Catégorie : Littératures

Migrations

Ma poésie est comme une porte qui claque

— Par Michel Lercoulois —

Sais-tu pourquoi la borne sur laquelle tu es assise est racinée sept fois
Le sais-tu
Devant toi tes enfants
Et les enfants de tes enfants
Ton troupeau
Orgueilleux déterminés
Affamés assoiffés
Viandes grasses libations enivrantes
Sauront-ils se tenir
Sauras-tu les retenir
Ou te précipiteras-tu avec eux dans le gouffre

Entends-tu au loin l’aboiement des chacals
Au loin, pas si loin
Qui ont eu vent de tes festins

Tes gardiens sont fatigués
Certains même ont pitié

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«  Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » : essentiel et primordial

— Par Janine Bailly —

Le spectacle conçu par la Compagnie Nova et Fab-Théâtre de Belleville est une mosaïque colorée de tableaux qui pour notre plus grand bonheur se succèdent sans nous laisser reprendre souffle, un patchwork de textes judicieusement choisis et assemblés pour que nous entendions la voix de quelques-uns de nos plus grands penseurs. Fait aussi de poèmes, discours et interviews, illustré de scènes imaginaires qui avec humour ou gravité viennent croiser la réalité historique et littéraire, l’ensemble, dont la cohérence est assurée par le récit de la vie d’Aimé Césaire, a su éviter l’écueil du didactisme comme celui de l’hagiographie ou du discours sentencieux. Parce qu’elles nous parlent de nous-mêmes et des autres, ces littératures poétiques, engagées et salvatrices sont « des armes miraculeuses » offertes pour que nous progressions vers plus de tolérance, d’intelligence et de vivre ensemble. La force de ce montage réside dans le fait que, partant de ce que l’on a appelé le “problème noir”, il ouvre l’éventail au reste du monde et propose un questionnement sur le “multiculturalisme” de nos sociétés qui aujourd’hui, refusant l’arrivée de trop de migrants, tendent à se replier égoïstement sur elles-mêmes.

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Powézi (Pou 21 Maws, jounen mondjal lapowézi)

— Par Daniel M. Berté —

Lè’w ka li, lè’w ka tann, tèks ki ni powézi,
I pou soukwé nanm-ou, i pou matjé lespri’w,
Touché tou lé senk sans, kwenyen tout santiman’w
Oblijé’w réfléchi ek kité’w tou sézi

Fo’y brennen tout fil tjè’w, fè’y tonbé jik an pié’w
Ek an menm balan-an fè’y rimonté an plas
Fo’y mennen dlo nan zié’w ka mantjé néyé tjè’w
Lè’y palé di lapenn doulè ek mové pas

Fo’y sanslé’w jik an mwel épi mennen’w an trans
Kon lè misié-madanm ka mayé an jwisans
Fo’y mennen’w dan lajwa é dan la kontantman
Akondi sé lanmou ant zanfan ek manman

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Ode à la flatulence

— Par Philippe Pilotin —
Mon corps est un virtuose en musique
Mais celle qu’elle pratique
Ne concurrencera jamais la classique
Et n’égalera pas non plus la symphonique.

C’est dans les toilettes qu’il compose,
Avec ou sans volonté, toujours il ose
Et le fait toujours en prose
Même si ce n’est jamais à l’eau de rose.

Il ne lit pourtant pas le solfège
Mais quand je m’assieds sur un siège,
Il sort toujours des notes en cortège
Qui donnent chaque fois un florilège.

Ses concerts sont de vrais récitals
Surtout après certains plats en régal.
Même si ses prestations ne sont pas conviviales,
Elles ne sont pas pour autant immorales.

Quand il déroule ses gammes,
Entre chromatiques et diatoniques, pas d’amalgame.
Il s’affiche sans aucun état d’âme
Car pour lui ce n’est pas un mélodrame.

Personne ne lui donnera jamais raison
D’autant plus que son la n’est point au diapason
Et surtout, avec ses parfums hors combinaison,
Aucune chance qu’elle soit une musique de salon.

On la reconnaît partout et à tout vent
Car elle n’est point l’œuvre d‘instruments à vent,
Si bien que ses rythmes tambours battants,
Au sein du public, font de vrais mécontents.

