Catégorie : Théâtre

Les Buv’Art et « La Folie Guitry », Courtes Lignes et « Le Repas des fauves »

— par Janine Bailly —

Traditionnellement, le dernier mois du printemps voit fleurir les représentations dites “de fin d’année”, celles des plus petits comme celles des plus grands leurs aînés qui ouvrent le chemin, témoignages de ces semaines studieuses où l’on s’est retrouvé pour, en amateurs débutants ou éclairés, mettre au point un spectacle digne de la scène. Saluons l’audace de celles et ceux qui, osant se confronter au regard d’un public, font ainsi vivre au plus près de nous les arts, musique, danse, ou théâtre, et ce parfois en dépit du trac qui soudain, au moment du jeu, vient les surprendre et leur nouer le ventre.

D’une belle assurance font preuve les comédiens de la compagnie Courtes Lignes, venue comme chaque année de Guadeloupe participer au Festival du théâtre amateur de Fort-de-France, avec cette fois une pièce qui en 2011 recueillit trois Molière : Le repas des Fauves, de Vahé Katcha, écrivain d’origine arménienne qui, en 1960, alors que s’éloignait en France le spectre de l’occupation allemande, put parler, avec aisance et un humour de bon aloi, de cette période difficile, et de la Résistance.

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« Le repas des fauves », par la Cie Courtes Lignes : utilitarisme ou déontologisme?

— Par Roland Sabra —
« Le repas des fauves » de Vahé Katcha et adapté au théâtre par Julien Sibre est construit autour d’un débat éthique vieux comme le monde. Le succès populaire de la pièce atteste de la permanence d’un questionnement autour d’éthique déontologique et éthique conséquentialiste.
1942 en France, une ville de province, un dîner de la bourgeoisie locale. Pour l’anniversaire de Sophie, Victor, son mari a réuni le cercle des intimes. Malgré l’Occupation et les restrictions la soirée s’annonce festive. Combines, marché noir, petits arrangements, compromission et collaboration ont été les pourvoyeurs de la fête. Au milieu des échanges et des mondanités, au piede l’immeuble un attentat tue deux officiers allemands. Kaubach, le chef de la Gestapo exige deux otages par appartement. Parce qu’il fréquente la librairie de Victor, et par « courtoisie », il accorde deux heures aux sept convives pour designer deux d’entre eux . Outre le couple mari et femme il y a là Jean-Paul, le médecin, Pierre, aveugle et réformé depuis qu’il est rentré du front, André, qui vend sans complexe de l’acier aux Allemands, Françoise, une veuve attirée par la Résistance, et Vincent, maître de philosophie désabusé.

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Courtes Lignes présente : « Le Repas des fauves » de Vahé Katcha

— Par Selim Lander —

Que fait le théâtre de boulevard sinon nous amuser de situations dramatiques, susceptibles a priori de donner plus à pleurer qu’à rire ? Le ressort le plus courant, dans le vaudeville, consiste à se moquer d’un cocu, en usant largement du procédé dit de « l’ironie » : tout le monde est au courant, y compris les spectateurs, de ce que le mari malheureux ignore encore. Cependant, comme le thème est éculé à force d’avoir servi, les auteurs ont dû explorer d’autres voies. Pour ne prendre qu’un exemple, emprunté à Guitry, dans la pièce mystérieusement intitulée Le KWTZ[i], lorsque le mari cocu apparaît, tout à fait à la fin, il n’ignore déjà plus qu’il est trompé par sa femme avec son meilleur ami et la pièce joue sur un autre ressort, principalement un faux suicide des amants et, accessoirement, lorsque le mari paraît enfin, sur l’incertitude quant au comportement qu’il adoptera à leur égard.

Si cette pièce tourne encore autour du cocuage, le thème n’intervient plus guère, ou alors de manière anecdotique, chez les auteurs contemporains. Tel est le cas dans Le Repas des fauves où le mari découvre que sa jeune épouse n’est pas tout à fait l’oisillon de la dernière couvée qu’il croyait.

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« Les théâtres francophones du Pacifique Sud », d’Alvina Ruprecht

Après une présentation de Kanaké, jeu scénique conçu par Jean-Marie Tjibaou, l’ouvrage propose dix-neuf entretiens avec des spécialistes du milieu théâtral, originaires des collectivités françaises du Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie et Polynésie française).

