— Par Roland Sabra —
« Montrer le monde dans ses détails pour être juste » Svetlana Alexievitch
La nostalgie d’un temps passé ne conduit pas à vouloir sa restauration. Le diptyque La fin de l’homme rouge construit à partir de « Dix histoires dans un intérieur rouge » et de « Dix histoires au milieu de nulle part » en est une très belle illustration. Le livre est l’aboutissement d’un travail de recueil, sur un quart de siècle, de témoignages que Svetlana Alexievitch (Prix Nobel de littérature 2015) est allée chercher, magnétophone à la main, dans le Caucase, dans le pays profond, dans cette Russie qui considère Moscou comme une capitale étrangère. Sa méthode : « poser des questions non sur la politique, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les milliers de détails d’une vie. »
La première partie aborde la construction et l’écroulement du mythe fondateur du régime communiste à savoir l’homme nouveau, « l’Homo Sovieticus ». On retrouve cette idée forte de l’ adhésion à une idéologie se faisant sur le mode d’une croyance.