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Au club-lecture de la bibliothèque Schœlcher : «  Marx et la poupée »

— par Janine Bailly —

D’Iran, il nous arrive films et livres, pour parler d’un pays en mutations et souffrances. Maryam Madjidi, jeune femme iranienne exilée, obtint avec Marx et la poupée le prix Goncourt du premier roman, en 2017. Le récit est très proche de la vie de son auteur, qui conduit de l’enfance vécue à Téhéran à l’exil parisien, puis aux séjours adultes dans différents pays, Chine, Turquie, Inde. Un court texte en prologue raconte comment son oncle emprisonné a gravé pour elle, sur une pierre, à l’aide d’une aiguille, le prénom Maryam. La narratrice dit qu’elle aimerait avoir un sac d’histoires à offrir, car « de l’enfance, il reste aussi le goût des histoires, des contes qu’on vous raconte, ou que vous racontez pour tromper la solitude », et c’est précisément ce que fait l’auteur Maryam Madjidi : entrecouper son récit de contes traditionnels. Et l’Iran natal est bien là, qu’on ne peut oublier, dans la révolution islamique, dans l’investissement politique de parents communistes — un engagement responsable de l’exil en France. Seront évoqués un oncle emprisonné, un jeune voisin mystérieusement disparu, et les exactions, les humiliations et les tortures.

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Une figure emblématique : Amadou Hampâté Bâ

— par Janine Bailly —

Plus qu’une représentation théâtrale traditionnelle, le spectacle Le fabuleux destin d’ Amadou Hampâté Bâ, qui se donne les 13 et 14 mars à Tropiques Atrium, m’est apparu comme une leçon de littérature vivante et pleine d’intelligence, comme aussi le portrait animé d’un homme grand et sage, et de belle humanité. Une impression qui s’est confirmée lors du bord de scène final, où Hassan Kassi Kouyaté nous dit la genèse de la pièce, écrite par le conseiller littéraire Bernard Magnier, et qui s’inscrit dans un projet mené en collaboration avec le Tarmac, théâtre parisien dédié à la création francophone contemporaine. Un projet qui a pour finalité de faire découvrir, ou mieux connaître, des hommes et des femmes disparus, admirables non seulement par leur écriture, mais encore par leur engagement auprès de leurs semblables, par ce qu’ils ont été et par ce qu’ils ont fait. Après Sony Labou Tansi, dont « la chouette petite vie bien osée » nous fut montrée ici-même dans Sony Congo, après Hampâté Bâ, il est déjà prévu un opus sur Kateb Yacine, un autre sur Fanon… en espérant que place soit bientôt faite à une femme ?

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien : la « Note publique » de l’AKA sème la confusion

 — Par Robert Berrouët-Oriol —

À la suite de la publication le 17 février 2018, sur le site Potomitan, de la lettre ouverte du linguiste Michel Degraff (« Lèt tou louvri pou akademisyen nan Akademi kreyòl ayisyen »), l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) a fait paraître à Port-au-Prince, le 8 mars 2018, une « Note publique » rédigée en créole et portant la signature du pasteur Pauris Jean Baptiste président du Conseil d’administration de l’AKA. Cette « Note publique » d’une seule page, loin de répondre au long réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff, n’apporte aucun éclairage sur la crise majeure que traverse l’AKA ; elle sème la confusion et écarte la possibilité d’un débat serein et rigoureux au sein de cette instance para-étatique en lourd déficit de crédibilité. Quels sont donc les principaux points contenus dans le réquisitoire de Michel Degraff ? Et que cible en réponse la « Note publique » de l’AKA ?

Plagiat, conflits d’intérêt, népotisme, corruption, etc.

Dans le texte « Crise majeure à l’Académie du créole haïtien » que nous avons publié le 2 mars 2018, à Port-au-Prince, dans le quotidien Le National, nous avons présenté les principaux sujets du réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff :

–des publications sans consultation de la « Commission scientifique » de l’AKA ;

— un article dans Le Nouvelliste au nom de l’AKA et qui comprend un plagiat ;

— une demande de l’AKA, sur Facebook, de voter pour un concours de beauté…;

— des contrats accordés à des firmes où travaillent des académiciens : conflits d’intérêt, népotisme et corruption ;

— des « djòbs » au secrétariat de l’AKA pour la parenté des académiciens ;

— d’inquiétantes menaces qu’aurait reçu Michel Degraff relatives à sa sécurité et à celle de sa famille en raison de la publication de sa lettre ouverte à l’AKA.