Ils nous offrent un nouveau regard sur ce que nous appelons le « théâtre », nous obligeant à relativiser notre perception « classique » de la pratique scénique et textuelle. Le résultat est à la fois une extraordinaire fusion des pratiques vivantes, qui relèvent autant d’une formation professionnelle telle qu’on en trouve en
Europe que des pratiques rituelles qui structurent ces sociétés.

Plusieurs institutions jouent un rôle fondamental dans la création et la recherche dans ces territoires. Ce sont le Théâtre de l’Île, le Centre d’Art, le Centre Goa Ma Bwarhat à Hienghène, le Centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa, ainsi que La Maison de la Culture et le Conservatoire artistique de la Polynésie française à Papeete.

L’oeuvre de Jean-Marie Tjibaou, mise en scène par George Dobbelaere, est devenue un événement de rassemblement régional. Elle a inauguré des rapports entre une forme hybride de théâtre et les stratégies de l’anthropologie théâtrale telles que l’ont théorisée Richard Schechner et Eugenio Barba.

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Les Molières : lauréats 2017

La 29e cérémonie des Molières, lundi soir, a consacré Alexis Michalik et sa pièce «Edmond» qui totalise cinq statuettes. L’actrice Isabelle Huppert a de son côté reçu un Molière d’honneur.

Avec cinq récompenses sur sept possibles, plus d’un quart des prix décernés lors de cette soirée, des Molières, l’auteur et metteur en scène d’«Edmond» a littéralement triomphé lundi soir aux Folies Bergère, à Paris. Un véritable sacre et une sacrée fête pour le jeune homme, aussi célébré que chahuté pour son succès insolent, le plus gros de la saison à Paris qui va se prolonger encore, dans la Capitale mais aussi en tournée avec une seconde distribution.

Assis sur un trône entre deux récompenses, très souvent moqué au cours de la soirée – «C’est moi qui ai les meilleures critiques, l

es meilleures répliques… mais votez pas pour Michalik !», lancent dans un sketch de faux hommes politiques – le jeune homme de 34 ans n’a pas boudé son plaisir. «C’est un peu ma fête ce soir, on se paye bien ma tête, mais c’est le jeu», s’amuse-t-il avec l’humilité de celui à qui tout réussit.

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« La Folie Guitry » par la troupe Les Buv’Art

Les 2 et 3 juin 2017 à 19h30 au Robert

Par Laurence Aurry

A l’OMCL sur le front de mer

Entrée libre

Pourquoi jouer du Sacha Guitry ? Quel intérêt peut-il y avoir aujourd’hui à reprendre ces comédies bourgeoises du début du XXè siècle ? Le théâtre n’a-t-il rien de moins léger et conventionnel à proposer ?  C’est sans doute ce que le spectateur peut se demander et ce sont aussi les questions que nous nous sommes posées, nous, comédiens et metteur en scène de la troupe, les Buv’Art.  Dans la grosse production de Guitry, plus de 120 pièces, oui, certaines ont vieilli et n’échappent pas aux stéréotypes du Boulevard de la Belle époque. Mais, il est des pièces qui gardent une fraîcheur, une singularité et une modernité assez surprenantes. C’est ce que nous avons découvert,  notamment avec la lecture de ses courtes pièces en un acte qui viennent d’être rééditées.

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« La Folie Guitry » par la troupe « Les Buv’Art »

2, 3, juin 2017 à 19h 30. OMCL  du Robert.

Le KWTZ, Chez la reine Isabeau et Villa à Vendre, trois pièces de théâtre en un acte de Sacha Guitry, jouées par la troupe amateur  » Les buv’art  » , ne seront malheureusement pas présentées au TOM de Fort de France, dommage, dommage !

 » La Folie Guitry  » se jouera uniquement au Robert,  à l’Office Municipal de la Culture et Loisirs (OMCL) Robert, 6 boulevard Henri Auzé, Le Robert.

La soirée sera belle et surtout, amusante !

