Catégorie : En librairie

Esthétique de la prédation de Hyam Yared

— Poésie

Vient de paraître chez Mémoire d’encrier le recueil Esthétique de la prédation de Hyam Yared.
Éprouvant. Vrai. L’auteure Hyam Yared n’y va pas de main morte. La prédation est notre nature. Nous nous dévorons dans notre belle civilisation humaine jusqu’à devenir parfaits dans cet empire de la barbarie. Ne reste alors comme armes de combat que la lucidité et la révolte.
Dans son prologue, l’auteure note ceci :
(…) la prédation se perpétue à travers les systèmes politiques quels qu’ils soient et aussi nobles, légitimes, illégitimes, abjectes furent les causes ou les idées qui les ont vus naître. Ainsi les dictatures visibles et invisibles, se soucient-elles d’ancrer dans les consciences collectives de nos sociétés, la peur d’autrui comme unique moyen de penser vaincre ce qui nous est inconnu en l’écartant de nous, ou en le dévorant.
Esthétique de la prédation est un recueil d’une terrible puissance. Il est au coeur de la violence qu’il met en scène. L’ouvrage établit le lien entre les termes usuels de la technologie, de la guerre, de la libido et du quotidien.

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Frankito, lauréat du Prix Carbet des Lycéens 2013

— Par Scarlett JESUS, critique d’art —

« L’homme pas Dieu » ou l’homme qui se prenait pour un marron.

 « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».

Gandhi.

 

« De l’assassinat d’un animal à celui d’un homme, il n’y a qu’un pas ».

Léon Tolstoï.

 

 

 

« L’homme pas Dieu », cette formule qui clôt le roman pourrait parfaitement s’appliquer  à celui qui en est en fait le personnage principal, Albert Gouti. Un héros déchu dont la seule grandeur semble liée au prénom royal qu’il porte et dont l’étymologie germanique évoque tout à la fois la noblesse (adal) et la gloire (behrt). Doté d’un tel prénom, le personnage n’était-il pas appelé à un destin hors du commun, faisant de lui, à l’image d’Albert Schweitzer ou d’Albert Einstein,  un surhomme, un « homme-dieu » ? C’était sans compter la malice de l’auteur, Franck Salin, qui nous indique d’emblée sa volonté de le ramener à une dimension plus ordinaire, en l’affublant d’un patronyme dévalorisant renvoyant à l’animalité, « Gouti », lequel par aphérèse désigne l’agouti, petit rongeur des Antilles.

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Jardin

 — Par Graziella Pogolotti —

Avec la lucidité provocatrice qui la caractérisait, Dulce Maria Loynaz n´a pas hésité à affirmer que Jardín était un livre hors de propos, bien que la détermination de la date ait été très précise – année, mois, jour et heure -. Ainsi résultait, certainement, l´idée de construire en 1935, l´étape de l’expansion de l´avant-garde, obsédée par le rapide passage des jours et le sauvetage de la portée de la nation, de structurer un roman arrêté en lui, non pas dans le temps et dans un endroit.

Comme une plante parasite, le texte se développe autour de La Belle au bois dormant, un conte infantile, inquiétant comme tant d´autres par sa nature perturbatrice. Etranger à une géographie précise, son contexte est celui de l´éternité entre la mer et la côte inhospitalière, la fertilité corrompue des arbres et des herbages, l´horloge arrêtée pour toujours dans le passage des saisons. Le fil conducteur de la saga, Bárbara, au visage flou et à la silhouette imprécise, tire son nom, si cubain en apparence, de son étymologie grecque. En effet, c´est une étrangère, un insaisissable fantôme parmi les fantômes, des figures et des paysages plats, esquissés en superficie, similaires à photos triées selon une chronologie conventionnelle.