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Fanm-nou

— Par Daniel M. Berté —

Fanm miel, fanm sièl, fanm fièl
Fanm masibòl, fanm fòl, fanm djòl
Fanm déwò, fanm majò, fanm matadò
Fanm dous, fanm avous, fanm agoulous
Sé fanm-nou!

Fanm isenbòt, fanm pòpòt, fanm makòkòt
Fanm konparézon, fanm baton, fanm kouyon
Fanm potomitan, fanm manman, fanm kankan
Fanm fouyaya, fanm palayi-palaya, fanm manawa
Sé fanm-nou!

Fanm Sentespri, fanm chuichuichui, fanm radi
Fanm bitasion, fanm lémosion, fanm lésision
Fanm lanmou, fanm gran-gou, fanm doudou
Fanm dézodèz, fanm nyèz, fanm wouspétèz
Sé fanm-nou!

Fanm flanm, fanm lanm, fanm ganm
Fanm kolè, fanm malè, fanm doulè
Fanm kamo, fanm cho, fanm siwo
Fanm fò, fanm bòbò, fanm vidjò
Sé fanm-nou!

Fanm fiè, fanm tèbè, fanm flè
Zòt, épi lézòt, sé manman-fanm
Man di Lonè èk Respé ba zòt fanm
An boul lanmou pou zòt, pas zòt tout
Sé fanm-nou!
Daniel M. Berté 300115

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol —

« Pwoblèm yo grav anpil wi. » Le linguiste du MIT Michel Degraff a publié le 17 février 2018, sur le site Potomitan, une lettre ouverte dans laquelle il dresse un virulent réquisitoire contre les « dérives qui affaiblissent le fonctionnement de l’Académie créole ». Membre fondateur de l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) et ancien responsable de la « Commission scientifique » de l’AKA, Michel Degraff estime avoir été obligé d’écrire sa lettre ouverte dans le but d’alerter le grand public sur les dérives ayant cours depuis un certain temps au sein de cette microstructure (« m oblije ekri lèt tou louvri sa a pou m alète gran piblik la sou malè pandye ki sou tèt AKA ») ». Il précise que la décision de publier sa lettre ouverte intervient après que plusieurs académiciens et lui ont en vain essayé de « corriger certains problèmes » identifiés au sein de l’AKA. Étalée sur 17 pages, la lettre ouverte de Michel Degraff expose également d’inquiétantes menaces qu’il aurait reçues relatives à sa sécurité et à celle de sa famille (« Epi selon avètisman ke m resevwa nan men kèk kolèg, ata sekirite m oswa sekirite fanmi m ka vin an danje apre m pibliye lèt sa a »).

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Aménagement simultané du créole et du français en Haïti : enjeux et perspectives institutionnelles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

S’il est un paradoxe dont il faudrait mesurer l’impact dans la durée c’est bien celui de la quasi inexistence de mobilisation citoyenne quant à l’aménagement du créole et du français en Haïti. Un tel constat, par-delà la prégnance du nationalisme identitaire haïtien, est à lier au déficit de leadership de l’État dans le domaine linguistique, singulièrement dans le champ éducatif où le ministère de l’Éducation ne dispose toujours pas, depuis la réforme Bernard de 1979, d’une politique linguistique éducative (voir notre article « Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique », Le National, 30 novembre 2017).

Il y a paradoxe au sens où pour un certain nombre de personnes, paré d’attributs essentialistes, le créole « est » l’identité haïtienne et que seul le créole doit être aménagé par l’État. Or même cette vue réductionniste ne débouche pas sur la mobilisation citoyenne. Il y a par contre rejet du paradoxe lorsque des données empiriques attestent, chez nombre d’unilingues créolophones, que ces derniers revendiquent le droit d’acquérir le français à travers l’École haïtienne.

En conformité avec l’article 5 de la constitution de 1987, nous avons institué dès 2011 –dans nos livres et articles traitant de la question linguistique haïtienne–, un éclairant plaidoyer pour l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti. Plaider

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« J’essaie de vous parler de ma patrie » – Jacques Viau Renaud, poète haïtiano-dominicain

— Entrevue réalisée par Robert Berrouët-Oriol—

Le 21 février 2018 est paru à Montréal, aux Éditions Mémoire d’encrier, le livre « J’essaie de vous parler de ma patrie » – Jacques Viau Renaud », sous la direction de Sophie Maríñez et Daniel Huttinot, avec la collaboration de Raj Chetty et Amaury Rodríguez. Un lancement du livre est prévu à New York le 20 avril 2018 au Graduate Center, City University of New York.  Pour éclairer cet événement littéraire de premier plan, notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol propose aux lecteurs du National une entrevue exclusive avec les responsables éditoriaux du livre, Sophie Maríñez et Daniel Huttinot, qui vivent et travaillent à New York.

