« Tribunal des femmes bafouées », prolongation

T.A.C. (Théâtre municipal de Fort de France Aimé Césaire), samedi 30 avril à 19h30

tribunal_femmes_bafouees-8L’épouse, le mari et la maitresse, répondront-ils à la question de la fidélité conjugale face au miroir de la Comédie créole ? Et puis, La fidélité n’est-ce pas pratiquer l’adultère essentiellement par la pensée ?

Zoom théâtral sur la fidélité conjugale au Théâtre Aimé Césaire de Fort de France

José Alpha, adaptateur et metteur en scène de la Comédie créole TRIBUNAL DES FEMMES BAFOUEES qui expose les passions sociétales, explique

La célèbre comédie Tribunal des femmes bafouées que vous cosignez avec Tony Delsham, est en rappel pour prolongation au Théâtre municipal de Fort de France, ce samedi 30 avril prochain. A quoi attribuez-vous un tel succès ?

José Alpha : … d’abord à la qualité des comédiens qui m’accompagnent sur le projet et puis à la pertinence des histoires développées par les personnages. Les comédiens sont formidables et transpirent de justesse dans la conduite des personnages issus du roman Fanm dèwo de Tony Delsham. Et puis, c’est bien à la demande du public qui s’est manifesté au terme du cycle de représentations du mois de mars dernier, que les comédiens sont ravis de retrouver ce nombreux public qui en demande toujours plus. D’autant que les martiniquais connaissent bien ces situations jusqu’à présent vécues comme une fierté pour certains, hé oui, et un enfer pour d’autres. Aujourd’hui, même si les femmes et les hommes identifient mieux leurs manquements, leurs douleurs mais aussi leurs avantages dans ce triptyque relationnel de moins en moins décrié, ils créent quand même les conditions d’asservissement à ces situations délétères tout en oblitérant les conséquences affectives et économiques qu’ils croient toujours pouvoir maitriser… Sé pa la pli pou mouyé mwen…

Mais ce que vous décrivez là sont des pratiques sado-masochistes ? n’est-ce pas un jeu pervers au sein de ces relations humaines ?

JA : vous savez la relation humaine est fondamentalement basée sur le jeu, le jeu de rôle, le jeu d’influence, le jeu de pouvoir, le jeu affectif et puis le jeu divin. Sé ou wè y ou pa wè y ; pas vu pas pris, sauf que la tentation pousse à plus de risque et que la chute est de plus en plus dure. Ces situations qui transcendent la morale, la justice, et « les commandements divins », sont autant repérables à tous les niveaux de nos sociétés, dans les relations politiques, civiques et professionnelles. Dans toute relation interpersonnelle dont les buts fondamentaux sont le pouvoir, la domination et l’autorité, il y a la quête du plaisir, de l’estime de soi et de l’orgueil. Dominer des relations multiples, assumer une importante descendance et attester d’une puissance sexuelle, font l’admiration de tous ; détracteurs comme partisans. La puissance sexuelle comme politique ou économique magnifie l’être .

Comment réagissent les publics, féminins et masculins, à ces illustrations que vous donnez à voir ?

JA : Ce sont généralement les femmes qui vivent ou ont vécu cette situation de femme trompée et souvent délaissée par le mari, le conjoint ou le compagnon, qui se retrouvent dans le personnage de l’épouse conduit par Béatrice Sieurac. Je précise que j’ai choisi une épouse blanche pour tenter de répondre aux questions posées dans le couple domino. Démasquer le mal, dans le sens moral, la perfidie de celui qui dit encore l’aimer malgré la violence et le mépris exercés à son égard, en fait une héroïne tragique qui sacrifie aux exigences de l’unité familiale quel que soit la race ; on comprend mieux cette souffrance par le prisme de la trahison. Pour ce qui concerne la maitresse plus jeune et plus exigeante que l’épouse, qui place ses objectifs de réussite sociale et d’épanouissement personnel pratiquement sur le même plan que celui de la qualité des sentiments qu’elle convoque dans la relation, les jeunes voient en elle une véritable héroïne des temps modernes, affranchie des archaïsmes moraux, éducatifs, sexuels et affectifs, qui conduit sa vie avec pragmatisme et objectivité. On peut l’assimiler à l’Amazone, mais avec l’enfer au bout de la solitude ; et la dépression irréversible de plus en plus repérable par la psychiatrie. Et puis, l’homme qui accepte mal la perte de contrôle et l’émasculation dans la relation moderne ; il est en proie au délitement de son autorité, de sa légendaire puissance sexuelle protectrice. Il préfère fuir la puissance de feu de ces femmes qui constituent à elles seules une véritable société dont est issue leur propre mère témoin des échecs sentimentaux, familiaux et éducatifs dont ils sont eux-mêmes issus. Alors son arme sera la manipulation, le mensonge et l’infantilisme. Il joue à l’irresponsable comme autant de stratégie de conquête qu’il déploie à séduire pour posséder, pour dominer, et indiscutablement pour exploiter. Mais n’entend surtout pas être considéré comme complément socio affectif. Ses faiblesses seraient alors visibles, donc précipiteraient sa disparition dans la relation. D’autant qu’il se raccroche encore à l’exemplarité dans la formation des enfants, de la jeunesse et de l’avenir.

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