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Marcela Iacub et DSK, l’imposture littéraire

 

Par Sébastien Le Fol

Si l’on en croit les arbitres des élégances littéraires, l’affaire DSK aurait accouché d’un écrivain : Marcela Iacub. Le livre de cette brillante juriste, Belle et bête, oscillerait entre La métamorphose de Kafka et Truismes de Marie Darrieussecq, ce qui laisse de la marge tout de même. Alertés par ces grognements de joie, nous avons à notre tour plongé le groin dans cette porcherie. Est-ce de l’art ou du cochon ? Rien de tout ça. Ce n’est pourtant pas le mascara (que le personnage du livre aime goûter sur les yeux de sa partenaire) qui nous aveugle. L’auteur retranscrit ici son « expérience » dans un style plat et insipide. Pour filer sa métaphore, Marcela Iacub écrit comme un gland. Afin d’épater la galerie médiatique, elle a emballé cet amas informe de fantasmes et de réalités dans un concept choc : le cochon. « Quel génie ! Quelle originalité ! », s’égosille la meute. Rien n’est bon dans ce cochon-là. Le récit ne s’élève jamais au dessus de l’autoanalyse de comptoir, comme le montre bien Florent Georgesco dans sa critique du Monde.

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« On ne naît pas Réunionnais, on le devient »

 
 

Par Patrick Singaïny1.
 
 

—La Réunion sera toujours une terre d’immigration : il y aura toujours des étrangers à intégrer en terre réunionnaise (intégration ne saurait être confondue avec assimilation).

Les étrangers que je désigne ici sont ceux qui ne sont pas de culture réunionnaise et sont citoyens de la Nation… comme le sont également les Réunionnais.

Ainsi, de même qu’il est communément admis que les Mahorais et les Malgaches sont étrangers, les Hexagonaux le sont aussi.

Mais ce qui est le plus important à souligner est que certains réunionnais ne sont pas réunionnais bien qu’étant de culture réunionnaise.

 

« On ne naît pas Réunionnais , on le devient » est une curieuse affirmation qui signifie simplement que, de même qu’il existe un « projet France » – un projet universel d’intégration qui s’articule autour de la fameuse devise tripartie (Liberté, Egalité, Fraternité) – il existe selon moi un projet Île de la Réunion qui prend racine dans la devise française mais qui voudrait transformer d’emblée l’exigence d’égalité en désir d’équité… car ici, de façon plus aigue qu’ailleurs, l’on sait où mène cette tentation abusive qui consiste à transformer l’autre jusqu’à le faire disparaître : « je veux que tu sois non pas mon égal mais comme moi, ainsi tu ne seras plus toi ».

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Les éclipses de Marie NDiaye

Par Florent Georgesco

Certains livres portent en eux la trace d’un autre livre : celui qu’ils auraient pu être. Sur une centaine de pages, dans sa deuxième partie, le nouveau roman de Marie NDiaye atteint ainsi son centre de gravité, et comme son essence. Il semble alors devenir le grand livre qu’on pouvait attendre de l’auteur de Trois femmes puissantes (Gallimard, prix Goncourt 2009), mais ces pages ont été longues à venir, et seront longuement démenties. Le charme sera rompu, la magie dissipée, accident rare dans une oeuvre qui en déborde si souvent qu’on se retrouve désarçonné.

On l’est, à vrai dire, dès le livre ouvert. Grand-mère, fille, petite-fille, séparées, se répudiant, s’ignorant, cependant reliées par une force magnétique : l’étrange procession qui s’amorce semble destinée à charrier à travers le temps le mystère dont elle émane, à le faire irradier. Sauf que, par hoquets, le magnétisme tourne en rhétorique, que souvent le temps patine, que le mystère se simplifie et se contrefait, parfois jusqu’à l’arbitraire.

La machine, en se grippant, révèle sa nature de machine, là où Marie NDiaye nous avait habitués à donner vie.

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« Les 9 piliers de la sagesse » de Jean-Pierre Maurice

Je vous présente « les neuf piliers de la sagesse ». Venez faire connaissance avec cet ouvrage. Dilicom, Société des Ecrivains, Amazon… Il sera bientôt dans toutes les bonnes librairies.

« Exister est un fait, vivre est un art », n’est-ce pas ? Jean-Pierre MAURICE

 

Être un peu plus sage, savoir ce que l’on veut de la vie et l’obtenir pour toucher au bonheur : ces aspirations communes et légitimes demeurent bien souvent irréalisées. Généralement parce qu’on ne sait pas quelle démarche suivre, quelle voie emprunter, quels atouts mettre de son côté. Mais aussi parce que l’on ne croit pas véritablement en soi. Alors, quel fil d’Ariane suivre ?