Le National (LN) : Sophie Maríñez et Daniel Huttinot, voulez-vous, pour les lecteurs du National, présenter le poète Jacques Viaud Renaud qui ne semble pas connu en Haïti ?

Sophie Maríñez et Daniel Huttinot (SM/DH) : D’abord, merci, Robert, pour cette entrevue. Nous sommes heureux de faire connaître Jacques Viau Renaud parmi le public de son pays natal. Jacques est né à Port-au-Prince en 1941 et sa famille a dû partir en exil en 1948, peu après l’assassinat du frère de Jacques, Gérard, sous le gouvernement de Dumarsais Estimé.

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Édouard Glissant, au-delà des fantasmes

À propos de : François Noudelmann, Édouard Glissant. L’identité généreuse, Flammarion (« Grandes biographies »), 2018

— Par Loïc Céry —

C’était en avril 2005, et c’était dans l’avion qui m’emmenait vers Tunis, pour le colloque international que Samia Kassab-Charfi, Sonia Zlitni-Fitouri et moi organisions alors à Carthage autour d’Édouard Glissant. À quelques travées de mon siège, je reconnais François Noudelmann, qui ne me connaît que de nom. Quelques mois auparavant, en préparant avec Samia Kassab-Charfi, chez Édouard Glissant rue Saint-Guillaume, la liste des universitaires à solliciter pour cet événement majeur, nous nous répartissions la tâche de contacter les uns et les autres, glissantiens incontournables et déjà « historiques », ou d’une ferveur plus récente. Quelques jours plus tard, je le sollicitais en effet, par mail : « Monsieur, nous espérons vous compter parmi nous autour de cet événement académique consacré à l’œuvre d’Édouard Glissant, etc. » Me levant de mon siège, je profite de l’occasion pour saluer celui dont j’écoute assez soigneusement depuis quelques années les émissions de philosophie sur France Culture. Étonné d’être reconnu, il semble flatté.

Jeudi 24 février 2018 – Aujourd’hui, treize ans plus tard, je redépose devant moi le livre qui m’est arrivé hier matin : François Noudelmann, Édouard Glissant.

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Roman. Le prêtre noir qui s’est dressé contre l’esclavage

Un océan, deux mers, trois continents Wilfried N’Sondé Actes Sud, 267 pages, 20 euros
Le roman de Wilfried N’Sondé tire de l’oubli la figure de Nsaku Ne Vunda, qui au XVIIe siècle rencontra le pape pour plaider la cause de ses frères.
Il s’appelle Nsaku Ne Vunda, il est né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo. Orphelin élevé dans le respect des ancêtres et des traditions, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, le voici, au tout début du XVIIe siècle, chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape. En faisant ses adieux à son Kongo natal, le jeune prêtre ignore que le long voyage censé le mener à Rome va passer par le Nouveau Monde, et que le bateau sur lequel il s’apprête à embarquer est chargé d’esclaves…
Roman d’aventures et récit de formation, Un océan, deux mers, trois continents plonge ce personnage méconnu de l’Histoire, véritable Candide africain armé d’une inépuisable compassion, dans une série de péripéties qui vont mettre à mal sa foi en Dieu et en l’homme.

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Le romancier et journaliste turc, Ahmet Altan, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Accusé d’avoir participé au putsch manqué du 15 juillet 2016, alors qu’il ne fait que dénoncer, depuis plusieurs décennies, toutes les atteintes du pouvoir à la démocratie, Ahmet Altan était incarcéré depuis septembre 2016 à la prison de Silivri (à 70 kms d’Istanbul). Vendredi 16 février 2018, il a été reconnu coupable ainsi que cinq autres personnes dont son frère, le journaliste Mehmet Altan, d’avoir tenté de « renverser l’ordre prévu par la Constitution de la République de Turquie ou de le remplacer par un autre ordre ou d’avoir entravé son fonctionnement pratique au moyen de la force et de la violence ».

