— Par Roland Sabra —
Il est des histoires dont l’intérêt ou la nouveauté résident dans la façon dont elles sont racontées plutôt que dans ce qu’elles racontent. C’est le cas du récit d’enfance « Le cœur à rire et à pleurer » de Maryse Condé que tente d’adapter à la scène Alain Courvaud avec Martine Maximin accompagnée du clarinettiste Antoine Bory.
Le décor sur fond noir d’une grande sobriété se limite à quatre boîtes rectangulaires sur lesquelles la comédienne prendra appui de temps à autre pour dire son texte, les porte-instruments indispensables du musicien et un patron de couturier revêtu d’une robe chamarrée et n’ayant d’autre utilité que de figurer la présence de la mère de l’écrivaine. A décor minimaliste mise-en scène réduite au strict nécessaire, c’est à dire à un jeu de lumières et un dialogue d’un intérêt inégal entre la comédienne et le clarinettiste, pourtant complices depuis le début des années quatre-vingt.
L’intrigue est connue par avance : comment une petite fille à l’arrivée non désirée dans une famille déjà nombreuse de la petite bourgeoisie noire urbaine de Pointe-à-Pitre va devenir Maryse Condé.









On ne met pas en scène n’importe comment n’importe quel texte. Il doit exister un rapport de contiguïté, de connivence entre la lecture du texte et la façon de montrer ce que l’on a retenu de la lecture de ce texte. Par exemple il est difficile de faire du baroque avec un texte de Marguerite Duras. On peut le faire mais ce n’est en aucun cas une obligation. Il est des textes dans les Antilles symptomatiques de ce que Jacques André dans « L’inceste focal » repère comme une écriture emphatique liée à un investissement narcissique de la langue dominante, la langue du maître. . L’auteur caresse longtemps les mots avant d’en livrer l’éclat. Plaisir de l’envolée qui fait retour sur aile etc.
« N’est- ce pas monstrueux que ce comédien, ici, dans une pure fiction, dans le rêve d’une passion, puisse si bien soumettre son âme à sa propre pensée, que tout son visage s enflamme sous cette influence, qu’il a les larmes aux yeux, l’effarement dans les traits, la voix brisée, et toute sa personne en harmonie de formes avec son idée ? » (Hamlet, Shakespeare)


Monsieur l’Archevêque de Fort de France et Saint-Pierre,