Pour Jean-Pierre Maurice, il convient de s’inspirer de nos prédécesseurs, des mots et des modèles qu’ils nous ont laissés, de ces vérités qui depuis eux traversent les âges. D’Épicure à Abraham Lincoln, de Socrate à Aimé Césaire, redécouvrez donc ces paroles qui ont le pouvoir de vous transformer, de redéfinir votre posture face au monde… En compagnie de l’auteur, acquérez même ces neuf fondamentaux qui vous permettront de toucher à la sérénité.

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Avis de parution février 2013

 

Sociologie

HISTOIRE DE LA PLURIACTIVITÉ

Du polisseur de pierres au webmaster

Jean-François Boudy

Ce livre retrace la longue histoire de la pluriactivité en France et révèle une réalité beaucoup plus complexe, faite d’un foisonnement de trajectoires. Il fait ainsi apparaître quelques grands types qui ont marqué notre passé, tels le journalier-propriétaire, le tisserand-manoeuvrier, l’artisan-colporteur ou encore l’ouvrier-paysan. Une partie est consacrée à la place méconnue que la pluriactivité a tenue dans les courants d’idées politiques, économiques et sociaux.

(Coll. Logiques sociales, 24 euros, 228 p., février 2013) EAN : 9782336006970

EAN PDF : 9782296515383  EAN ePUB : 9782336287584

Nouvelle page 1

 

 


Sociologie

Avis de parution

Février 2013







LE CONCEPT DE CULTURE

Comprendre et maîtriser ses détournements et
manipulations

Fred Dervin

Sous la direction de Fred Dervin

Qui utilise la culture comme excuse, pour qui et pour quoi ?
Comment la culture est-elle remise en question, négociée,
transformée mais aussi manipulée ? Et quelles sont les
conséquences pour les acteurs impliqués ? Le concept de culture
aurait perdu ses pouvoirs explicatif et interprétatif. Ce
concept polysémique et souvent vide de sens n’est-il pas
récupéré de façon abusive par les décideurs et les chercheurs
eux-mêmes ?

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Pourquoi les romanciers français devraient lire Bourdieu

 

Par Olivier Adam.

 

–Pierre Bourdieu est mort il y a dix ans. Et à la manière qu’on a eue en France d’enfouir sa pensée, d’en relativiser la portée (ce qui dit assez bien son caractère encombrant, sa lucidité si brûlante qu’on préfère la soustraire à la vue) ou de ne pas véritablement s’en saisir (et à ce jeu, politiques et écrivains ont été aussi experts les uns que les autres), je me dis parfois qu’il est mort de nombreuses fois depuis.

Je me souviens encore du jour de sa disparition, et de l’émotion qu’elle a provoquée en moi, comparable à celle qui m’a étreint à la mort de Barbara, Pialat ou Bashung – et ces quatre, auxquels il faudrait ajouter Carver, donnent une idée assez précise de mon Panthéon personnel. Pourtant, en ce qui me concerne, Pierre Bourdieu est toujours vivant. Son influence a été si déterminante qu’elle fonde aujourd’hui encore une bonne partie de ma manière de voir, de penser le monde, et in fine de l’écrire.

Découverte

Je l’ai découvert à l’âge de dix-neuf ans, sur la recommandation d’un professeur de sociologie qui s’amusait de me voir trimbaler mes livres de Modiano et mes disques de Léonard Cohen dans un établissement où la plupart de mes semblables se baladaient Les Échos sous le bras, rêvaient de diriger des ressources humaines, de contrôler la gestion ou de manipuler des produits financiers les plus toxiques possible.