Le KWTZ

Argument :
Un couple d’amants (Maximilien et Hildebrande), ne pouvant vivre leur amour, décide de se suicider pour être ensemble dans l’éternité. Le mari, tout comme le destin, ne semblent pas l’entendre ainsi. Quant à la bonne (alias Julie, alias Marie, alias Augustine car son maître fauché Maximilien se plaît à travers ces différents prénoms à se faire accroire qu’il a plusieurs domestiques !), elle aimerait bien recevoir ses gages…

Le KWTZ est inspiré de la rencontre de Guitry avec les maîtres de l’absurde Alfred Jarry et Alphonse Allais1.

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L’Artiste et le Populiste (Quel peuple pour quel théâtre ?), de Jean-Marie Hordé

Nous ne pouvons nous habituer à ce que le mensonge devienne la norme du discours politique. Une parole politique est un acte que l’action ne peut contredire sans dommages pour la démocratie. À cet égard, le lourd silence qui pèse sur la culture la défigure et laisse libre cours aux dérives populistes et démagogiques. L’opposition entre une culture populaire et une culture élitaire profite de ce silence, travestit la réalité et fait passer l’ignorance pour un constat d’évidence.

Ce livre cherche à répondre au rire goguenard du populiste et à rétablir la question dans son étendue. L’expérience théâtrale est à cet égard exemplaire.
Jean-Marie Hordé est directeur du théâtre de la Bastille (Paris) depuis 1989, il entame des études de lettres avant de bifurquer vers la philosophie. Il devient critique littéraire dans différents organes de presse, dont Le Quotidien de Paris et Les Nouvelles Littéraires. Il obtient le poste de conseiller attaché à la préfecture des Hauts-de-Seine en 1973 et, six ans plus tard, prend la direction du théâtre de Cergy-Pontoise, tout en participant au conseil national du Syndeac. En 2003, Jean-Marie Hordé publie La Mort dans l’âme aux Solitaires Intempestifs, avec qui il éditera également Un directeur de théâtre en 2008 et Le Démocratiseur en 2011.

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Remise du « Prix Textes en Paroles » à Faubert Bolivar

 Mercredi 31 mai 2017 20h au Mémorial ACTe

Participez à la remise du PRIX TEXTES EN PAROLES 2017 du meilleur texte dramatique, qui aura lieu le Mercredi 31 mai à partir de 20h au Mémorial ACTe, décerné à Faubert Bolivar pour sa pièce de théâtre «Les Revenants de l’impossible amour». Cette manifestation sera l’occasion de la première lecture publique de ce texte-lauréat par Karine Pedurand et Yohann Pisiou, dans une mise en lecture de Hassane Kassi Kouyaté.
Soirée en présence des 6 autres auteurs de la sélection TEXTES EN PAROLES 2017 : Mirna Bolus, Magali Solignat, Charlotte Boimare, Fabrice Théodose, Jacques Sabatier et Patrice Turlet.

LES REVENANTS DE L’IMPOSSIBLE AMOUR

« Une pièce qui traite des relations amoureuses et de la douleur de la trahison conjugale mais qui a la grande originalité d’être située dans un cimetière la nuit et donc de mettre en jeu des forces occultes, des ébats passionnés, pervers, enragés, où le désir de vie et de mort– Eros et Thanatos – se retrouve associé aux esprits vaudou avec Baron Samedi et de Brigitte, deux Guédés du panthéon vaudou.

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« Solitudes Martinique », de Véronique Kanor : entre amour et politique

— Par Roland Sabra —
De la désillusion amoureuse aux illusions politiques, tel pourrait être le parcours de Véronique Kanor dans « Combien de solitudes… » paru en 2013 aux Editions Présence africaine dont est issu « Solitudes Martinique » la performance scénique avec projection de photo-vidéos présentée sous forme de pict-dub-poetry, au François dans le cadre de « Mai les Arts dans la rue ». Pict renvoie à l’idée d’image, de photo  et ce soir-là avec deux écrans en angle, le premier, le plus grand, face au public, le second coté cour sur lesquels sont projetés vidéo, film, portraits statiques. Coté jardin un podium surmonté d’un pupitre avec le texte que l’auteur va délivrer au public sours forme de dub poetry (genre musical issu du reggae jamaïcain) et du sound system (système de sonorisation par bande-son). Les textes de la dub poetry sont ouvertement politiques et sociaux. Ils reprennent les thèmes et revendications des rastas mais s’intéressent de plus près à l’acte artistique, à l’engagement politique et social contre le racisme, l’impérialisme, les problèmes économiques, etc.
Véronique Kanor nous conte une dérive, singulière et plurielle, qui va de Paris à Fort-de-France, qui la traverse et qui traverse la Martinique en février 2009.

