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La prise à revers de la volonté populaire par la politique de rupture

— Par Yves-Léopold Monthieux —

De toutes les adversités qui ont marqué les Martiniquais, il n’est généralement retenu que celles qui sont imputables à l’Autre. Il semble convenu une fois pour toutes que les souvenirs douloureux de l’esclavage et de la colonisation sont dotés, en plus de leur mission honorable de tenir la mémoire en éveil, d’une tâche moins noble qui consiste à jeter un voile sur toute circonstance malheureuse qui pourrait venir de nous-mêmes. Comme si on s’estimait frappés par une sorte d’incapacité congénitale à se sentir responsables un tant soit peu de notre sort. Comme si l’idéologie et le terrorisme intellectuel, le consumérisme et le clientélisme électoral avaient dévalué l’Homme martiniquais.

Aimé Césaire n’était pas dupe des inclinations de son peuple et ne se privait pas à l’occasion de jouer au Père Fouettard. Les expressions « mendiants arrogants« , « mendiants exigeants et ingrats« , « danseuses de la République« , et la fameuse interrogation « mon peuple (…) quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres«  traduisent des inquiétudes qu’il formulait entre deux attaques contre le colonialisme.

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Quel nom pour le lycée « Schœlcher »? Choisir en toute connaissance de l’histoire

Par Yves-Léopold Monthieux

Au début de l’année 2022 les élèves du lycée Schœlcher devraient intégrer les nouveaux locaux construits sur le site de l’ancien établissement. Et voilà que des bruits circulent qui annoncent que ce haut lieu de la connaissance ne s’appellerait plus lycée Schoelcher et qu’une pétition cheminerait en vue de lui substituer une nouvelle appellation. S’il est donné une suite à ces échos on aurait ainsi la réponse politique officielle aux questions posées par la destruction des statues de Victor Schoelcher à Fort-de-France et dans la ville de Schoelcher, ainsi que le déboulonnement des bustes de l’abolitionniste en d’autres lieux. Il va sans dire que la décision aurait pour effet de cautionner les agissements des activistes, d’héroïser leurs 2 jeunes animatrices et de reconnaître à leur geste une portée historique.

La violence inattendue apportée à la mémoire et aux effigies de Victor Schoelcher, qui faisait jusqu’alors consensus et emportait l’adhésion enthousiaste d’Aimé Césaire, appelle à la plus grande prudence pour le choix d’un nouveau patronyme. On sait que le concurrent de Victor Schoelcher devant l’Histoire n’avait pas tenu la route.

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Au secours !

— Par le Docteur Frantz Blérald, gynécologue obstétricien —

Pourquoi sommes nous les champions du monde des réfractaires aux vaccins et aussi du nombre de victimes, alors que nous avons accès gratuitement aux vaccins reconnus comme les plus efficaces.Docteur Frantz Blérald Arrêtons-nous plutôt à sa brève et controversée carrière politique. Son talent exceptionnel dans ce domaine aussi a été instrumentalisé par le florentin François Mitterrand qui, par ailleurs, s’est beaucoup amusé dans l’exercice de sa fonction de président de la République. Yves-Léopold Monthieux

Pourquoi sommes nous les champions du monde des réfractaires aux vaccins et aussi du nombre de victimes, alors que nous avons accès gratuitement aux vaccins reconnus comme les plus efficaces. La question tourne en boucle depuis plusieurs mois, surtout depuis cette quatrième vague si meurtrière.

Certes, les réponses sont multiples et souvent imbriquées mais il y en a une qui paraît prépondérante et à l’origine des autres : des médecins, peu nombreux mais très communicants, prônent depuis le début de la vaccination au mieux une réticence, mais plus souvent une opposition formelle. Cette position n’a jamais été approuvée par la communauté scientifique du monde entier.

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C’était Tapie …c’était Mitterrand : le surdoué de la transgression et le prince florentin.

