Kery James, simple rappeur ou « héros » humaniste ?

— Par Lucas, 16 ans, lycéen —
28 décembre 1977, naissance en Guadeloupe, de celui qui deviendra un rappeur, danseur, interprète, mais surtout poète et humaniste. Le phénomène Kery James touche de plus en plus de générations avec ses rimes croisés, ses paroles bouleversantes et son charisme. J’ai assisté à l’un de ses concerts acoustiques, au théâtre du Rond Point, le 26 mars 2018, étape d’une tournée « MouHammad Alix tour ».

Rapprochant deux mondes différents aux yeux de la société, il mêle poésie et rap, mélange à la fois émouvant et prenant ayant pour but de dénoncer une certaine France. Alix Mathurin (alias Kery James) énonce le vécu de son arrivée en France, son insertion dans sa nouvelle vie, à Orly, et notamment les inégalités qu’il découvre. Vivant dans moins de 30 mètre carrés, Alix connait alors prématurément la rue, la délinquance, pour aider sa mère, subvenir aux besoins de deux enfants.

Aujourd’hui, encore, il se qualifie de « banlieusard et fier de l’être », en contraste avec l’idée que le système se fait des jeunes de cités : « quand tu me vois, tu me mets un visage sur c’que l’autre France déteste » (tiré de Lettre à la République). Kery manie parfaitement l’art de la poésie, du rap « conscient », et de la langue française. Il créé une langue propre à lui-même, cassant le stéréotype des banlieusards, tout en dénonçant la société d’aujourd’hui, voulant diviser les communautés, en « s’acharnant à discriminer ».

Le « nous» de Malcom X ou Mandela

Il combat avec des mots. Son humanisme se fait ressentir rien qu’en écoutant sa voix, sa musique qui délivrent un message profond. Il n’emploie pas le « je » qui divise, mais le « nous » qui rassemble, tel Malcom X ou encore Nelson Mandela. On l’aura compris, lors de son concert acoustique, Alix fait référence de nombreuses fois, après chaque chanson, aux symboles, figures de l’anticapitalisme – de l’émancipation des noirs, des communautés en général, aujourd’hui très opprimées – comme Malcom X, Martin Luther King, Thomas Sankara et Nelson Mandela. Se nommant lui-même « pacifiste avec une arme », l’arme de la parole (tiré de Le retour du rap français), mais aussi de « résistant » et de « militant », Kery James mène un combat révolutionnaire mais sans-violence. En effet, « nous sommes les premières victimes de notre propre violence ». Il prône la bonne parole qu’il a trouvé dans l’islam « religion honorable, de transmission orale » (tiré de couplet pour l’Islam). Il combat l’islamophobie en France où les valeurs sont « liberté, égalité, fraternité ». Il combat également la discrimination sous toutes ses formes : « ta couleur de peau pour moi ne fait aucune différence, y’a pas de couleur pour aimer, pas de couleur pour souffrir » (tiré de Y’a pas de couleur)….
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