Il est condamné à la réclusion à perpétuité.

Ahmet Altan, né en 1950, est un des journalistes les plus renommés de Turquie, son oeuvre de romancier a par ailleurs connu un grand succès, traduite en de nombreuses langues (anglais, allemand, italien, grec…). Deux de ses romans sont parus en français, chez Actes Sud : Comme une blessure de sabre (2000) et L’Amour au temps des révoltes (2008).

Son père, le journaliste Çetin Altan, fait partie des 17 députés socialistes qui entrent au Parlement turc en 1967.

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Matnik an Févriyé

— Par Daniel M. Berté —

Matnik an Févriyé
Sé mwa kouri vidé
Saint Valentin fété
Mé osi moun tonbé

Listwa Matnik matjé
Paw dé mouvman sérié
Ki fè bon moun kriyé
Ki fè manmay pléré

Févriyé diznèfsan
Djoubakè ba’y douvan
Pou tibren plis lajan
Ek travay mwen krazan

Grèv yo fè an mawchan
Bò lizin lé pisan
Fizi lé gouvènan
Réponn manifestan

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F… fizi fann fwa frèw! (Pou sonjé Fiziyad Chalvet Février 74)

— Par Daniel M. Berté —

Fout yo pé di !
Fann tèt nèg ki té ka lité
Fal ouvè douvan bal fizi
Fè pran lanmè sèvi savann
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas fatidik !

Fout yo séléra !
Frèt an tan lesklavaj
Fizi pandan la grèv
Férosité jandam palé
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas dramatik !

Fout yo isalop!
Fouté bal an tjou nèg
Fè Ilmany pran plon
Frè Marie-louise tonbé
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas ki trajik!

Fout yo méchan !
Fè manman pèd lakat
Fas a doulè lanmô
Frè èk sè an lapenn
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas patétik!

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Lagrèv Févrié 1900

— Par Daniel M. Berté —

Matnik an diznèfsan, té ni tranndé komin
Diznèf mil ekta kann ka kouvè péyi-a
Ni santrèz distilri ek an ventèn lizin
Wé ! wé ! wé ! wé ! sik épi ronm té ka fè siwawa

Dis fanmi gwo mòdan ki la ka profité
An boul trayè pòv ka viv an délala
Sitiyasion kritik, tousa pé pa diré
Wé ! wé ! wé ! wé ! lajan ek lanmizè té ka fè gro konba

Lendi senk Févriyé an lagrèv démaré
Pa koté Marigo ek pa bò Sentmari
Patron pa ka tann hak pou dé fran yo mandé
Wé ! wé ! wé ! wé ! Lé posédan YO piès pa lé moli

I vini gèv mawchant, désann jis Larenti
Gouvènè Gabrié di jandam ek sòlda
Pa koté Trinité lé grévis YO sézi
Wé ! wé ! wé ! wé ! Lé gouvernan YO ka ba’y balata

Lagrèv maché o nòw jis koté Makouba
Grévis pati Wobè pou Galion Trinité
La gèv maché o sid jis bò lizin Fanswa
Wé ! wé ! wé ! wé ! Lé posédan YO piès pa ka ladjé

Liétènan Kahn prétann ki i té atatjé
Ba solda’y lòd tiré dan lafoul ki té la
Ek té ka diskité épi mè Ofanswa
Wé !

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Osi bel ki larenn Saba té bel

— Par Térez Léotin —

Si ni an neg toutt moun ka di ki té kont koulè lapo’y sé té bien Michaël Jackson. Moun di pou éséyé konprann li, sé an maladi ki té mété’y koulè a i té vini an : an koulè gri kondi yo di.

An fanm kontel Naomi Campbell, i pito toupòtré an moun blan ki penn an nwè. I bel i ni chivé’y féré, ki ta’y oben ki pa ta’y an manniè natif-natal, men ki ka rivé jik an do’y, kon sé fanm blan an antouka, é sé koulè nwè a selman i ni. Pitett sé pousa ki pabò lafen lézanné 1980, i té o top dé pli bel fanm. Pou ba lenprésion sé moun an pa rasiss ek pou mété an ti koulè nwè asou podionm lan. I nwè men i kon an blan

Bòkay nou, nou ni Mounia, i bel, i an fòm kon an gita, nen’y pa ka manjé fidji’y, kon yo ka di pou tiré méprizasion ba sa ki ka sanm neg, i ni chivé’y féré, i ka riprézanté model neg la, blan an enmen wè a, tala yo pa ka kriyé makak, magré i ka fè toutt bagay pou sanm blan an.

