Mois : avril 2016

Femmes en terre d’islam : « Dégradé » et « Fatima »

— Par Selim Lander —

Dégradé

Dégradé d’Arab et Tarzan Nasser

Un film palestinien : rien que cela justifie de se précipiter pour voir à quoi cela peut bien ressembler. Et cela vaut effectivement le déplacement. Réunir une petite dizaine de femmes dans un salon de coiffure n’est pas absolument original mais quand il s’agit, pour ces femmes, d’à peu près le seul endroit où elles peuvent se retrouver entre elles, donc sans voiles, loin des hommes, cela devient très intéressant. A-t-on remarqué que le cinéma est devenu aujourd’hui, pour qui n’est pas « grand reporteur »,  l’un des rares moyens, le seul peut-être de découvrir des sociétés qui nous sont en général inaccessibles. Parmi ces sociétés, les terres d’islam nous intéressent particulièrement, compte tenu de la propension à l’expansionnisme de cette religion, sans parler de la violence qui se déchaîne en son nom, jusque chez nous.

A Gaza, la violence est omniprésente, et constante, s’il faut en croire le film, et elle ne vient pas seulement d’Israël, elle semble ancrée chez les hommes comme un chancre dont ils n’ont aucun moyen de se défaire.

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« Amphitryon » de Molière

— Par Selim Lander —

amphitryonMolière a eu une carrière compliquée. Aussi talentueux qu’audacieux, il se heurtait fatalement aux jaloux et à tout ce que la France – en fait Paris – connaissait de conservateurs en tout genre. C’est miracle qu’il ait, bon an mal an, bénéficié de la faveur d’un monarque absolu comme Louis XIV. Néanmoins, quand il avait lancé dans le public une pièce sujette à controverse, comme ce fut le cas du Tartuffe, il était opportun de calmer le jeu avec une comédie qui ne pouvait choquer personne.

Tel fut le cas d’Amphitryon, conte mythologique qui raconte les amours de Jupiter avec une humaine, Alcmène, fort éprise de son mari Amphitryon. Jupiter profite du départ d’Amphitryon à la guerre pour prendre son apparence et se faire aimer d’Alcmène. Il est accompagné de Mercure qui prend, quant à lui, l’apparence de Sosie, le valet d’Amphitryon, et qui est chargé d’empêcher que les amours du dieu des dieux ne soient perturbées par le retour intempestif du guerrier ou de son véritable serviteur.

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Une Antigone plurielle et collective

— Par Marina Da Silva —
Lucie Berelowitsch fait résonner la révolte d’Antigone dans l’Ukraine contemporaine avec des acteurs ukrainiens et français. Un chant de soulèvement et d’amour parfaitement composé.

antigone_lucie_berelowitschLa pièce s’ouvre par l’affrontement jusqu’à ce que mort s’ensuive entre Polynice et Etéocle dans une piscine désaffectée. Gladiateurs des temps modernes, leurs râles virils nous apitoient et nous irritent. A jardin, le chœur « cabaret-punk » des Dakh Daughters, accompagne cette lutte fratricide de chants qui étreignent l’âme. Ce collectif de comédiennes, chanteuses et musiciennes ukrainiennes engagées, est l’axe-pivot de l’Antigone que signe Lucie Berelowitsch. La metteure en scène de culture russe et française était invitée à créer à Kiev en avril 2015. Devant les traces des barricades de la place Maïdan, signes-témoins d’une guerre sans nom, elle s’interroge : « Que faire avec sa mémoire, comment honorer les morts, comment reconstruire à partir des cendres, comment réapprendre à vivre ?» Un questionnement à l’œuvre depuis l’infini du temps dans l’Antigone de Sophocle qu’elle va croiser avec celle de Brecht, inspirée de la traduction d’Hölderlin, pour éclairer la tragédie ukrainienne contemporaine.

