Intermittents, ils refusent le drame social

odeon_occupationOccupation du Théâtre de l’Odéon depuis dimanche soir et dernière séance de négociations hier.

Exceptionnellement, le théâtre parisien de l’Odéon n’a pas fait relâche hier. Il est occupé depuis dimanche soir par quelques dizaines de militants de la Coordination des intermittents et précaires (CIP), qui ont accroché des calicots au fronton du bâtiment, proclamant notamment « De l’argent il y en a, construisons de nouveaux droits ». Et hier matin, alors que débutait au ministère du Travail la dernière séance de négociations sur le régime spécial des intermittents (comédiens et techniciens), entre les syndicats et les organisations patronales des professions du spectacle, ils ont confirmé au mégaphone depuis le fronton de l’édifice entouré par un cordon de policiers occuper « ce lieu public pour signifier notre complet désaccord avec les négociations en cours de l’assurance chômage comme avec le projet de loi travail ».
Le danger d’une « caisse autonome »

Des négociations qui piétinaient encore à l’heure où ces lignes étaient écrites. Cette séance intervenait après la réunion du 24 mars, qui a vu le « cadrage financier » proposé par les patrons accepté par les syndicats minoritaires CFDT, CFTC et CFE-CGC, lequel vise un plan d’économies « de 185 millions d’euros en année pleine d’ici à 2018 », le texte suggérant à l’État de mettre la main à la poche pour 80 millions d’euros. « Les employeurs s’orientent vers une baisse des droits, alors que nous souhaitons une contribution de leur part », a confirmé un des négociateurs, Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. « Si les employeurs ne vont pas dans un sens qui nous convient, nous avons déjà déposé un préavis de grève pour jeudi », ajoutait-il.

La CGT et la CIP estiment que les conditions initiales demandées par le patronat risquent de conduire le système vers une « caisse autonome » abondée par le gouvernement, avec le risque de voir cette aide suspendue (et de fait les allocations chômage) en cas de changement de majorité par exemple. La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, qui il y a quelques jours disait que « l’État ne laissera pas tomber les intermittents », a déclaré hier « comprendre » la mobilisation et précisé « attendre le résultat des négociations ».

En fin d’après-midi ce lundi s’est tenu un rassemblement « de soutien aux négociateurs syndicaux » à proximité du ministère du Travail. Des mobilisations ont aussi lieu dans plusieurs villes, comme à Lille, avec l’occupation du Théâtre du Nord. Et en début de soirée une assemblée générale devait se tenir à l’Odéon…

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