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Vidé Kannaval (ba Cham)

— Par Daniel M. Berté —
 
Travesti… pou gran ék piti… pa rété-la ! sòti !

« Jilo, Jilo ! dé boul ! Konmen boul papaw ni ?! »
Bwabwa… an vidé séy ki wa… ou pé di sa papa !

« Lapooo déchiré ! Lapo bonda vaval déchiré !»
Djab-rouj… ka sôti jis Mòn rouj… abiyé toutan rouj !

« Ou ! ou ! vwasi le lou ! Ou ! ou ! vwasi le lou ! » 
Karolin-zié-kokli… i ka pòté nonm-li… ki boulé o wiski !

« Banmba kola ! Ròzémé, Ròzémé manmay-la ! »
Mèdsen-lopital… ki sòti Bodkannal… pou kouri kannaval!

« Mi bissuiya ! Rosé ! Yanna pou lé zanfan ! Rosé ! »
Mawriaj-birlès… yo ka fè an lanmès… pou an béni-konmès !

«Rena ou anmen poul ! Lanméri Fodfrans-la, sé pa an poulayé »  

Moko-zonbi… ro anlè échas-li… mé fo pay brè mabi !

«Di-mwen ki moun ki fèw-sa ? !  Blé pal, blé fonsé manman ! »
Rèn… bel kon lalin plèn… doné vou donk lapèn !

« Papiyon volé ! Sé volé nou ka volé ! »
Brosé-kléré… nétwayé-astitjé… tout model de soulié !

« Chooo kakao ! Cho cho cho kakao ! »
Filé-kouto… an lanmel épi dlo… pou sizo ek kouto !

« Mas-koulou pété popo ! Mas-koulou pété popo ! »
Matlo-sou… simié brè dis ti-kou… pasé an sèl madou !

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« Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : la montagne va-t-elle encore accoucher d’une souris ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Paru à Port-au-Prince, dans Le National du 19 janvier 2018, l’article « Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : inquiétudes quant à l’aménagement du créole et du français dans le système éducatif national » a suscité l’intérêt de nombre de lecteurs. Plusieurs d’entre eux nous ont fait part d’une communauté de vue et de commentaires qui justifient le prolongement de la réflexion sur un sujet qui concerne l’avenir du système éducatif national.

Consultations présumées ou réelles ?

Dans le document publié le 15 janvier 2018 sur le site du ministère de l’Éducation nationale, « Tenue d’un atelier de travail autour de la première version du Plan décennal d’éducation et de formation », il est précisé que ce « Plan décennal » serait « (…) le fruit de consultations auprès de divers secteurs de la vie nationale, des cadres et techniciens du MÉNFP et des partenaires techniques et financiers ». L’information dont nous disposons ne permet pas de confirmer qu’il y a effectivement eu des consultations avec « divers secteurs de la vie nationale », notamment avec les syndicats d’enseignants ou la Faculté de linguistique appliquée.

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Sargas sakré anfandgas !

— Par Daniel M. Berté —

Sargas ! sakré anfandgas !
Ou ka antré an didan nas
Ek fè péchè fè lagrimas
Anba lanmè o an siwfas
Ou ka otjipé anlo plas

Sargas ! sakré anfandgas !
Bòd lanmè ou rivé an mas
Ek fè tjilé lé pli korias
Ou ka jennen la popilas
Ou fètchiant manzè Sargas

Sargas ! sakré anfandgas !
Douvan’w ayen pa touvé gras
Ni pwason ki an mové pas
Ni moun ka di élas élas
Afòs ou ka otjipé plas

Sargas ! sakré anfandgas !
Dèyè’w moun sé pati lachas
Fè’w dégajé san kité tras
Mé ou ni an lodè vinas
Ki ka fè yo fè lagrimas

Sargas ! sakré anfandgas !
Ou la kon an gro karapas
Ki pou moun sé an vré minas
Men pa bliyé sakré rapas
Ki tou las tou kas ek tou pas

Daniel M. Berté 230118

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L’université comme chambre close

— Par André Lucrèce —

Je viens de lire le roman plein d’ardeur de Corine Mencé-Caster Le Talisman de la présidente, paru aux éditions Ecriture, où tout le travail littéraire est conçu à partir à la fois de son expérience de présidente d’université, telle que vécue par « son moi social », et de son regard vif sur la société martiniquaise.