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Sclérose en plaques, redonnons courage à nos malades

— Par Marie-Cécile Naud, présidente de Madin’SEP —

madinsepLa sclérose en plaques (SEP) est une maladie émergente, qui se développe en Martinique. Ni héréditaire, ni contagieuse, elle provoque chez l’adulte jeune une inflammation du système nerveux et en particulier des nerfs optiques, du cerveau et de la moelle.
Les informations nerveuses conduites vers différents organes sont perturbées entrainant des signes cliniques isolés ou associés.
Ainsi les personnes peuvent elles ressentir une altération de la vue, des douleurs, des faiblesses musculaires voire des paralysies, des engourdissements, des problèmes d’équilibre, des modifications de l’élimination des urines ou des selles, une fatigue, voire des changements de caractère ou du moral, des difficultés à se concentrer, à mémoriser… Cette maladie évolue souvent d’abord par poussées suivies de phases de récupération : c’est la phase dite « par poussée ou rémittente » . 80% des malades en sont atteints.
Plus ou moins tardivement, l’inflammation fait place à des destructions des cellules nerveuses : c’est la phase dite « progressive » . Il existe aussi une forme plus rare qui est d’emblée progressive.
Le seul traitement en urgence, lors des poussées, est à base de perfusions de corticoïdes.

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Martinique : zika toujours à la hausse

zikaPour la semaine du 18 au 24 avril 2016, l’épidémie de Zika se poursuit sur l’ensemble du territoire. La tendance de l’épidémie reste à l’augmentation.

Le nombre de cas évocateurs de Zika ayant consulté un médecin généraliste durant la semaine 14 a été estimé à 1600, portant à 20 980, le nombre estimé total de cas depuis le début de la circulation du virus.

Depuis le début de l’épidémie, l’infection a été confirmée biologiquement chez 184 femmes enceintes. Trois malformations cérébrales fœtales ont été décelées chez des femmes enceintes, dont une microcéphalie infirmée à la naissance.

Onze patients atteints de syndromes de Guillain-Barré (SGB) ont été confirmés biologiquement. Trois autres formes neurologiques graves ont également été confirmées au virus Zika.

De plus, des investigations biologiques pour le virus Zika sont en cours pour 3 patients atteints de SGB.

Le point épidémiologique complet sur la situation dans les Antilles Guyane est joint à ce communiqué.

L’ARS Martinique rappelle l’importance des mesures collectives de lutte contre les moustiques.

Il est impératif de supprimer toute réserve d’eau inutile, de protéger et surveiller les gites qui ne peuvent être détruits, de vérifier régulièrement les coupelles de pots de fleurs, les abreuvoirs à animaux, etc.…

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Mayotte, lagon de la xénophobie

— Par Emilien Urbach —
xenophobieSur l’île, des groupes violents se sont constitués et mènent une véritable chasse aux étrangers sous le regard complice des autorités françaises. Les associations tirent la sonnette d’alarme.

Un ouragan de xénophobie est en train de frapper Mayotte, l’île comorienne devenue département français, depuis 2009. Depuis le début de l’année, plusieurs centaines de comoriens originaires d’autres îles de l’archipel subissent harcèlements et expulsions de la part de groupes mahorais violents. «Du côté de la préfecture, silence radio. Indique la Cimade. Elle laisse perdurer une situation d’impunité totale et ne remplit pas ses missions de préservation de l’ordre public. Cette absence de réaction de l’État est honteuse et dangereuse pour les habitants de Mayotte.»
Femmes, enfants, vieillard jetés à la rue

En décembre, dans un village du sud de l’île, un premier groupe s’est constitué en «collectif des habitants de Tsimkoura». Il adresse alors un courrier aux autorités et fixe un ultimatum aux propriétaires afin qu’ils expulsent les étrangers à qui ils louent leur habitation. Les 10 et 17 janvier entre 200 et 300 personnes sont violemment expulsées de leurs bangas par ces groupes xénophobes.

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Hong Sang Soo again : « Right Now, Wrong Then »

— Par Selim Lander —

HSS Right now wrong thenOui « encore » et merci au programmateur de Tropiques Atrium et merci, surtout, à Hong Sang Soo de nous donner à voir toujours le même film – plus précisément une variation sur le même thème – sans nous lasser : un cinéaste, éventuellement prof de cinéma, d’âge mûr, est attiré par une jeune fille ou femme, laquelle est impressionnée par sa renommée. Si la jeune fille ou femme est charmante, l’homme n’est guère séduisant et son verbe est d’une pauvreté insigne, puisqu’il en va ainsi des dialogues de Hong Sang Soo (contrairement à ceux de Rohmer auquel on le compare à tort). Comment faire un film réussi avec de tels ingrédients : tel est le mystère Hong Sang Soo.

