« Sunu Gaal Ka Ki Mas – Nou Nou Ka Vwayajé AFreeKa »

La genèse : un voyage au Sunu Gaal

— Par Malik Duranty —

Aux mois de juin, Juillet, Août, Septembre 2022, j’ai en l’honneur de participer à un projet de film documentaire. Il a pour sujet le masque emblématique de la société martiniquaise. Ce dernier qui officie au moment du Carnaval, en particulier le Mardi Gras. Le mas de Papa Djab. Ce film documentaire intitulé « Papa Djab la face cachée du masque » est le fruit de l’initiative de Christian Foret et est réalisé par lui. La démarche de réalisation de ce film documentaire nous emmènera dans une pérégrination au sein du Pays Martinique. À la rencontre de plusieurs Personnalités nous permettant d’appréhender la réalisation, la fonction, l’histoire et la symbolique de ce masque.

Cependant, il est de notoriété publique qu’Aimé Césaire – Chantre de la Négritude – ait déclaré avoir rencontré Papa Djab de retour d’un voyage au Sénégal. À l’occasion du Premier Festival des Arts Nègres, il l’a vu au détour d’une ruelle dans un village de Casamance.

C’est ainsi que lors de la réalisation de ce film documentaire. La Production SANOSI Productions a donné les moyens au réalisateur Christian Foret, d’aller à la recherche du Papa Djab au Sénégal. Étant partie prenante de la réalisation du film documentaire en tant que fil rouge. Ainsi, j’ai eu donc l’occasion d’aller pour la première fois en Afrique. Quel beau cadeau ! Partir en Afrique par le biais d’un des symbols de notre africanité. Je ne pouvais rêver mieux.

Un carnet de voyage

À cette occasion, suivant mon hygiène créative quotidienne. J’eus ouvert un carnet tout neuf pour écrire, comme un carnet de voyage. Au fur et à mesure de ce voyage, j’écrivis. Et un manuscrit finit par naître et s’intituler « Sunu Gaal Ka Ki Mas – Nou Nou Ka Vwayajé AFreeKa ». Ce dernier qui s’est construit en toute spontanéité tout au long de cette démarche de réalisation du film documentaire. Lui, le fruit de rencontres en Martinique et au Sénégal. Ainsi, lors du voyage au Sénégal, le Réalisateur et moi fûmes accompagnés par une délégation de trois membres du Mouvement Culturel Tanbou Bokannal. Jean-Louis Maslet (Président de l’Association Tanbou Bòkannal), Claude Marie Joseph (Artiste plasticien et percussionniste) et André (Dédé) Armet (Ansyen) de Tanbou Bòkannal). Tanbou Bòkaannal est cet un acteur culturel phare de notre péyi Martinique. Puisqu’il se trouve être un des conservateurs de la pratique du masque de Papa Djab. Poursuivant le travail initié par Monsieur Détho Landry, le Papa Djab historique de la Martinique. Lonè épi Respectueux ba’y…

Le Mouvement Culturel Tanbou Bokannal fait partie du patrimoine vivant de la Martinique. Cela tout en contribuant à conserver certaines pratiques culturelles populaires. Il fête cette année 2023, son demi-siècle de militantisme culturel et patrimonial. C’est pour cela que j’aimerais dédier cette publication au Mouvement TBK.

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Sunu Gaal Ka Ki Mas nouvelle parution
Visuel sortie du livre de Malik Duranty paru aux Éditions Nèg Mawon, intitulé “Sunu Gaal Ka Ki Mas”

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Sunu Gaal voyage initiatique

Comme il fut précisé précédemment, ce manuscrit est né au sein de la démarche de réalisation du film documentaire « Papa Djab la face cachée du masque ». Ainsi, d’une certaine mesure, il lui fait écho.