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« Ladivine » de Marie NDiaye : la famille décomposée

–Le Prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes revient avec un roman sur les relations mères-filles–

 

Elles sont trois femmes. Leurs vies opaques possèdent peu de points de contact. On ne sait pas si elles sont victimes ou bourreaux. Elles sont sans doute les deux puisqu’elles courent en avant sans avoir la force de ne pas regarder en arrière. La culpabilité et la ténacité forment leur terreau commun. Y poussent toujours des êtres de froideur et de pleurs. On les observe ainsi de l’extérieur. Ladivine Sylla s’ennuie dans un sombre rez-de-chaussée du quartier Sainte-Croix de Bordeaux après une existence de dur labeur. Clarisse Rivière coule des jours paisibles auprès d’un mari vendeur de voitures à Langon, en Gironde. Ladivine Berger habite Berlin, où elle enseigne la langue française et s’occupe de ses deux enfants. On les observe ainsi mais elles ne sont pas ainsi. Elles sont unies par les liens du sang sur trois générations.

Mère, fille, petite-fille. La romancière Marie NDiaye raconte leurs liens effilés comme des couteaux de cuisine. Les trois femmes s’y blessent en voulant s’y soustraire.

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Mauvaises filles. « Autour de ton cou », de Chimamanda Ngozi Adichie,

Méfiez-vous de l’eau qui dort – et des femmes dociles. Celles qu’on croise dans Autour de ton cou, recueil de nouvelles de Chimamanda Ngozi Adichie, sont aussi radicales qu’imprévisibles. Non pas que, tout à trac, provoquant chalands et caméras, elles se mettent torse nu dans la rue, à la façon des féministes du réseau Femen ; ou qu’elles se lancent, en pleine église, dans un rock endiablé à la Pussy Riot. Non : quand elles tournent le dos à la norme, les femmes de Ngozi Adichie le font sans cri, sans bruit. Elles quittent la scène en solitaire. Leur départ inattendu rompt net avec le passé, comme le fil d’un rasoir.

Elles sont les cousines, version classe moyenne, du petit peuple batailleur et désenchanté de Sefi Atta, dépeint dans Nouvelles du pays (Actes Sud, « Le Monde des livres » du 9 novembre 2012), et de l’adolescence meurtrie racontée par Chris Abani dans Le Corps rebelle d’Abigail Tansi (Albin Michel, 2010). Nouvelle génération, nouvelles manières de voir : du chaudron anglophone du Nigeria, une constellation d’écrivains de haut vol, la plupart installés aux Etats-Unis, est en train de naître.

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Et le chef s’imposa…

Alors que la question du charisme en politique s’invite de nouveau dans le débat public, plusieurs essais interrogent l’évidence de la soumission au leader et à l’Etat

Il n’est pas rare de voir s’afficher des déplorations sur la  » crise de l’autorité « . Un récent sondage a même fait un certain bruit en laissant entendre que 87 % des Français désireraient un chef énergique pour la France. Il est plus rare en revanche de lire sur ces sujets des livres aussi stimulants que les deux ouvrages dont il est question ici. L’un – Le Siècle des chefs. Une histoire transnationale du commandement et de l’autorité, de l’historien Yves Cohen – est publié chez Amsterdam, petite maison d’édition dont il faut saluer le courage de publier un ouvrage aussi volumineux. L’autre est la traduction en français d’un livre de James C. Scott, professeur à l’université de Yale, Zomia ou l’art de ne pas être gouverné, publié aux Etats-Unis en 2009 et dont il manque malheureusement dans la version française le sous-titre provocateur : Une histoire anarchiste des hautes terres d’Asie du Sud-Est.

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Le pyromane adolescent, recueil de James Noël.

Un livre qui se déploie en fraîcheur et en beauté. James Noël est ce pyromane qui revendique en toute saison le feu pour allumer les rires et pour effacer les désastres de la nuit. Sa poésie est magique, elle convoque ce côté primesautier et pur en nous, le meilleur peut-être. Les expériences de la vie et du langage sont ici dans la vision d’un adolescent qui refuse de sauter les barrières pour parvenir dans le monde des adultes. Le poète arrête le temps et navigue dans ces espaces d’encre et de lumière. La pyromanie est sa nouvelle marque de James Noël. Il
nous dit ceci :
« Vice viscéral, je revendique la pyromanie comme une poétique, un état second, pour traverser le froid, la mort, et autres pièges de notre temps. La pyromanie est en vérité la dernière planche de salut de la chaleur humaine. »
j’ai déboité mon fémur gauche
je l’ai mis dans un foyer
et puis un long feu s’est mis en marche
j’étais heureux comme une allumette
Les poètes sont-ils des pyromanes adolescents qui chantent l’espoir du monde ?