Par Yves-Léopold Monthieux

Le temps n’est pas à l’évocation des fautes et erreurs qui ont accompagné chacune des facettes de l’œuvre de Bernard Tapie. Car il n’est pas de domaine investi par cet homme qui ne soit assorti de déconvenues d’égale importance que les succès remportés. Non pas pour des faits d’incompétence mais à cause d’agissements pour le moins douteux. En affaires, les méthodes qui l’ont mené au succès l’ont souvent conduit devant les tribunaux. En matière sportive ses succès incontestables ont été obscurcis par des soupçons et une condamnation judiciaire qui n’a pas été contestée.

Arrêtons-nous plutôt à sa brève et controversée carrière politique. Son talent exceptionnel dans ce domaine aussi a été instrumentalisé par le florentin François Mitterrand qui, par ailleurs, s’est beaucoup amusé dans l’exercice de sa fonction de président de la République, où il a excellé dans l’art de se jouer des personnes. On le sait, le florentin se définit comme « une personne rusée, subtile ou raffinée en référence aux princes de Florence à la Renaissance et à Machiavel ». Ainsi Tapie fut invité à tenter de freiner l’élan politique pris par Jean-Marie Le Pen que le Chef de l’État avait lui-même aidé à s’échapper pour gêner la Droite.

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« Adieu foulards, adieu madras » ne date pas du BUMIDOM

Par Yves-Léopold Monthieux

Ainsi donc, sous le titre « Vieux créoles à Paris : ils racontent leur choix de l’aventure hexagonale dès les années 1940 », un documentaire présenté par France TV rapporte des témoignages rappelant que la migration vers la France, pas encore l’Hexagone mais déjà la Métropole, n’a pas commencé avec le BUMIDOM. La célèbre chanson « Adieu foulards, adieu madras » qui avait préexisté à la venue des Indiens aux Antilles, atteste de la réalité d’une circulation des hommes qui ne fut pas que d’immigration. Toutes entières préoccupées à stigmatiser la période du BUMIDOM, la littérature et la presse n’ont pas été friandes de ce moment essentiel de la migration contemporaine des Antillais vers la France. Aussi, malgré la richesse des témoignages on ne peut réprimer une réserve à l’endroit de l’un d’eux qui n’a pas vécu durant deux années de suite en France.

Par ailleurs, dans ce « docu  » qui reconnaît le caractère valorisant de la migration à cette époque, les « plus humbles » sont encore été ignorés, qui, au prix de moyens et de circonstances exceptionnelles, parfois inavouables, trouvaient à répondre à l’appel de l’autre bord.

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L’État pris au piège des demi-mesures institutionnelles

— Par  Yves-Léopold Monthieux —

En 2001 j’écrivais mon premier essai, le Refus du débat institutionnel. J’indiquais que les partisans du changement institutionnel avaient une peur bleue que la population martiniquaise fut invitée à choisir par référendum entre les trois courants politiques qui agitaient la classe politique : le départementaliste, l’autonomiste et l’indépendantiste. Peu après allait se dérouler la consultation populaire du 7 décembre 2003, arrachée à Jacques Chirac par Alfred Marie-Jeanne. Résultat, les électeurs allaient choisir le statu quo, aidés par l’épisode du Chatt’en sac de Camille Darsières, secrétaire général du Parti progressiste martiniquais (PPM), qui fut dévastateur pour les tenants du changement.

Vingt ans après, le vrai débat institutionnel n’a toujours pas lieu

Ainsi donc, de l’avis de certains amis au nombre desquels EDL, mon livre n’avait plus d’intérêt dès lors que, selon eux, le débat avait eu lieu et que le peuple avait tranché. J’avais bien du mal à dire le contraire tant la controverse menée sur des « queues de cerises » avait été âpre. Il m’était difficile de dire qu’il s’agissait d’abord d’une lutte pour le pouvoir entre le Parti progressiste martiniquais et le Mouvement indépendantiste martiniquais, et non pour l’évolution statutaire.