« Une merveille d’intelligence et de drôlerie » proclame l’affiche du film. Rien de moins exact que cette publicité. Le film n’est pas particulièrement « intelligent » puisque le cinéaste nous ressert une recette qui a déjà servi et que les dialogues n’ont rien de brillant. Quant à « drôle » c’est le diable si l’on ébauche plus d’un rire ou deux en regardant le film.

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Assurance-chômage: les intermittents trouvent un accord avec leurs patrons

intermittentsUn accord a été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi par les organisations de salariés et d’employeurs du spectacle sur le régime d’assurance-chômage spécifique aux intermittents, à l’origine d’un mouvement d’occupations de théâtres à Paris et en province depuis lundi. En revanche, aucune information n’a filtré quant à une éventuelle levée des occupations de théâtres, mais la CGT spectacle a indiqué que ses instances se réuniraient ce jeudi pour décider d’une signature.

«Un accord est mis à la signature, il comporte des avancées importantes», a déclaré à l’AFP Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle (majoritaire), au terme de près de dix heures de négociations. Selon une source patronale, il s’agit d’un «accord acceptable pour les parties» (…) avec de nettes améliorations pour la protection des travailleurs avec des efforts réciproques». «L’accord prévoit une hausse des cotisations patronales et aussi un effort côté salariés», précise-t-on de même source.
Non-respect de la lettre de cadrage

Parmi les principaux points actés dans cet accord figurent, selon la CGT, l’ouverture des droits à l’indemnisation aussi bien pour les artistes que pour les techniciens, à partir de 507 heures travaillées sur 12 mois.

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Vox Populi, Vox Président !…

— Par Lucien Cidalise Montaise —
justice-couleursOu une étrange vision du Pouvoir Populaire ! Procès . Poursuites. Mise en cause. X avocats !et négligence impardonnable, suite à une plainte déposée à une mauvaise adresse ! Opinion publique mobilisée . Absence remarquée des élus, frères, cousins et cousines. Tout cela fait l’actualité chez nous.
Il y a quelques années lors des procès nés de la décolonisation, des leaders politiques utilisaient ce procédé. Alerter l’opinion sur un déni de justice. Faire mousser cette même opinion. Pousser à des rassemblements contestataires. Faire en sorte que régulièrement sans état d’âmes, les turbulents partisans de ceux qui sont inquiétés, se rassemblent partout et à tous les instants. Créer l’agitation populaire ! Pour impressionner. La stratégie a fait école . Avec aujourd’hui, comme emblème de ralliement le tee-shirt rouge et la colère. Le déni de justice en moins.
Colère d’autant plus exaspérée qu’elle est dirigée contre l’idée que les victimes poursuivies sont appréciées par un certain nombre de gens.
Ces victimes donnaient en effet l’impression qu’elles étaient différentes des autres ! Fière, frôlant l’arrogance (voir le Dico ), charmantes.

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L’homme est-il transformable ?

— Par Michel Pennetier —
transhumanismeVoilà qu’au milieu des nouvelles d’attentats, d’épouvantables odyssées de migrants du Moyen-Orient vers l’Europe, de révélations sur de massifs transferts d’argent vers le paradis fiscal qu’est Panama par les riches et puissants de ce monde pour éviter de payer les impôts dans leur pays où sévit le chômage, souvent la misère, voilà donc qu’on nous annonce la transformation de l’homme par la conjonction de techniques biologiques, informatiques, nanotechnologiques. Est-ce une bonne nouvelle ?
Les idéologues du « transhumanisme » nous le promettent. Les laboratoires de ces différentes technologies y travaillent, des sommes considérables sont investies, notamment par Google. On sait que le progrès scientifique est exponentiel, chaque découverte, chaque nouvelle technologie en multiplie d’autres et donc accélère le mouvement innovateur. Il est donc fort probable que nous verrons cette transformation ou « amélioration » de l’homme dans les proches décennies de ce siècle.
Entre les technologies « réparatrices » et celles qui se proposent d’améliorer l’homme, la frontière n’est pas étanche. Adjoindre sur un corps handicapé un membre artificiel qui réagit aux impulsions du cerveau, rendre la vue à un aveugle en fixant dans l’œil un système électronique qui transmet au cerveau les images de la même façon qu’un œil naturel, personne, je crois, ne se plaindra de ces avancées technologiques.