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« Et ce n’était pas qu’on allait quelque part », d’après « Dream Haïti » de Kamau Brathwaite

Samedi 3 juin 2017, 18h, au CDST de Saint-Pierre

« Et ce n’était pas qu’on allait quelque part »
Traversée scénique d’après « Dream Haïti » de Kamau Brathwaite – Cie Awa
Mise en scène : Frédérique Liebaut
Avec : Zmorda Chkimi & Mylène Wagram
Cette pièce est une traversée scénique. Ce poème évoque la tragédie des boat people, des haïtiens, poussés par les conditions économiques et politiques à se jeter à l’eau sur des embarcations de fortune.
La promesse de noyade faite aux réfugiés, sur toutes les mers du globe, est-elle l’ultime perspective ouverte par les grandes traversées transatlantiques qui ont construit le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ?
Les voix d’Henri Bauchau, Christophe Colomb, Malcolm Lowry, Bartolomé de Las Casas et d’Aimé Césaire surgissent des ressacs du texte de Brathwaite pour relire cette première rencontre fracassée et fracassante de l’Europe et de l’Amérique, et tenter sur les lumineux fragments de nos naufrages de construire un monde qui accueille notre espoir.

L’histoire a commencé pour la Cie au détour d’une représentation de « Léon Gontran DAMAS A franchi la ligne » à Anvers.

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« Histoires de Valets », d’après « La surprise de la haine »

Tropiques-Atrium scène nationale le mercredi 31 mai 2017 16 h. (entrée gratuite)

Comédie féministe d’après « La Surprise de la haine » de Louis de Boissy, auteur du XVIIIème siècle

Conception, mise en scène et chorégraphies : Karine Bénac-Giroux
Avec les interprètes
Comédiens-danseurs-musiciens :
Malika Mian, Karine Bénac-Giroux, Silvère Mothmora Artan, Michel Bérouard,
Avec un divertissement adapté de Jean-Joseph Mouret
Arrangements musicaux : Michel Bérouard

Le département des lettres de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Schoelcher (U.A)
En partenariat avec la scène nationale Tropiques-Atrium

Note d’intention
Histoire de valets

Silvia : Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est précisément l’histoire de tous les valets qui m’ont vue.
Dorante : Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi l’histoire de tous les maîtres.
Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard (1730), I, 6.
Silvia et Dorante mentent. L’histoire des valets n’est jamais celle des maîtres. Si les maîtres pensent détenir les clés de l’histoire et être les seuls à écrire l’Histoire, cette pièce souhaite réfléchir l’envers du décor : l’histoire des valets, l’histoire racontée par Lisette et Arlequin, la tentation de « faire des histoires » pour s’opposer aux maîtres ou avoir un rôle à jouer.

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« Bòdlanmou pa lwen », de Franck Salin alias Frankito

Vendredi 2 juin 2017 20h Tropiques-Atrium

Cie du Grand Carbet

Texte en créole & Mise en scène : Franck Salin alias Frankito
Avec : Christian Julien & Irène Bicep
Scénographie : Maud Bandou Hostache alias Soylé
Compositeur : Franck Nicolas
Musiciens : Franck Nicolas & Jony Lerond
Chorégraphie : Max Diakok
Régie lumière : Jean-Pierre Népost
Vidéo : Wally Fall
© crédit photo : DR

Sur scène, Gérard et Léna, un homme et une femme qui s’observent, se désirent, se rapprochent et s’aiment éperdument, jusqu’à ce que la flamme de leur passion vacille…
Bòdlanmou pa lwen est un long poème à 2 voix qui retrace l’histoire d’un amour volcanique. C’est un regard sur le couple, sur la difficulté à dialoguer et construire des unions stables. Un thème universel, ancré dans une culture et une langue créoles magnifiques.
Cette création mêle poésie, arts visuels, musique et danse dans un décor minimaliste.
Bòdlanmou pa lwen est un jeu de mots qui renvoie à l’expression Bòdlanmè pa lwen (le bord de la mer n’est pas loin, ndlr). Bòdlanmou pa lwen pourrait être traduit par : « prends patience, l’amour n’est pas loin ».