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Le corps des Antillais à la loupe de la philosophie

Par Jean-José Alpha

–La présentation publique de la pensée de Spinoza, philosophe peu connu des Martiniquais et qui aurait pourtant influencé bon nombres de penseurs occidentaux jusqu’à Césaire et Fanon, a effectivement éveillé l’intérêt d’un bel auditoire et de lecteurs invités à la Bibliothèque Schoelcher, juste à la veille des jours gras.

L’écrivain essayiste Roland Davidas, auteur de la surprenante « prosopopée de Spinoza à propos du devenir des Antillais », intitulée Que peut le corps des Antillais ? (ed. Gawoulé), avait invité les martiniquais à échanger vendredi dernier avec Baruch Bento de Spinoza (24 novembre 1632 -21 février 1677 ), philosophe de la joie dont il dit qu’ « imaginer quelque chose de joyeux entraîne parallèlement (mais non causalement) une modification corporelle qui me fait éprouver physiquement de la joie. »

L’étonnement des Amis du Livre, membres de la célèbre bibliothèque foyalaise était perceptible en début de soirée malgré la présentation faite par le philosophe Georges-Henri Léotin et les lectures de José Alpha. Parler d’une philosophie de la joie comme déterminante de liberté et de bonheur dans le contexte sociopolitique vécu notamment par les martiniquais,  n’est ce pas encore une provocation des mentalités antillaises profondément conditionnées par la Tristesse avec laquelle on s’est toujours accommodé ?  

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Biennale Internationale du Livre Créole

Poster-Tabou

A l’instigation du sociologue Hector Elisabeth, président de l’Association des Amis de la Bibliothèque Universitaire (AABU), et de l’écrivain Raphaël Confiant un salon du livre, qui portera le nom de Biennale Internationale du Livre Créole se tiendra à la Martinique en décembre 2013. En effet, si la Martinique est réputée à travers le monde pour être une terre d’écrivains et de penseurs, si malgré son exiguïté, elle possède une place sur la carte du monde, cela grâce à des auteurs d’envergure internationale tels qu’Aimé Césaire, Frantz Fanon ou encore Edouard Glissant, elle ne dispose pas à ce jour de salon du livre pérenne, ce qui est un paradoxe. Avec l’appui de la Bibliothèque Universitaire du campus de Schœlcher, de bibliothécaires, d’éditeurs et d’écrivains du cru, cette Biennale a pour objectif premier de valoriser le livre dans toutes ses déclinaisons et pas uniquement le livre de littérature. C’est dire qu’ouvrages d’économie, d’histoire, d’anthropologie, de sociologie, de psychologie, de sciences exactes et naturelles etc. seront mis à l’honneur aux côtés des ouvrages littéraires.

Ouverte sur toutes les diversités du monde (d’où l’expression « créole »), elle ne se cantonnera pas non plus à la Martinique, mais à tous les pays créoles et à leurs diasporas en Europe et en Amérique du Nord.

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L’argent de la phobie anti-immigrés

Par Catherine Simon

 

Contrôler les migrants étrangers, les enfermer si nécessaire, surveiller les frontières par tous les moyens : on n’a rien inventé de plus profitable ni de plus efficace au cours des dernières décennies. Vous sursautez ? Vous avez tort.

En termes de profit et de marketing politique, les migrants sont une excellente affaire. C’est ce que démontre cet essai percutant, précisément documenté et qui se lit sans peine. Les sociétés privées de sécurité, tout comme l’industrie de l’armement, ont su, très vite, occuper le créneau. Ainsi, l’entreprise multinationale G4S, dont une partie de l’activité est consacrée à la « gestion » de l’immigration (celle de centres de détention du Royaume-Uni notamment), emploie aujourd’hui près de 650 000 personnes.