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« La Martinique à travers la carte postale ancienne » d’André Lucrèce

la_martinique_lucreceLA MARTINIQUE
À travers la carte postale ancienne
André Lucrèce
Iconographie : 400 cartes postales anciennes

« Il faut épier le réel, ces existences surgies de tous les écarts, ces signes dans les regards qui s’accordent une espérance, cet outre-soi qui n’abdique pas, tout cela restitue l’identité de l’ île, terre mouvante entre des passages orphiques, terre convoitée par les battements de l’histoire, terre de grands cris et de non-dits qui chacun ont leurs mystères, d’ où soudain nous parvient le pays, jusqu’alors caché entre deux failles qui communiquent. »

Au fil de 400 cartes postales du dОbut du XXe siècle, André Lucrèce nous embarque à bord d’ un taxi-pays au départ de Fort-de-France pour parcourir la Martinique. On retrouve la ville de Saint-Pierre avant la catastrophe de 1902, lorsqu’elle est encore le « Petit Paris des Antilles », on plonge dans l’ effervescence de Fort-de-France, alors en plein essor, on se laisse transporter à travers les différents bourgs de l’île, Le Lamentin, Sainte-Marie, Rivière-Pilote… On rencontre celles et ceux qui ont fait la Martinique : marchandes, pêcheurs, coupeurs de canne ou quimboiseurs…

André Lucrèce

Écrivain, critique littéraire et sociologue, André Lucrèce est l’auteur de plusieurs livres et de très nombreux articles consacrés à la poésie, au théâtre, à la peinture.

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 » L’atelier » de J-C Grumberg dans une mise en scène de Julie Mauduech

3, 4, 6 & 7 mai 2016 19h 30 au T.A.C.

l_atelier

Résumé

Dans un atelier de confection, de 1945 à 1952, des employés travaillent et, entre rires et larmes, racontent leur vie pendant l’Occupation et dans l’immédiat après-guerre : un Juif qui a été déporté, un autre qui a vécu caché en zone occupée, une troisième qui s’est réfugiée en zone libre, une quatrième, encore, dont le mari a été arrêté et envoyé dans les camps, mais aussi des jeunes gens à peine touchés par la guerre et une femme dont le mari fonctionnaire a peut-être collaboré… Autant de destins différents qui se croisent et soulèvent tous la même question : comment vivre après le traumatisme de la guerre et de la Shoah

— Note d’intention par Julie Muaduech —

L’action de L ‘ATELIER prend place dans un contexte particulier. En effet, les scènes sont précisément datées de 1945 à 1952.

Elles se déroulent donc dans l’immédiat après-guerre. Les personnages ne cessent de faire référence au passé, notamment à la SHOAH, à l’extermination des juifs décidée par les nazis en janvier 1942.

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Martin Gray, disparition d’un survivant

martin_grayL’écrivain a été retrouvé mort dans la piscine de sa ferme de Ciney. Il avait 93 ans. Né le 27 avril 1922 à Varsovie, il etait célèbre pour son livre « Au nom de tous les miens », dans lequel il raconte avoir perdu à deux reprises toute sa famille, d’abord dans les camps d’extermination nazis, puis dans l’incendie de sa maison dans le Sud de la France.

Martin Gray était le symbole vivant de la résilliance face aux drame qu’il avait subit : trois fois il a perdu les êtres qui lui étaient les plus chers dans des conditions atroces.