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Martinique : une combinaison chimique qui pourrait exploser

Par  Yves-Léopold Monthieux
L’adoption d’un discours permanent de défiance et de rupture, méticuleusement entretenu pendant des décennies par une classe politique unanime, prenant dans la société martiniquaise les formes les plus diverses, suscitant les manifestations les plus inattendues, et qui est véhiculé par la totalité des moyens médiatiques à disposition, ne pouvait pas rester sans conséquences pour la société martiniquaise. Laquelle est, par ailleurs, paradoxalement, avec ses élus, viscéralement attachée à l’assimilation matérielle. Bref, les pieds et le ventre dans l’assimilation, la tête en dehors, le malade est atteint de schizophrénie !
Comment comprendre, dès lors, avec une divergence aussi fondamentale – assimilation assumée et volonté de rupture affirmée – au sein d’une population qu’on exhorte à faire peuple – peuple identifié : petits-fils d’esclaves, peuple empoisonné – mais dont on s’acharne à développer chez elle que des sentiments d’individualisme, qu’une telle combinaison chimique ne finisse un jour par exploser ? Telles sont les eaux grises dans lesquelles baigne la politique martiniquaise.
On sait que les populations sont parfois folles, les peuples devenir fous (celui qui écrit ces lignes est un peu fou).

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La mort de la Droite n’était-elle pas inévitable ?

Par Yves-Léopold Monthieux —

Parler de liberté n’a de sens qu’à condition
que ce soit la liberté de dire aux gens
ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre.
George Orwell.

A la suite des dernières élections de la collectivité territoriale de Martinique, le journaliste Jean-Marc party de Martinique-la-1ère s’est posé la question : « Qui a « tué » la droite en Martinique ? » En relisant mes chroniques parues sur le sujet, je retrouve une tribune écrite en 2011, au lendemain des dernières élections cantonales de la Martinique intitulée : « La mortelle irresponsabilité de la droite ». Cet article pourrait bien contenir la réponse. J’y ajouterai cependant une raison développée dans d’autres tribunes : la droite meurt aussi de s’être totalement fait déposséder de son idéologie par la gauche. De son côté celle-ci se trouve dans la situation contradictoire d’avoir à gérer un assimilationnisme gourmand et à dominer les pulsions qui résultent de l’esprit identitaire qu’elle a elle-même instillée dans la population. L’absence de controverse statutaire et le phénomène identitaire ne paraissent pas devoir rouvrir la voie vers un retour de la droite, qui meurt donc comme elle était apparue : issue de la gauche elle retourne à la gauche.

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Immigration en Guyane : la xénophobie se moque des principes

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Par ces temps d’élections, il est commode pour les élus de savonner la pente du populisme. L’arrivée de Marocains en Guyane se prête bien à l’expression d’une xénophobie facile et sans risque de conflit intérieur et de voisinage. Les déclarations d’élu(e)s qui disent s’appuyer sur la population laissent sans voix. Les incidents qui opposent ces derniers aux immigrants, phénomène qui fait davantage que montrer le bout du nez en Martinique, sont la preuve que le lepénisme n’est pas l’apanage de la famille Le Pen. Le réflexe se retrouve à des degrés divers jusque chez les plus chatouilleux des progressistes. Lesquels ne s’expriment guère ces jours-ci en Guyane, alors que les discours d’ostracisme vont plutôt bon train. On aimerait bien entendre sur la xénophobie en terre amazonienne celle qui a pu expérimenter l’ostracisme sous d’autres cieux et à ses dépens, Mme Christiane Taubira.

Lire aussi: Guyane : quand le racisme empêche l’accès aux soins

Plus généralement, les situations réelles se moquent des principes et les choses ne feront que s’accentuer. Les pays « nantis » ne pourront pas longtemps encore continuer à ne s’occuper que des inégalités domestiques, des inégalités de classe.

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Un autre poncif était tombé : le « SMA – armée d’occupation ».