Quant aux fameux drones, ces avions sans pilote, ils sont utilisés, depuis le milieu des années 1990, à des fins non militaires – en particulier pour la surveillance des frontières. Celle séparant les États-Unis et le Mexique a été la première, en 2005, à « bénéficier » des services d’un drone, le modèle Predator B, de la société General Atomics.

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L’île-aux-Chiens, un émouvant récit de vie

Par Laurence Aurry —


 L’île-aux-Chiens est un beau roman de Michel Dural. L’île-aux-Chiens est une petite île de l’archipel de Saint Pierre et Miquelon. C’est là, en 1914, que débute le récit. Dans toute la première partie du roman, un récit au passé, raconté sous la forme d’un journal par un narrateur omniscient, nous permet de suivre Angélique. Elle vient d’épouser Etienne Lamour, elle porte son enfant et elle attend avec angoisse et impatience son retour du front. Elle mettra au monde un petit garçon, Pierre, dont nous observons les premiers pas jusqu’en 1918, date de son départ pour la Bretagne. L’écriture sobre et précise nous donne à voir avec force cette époque révolue et ce lieu étrange de ces colonies d’outre atlantique. Elle nous donne surtout à pénétrer dans des consciences déchirées par les préjugés, l’abandon et le désespoir. Toute cette première partie nous offre un récit bouleversant où les personnages sont saisis de plein fouet par le malheur et l’acharnement du destin, comme si le « Barber », ce terrible vent canadien qui gèle tout ce qu’il touche, prenait plaisir à les tourmenter.

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« Les Neufs Piliers de la sagesse », de Jean-Pierre MAURICE

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Présentation

Socrate, Jésus, Bouddha, Goethe, Mahomet, Aimé Césaire…
« Les Neuf Piliers de la sagesse » présente les réflexions pertinentes d’hommes et de femmes qui ont gravé la mémoire collective de l’Humanité. Ces pensées des sages d’hier et d’aujourd’hui vous accompagneront sur les chemins de la connaissance, mettant ainsi à votre service l’essentiel des secrets de la vie. En rassemblant ces fragments du monde, l’auteur va vous faire gravir les marches pour accéder aux 9 piliers de la sagesse. Ce parcours initiatique des philosophies antiques au développement personnel est un guide sur la voie qui mène l’homme vers la réussite de soi-même et de sa vie. Les Neuf Piliers de la sagesse : un livre de Jean-Pierre MAURICE.

Né dans une île amoureuse du vent, la Martinique, Jean-Pierre Maurice est l’auteur d’une “lettre à un jeune qui veut réussir” et d’un audio sur Aimé Césaire. Cet amoureux de la vie, passionné de vulgarisation, se tourne aujourd’hui vers un humanisme universel et bienveillant, publiant, pour ses 60 ans, le livre “Les Neuf Piliers de la sagesse”. Son message est également présent par le biais de son site Internet où il anime causeries et conférences sur la sagesse et l’art de la vie.

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Eïa pour notre « Frère Volcan » : Vincent Placoly 21 janvier 1946 – 6 janvier 1992

  — Par Rodolf Étienne —

Un mémoire simple de Vincent Placoly consisterait à le présenter comme suit : enseignant, écrivain, dramaturge, militant politique, membre fondateur du Groupe Révolutionnaire Socialiste (GRS).

Une telle présentation expliquerait à elle seule, à bien des égards, le silence qui règne autour de l’œuvre de Vincent Placoly. Pourquoi une telle affirmation ? Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer la Martinique du temps de Placoly et notamment la Martinique politique. On l’a dit Vincent Placoly était militant au sein du GRS, une organisation politique d’obédience trotskiste, qui donc d’extrême gauche. Mais encore ?

Gilbert Pago, membre co-fondateur du GRS, dans une présentation posthume de son ami nous dit : « En 1969, de retour en Martinique,Vincent Placoly partage avec ses camarades de Génération 46, les déconvenues du Parti Communiste Martiniquais« .