Le 1er septembre 1939, les nazis envahissent la Pologne. Martin Gray a alors dix-sept ans. Transféré dans le ghetto de Varsovie où son père travaille au Judenrat, il trouve le moyen d’en sortir en soudoyant des soldats nazis et devient ainsi un contrebandier. Plusieurs fois par jour, il fait des allers-retours pour ramener de la nourriture dans le ghetto grâce aux tramways. Lors d’une rafle, son père est attrapé pour être déporté. Grâce à ses appuis, Martin lui sauve la vie en l’aidant à s’échapper.

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Croissance zéro pour la Guadeloupe et récession pour la Martinique en 2017 ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —
plus_ou_moins_zeroAux Antilles , que ce soit en Guadeloupe ou plus encore  en Martinique, nous évoluons dans un environnement entouré d’incertitude : quel que soit le journal que vous saisissez, la radio que vous écoutez, la télévision que vous regardez, ce ne sont que des prévisions démenties, des reprises qui n’arrivent pas, des catastrophes et des annonces de licenciements inattendus.
La réflexion n’a plus alors aucun point d’appui et rien ne peut même être pensé à l’avance. On ne peut que constater a posteriori ce qui s’est passé.
Faut-il alors renoncer à toute anticipation et se contenter de vivre au jour le jour comme on peut ou on aime tant à le faire aux Antilles ? Faut-il s’abandonner aux forces instantanées pour en tirer parti ? Où va-t-on ? On verra bien, on ira là où on pourra, avec toutefois ,selon moi, une certitude : une croissance zéro en Guadeloupe et la récession en Martinique et Guyane dès 2017.
La Croissance zéro est une théorie économique selon laquelle toutes les activités économiques devraient tendre à un état d’équilibre, un état stable.

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« Je suis bobo et je vous emmerde »

republique_boboLa république bobo
Laure Watrin
Thomas Legrand

Vous le pensiez obsolète ? Pourtant le bobo n’a jamais été aussi présent. Il est de toutes les joutes politiques, de toutes les brèves de comptoir et de magazine, que l’on devise carte scolaire, terrorisme du bio, prix de l’immobilier ou causes de la montée de l’extrême droite.

Pour la droite, notent les auteurs, les bobos sont “des apatrides, les idiots utiles de l’immigration et de la globalisation”. Pour la gauche de la gauche, ils sont plutôt “les incubateurs du capitalisme, des gogos privilégiés qui singent la révolte, persuadés que leurs indignations sociétales sont subversives”, ou encore “des rats qui ont quitté le navire de la lutte des classes”, “des inquisiteurs du bon goût et de la pensée unique”, des “profiteurs boursouflés de bons sentiments“, des “terroristes intellectuels”. Rien que ça.

Que recouvre ce néologisme ridicule, assemblage new-yorkais de deux mots français ? Une construction médiatique rejetée par la plupart des sociologues. Un travailleur social au SMIC tout autant qu’un patron de start-up. Mais surtout, un bouc émissaire idéal. En ces temps de bobobashing, il faudrait être sacrément téméraire pour se revendiquer afi cionado de la Courgette solidaire.

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« Tribunal des femmes bafouées », prolongation

T.A.C. (Théâtre municipal de Fort de France Aimé Césaire), samedi 30 avril à 19h30

tribunal_femmes_bafouees-8L’épouse, le mari et la maitresse, répondront-ils à la question de la fidélité conjugale face au miroir de la Comédie créole ? Et puis, La fidélité n’est-ce pas pratiquer l’adultère essentiellement par la pensée ?

Zoom théâtral sur la fidélité conjugale au Théâtre Aimé Césaire de Fort de France

José Alpha, adaptateur et metteur en scène de la Comédie créole TRIBUNAL DES FEMMES BAFOUEES qui expose les passions sociétales, explique

La célèbre comédie Tribunal des femmes bafouées que vous cosignez avec Tony Delsham, est en rappel pour prolongation au Théâtre municipal de Fort de France, ce samedi 30 avril prochain. A quoi attribuez-vous un tel succès ?