— — Par Yves-Léopold Monthieux 

Au moment où en son 60ème anniversaire le Service militaire adapté (SMA) croule sous les éloges, y compris de la part de ses anciens détracteurs, il est utile de rappeler que cette institution a subi à ses débuts le même opprobre que le BUMIDOM. Le SMA avait été accusé « d’armée d’occupation coloniale » et pendant plusieurs années, les activistes de l’époque qui se sont embourgeoisés depuis perturbaient chaque année le défilé du 14 juillet qui se déroulait sur le Font de mer. Ces manifestations prirent fin avec la mort d’une « marchande de pistaches », Mme Lacrampe, qui avait reçu à la tête un projectile destiné aux militaires. Cet épisode sonna donc la fin du cycle d’autant plus que, jour après jour et en divers points de l’île, le SMA procédait à l’ouverture de routes, la construction de ponts, l’édification de cités, etc… Autant de réalisations au cours desquelles les appelés du contingent acquirent une formation et une expérience professionnelles. Aujourd’hui le SMA est, de l’avis de tous, le fleuron en matière de formation des jeunes martiniquais.

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Ne pas remplacer le clivage Gauche-Droite par le « Nou tout’ kapab »

Par Yves Léopold Monthieux

Les élections de la CMT sonnent peut-être le glas d’une controverse commencée depuis une trentaine d’années et relative aux rapports entre les élus de droite et de gauche. Ce débat a pris toutes les formes et s’est déroulé par des formulations diverses dont la plus vieille fut « la nouvelle droite » Elle s’adressait au PPM, en mode d’accusation, par le maître de la formule, Alfred Marie-Jeanne. C’était au cours de la campagne électorale de l’élection régionale de 1989. En réalité, la saillie était en gestation depuis le moratoire d’Aimé Césaire que le patron du MIM avait vivement critiqué. Même si l’accusation tenait avant tout de la posture, elle a poussé le PPM à s’arcbouter contre les avances à peine voilées que leur exprimait Pierre Petit. Lequel s’était opposé à ses amis qui, au départ du PKLS du pacte global d’unité, souhaitaient la dissolution de l’assemblée de la région.

 En réalité, c’est AMJ qui fit l’ouverture vers la droite lors de son accession à la présidence de la région, en 1998. La 1. ère vice-présidence fut accordée à Pierre Petit et deux présidences de commission furent confiées à Miguel Laventure et Jean-Marcel Maran.

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Immigration africaine en Europe : se battre à mort… pour la vie

Par Yves-Léopold Monthieux

. Les incidents qui se déroulent en ce moment au nord du Maroc sur fond d’immigration, de pandémie sanitaire et de différend entre l’Espagne et le Maroc me conduisent à publier à nouveau une contre-chronique qui avait paru dans Antilla le 13 octobre 2005.

. Fort-de-France, le 18 mai 2021

Se battre à mort… pour la vie

. « Je me suis arraché le bras gauche avec le fil barbelé et on m’a fait des points de suture aux deux jambes, mais je n’y pense plus. Je mange bien, on m’a donné les habits de l’armée et je dors dans un lit. Ma seule peur, c’est qu’on me renvoie d’où je viens. Le reste c’est de la rigolade… comparé à là d’où je viens, c’est le paradis ». Après avoir vu à la télévision les assauts menés par des centaines de jeunes Africains contre les grilles séparant le Sud affamé et le Nord prospère, voilà donc, ci-dessus, ce qu’on peut lire dans Libération dans un entretien accordé à un Guinéen ravi, malgré ses blessures, de s’en être « bien sorti ».

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C’est peut-être cela le récit national martiniquais

Par Yves-Léopold Monthieux

Lorsque l’un des médecins qui a pratiqué l’autopsie du jeune Marie-Louise de l’affaire Chalvet m’a déclaré que « tout peuple qui se construit a besoin de mythes », je n’avais pas compris que le praticien pouvait, avec un tel aplomb, s’accommoder de la déconsidération d’un acte médical qu’il avait cosigné. Je lui avais simplement dit mon étonnement que l’histoire fût sur le point de retenir des conclusions médicales contraires aux siennes et à deux de ses confrères.