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Pour évoquer « Les Justes » , pièce d’Albert Camus

— par Janine Bailly –

Lu, et repris mot mot pour mot sur le site facebook : Dans le cadre du festival amateur de Théâtre de Fort-de-France, l’association Les Comédiens de Martinique ont [sic] le plaisir de vous présenter la magnifique pièce d’Albert Camus « Les Justes ». Déclaration confirmée par l’affiche du spectacle. Certes, il n’y a pas là crime de lèse-écrivain, mais j’aime, ainsi que Nicolas Boileau, appeler un chat un chat, et Rolet un fripon. Aussi, pourquoi ne pas dire que, si les questions posées par ce spectacle de Julie Mauduech sont sensiblement semblables à celles qui sous-tendent l’œuvre de Camus, le contexte, temporel, historique et géographique, est radicalement autre. Je peux supposer qu’il ne s’agit donc pas d’une simple adaptation, mais d’une réécriture à l’aune des Antilles, et c’est ainsi qu’il eût fallu le présenter. Voilà qui peut-être justifie la réaction de la SACD, que je reçus au moment même où j’écrivais ces lignes, et que je me permets de retranscrire ci-dessous :

Bonjour, 

Suite à un mail de la SACD ,m’indiquant que les ayants-droits de l’auteur Mr Camus ne m’autorisent pas a jouer le texte sous prétexte que j’ai apporté la modification de transposer l’action à CUBA.

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« Mi-chaud – Mi-froid » de Catherine Dénécy : emballant !

Plus (in fine) Solitude, Le Collier d’Hélène

Par Selim Lander

Une danseuse comme Catherine Dénécy, ça ne court pas les rues. Cette fille au gentil minois et au teint de sapotille est un joyau ! Elle a la grâce, la force, une endurance qui paraît sans limite, le tout allié à une technique impressionnante. Ce n’est pas tout car elle est également comédienne : son visage constamment expressif passe à volonté de la séduction à l’intimidation, elle plaisante, invective… Qu’on permette à un habitué des créations de Preljocaj et surtout des pièces présentées par ses invités au Pavillon Noir d’Aix-en-Provence, au format davantage comparable à celle de C. Dénécy, de réitérer que cette danseuse est vraiment exceptionnelle, un pur joyau, du genre diamant, tant sa chorégraphie peut paraître parfois tranchante. En réalité, elle semble capable de tout faire, par exemple danser comme une forcenée dans des escarpins pendant le premier quart d’heure, au point de faire douter le spectateur tout ébaubi de ce qu’il voit. On imagine la somme de travail derrière cette virtuosité mais que serait le travail sans un talent ici éclatant ?

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« Le repas des fauves », de Vahé Katcha, adaptation de Julien Sibre

31 mai à 19h 30, 1er juin à 10h & 19h 30,  2 juin à 19h 30 & 3 juin à 15h 30 & 20h au T.A.C.

Texte de Vahé Katcha
Mise en scène : Claude-Georges Grimonprez

Synopsis :1942, Dans la France occupée, sept amis se retrouvent pour fêter l’anniversaire de leur hôte. La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, jusqu’à ce qu’au pied de leur immeuble soient abattus deux officiers allemands. Par représailles, la Gestapo exige qu’ils désignent deux otages choisis parmi eux.

Le Commandant Kaubach, qui dirige cette opération, reconnaît, en la personne du propriétaire de l’appartement, M. Pélissier, un libraire à qui il achète régulièrement des ouvrages. Soucieux d’entretenir les rapports courtois qu’il a toujours eus avec le libraire, le Commandant Kaubach décide de ne passer prendre les otages qu’au dessert.