José Alpha : … d’abord à la qualité des comédiens qui m’accompagnent sur le projet et puis à la pertinence des histoires développées par les personnages. Les comédiens sont formidables et transpirent de justesse dans la conduite des personnages issus du roman Fanm dèwo de Tony Delsham. Et puis, c’est bien à la demande du public qui s’est manifesté au terme du cycle de représentations du mois de mars dernier, que les comédiens sont ravis de retrouver ce nombreux public qui en demande toujours plus.

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«Rejeter un accent, c’est toucher à l’identité de l’être»

glottophobie-1Le premier livre à dénoncer la glottophobie, discrimination par le langage.

Le langage est dans notre société un instrument de pouvoir puissant et méconnu : accents et tournures langagières sont les cibles d’une discrimination généralisée, appelée glottophobie. Rejeter une personne pour sa façon de parler, c’est la même chose que la rejeter pour sa religion, la couleur de sa peau ou son orientation sexuelle, autant de discriminations punies par la loi en France.

Pourtant, les discriminations fondées sur la langue sont ignorées alors qu’elles affectent des milliers de personnes, méprisées ou rejetées pour leur accent ou leur vocabulaire. La domination s’exerce en effet aussi par le langage. Les « élites » imposent leur manière de parler comme la seule légitime.

Le livre donne un nom à ces discriminations linguistiques –la glottophobie – et attire l’attention sur leurs conséquences humaines et sociales, profondes et massives. Linguiste, son auteur démonte, exemples à l’appui, les mécanismes de la glottophobie pour mieux la révéler, la dénoncer et ainsi la combattre.

Philippe Blanchet est professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2. Il est spécialiste de la diversité linguistique et culturelle dans le monde francophone et expert en politique linguistique et éducative pour de grands organismes.

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Intermittents, ils refusent le drame social

odeon_occupationOccupation du Théâtre de l’Odéon depuis dimanche soir et dernière séance de négociations hier.

Exceptionnellement, le théâtre parisien de l’Odéon n’a pas fait relâche hier. Il est occupé depuis dimanche soir par quelques dizaines de militants de la Coordination des intermittents et précaires (CIP), qui ont accroché des calicots au fronton du bâtiment, proclamant notamment « De l’argent il y en a, construisons de nouveaux droits ». Et hier matin, alors que débutait au ministère du Travail la dernière séance de négociations sur le régime spécial des intermittents (comédiens et techniciens), entre les syndicats et les organisations patronales des professions du spectacle, ils ont confirmé au mégaphone depuis le fronton de l’édifice entouré par un cordon de policiers occuper « ce lieu public pour signifier notre complet désaccord avec les négociations en cours de l’assurance chômage comme avec le projet de loi travail ».
Le danger d’une « caisse autonome »

Des négociations qui piétinaient encore à l’heure où ces lignes étaient écrites. Cette séance intervenait après la réunion du 24 mars, qui a vu le « cadrage financier » proposé par les patrons accepté par les syndicats minoritaires CFDT, CFTC et CFE-CGC, lequel vise un plan d’économies « de 185 millions d’euros en année pleine d’ici à 2018 », le texte suggérant à l’État de mettre la main à la poche pour 80 millions d’euros.

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Ray Lema, acrobate de l’équation, citoyen concerné

ray_lemaHeadbug, son nouveau album, est sorti vendredi. À la tête d’un groupe arc-en-ciel, le maestro franco-congolais envoie valser les étiquettes.

« Le Jazz n’est pas une musique, c’est une attitude », c’est une phrase de Miles Davis que Ray Lema a fait sienne, car elle correspond à la manière dont il envisage la pratique du jazz. Ray Lema ne se considère pas comme un jazzman, mais préfère mettre en avant son travail de compositeur à l’écriture singulière, à travers la pratique d’un jazz décomplexé et personnel, qui ne cherche pas imiter les américains. Une musique portée par l’esprit de groupe, où la fraternité et l’entente sont au service d’un discours créatif et imaginatif. Un groupe cohérent, où chaque musicien est à l’écoute de l’autre, et joue avec l’autre, dans tous les sens du terme. Une tribu soudée, où la basse et la batterie construisent les fondations, le piano, les indispensables ornements, et où le saxophone et la trompette partent dans des envolées lyriques dans d’entêtants contre-chants simultanés. Une formation, où la musique circule librement, mais dans une direction précise, guidée par l’énergie du groove, le sens de la mélodie, et une subtile recherche harmonique.