 Quelques années plus tard, Gilbert Pago donnait à l’Atrium une conférence relative à son livre sur l’insurrection du sud de la Martinique, en 1870. Dans le débat qui suivit l’historien rappela les différents évènements de l’année 1848 qui ont jalonné la marche vers l’abolition de l’esclavage. Les précisions qu’il avait apportées pouvaient laisser croire à un intérêt relatif de l’auteur pour celle du 22 mai 1848, comme si chacun pouvait choisir la date qui lui convenait. D’où la question qui fusa dans l’assistance de savoir quel était, selon lui, celle qui avait sa préférence. Il indiqua promptement son choix : le « 22 mai ».

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Martinique : nous sommes déjà dans l’autonomie

Par Yves-Léopold Monthieux

A la question d’un journaliste qui s’est étonné que pour l’élection prochaine de la CTM, le maire du St Esprit s’allie à l’autonomiste Catherine Conconne, le responsable du parti La République (LR) a répondu que la Martinique a déjà un statut d’autonomie depuis la disparition du conseil général et le remplacement du département par la collectivité territoriale. La déclaration de Fred-Michel Tiraut est juste. Certes, cette évolution a été obtenue à la marge du principe d’autodétermination puisque la décision a été prise pour le peuple et non par le peuple, lequel ne s’est pas prononcé pour l’évolution obtenue. Par ailleurs, l’autonomie se révèle moins un statut qu’un curseur qui établit le niveau de dépendance du territoire à sa métropole. Comme l’écrit Serge Letchimy dans Discours sur l’autonomie1, l’autonomie est un état d’esprit. Plus en amont de la déclaration de Fred-Michel Tiraut, j’avais exprimé en 2006 que nous étions déjà dans l’autonomie. Dès cette date, en effet, l’existence de ce « nouvel aménagement de la dépendance » m’avait paru évidente. Je posais alors la question de savoir quel était le projet martiniquais qui n’avait pu être réalisé, faute d’autonomie suffisante.

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L’histoire à coté de l’histoire continue de s’écrire

— Par Yves Léopold Monthieux —

L’absence d’historiens martiniquais dans le débat sur le pavillon des 4 serpents n’est pas anodine. Ils refusent généralement d’entrer dans ce genre de débats épidermiques où tout est dit au premier degré, écrit d’avance par les idéologues et que la moindre tentative d’apporter un codicille de rectification les fait vouer aux gémonies. Sachant que leur parole est de peu de valeur par rapport à celle des idéologues et que le dernier ignare peut les contredire, ils préfèrent se taire.
Même lorsqu’il s’agit d’historiens référents, leur notoriété ne les autorise pas davantage à sortir des clous idéologiques. Si leur honnêteté les conduit néanmoins à faire un pas dans ce sens, il leur faut aussitôt trouver la formule qui relativise leur audace pour ne pas, comme ils disent, « se faire assassiner ». La plupart des autres n’ont pas ce petit courage et ne sont pas (socialement ou au plan corporatiste) autorisés à l’exprimer. Cependant il n’y a pas que des historiens peu courageux ou paresseux en Martinique ; on ne doit pas non plus leur demander d’être des héros.

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Élections de la CTM: priorité à l’autosuffisance alimentaire

Par Yves-Léopold Monthieux

Dès 1975, après avoir écouté un ami exprimer ses doutes quant aux possibilités de développement de la Martinique et m’inspirant d’un mot de Paul Valéry (1931), il m’était venu l’idée d’intituler une tribune : « Le temps de la Martinique finie commence ? ». N’est-on pas en effet arrivé en Martinique au bout de quelque chose qui devrait nous ramener à l’essentiel ?

Peut-on continuer d’édifier encore des éléphants blancs tel le port de Grand-Rivière ou de nouvelles cathédrales comme le stade de Dillon ou le futur ex-Lycée Schoelcher ? Le caractère prétentieux de nos réalisations doit-il l’emporter sur leur utilité et la rigueur d’une saine gestion de l’argent public ? Lorsqu’on sait que la démographie est une donnée essentielle de la mise en œuvre de tout projet économique, peut-on continuer à mettre en œuvre des infrastructures nouvelles sans tenir compte de la « dépopulation massive » que connaît la Martinique ? Alors que le chiffre de 350 000 habitants est déjà prononcé par un organisme international, et que celui des véhicules devrait mécaniquement diminuer à proportion, est-il salutaire de poursuivre à grands frais et en direction de tous les azimuts l’extension du TCSP, sans qu’on connaisse par ailleurs le bilan du fonctionnement du tronçon Fort-de-France – Lamentin ?