Julien Sibre a eu l’idée de monter la pièce en 2001, en voyant à la télévision le film de Christian-Jaque, Le Repas des fauves, avec Claude Rich, France Anglade, Francis Blanche, Antonella Lualdi. Après avoir abandonné un autre projet, il a contacté Vahé Katcha, l’auteur de la pièce, puis retravaillé l’adaptation avec son accord (l’auteur est décédé entre-temps, en 2003).

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« Univers », d’Estelle Butin, m.e.s. de Guillaume Malasné, en tournée dans les Alliances françaises de la Caraïbe!

Mai-Juin 2017 dans la Caraïbe

Un succès qu’il faut souligner. Le talent, quand il est vrai, s’exporte bien. « Univers » un spectacle, manipulation de marionnettes,  pour jeune public, à partir de 4 ans est en tournée de mai à juin dans les Alliances franaises de la Caraïbe, dans une version anglaise. Le spectacle créé en français peut être joué dans sa langue d’origine.

Crée par la compagnie Zigzag en Co-production avec l’Autre Bord Compagnie de Martinique (Antilles Françaises)

L’histoire :

C’est l’histoire de la brillante, élégante, et arrogante Grande Ourse qui se prépare pour la fête de Dame Nature. Elle se pare de ses plus beaux atours mais elle n’entend plus la voix de sa cousine la Grande Etoile Des Mers, la chanteuse pour de la fameuse fête ! Prise  de panique, elle décide de quitter le ciel et de partir sur terre pour éclaircir cette situation.  Grande Ourse, n’a prévenu personne de son voyage et sa disparition entraine le Bazard dans tout l’univers.

Le Shérif Rififi, le gardien des étoiles, décide de mener son enquête pour retrouver Grande Ourse au plus vite.

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« Solitude », adaptation et m.e.s. de Fani Carenco

— Par Christiane Makward —

Le décor ressemble à un chantier ou une cour de garage rural: lanterne suspendue, cordages, pneus de poids lourds, gros bidons rouges , vieilles planches empilées formant plateforme, bobines de câbles, caisse, siège décati et deux projecteurs à gauche et à droite. Par la magie des éclairages, de la sonorisation, la vie s’installe, la mort rôde. Ainsi un discret balancement de la lanterne évoquera le tangage du bateau négrier tandis que Bayangumay tente laborieusement d’avaler sa langue. Ainsi ce tas de vieilles planches évoque un cercueil (toujours la funeste embarcation) d’où se redresse la déportée qui bientôt lancera dans les ténèbres et dans sa langue son cri de résistance: “Diolas, Diolas, n’y a-t-il pas un seul Diola dans ce poisson?” Et telle bobine de câble sera sublimée en socle de statue lorsque Solitude, peu avant sa mort , prendra la pose d’une Liberté en grande jupe et ceinture rouge, sans torche et sans drapeau, mais tout aussi splendide et insoumise.

Le spectacle a commencé par un anachronisme espiègle: un touriste blanc entre en scène. Il n’échappera pas aux spectateurs avertis que ce personnage narrateur évoque aussi un André Schwarz-Bart grisonnant de même que Marie-Noëlle Eusèbe fait penser à Simone ce qui constitue donc une distribution astucieuse que complète l’actrice burkinabé Laure Guiré dont l’élocution marquée concorde avec son incarnation de Mère-Afrique.

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« Ne croyez pas, que je ne l’aime pas cet enfant »: la famille, nœud de vipères ?

— par Janine Bailly —

Au théâtre, tout semble possible. Il est ainsi des troupes dites professionnelles qui, un jour, ne sont pas à la hauteur de leur réputation. Déception jeudi soir à Tropiques-Atrium, où la compagnie La Grande Horloge n’a pas su convaincre. Mais pourquoi s’être fourvoyée dans la mise en scène du si beau roman d’André Schwarz-Bart, La Mulâtresse Solitude ? Car il ne suffit pas de faire réciter le texte par trois personnages différents, fussent-ils noire, métisse et blanc, ni d’agrémenter la représentation de danses et chants, fussent-ils africains, pas plus que de terminer par la chanson de Léonard Cohen, The Partisan, pour accomplir un véritable acte théâtral, qui rendrait compte de la densité et de la force de l’œuvre originale.

