, centres de documentation, associations…

Il est disponible gratuitement à la Bibliothèque de Prêt de la Collectivité Territoriale de Martinique, 17 av.

→   Lire Plus

Lucas Chancel: «10% de la population mondiale contribue à la moitié du problème climatique»

C’est la sortie événement de ce jeudi 27 octobre, « Le Grand livre du climat », dirigé par la jeune Suédoise Greta Thunberg, initiatrice des grèves pour le climat. Un ouvrage qui rassemble les contributions d’une centaine d’experts, dont le Français Lucas Chancel, économiste et co-directeur du laboratoire sur les inégalités mondiales. Entretien.

RFI : Le Grand livre du climat sous la direction de Greta Thunberg, est un ouvrage choral, un état de la science climatique. Comment est-ce que ce projet est né ?

Lucas Chancel : Les éditeurs et Greta Thunberg ont voulu rassembler des contributions d’un ensemble d’experts, de scientifiques, d’acteurs du climat pour avoir un panorama le plus large possible de cette question afin d’informer pour accélérer. Parce qu’on ne va vraiment pas assez vite, par rapport à l’accélération du climat qui commence à s’emballer, on le voit un peu partout dans le monde.

L’idée qui sous-tend un peu ce projet – notamment pour ce qui est des passages écrits par Greta Thunberg – c’est la transmission du savoir. Y a-t-il un manque aujourd’hui ? les sociétés mondiales ne sont-elles pas assez informées des phénomènes liés au réchauffement climatique ?

→   Lire Plus

« Le Droit au sexe », d’Amia Srinivasan : pour une vraie libération sexuelle

« Le Droit au sexe. Le féminisme au XXIe siècle » (The Right to Sex. Feminism in the Twenty-First Century), d’Amia Srinivasan, traduit de l’anglais par Noémie Grunenwald, PUF, 360 p., 24 €, numérique 20 €.

Résumé

Comment devrions-nous parler de sexe ? Du nôtre et de celui que l’on pratique ; un acte prétendument privé chargé de sens public ; une préférence personnelle façonnée par des forces extérieures ; un lieu où le plaisir et l’éthique peuvent se dissocier sauvagement. Depuis le mouvement #MeToo, beaucoup se sont attachés à la question du consentement comme cadre clé pour parvenir à la justice sexuelle.
Pourtant, le consentement est un outil insuffisant. Pour appréhender le sexe dans toute sa complexité – ses ambivalences profondes, son rapport au genre, à la classe, à la race et au pouvoir – l’autrice souligne la nécessité d’aller au-delà du  » oui et non « , de l’acte voulu et du non désiré et interroge les relations tendues entre discrimination et préférence, pornographie et liberté, viol et injustice raciale, punition et responsabilité, plaisir et pouvoir, capitalisme et libération.

→   Lire Plus

« Allons enfants de la Guyane » d’Hélène Ferrarini

Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République

En Guyane, pendant des décennies – et aujourd’hui encore à Saint-Georges-de-l’Oyapock –, des enfants de différentes communautés autochtones ont grandi dans des « homes indiens », pensionnats tenus par des congrégations catholiques. La politique d’assimilation forcée ainsi menée par l’État français avec l’appui du clergé atteste des persistances coloniales dans ce jeune département d’outre-mer.

Dans une enquête approfondie mêlant archives et témoignages, Hélène Ferrarini lève le voile sur une histoire jusqu’alors ignorée dans laquelle la parole des anciens pensionnaires trouve enfin une place.

En Guyane, l’histoire encore taboue de « l’éducation forcée » d’enfants amérindiens
Pendant des décennies, des centaines d’enfants amérindiens ont été placés dans des pensionnats religieux. Hélène Ferrarini exhume cette histoire déchirante qui s’est déroulée dans le département français d’Amérique du Sud.

*******
Comment la France et l’Église catholique ont « éduqué » de force deux mille enfants améridiens de Guyane

Main dans la main, prêtres, religieuses et administration ont mené une entreprise ethnocidaire en Guyane, afin d’évangéliser et d’assimiler les Amérindiens dans des pensionnats catholiques, documente la journaliste Hélène Ferrarini dans un livre qui vient de paraître.

→   Lire Plus

« Pourquoi fumer, c’est de droite », par Olivier Milleron

Radiographie d’une industrie cynique et destructrice.
Pourquoi le mouvement social qui dénonce les multinationales, la malbouffe et les industries polluantes ne s’attaque-t-il pas à l’industrie du tabac ? Pourquoi le blackbloc prend-il pour cible des banques ou des fast-foods mais pas les bureaux de tabac ? Pourquoi beaucoup de militants anticapitalistes et écologistes continuent à fumer ?
Car fumer et financer les grandes firmes du tabac posent un problème politique : l’industrie du tabac a toujours été à la pointe dans ce qui se fait de pire dans l’histoire du capitalisme. Raconter le succès et l’histoire de l’industrie du tabac, c’est raconter le capitalisme dans ce qu’il a de plus destructeur et cynique : l’esclavage, le travail des enfants, la propagande, la stratégie du doute, la corruption des scientifiques et des politiques, la pollution, l’exploitation des paysans des pays pauvres, les tribunaux arbitraux supra-nationaux qui mettent à mal les démocraties, etc.
L’industrie du tabac est, comme le capitalisme, devenue plus puissante que les États : elle nous empoisonne et nous tue à petit feu.
Fumer et donc financer consciemment une telle industrie, c’est choisir son camp.