Il y a quelques années, j’avais donné une conférence à la bibliothèque de l’université sur trois romans écrits par de jeunes martiniquais dont la génération murmure sa propre réplique aux oreilles d’un monde, aux confins de la turpitude et de l’incertitude. Les vieilles questions de notre tradition littéraire antillaise sont ainsi posées là où le regard, la perception, la vision demeurent toujours à naître devant nos hallucinations. J’affirmais alors que le roman pouvait nous révéler les pôles antagonistes face aux consciences déshumanisantes que génèrent les sociétés.

Le roman de Corine Mencé-Caster, par sa faculté qui consiste à prendre de la hauteur par rapport à une affaire qui a affecté l’université et qui a défrayé la chronique, pose clairement le problème de l’irrationalité qui règne de plus en plus dans nos sociétés antillaises, Martinique et Guadeloupe.

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Le 120e anniversaire du « J’accuse » de Zola

— Par Gilles Candar Historien, président de la Société d’études jaurésiennes —
La lettre de Zola au président de la République Félix Faure, publiée par l’Aurore le 13 janvier 1898, appartient à l’histoire de la presse, du combat pour la justice et la vérité, de l’émancipation de la raison face à l’autorité et au pouvoir.

Le contexte peut être rappelé à grands traits : pour avoir transmis des documents intéressant la défense nationale à une puissance étrangère, le capitaine Dreyfus est condamné, le 22 décembre 1894, par un conseil de guerre à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée. Il subit sa peine à l’île du Diable, proche du bagne de Cayenne.

Dreyfus est innocent, il le clame, mais pourquoi le croire ? Seule sa famille et quelques proches ont confiance. Même les socialistes s’indignent le plus souvent de la mansuétude du verdict, qui a évité la peine de mort au motif que le crime d’espionnage relevait des actes politiques exclus de la peine capitale depuis 1848. Ils font remarquer que l’accusé est d’origine bourgeoise et officier alors que la justice se montre impitoyable envers les accusés d’origine populaire.

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L’aménagement du créole et du français en Haïti : modalités de mise en oeuvre par l’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

De manière générale, quelles doivent être les modalités de mise en oeuvre par l’État de l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti ? Poser la question des modalités de l’aménagement des langues officielles d’Haïti revient à poser, en amont, celle de la politique linguistique de l’État. La prise en compte de la nécessité d’une politique linguistique d’État s’avère d’autant plus essentielle qu’en Haïti l’État est démissionnaire dans le domaine linguistique.

Dans sa remarquable étude, « É́laboration et mise en œuvre des politiques linguistiques », le linguiste québécois Louis-Jean Rousseau, spécialiste de l’aménagement linguistique, nous enseigne avec hauteur de vue qu’ « (…) on entend par « politique linguistique » toute forme de décision prise par un É́tat, par un gouvernement ou par un acteur social reconnu ou faisant autorité, destinée à orienter l’utilisation d’une ou de plusieurs langues sur un « territoire » ( réel ou virtuel ) donné ou à en régler l’usage. La politique linguistique se situe au niveau de la détermination des objectifs généraux visés et elle peut couvrir toutes les catégories d’activité ou de situations de communication existant dans une société.

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Bònané an 2018

— Par Daniel M. Berté —
Bònané an Janvié pou lé jen kon lé vié
Bònané an Févriyé pou lé vié montré-yo lanmitjé
Bònané an Maws pou lanmitjé pli fò ki lé ti-faws
Bònané an Avril pou ti-faws pa anpéché litil
Bònané an Mé pou litil sa lyennen épi labonté
Bònané an Jen pou labonté jouenn épi li bien
Bònané an Juiyé pou li bien mennen lé bon lidé
Bònané an Out pou bon lidé pòté-nou jik an bout
Bònané an Sèptanm pou bout èk bout mété kò-yo ansanm
Bònané an Oktòb pou ansanm nou rété di labwin-di-swè jiska lòb
Bònané an Novanm pou lòb ritouvé-nou sanblé obò an flanm
Bònané an Désanm pou flanm la Libèté kléré sa ki ni nanm
Bònané ba tout nanm an tout manniè ek toulong
Bònané toulong an Démildizuit

Daniel M. Berté 10118

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