Il est en revanche des troupes dites de théâtre amateur, qui tiennent bien mieux leur partie, qui nous embarquent dans leur sillage, qui nous tiennent prisonniers sans qu’un seul instant nous prenne l’envie de nous évader. Un tel moment, intense et troublant, nous a été donné ce vendredi au Théâtre Aimé Césaire, par L’autre Bord Compagnie, qui a fait le choix de mettre en scène des textes exigeants, très actuels, qui nous interrogent sur ce que nous sommes, sur ce qu’est la vie au sein de la cellule familiale et sur la place que nous y tenons.

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10ème Rencontre Théâtre Amateur : « Ne croyez, pas que je ne l’aime pas cet enfant »

— Par Christian Antourel —
Cet évènement incontournable présenté par le Théâtre Aimé Césaire nous revient chaque année avec un succès sans cesse grandissant. C’est à s’y méprendre entre Théâtre ou théâtre amateur la nuance est souvent tellement infime de savoir qui de l’élève ou du maître emportera la palme de l’estime du public.

Il est un fait bien établi par la psychologie, la psychiatrie la psychanalyse, les éducateurs et devant lequel, enfants et parents se rendent à l’évidence. C’est que trop souvent la relation entre les parents et leur progéniture( sé pas an bol toloman.) La Compagnie l’Autre Bord a choisi d’adapter et de réunir deux textes : « Cet enfant » de Joël Pommerat et « Festen » du danois Thomas Vinterberg. L’un … imagine une suite de séquences, de confrontations familiales lieux de toutes les tensions de toutes les frictions du lien parent-enfant .l’autre, invente une famille gangrenée par une blessure non dite et cependant ressentie dans les comportements en déséquilibre manifeste de ses membres. Christian a quitté le giron familial pour s’établir restaurateur à Paris. Il revient pour l’anniversaire de son père.

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« La otra rilla. L’autre rive ». Soliloques pour mauvais rêves ?

— Par Christian Antourel —

Ces deux là sont des migrants, en partance pour « un jardin d’Eden » rêvé. C’est clair, ils rythment  la pièce  au son de leur horloge interne et intime.

L’histoire commence ainsi : un fleuve. Apparaissent deux personnages sur la berge, visiblement poursuivis, qui attendent l’arrivée d’un passeur chargé de les faire traverser et rejoindre l’autre rive. Du côté de la Liberté. Toute la pièce se passe pendant leur attente  de ce  batelier  considéré comme un ange de la mort. Dans ce carré, espace limité par le souffle des acteurs tout se joue, l’acuité de ce qui défaille. Ils espèrent, égrènent  leurs souvenirs s’en inventent  même, rêvent, réfléchissent à leur avenir.

Avec un   minimum de ressources  mais   de l’imagination à un moment où les migrations sont modulées  par des guerres et la misère  incessante des peuples : l’actualité nous est donnée  sur un plateau. Le  scénario restitue l’attitude des migrants face à un choix cornélien, ils sont placés face à des dilemmes complexes, à savoir rester où ils vivent et risquer des mauvais traitements, voire la mort  en fonction  de  leur situation  personnelle, d’une part et risquer la mort en embarquant à bord  de l’embarcation  d’autre part La liberté ou la mort !Le

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«Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant » : du père au pire…

A voir sans faute!

— Par Roland Sabra —

La compagnie l’Autre Bord de Guillaume Malasné laboure le champ de la pratique amateure depuis longtemps. Elle le fait avec méthode, rigueur et talent comme en témoignent les restitutions annuelles qu’elle offre au grand public lors du Festival de Théâtre Amateur de Fort-de-France. L’an dernier, en 2016, elle proposait «  La réunification des deux Corées » une adaptation de la pièce de Joël Pommerat. Elle poursuit dans la même voie, mais en l’infléchissant, cette année avec «Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant ». Le travail se compose de lectures de deux pièces différentes mais qui s’articulent autour d’un questionnement sur la famille comme lieu d’amour. La première est « Cet Enfant » toujours de Pommerat, la seconde est « Festen » de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, adaptation du film éponyme Prix du Jury à Cannes en 1998. Déjà ce thème était abordé dans « La réunification.. »  avec l’impossibilité de la relation amoureuse en ce qu’elle est porteuse d ‘imaginaire, de leurre de tromperie du fait que d’une certaine manière « C’est son propre moi qu’on aime dans l’amour, son propre moi réalisé au niveau imaginaire. »