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Lemonade: sortie du film-album féministe et engagé de Beyoncé

beyonceVIDÉO – La chanteuse américaine a levé le voile sur son nouvel album, accompagné d’un film présenté en avant-première sur la chaîne HBO samedi 23 avril. À l’instar de son premier single Formation, elle livre un document dont la portée est également politique.
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Beyoncé a encore prouvé hier soir, samedi 23 avril, à quel point elle est une artiste totale. Surnommée Queen B, la reine de la pop règne non seulement sur le monde de la musique mais aussi sur celui des images, sachant allier les deux pour mieux mettre en valeur son propos. Dans la soirée, elle a présenté ce que les rumeurs pressentaient: Lemonade, un véritable «film-album» d’une heure, accompagné de la bande-son de ses douze nouveaux morceaux.

Diffusé sur la chaîne américaine HBO (non disponible en streaming depuis la France), le film marque un tournant dans la carrière de Beyoncé. Après son précédent album, paru par surprise en décembre 2013 et pour lequel elle avait imaginé un clip pour chacun de ses titres, elle pousse le concept plus loin…

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Dom JUAN 2.0 : Pétillant pour de vrai, oui !

—Vu par José Alpha—

dom_juan-2_0-cDire que ce spectacle de la Cie des Asphodèles atteste de cette saine agilité et de cette intelligence vivace du jeu théâtral solaire, qui disparait malheureusement aux Antilles et singulièrement en Martinique, sous le poids de « pesantes et savantes préoccupations « sociopolitico scéniques et émotionnelles », est une vérité.

Voici développée là sous nos yeux, une belle leçon de jeux, de mise en scène de comédiens musiciens, chanteurs et « cabotins », issus des imaginaires de Lucas Franceschi, adaptateur et metteur en scène de ce Molière atypique traité au rythme de la rigueur de la Commedia del Arte. Ce metteur en scène comédien ne nous est pas inconnu puisque Michele Césaire, la directrice du Théâtre Aimé Césaire, nous l’avait fait connaitre avec « les Irrévérencieux » au mois de janvier dernier.

Sept comédiens (cinq hommes et deux femmes) tiennent une vingtaine de personnages tous plus « saltimbanques » les uns des autres, « prennent possession du plateau » équipé sur trois niveaux, d’échelles, de zones d’ombre et de plans inclinés, « pour créer un véritable dialogue avec le public. 

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Un camp d’été «décolonial» interdit aux « blancs »

— Par Eugénie Bastié —
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Des proches des Indigènes de la République ont lancé un camp de formation à l’antiracisme… réservé uniquement aux personnes souffrant du « racisme d’état ». Une revendication de non-mixité de plus en plus présente dans les milieux de gauche radicale.
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Ce «camp d’été décolonial» se présente comme une «formation à l’antiracisme politique». Un stage de quatre jours, du 25 au 28 août, ouvert à 150 personnes, qui aura lieu près de Reims et qui s’inscrit «dans la tradition des luttes d’émancipations décoloniales anti-capitalistes et d’éducation populaire», expliquent sur leur site les organisatrices, qui revendiquent déjà «plus de la moitié des places réservées.»

Une forme d’antiracisme très spéciale, puisqu’elle exclut les personnes blanches. En effet, est-il précisé sur le site: «Le camp d’été est réservé uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’État en contexte français, nous accepterons cependant quelques inscriptions de personnes subissant le racisme d’État mais vivants dans d’autres pays.» Une précision qui exclut de facto les personnes blanches, qui ne souffrent pas selon les organisateurs de «racisme structurel». Une exclusion qui n’est pas sans susciter l’indignation.