→   Lire Plus

« Pointe-à-Pitre… Une ville Un peuple Un parcours », de Jacques Bangou

-Présentation : Jacques Bangou, médecin, gynécologue-obstétricien, militant caribéen au sein du planning familial, a été maire de Pointe-à-Pitre de 2008 à 2017, vice-président du Conseil Général de 2004 à 2015, co-fondateur et président de l’agglomération Cap Excellence de 2009 à 2014.
Il est, actuellement, vice-président de l’agglomération et à la tête du Parti Progressiste Démocratique Guadeloupéen.
Cet essai, vous invite à découvrir Pointe-à-Pitre, à l’aune d’une histoire riche et singulière. L’auteur vous raconte la résilience de cette cité, sa mue permanente, sa résurrection constante. Fort de son parcours personnel, il analyse et donne à comprendre le développement urbain de ce cœur identitaire de la Guadeloupe.
Cette visite guidée vous parle de la ville rebelle, de l’étranglement de la bourgeoisie locale dans des limites devenues trop étroites, de l’appropriation des espaces urbains et périurbains par les classes populaires venues des quatre coins de l’archipel. Il n’élude pas le permanent débat social et l’analyse des antagonismes de classes indispensables pour comprendre les accès de fièvre dont elle est le théâtre autant que ses rénovations successives.
La ville vous est contée au décours des péripéties humaines, des quêtes sociales et identitaires, des actions menées pour créer les conditions d’un épanouissement culturel, matériel et sanitaire et la volonté de faire peuple.

→   Lire Plus

« Les métropolitains à la Martinique : une migration de confort », par Patrick Bruneteaux & Olivier Pulvar

Cet ouvrage porte essentiellement sur une ‘middle-class aristocracy’ que l’on appelle à la Martinique les « Métropolitains », des « Blancs » migrant au pays de la négritude. Il ne cherche pas à montrer comment ce groupe participe à la monopolisation d’une économie politique de la dépendance coloniale à la France. Il tente de saisir comment un des groupes porteurs de cette « situation coloniale », selon la fameuse expression de G. Balandier, pense son expérience locale à la Martinique, fabrique ses styles de vie, compose avec la présence de Noirs antillais. Plus précisément, il cherche à comprendre de quelles façons ces multiples agents transplantés provisoirement ou durablement dans cette île caribéenne se définissent eux-mêmes et se posent dans l’espace insulaire, à la fois hors des structures locales et structuralement liés à ce régime économico-politique impérialiste.

Patrick Bruneteaux & Olivier Pulvar
Patrick Bruneteaux, Chercheur en sociologie politique au CNRS, membre du Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-CRPS, CNRS/Paris 1).

Olivier Pulvar, Docteur en Sciences de l’information et de la communication (Université Bordeaux 3), Maître de conférences l’Université des Antilles (UA) et Professeur associé à l’Université du Québec, à Trois-Rivières (UQTR).

→   Lire Plus

« Parlons climat en 30 questions », de Christophe Cassou & Valérie Masson-Delmotte

Présentation
Les bouleversements écologiques sont aujourd’hui inéluctables et le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publié en août 2021 est formel : le climat est en train de changer partout dans le monde, plus rapidement que prévu et l’activité humaine en est responsable. Cet ouvrage permet de comprendre les enjeux cruciaux aujourd’hui de limiter l’ampleur du
réchauffement climatique et d’adapter nos sociétés à ces bouleversements. Deux experts répondent de manière claire et synthétique à toutes les questions que l’on se pose sur l’histoire du climat, le cycle de l’eau, les variations dues au changement climatique, les événements extrêmes, l’effet des activités humaines sur le cycle du carbone, etc.

Sommaire
Préface
– Qu’est-ce que le système climatique ?
– Quels sont les facteurs naturels qui font varier le climat ?
– Comment l’homme influence-il le climat ?
– Comment le système climatique réagit-il aux perturbations ?
– Comment connaît-on l’histoire du climat ?
– Comment observe-t-on le climat aujourd’hui ?
– Qu’est-ce qu’un modèle de climat ?
– Qu’apprend-on des variations climatiques passées ?
– Quels sont les changements observés depuis 1900 ?

→   Lire Plus

L’art change-t-il la vie ?

— Par Martine Potoczny(* )—

« L’art est un besoin, on ne peut s’en passer », écrit Dominique Berthet pour introduire sa réflexion sur la dimension critique de l’art, ses différentes fonctions et ses pouvoirs. C’est donc en termes de nécessité, précise-t-il, que sera envisagé l’art dans ce nouvel essai au titre doublement évocateur : L’art change-t-il la vie ? (paru aux Presses Universitaires de Provence en janvier 2022).

L’intitulé n’est pas sans rappeler la célèbre formule « changer la vie » d’Arthur Rimbaud et fait écho à l’image de la « figure emblématique du poète-rebelle-errant » choisie par l’auteur pour illustrer la première de couverture. Notons que Rimbaud (Paris et Charleville Mézières,1978-1979) est l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest, un artiste qui « fait un art destiné à éveiller, à secouer les consciences ; un art qui dénonce des faits, des situations, des tragédies ». Sa pratique atteste de l’importance du rôle que l’art peut jouer dans la société « en sensibilisant, en dénonçant, en se positionnant » (p. 48).

Puissance du titre et force de l’image renvoient le lecteur à des questions centrales, plus que jamais d’actualité : Que peut l’art ?

→   Lire Plus