En effet, le manuscrit est d’un genre hydrique. Il s’articule autour de deux grandes parties : l’une intitulée « Sunu Gaal Ka Ki Mas – Nou Nou Ka Vwayajé AFreeKa – Poétique » ; et l’autre « Sunu Gaal Ka Ki Mas – Nou Nou Ka Vwayajé – Essai ». L’une et l’autre trouvent leurs sources dans ce vwayaj qui fut le nôtre. Celui-ci qui prit des allures de voyage initiatique.

Ce lien entre le film documentaire et le manuscrit, est étroit. Puisque ce dernier comporte des textes poétiques improvisés à l’occasion du tournage. Eux qui ont été retranscrits pour être insérés dans le manuscrit. Ils sont associés à ceux issus de mon hygiène d’écriture quotidienne lors de ce voyage. Certains des textes écrits ont par la suite été mis en voix par mes soins, dans le but de les inclure dans le film-documentaire. C’est pour cela que j’ai demandé au réalisation Christian Foret de bien vouloir préfacer le livre. Pour que nous puissions ensemble aller au bout de cette démarche de création par dialogue. Car, le dialogue, disons la conversation a constitué le coeur de la démarche et d’une méditation partagée non seulement sur le thème du film, et aussi, sur la problématisation de la démarche de création au jour d’aujourdhui (hihihi). La rencontre à vocation de création lorsque l’on accepte en totale ouverture les questions que posent la démarche de création qui prend valeur d’initiation.
L’objectif culturel

L’objectif culturel de ce livre est clairement celui d’aider à l’ouverture d’un pont entre le Sénégal (l’Afrique) et les Caraïbes. Celui d’un hommage aux Pères de la Négritude et de la Renaissance Africaine. Et ainsi faire un hommage à nos cultures du mawonaj de chaque côté de l’Atlantique. Celui fut l’occasion de produire un discours poétique autour de la question de l’africanité.

Cela faisant de ce livre un premier acte de création. Celui ouvrant à d’autres projets créant un lien artistique et culturel, révélant notre filiation. Nous croyons au dialogue culturel permettant de contribuer par l’art, à l’évolution de nos conceptions et représentations culturelles et cultuelles. Ainsi, le film documentaire et la présente publication portent comme intention : la rencontre et la relation avec notre africanité et la poursuite du lègue des ancêtres et anciens.

D’autre part, ayant constaté comme le mouvement culturel TBK est encore très présent dans les mémoires. Présentes dans celles des gens de l’Île de Gorée ainsi qu’à Dakar. ll m’a semblé opportun qu’un livre leur livre le fruit de notre pèlerinage. Et nous donne engouement à la poursuite de ce dialogue.

Espérant tout de même continuer notre recherche-création. Cela en quête d’un lexique de sens et symboliques nous permettant de lire ce lègue de nos anciens et ancêtres. Formant et formulant nos archétypes.

Texte de quatrième de couverture
« Ce voyage fut aussi l’occasion de dialoguer nos cultures au pays du mythe premier de l’humanité. Partis avec le réalisateur du film documentaire (initiateur de la démarche), et une délégation du mouvement culturel Tanbou Bòkannal, composée de trois membres, nous fûmes une équipe enthousiaste de curiosité et remarquable d’écoute.
Tout au long de ce parcours et des lieux traversés et rencontrés, nous eûmes l’opportunité d’un voyage intérieur de chacun à chacun, de même qu’un dialogue intérieur à différente échelle de l’entendement de notre groupe. De ce voyage, la question du mas fut au coeur de notre quête et nos rencontres. Elles furent marquées de nos questionnements, pour faire naître une pensée agissante au coeur des Lakou de notre pays. Le fruit n’est pas de nous offrir une voie de mimétisme ré-orienté, mais bel et bien de nous offrir une vision de la pertinence de notre héritage et de la particularité culturelle et cultuelle de notre vie.
Poursuivre alors cette voie libre de poésie de nos anciens est déterminant.
Le manuscrit dont il est question ici, s’articule en deux genres littéraires, celui d’une poésienlibre et sincère, et celui d’une prose d’essai relative à mes questionnements, réflexions et méditations[…] »
Malik Duranty