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Les confidences de Joël Pommerat

— Par Alexis Campion —
Plébiscité dans le monde entier, Joël Pommerat évoque son succès et sa méthode à l’occasion du retour sur scène de ses contes de fées.
Leur esthétique sophistiquée, nourrie de clairs-obscurs ensorceleurs avec des acteurs habités et des décalages sonores saisissants, confère une puissance quasi cinématographique à chacun des spectacles de Joël Pommerat, tous marquants, tous très demandés. Ça ira (1) Fin de Louis, le dernier, est une géniale évocation de la Révolution française à l’aune de l’actuelle crise de la démocratie représentative. Trois fois récompensé aux Molières, le spectacle est en tournée avec sa troupe d’une quinzaine d’acteurs, dont certains sont des figures de la Compagnie Louis Brouillard (Agnès Berthon, Saadia Bentaïeb, Ruth Olaizola). Les contes de fées adaptés par Pommerat font aussi l’objet de reprises exceptionnelles : Le Petit Chaperon rouge dès cette semaine aux Bouffes-du-Nord, Cendrillon à partir du 25 mai à la Porte-Saint-Martin, puis Pinocchio, à redécouvrir en juillet au Festival d’Aix-en-Provence sous forme d’opéra contemporain, sur une musique de Philippe Boesmans.

L’engouement suscité par le théâtre de ce Roannais de 54 ans se vérifie aussi à l’étranger.

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« Les Justes », d’après Albert Camus

24, 26 mai à 19h 30 & le 27 mai à 15h et 20h au T.A.C.

Texte présenté par la troupe des Comédiens de Martinique.
Dans le cadre du festival amateur de théâtre de Fort-de-France
Mise en scène : Julie Mauduech
Son & Lumière : Marc-Olivier René

Transposition cubaine en 1958 sous la dictature de Batista de la pièce d’Albert Camus dont l’intrigue se déroule en Russie au début du XXè siècle.

Synopsis : Novembre 1958. Cuba subit la dictature de Batista depuis six ans. Sur plusieurs fronts, la révolution s’organise. Un groupe issu du Mouvement du 26 Juillet s’apprêtent à assassiner le Colonel Sanchez Mosquera, officier sanguinaire de la dictature. Mais les tensions sont fortes entre les révolutionnaires. Pour Sara, qui a connu l’humiliation et la torture dans la prison de l’Île des Pins, rien ne doit empêcher la mort de Mosquera. Pour Sancho, dit le poète, il y a au contraire des limites à ne pas franchir si on veut être un justicier et non un assassin.

Doit-on sacrifier son humanité pour rendre sa liberté au peuple ?

Les révolutionnaires sont tiraillés entre leurs convictions et la façon de mener leurs actions, entre exaltation et peur, entre amour et haine, entre vie et mort.

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L’autisme manipulé comme une force

— Par Gérald Rossi —

Avec Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Philippe Adrien met en scène une brillante adaptation du roman de Mark Haddon sur la difficulté de vivre avec ses différences. Jubilatoire.
Ça commence franchement mal. Le bizarre incident du chien pendant la nuit adapté du roman de Mark Haddon par Simon Stephens (traduction de Dominique Ollier) débute avec le corps de la pauvre bête, tuée sur la pelouse de madame Shears, voisine et amie de la famille, transpercée par une fourche mortelle. Soupçonné à tort, Christopher Boone 15 ans est un garçon fragile, différent, autiste, qui réagit à sa façon et dans son univers aux événements qui l’entourent. Dans ce rôle Pierre Lefebvre Adrien est tout simplement surprenant. Dans le meilleur sens que l’on puisse donner à ce mot.

Sans agressivité, sans lourdeur maladive et toujours dans la bonne mesure entre le geste, la parole, le cri ou le grognement, il est Christopher. Aussi bien dans son intelligence pour les sciences et les mathématiques, que dans sa difficile approche de l’autre. Principalement du monde adulte qu’il perçoit à travers ses propres grilles de lecture, en dépit de son cheminement parfois déroutant.

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