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Cessez de dénigrer les personnes passées par le BUMIDOM.

Par Yves-Léopold Monthieux


Une personne issue du BUMIDOM et revenue en Martinique vient d’exprimer ses sentiments à la suite de la rediffusion à la télévision ce jour d’un film qui lui est insupportable.
Je dis merci à Madinin’Art de me permettre d’écrire ceci, qui ne peut pas être écrit ou dit dans la presse écrite et audiovisuelle : cessez, Messieurs-dames les journalistes de Martinique-la-première, de diffuser avec une régularité de métronome des films militants et misérabilistes sur le BUMIDOM. Ils ne sont pas de vous et n’ont pour objet, dans le but d’accuser le gouvernement d’alors, que de jeter l’opprobre sur les personnes parties au titre du BUMIDOM. Il n’a jamais – ô grand jamais – été organisé de débat entre des personnes d’avis différents ayant vécu cette histoire. Vous ne connaissez pas l’avis de ceux qui, très majoritairement, ont connu par ce biais une incontestable ascension sociale et dont aucun film ou ouvrage ne parle.
Il est aujourd’hui possible, mais pour combien de temps encore (?), de joindre et d’entendre ceux et celles qui sont revenus en Martinique à la retraite.

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Le dépeuplement de la Martinique : ira-t-on vers une substitution choisie ? 

Par Yves-Léopold Monthieux
Depuis les derniers chiffres de l’INSEE sur la démographie décroissante, des spécialistes et autres observateurs se penchent sur ce phénomène qui pourrait être déterminant pour les choix politiques à venir. Ces chiffres tombent à point nommé pour nourrir des projets en vue de l’élection de la Collectivité territoriale de Martinique. Deux intellectuels connus, le sociologue André Lucrèce et l’anthropologue Gerry Létang, apportent leur éclairage sur la nature du problème jusqu’à, pour le second nommé, esquisser une solution. Pour expliquer la décroissance de la population de ce début de siècle, le premier a cru devoir se référer à des déclarations politiques du passé.
Est-il encore besoin, en effet, de faire appel à des propos tenus par des leaders indépendantistes pour qui, loin de se préoccuper d’avenir démographique de Martinique, il s’agissait de faire feu de tout bois pour combattre le système politique français en vigueur. Edouard Glissant, membre fondateur du FAGA, le grand frère de l’OJAM, est cité pour sa métaphore douteuse : « Le pays, vidé de son sang jeune sera sans ressort et pourra être tenu en toute quiétude ».

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La Martinique brûle, les élus regardent ailleurs

— Par Yves-Léopold Monthieux 

« Parce que leur silence peut être considéré comme une espèce de complicité avec ce genre d’actes de vandalisme ». Samuel Tavernier.

Il est bien seul, le maire du François, à condamner l’incendie volontaire qui s’est produit dans sa commune. Pourquoi diable s’est-on pris à un entrepreneur de sa commune ? Ce qui lui interdit de se taire comme tous ses collègues : ceux de l’association des maires, ceux parmi lesquels il se trouvait dimanche lors de l’ouverture de la campagne de Péyi-a ; ceux qui tous, avec le maire idoine, ont « compris » l’acte raciste qui s’est produit au début du mois au Prêcheur et qu’il s’était, lui aussi abstenu de condamner ; ceux qui avalisent les dégradations commises dans des centres commerciaux, ainsi que les opérations de destruction de statues. Comme se taisent l’ensemble de l’intelligentsia à propos de ces exactions, ceux qui, pendant décennies, par leurs discours et leurs leçons, ont préparé ce qui se passe aujourd’hui et qui, tout à coup, effrayés, se voient dérangés dans leur confort bourgeois par le résultat obtenu. Oui, M. le maire Samuel Tavernier, il y a complicité des élus martiniquais qui, tous, se taisent, qui, tous, donnent en quelque sorte l’absolution à tout ce qui se passe aujourd’hui, sous le manteau des couleurs rouge-vert-noir.