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François Piquet : possibles réparations

— Par Scarlett JESUS —

La pratique d’un artiste est forcément ancrée sur le lieu dans lequel il vit et travaille. François Piquet a fait sienne la culture de la Guadeloupe dont il nourrit ses œuvres, creusant, au fil des ans, une approche dont témoignent les titres de séries, telles que  « Les Archipels du moi » ou encore « Jean de souche ». Une immersion au sein de laquelle il conserve une posture originale, à la fois distancée et critique par rapport à l’illustration convenue de revendications identitaires.

Ainsi les œuvres de François Piquet que nous avons eu l’occasion de pouvoir admirer, s’interrogent et nous interrogent sur les mentalités de ses concitoyens pour en pointer -avec compassion- les blessures, tout autant qu’il en expose -avec humour- les contradictions et les failles. S’il s’engage, loin de tout dogmatisme sectaire, dans la défense de causes communes, il pense que l’art doit permettre de surmonter les drames du passé en laissant entrevoir les contours d’une utopie qu’il veut croire possible.

Dans « les Archipels du moi », en 2012, François Piquet soumettait au questionnement le processus de créolisation qui structure les mentalités fragmentées du Guadeloupéen, comme celles de tout Caribéen.

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Eperdument

A Madiana

 Par Guy Gabriel —eperdument.jpg

Eperdument film français de Pierre Godeau ; drame avec Adèle Exarchopoulos, Guillaume Gallienne, Stéphanie Cléau, Marie Rivière…

Anna Amari est incarcérée à la Santé dans l’attente de son procès, pour des faits commis alors qu’elle était mineure.

Jean Firmino, le directeur de la prison ne tarde pas à être troublé par le comportement d’Anna et un rapport complexe s’établit entre eux.
Lorsqu’elle demande à le rencontrer, elle ne se doute pas qu’elle va tomber amoureuse de lui ; Jean, de plus en plus troublé va tout faire pour être plus près d’elle et les choses ne vont pas tarder à tourner à une histoire d’amour impossible, impensable !

Impensable ? Pas vraiment, car Eperdument tente de nous montrer les difficultés d’une vie affective en prison, alors que les femmes qui y sont ne demandent qu’à exister, à être belles, ce qui donne quelques séquences délirantes et savoureuses, où elles se maquillent, dansent, papotent, comme pour se donner, justement l’impression d’exister, d’exprimer leur besoin de féminité.

Pierre Godeau revisite, en quelque sorte l’histoire de Roméo et Juliette, décrivant une histoire d’amour impossible, sorte de tragédie grecque ; la référence à Phèdre n’est donc pas un hasard.

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Une édition lacunaire

— Par Kora Véron —
cesaire_ecrits_pol_t2Annoncée depuis plusieurs années, l’édition des Écrits politiques d’Aimé Césaire était attendue avec curiosité. Désinvolte, dépourvu de l’apparat critique indispensable à l’appréhension d’écrits politiques, ce travail se signale surtout par ses lacunes manipulatrices.
Aimé Césaire, Écrits politiques (1935-1956). Édition établie et présentée par Édouard de Lépine⋅ Nouvelles Éditions Jean-Michel Place, 428 p⋅, 23 €

Le lecteur gourmand se précipite sur la table des matières Qu’y a-t-il au menu ? Impossible de le savoir avec précision. Il y reconnaît les titres de textes bien connus, comme « Nègreries : jeunesse noire et assimilation », ou Discours sur le colonialisme Mais à ces titres authentiques sont mêlés des titres inventés par l’éditeur Ainsi, « Hommage au cri de l’invincible espérance. Cinquième anniversaire du 18 juin 1940 » devient « Ve anniversaire de l’appel du général de Gaulle prononcé le 18 juin par Aimé Césaire, maire de Fort-de-France » dans la version retenue par Édouard de Lépine Plus étonnant encore, les interventions de Césaire à l’Assemblée nationale se voient attribuer un titre, plus ou moins romancé (par définition, un discours parlementaire n’a pas de titre) La table des matières ne mentionnant pas l’origine des textes, le lecteur alléché doit tourner les pages pour savoir, par exemple, à quoi renvoie : « Les troupes coloniales ne méritent pas le déshonneur d’être traitées en troupes prétoriennes » Aura-t-il le plaisir de découvrir un texte qu’il ignorait ?

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