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Brève exploration de la littérature en langue créole en Haïti, de ses balbutiements à son affirmation

— Par Jean Durosier DESRIVIERES —

  

Préambule

Compte tenu de l’ensemble des œuvres publiées depuis deux décennies par des auteurs haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, on peut aisément soutenir l’idée que la littérature haïtienne s’écrit dans plusieurs langues aujourd’hui: français, créole, anglais, espagnole… Bien entendu, même s’il est nécessaire de le signaler, on n’est pas obligé de s’attarder sur cette idée pour aborder convenablement l’histoire littéraire haïtienne. En revanche, on est forcé désormais de parler, sans l’ombre d’aucun doute, d’une littérature qui s’écrit dans les deux langues officielles du pays, à savoir: le français et le créole. Donc, explorer la littérature en langue créole en Haïti, c’est considérer un versant de la littérature haïtienne longtemps négligé et qui s’affirme de plus en plus comme l’une de ses composantes effectives, réelles, mesurables et incontournables. Avant de retracer pour vous le parcours de la littérature en langue créole en Haïti, j’aimerais d’abord exposer quelques grandes lignes de l’histoire littéraire haïtienne elle-même. Cet exposé vous permettra de mieux comprendre la situation de la littérature en langue créole qui est toujours en construction en Haïti, dans un contexte

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« Paroles d’une île vagabonde » de Dominique Deblaine

 Deux extraits

 

Guadeloupéenne, Maître de Conférences à l’Université Montesquieu Bordeaux 4, membre du centre de recherche LAM, Les Afriques dans le Monde, UMR (IEP/CNRS) Université Montesquieu Bordeaux 4. Son domaine de recherche : la littérature antillaise.

 

Elle a écrit divers articles sur la littérature antillaise, dirigé des ouvrages universitaires, Transmission et théories des littératures francophones – Diversité des espaces et des pratiques linguistiques (Co-Éd. P.U.B./Jasor, Bordeaux/Pointe-à-Pitre, 2008), Entre deux rives, trois continents (Mélanges offerts au Professeur Jack Corzani ; Éd. M.S.H.A.), préfacé les recueils poétiques de Max Rippon Débris de Silences et Morriña (Éd. Jasor, Pointe-à-Pitre, 2004 et 2010), présenté l’œuvre de Guy Tirolien dans Plumes Rebelles (Éd. Desnel, Martinique, 2011), préfacé les œuvres théâtrales de Jesùs Carazo, romancier et dramaturge espagnol, El Ojo de cristal – América (Editorial Dossoles, Burgos, 2003), La Invitación – Los Grillos bajo la tormenta (Ed. Dossoles, Burgos, 2003), La Increíble velocidad del planeta – Flores de papel (Ed. Espiral/Findamentos, Madrid, 2004).

 

Elle a publié un récit poétique Paroles d’une île vagabonde (Éd. Riveneuve, 2011), des nouvelles « Champ d’Arbaud » (dans Écriture, n° 44, Lausanne, 1994), « L’Errant, le Désirable » (dans Entre deux rives, trois continents, Éd.

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André Lucrèce publie «Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée» et répond à e-Karbé

Source: e-Karbé

Le cinquantième anniversaire de la mort de Frantz Fanon donne aujourd’hui lieu à nombre de rencontres autour de son œuvre et de ses idées. André Lucrèce, sociologue et écrivain martiniquais, publie un essai, Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée, afin de dénoncer «l’oubli inconcevable qui frappe la pensée de Frantz Fanon». Parmi les objectifs de cet ouvrage, la nécessité affirmée de l’auteur de ramener la philosophie de Fanon au centre des débats et ainsi de les nourrir au moyen d’arguments tirés de l’analyse de ses écrits. S’intéresser de près aux discours, à la pensée et aux récits de Frantz Fanon en vue, principalement, de mieux appréhender «la réalité antillaise». André Lucrèce, dont les recherches portent principalement sur les phénomènes liés à la modernité dans les sociétés antillaises, propose, avec Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée, une nouvelle réflexion sur l’œuvre du penseur engagé. Il répond aux questions d’e-Karbé.

e-Karbé – À l’occasion de la sortie de votre livre, Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée, vous annoncez d’emblée qu’il y est «question de répondre à l’oubli inconcevable qui frappe la pensée de Frantz Fanon».