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Élections de la CTM : le « syndrome du dernier ennemi » sera-t-il déterminant ?

Par Yves-Léopold Monthieux

Il y a quatre ans, l’annonce de la candidature à sa réélection du président de la CTM avait fait sourire, tant elle avait paru improbable. On avait pensé à une facétie du vieil homme qui, faute de se trouver à la tête d’une Martinique indépendante, était parvenu au faîte du pouvoir possible. En effet, on pouvait croire satisfait l’homme de pouvoir plus que d’opposition qui a toujours saisi ce pouvoir tel qu’il se présente à lui. Ne s’étant jamais opposé au pouvoir central, il avait su, contrairement aux autonomistes, convaincre deux présidents de la République d’organiser les trois consultations populaires sur l’évolution statutaire. N’ayant pu parvenir à l’objectif suprême il aura été celui qui aura permis de s’en approcher.

Premier à annoncer sa candidature, il est le premier à descendre dans l’arène. Le succès de la grand-messe organisée le 10 janvier dernier au Gros-Morne a dû mettre fin à bien des ricanements. Mais moins spectaculaire, les 2300 militants et partisans qui se sont rendus dans cet obscur bureau de la mairie du Lorrain pour manifester leur soutien à son projet de Séguineau est significatif de la capacité de mobilisation du président du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM).

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Le racisme ne se comprend pas, il se combat

Par Yves-Léopold Monthieux

Alerté, le premier magistrat de la ville est venu, s’est entretenu avec les touristes, lesquels lui auraient dit qu’il n’y avait rien de grave. C’est le propos du maire. Ces Européens venaient de voir d’autres usagers de la plage jeter leurs bagages à la mer. Pourtant, aucun reproche ne leur avait été fait à leur arrivée en Martinique. De gentils hôtes les avaient accueillis : responsables du tourisme, employés d’hôtel, loueurs de voitures, restaurateurs et autres prestataires de service. Y compris les élus qui, cependant, n’ont pas été interpelés par les faits qui se sont déroulés sur cette plage du nord-caraïbe par une matinée ensoleillée du début de ce mois de janvier. Gauche et droite : motus et bouches cousues.

Erreur de jugement peut-être, l’incident avait paru suffisamment grave pour que soit prévenue la maréchaussée qui, à son tour, prit l’attache du maire en personne. Celui-ci ne voulut pas avoir fait le déplacement pour rien ; tout en trouvant le comportement des campeurs un brin inapproprié, il dit comprendre parfaitement la cause : le soupçon que ces personnes venues d’ailleurs soient porteurs du COVID (source : la presse et internet).

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1950 – 2020 : de la démographie galopante à la dépopulation massive

Par Yves-Léopold Monthieux

À rebours de la « démographie galopante » des années cinquante-soixante, la baisse de la population en Martinique de ce début de siècle revient à l’ordre du jour. En découlent toujours les mêmes analyses et le même sentiment fataliste et d’impuissance. J’ignore si des études démontrent que le salut de la Martinique tient à la hausse de sa démographie. Si cette hypothèse est confirmée, la problématique n’est pas sur le point d’être résolue car elle se heurte à des obstacles quasi-infranchissables. La collectivité est frontalement concernée par un handicap de riches : la chute des naissances et la prolongation de la durée de vie, bref, le vieillissement de la population. Ces réalités sont aggravées en Martinique par le fait que ce territoire est à la fois riche et pauvre : riche par son niveau de vie, pauvre par son économie. Sa population vit mieux et plus longtemps, mais grâce à une économie qui n’en est pas une, une économie sous perfusion. Plus généralement, c’est toute la population mondiale qui a cessé de progresser et il est aujourd’hui admis que sa diminution à bref délai est inéluctable.

