« Public or not public » ponctue, dans les éclats de rire, une belle saison

— Par Roland Sabra —

Carlo Boso à écrit en 2007 « Public or not public » à partir de  « L’histoire du théâtre dessinée » d’André Degaine paru en 2000 et véritable référence pour tout amateur de théâtre. D’emblée le quatuor annonce la couleur : «  Vous, public, vous êtes les principaux protagonistes de la soirée. » Quel a été le statut du public depuis l’invention du théâtre ? Quelle mise en regard avec celui des comédiens ? Et celui les comédiennes alors ? Et en effet ils embarquent la salle dans un voyage qui partant de la préhistoire passera par la Grèce, Rome, le Japon, l’Angleterre, le haut et bas Moyen-Age, la Renaissance, le siècle des Lumières, aboutira de nos jours du coté de l’intermittence et de la DRAC ( Direction Régionale des Affaires Culturelles). « Les Draconiens ? Mais ce sont qui la DRAC ? Ce sont eux » en désignant le public. Et celui-là d’acquiescer bruyamment !

Sans décor, avec peu d’accessoires, mais dynamisée par la folle énergie de quatre drôles, se dessine une épopée qui de troubadours en Carnaval, de théâtre de cour en Comédia del Arte, de mimes en masques, d’opéras en théâtres de boulevard, de cabarets en théâtre de tréteaux, convoque spectateurs et spectatrices sur scène pour dire combien et comment la représentation théâtrale colle au plus près à l’histoire de nos sociétés. Cette Quadrilla chante, danse, manie l’épée et la rapière joue de tous les registres et laisse, à peine au public le temps à la salle de reprendre son souffle en entre deux éclats de rires.

Superbe idée du Théâtre Aimé Césaire ( T.A.C.) de conclure une saison réussie cette pièce sur le rôle du public de théâtre, qui tourne depuis 10 ans, très souvent réclamée en début ou en fin de saison, et qui partout ou elle se produit rencontre un franc succès.

De la douzaine de pièces proposées cette saison, en y incluant le théâtre amateur, toutes de qualité, émergent quelques perles rares.

Il y eut « Erzuli Dahomey déesse de l’amour » de Jean-René Lemoine, encensé par l’ensemble des critiques de Madinin’Art, fait extrêmement rare pour être souligné, mais aussi « Les Cavaliers » d’après Joseph Kessel, sans oublier « O vous frères humains » d’après Albert Cohen ni « Les irrévérencieux 2 » d’après le Quatrième mur » de Sorj Chalendon, ni le beau travail de la troupe d’amateur(e)s dirigée par Guillaume Malasné dans « Ne croyez, pas que je ne l’aime pas cet enfant », ni…

La saison 2016-2017, s’est jouée à guichet fermé, comme d’habitude. Michèle Césaire, ces dix ou douze dernières années a su, par une programmation de qualité élaborée en toute liberté, fidéliser un public qui ne demande qu’à s’étoffer davantage pour peu qu’on lui octroie plus de places.