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Laurence Aury présente son livre « La nuit du secret »

— Par Plerre-Yves PANOR

 

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 Laurence AURRY est originaire de Saint MALO. Elle réside depuis 20 ans à la Martinique et y enseigne les lettres.

Quand on lui demande de parler de son rapport à la Littérature Antillaise, elle répond sans sourciller qu’en sa qualité de professeur de français en lycée, il est important pour elle de promouvoir la culture et la Littérature Antillaise. Que chaque année, elle propose à ses élèves, l’étude d’une œuvre ou de textes antillais et ou caribéen. D’ailleurs ajoute-t-elle: « En ce moment nous étudions en lère « Bicentenaire » de Lyonel TROUILLOT afin de découvrir la littérature haïtienne. L’année dernière, nous avons étudié une œuvre de Maryse Condé et des poèmes de Césaire. L’année précédente, Patrick CHAMOISEAU, Ernest PEPIN et Raphael CONFIANT.

Du point de vue culturel, elle considère que la Martinique regorge de talents et de créativité mais que les moyens font défauts.

Vous l’aurez compris Laurence est une passionnée ouverte et curieuse des cultures. Passion et curiosité qui certainement ont quelque chose à voir dans la publication de son premier roman intitulé « La nuit du secret », une palpitante expérience qu’elle nous raconte avec délectation :

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« La nuit du secret » de Laurence Aurry

— Par Roland Sabra —

La vie d’un secret ou le secret d’une vie?

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En vente en Martinique

Émile Nestor est mort « suicidé » de trois balles de Mc76.Voilà comment débute le roman de Laurence Aurry «  La nuit du secret ». Et il se termine par cette question « Qui était réellement Emile Nestor ?». Pendant deux cents soixante pages cette question va tarauder le lecteur, ne plus lui faire lâcher des mains de roman aux intrigues multiples, croisées dans lesquelles s’enchevêtrent sans pouvoir les démêler et encore moins en mesurer la portée mensonges, affabulations, mythomanie, lâchetés et crapuleries assaisonnées d’autant de qualités opposées. Émile Nestor qui avait vingt ans en 1940, a-t-il été un salaud ? un planqué ? un héros ? Disjonction inclusive. Nous ne saurons pas. Émile Nestor écrivait le roman de sa vie. Il l’écrivait et le ré-écrivait. Il nous raconte son histoire et il nous raconte des histoires. Écriture dans et sur l’écriture. Laurence Aurry nous confie par là une de ses passions, une de ses fascinations, celle du texte. La plume est précise, agréable à lire, retenue, au risque de paraitre parfois un peu académique.

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Haïti : déménagement linguistique

Par Yves Dejean  [1]

Maturation et spontanéité linguistiques

 

Les recherches et les progrès en linguistique de la seconde moitié du vingtième siècle ont mis en lumière l’acquisition naturelle et rapide de la ou des langues de leur environnement par tous les enfants normaux dès leur naissance (et même avant, à en juger par les recherches récentes de Jacques Mehler and Emmanuel Dupoux sur l’acquisition in utero ; voir Mehler J, Dupoux E. 1994. What Infants Know : The New Cognitive Science of Early Development. Cambridge, MA : Blackwell). La réalité et la nature de ce phénomène humain universel contrastent vivement avec l’apprentissage d’une langue étrangère par des personnes qui se donnent la peine de l’étudier. Cet apprentissage est souvent laborieux, lent, incomplet, boiteux et sujet à régression.

 

Quand on propose l’apprentissage du français à plus de huit millions de créolophones unilingues d’Haïti comme une entreprise obligatoire dans un système scolaire, il est nécessaire de réfléchir sérieusement à sa possibilité, sa praticabilité et son coût en temps, efforts, matériel, argent et enseignants. L’examen de cet aspect du problème semble totalement ignoré ou escamoté par les auteurs d’un livre récent L’Aménagement linguistique en Haïti : Enjeux, défis et propositions (par Robert Berrouët-Oriol, Darline Cothière, Robert Fournier et Hugues St-Fort, Éditions du CIDHICA et de l’Université d’État d’Haïti, 2011).

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