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Année 2020 : le retour du nationalisme martiniquais

Par Yves-Léopold Monthieux

Ce n’est pas chose aisée de désigner le Martiniquais de l’année. L’année de la pandémie aurait pu mettre en évidence un médecin hospitalier ou un grand dirigeant de la santé. Par ailleurs, eu égard à son succès en Equipe de France de football féminin, Wendy Renard pourrait aussi prétendre à la distinction de Martiniquaise de l’année, encore qu’elle pourrait être nommée la sportive martiniquaise de l’année. Mais on est plutôt enclin à porter le regard vers ceux qui nous dirigent : les élus.

C’est peu dire qu’au cours d’une année marquée par la grève des enseignants la plus longue que la Martinique ait connue, l’absence durable d’eau dans les foyers, la pandémie qui se poursuit ainsi qu’un activisme ethno-politique sans précédent, aux couleurs du drapeau Rouge-Vert-Noir du nationalisme, les hommes politiques n’ont pas brillé par leurs initiatives. Tout au plus se sont-ils flattés d’offrir à la communauté médicale l’aide de médecins cubains, façon de mordre les jarrets du pouvoir régalien de la santé. Leur embarras a été, pour la plupart d’entre eux, particulièrement perceptible lors des menées activistes où les postures les plus inattendues se sont dévoilées.

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Les historiens n’accusent pas vraiment Joséphine de Beauharnais

 (Lettre -2- à Oliwon Lakaraïbe)

— Yves-Léopold Monthieux—

La page débats de France-Antilles de ce jeudi revient sur le « phénomène » Joséphine qui apparaît, ainsi que le dit le titre principal, comme le sujet d’un « débat sans fin ». Cependant, au vu du dossier du jour et de l’article principal, tout indique qu’on devrait plutôt s’acheminer vers la fin du débat, à moins que ce ne soit un fonds de commerce politique à conserver à tout prix. En effet, tous les témoignages évoqués dans cet article concourent à la mise hors de cause de l’impératrice dans le rétablissement de l’esclavage par son époux, Napoléon Bonaparte.

Des sous-entendus persistants, mais aucune preuve historique.

En réalité, le professeur Armand Nicolas, ancien secrétaire général du parti communiste, continue d’influencer la conscience historique martiniquaise. Formellement, il n’a accusé Joséphine de Beauharnais que d’avoir été esclavagiste. Sauf que les mots on un sens et que le simple fait de posséder des esclaves comme Bissette, le Père Labat ou Toussaint-Louverture, ne faisait pas de ces personnes des esclavagistes. Mais si l’historien ne répond pas à la question de l’influence de l’impératrice auprès de son mari, il fait par l’adjectif « notoire » planer le doute dans les consciences et conduit les esprits à lier sa situation de fille de colon possesseur d’esclaves à celle de promotrice de l’esclavage.

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Le Président Marie-Jeanne et la fiction d’une motion de défiance

. — Par Yves- Léopold Monthieux —

. Voilà étalée au grand jour une divergence majeure sur un sujet majeur, l’eau courante en Martinique, opposant les deux organes de la Collectivité territoriale de Martinique : le conseil exécutif et l’assemblée délibérante. Jamais institution de la collectivité martiniquaise ne s’était trouvée devant une telle situation. De sa création, en 1825, à sa disparition en 2015, près de 2 siècles plus tard, le conseil général n’avait jamais été empêché par ses élus de fonctionner. De la colonie au département sa mission de développement avait toujours su supplanter les différends politiques. Aussi, en 1989 la collaboration d’un président de droite et d’une majorité de gauche avait permis un exercice fructueux et apaisé1. Pour sa part, au cours de la même décennie charnière et malgré une activité politique intense, le conseil régional avait pu fonctionner jusqu’à son terme malgré la perte de la majorité de l’équipe au pouvoir.

La suprématie de l’exécutif sur l’assemblée.

. La récente Collectivité territoriale de Martinique (CTM) s’est construite dans la méconnaissance de cette stabilité institutionnelle séculaire en y instillant des germes de conflictualité.

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