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« L’Atlantique noir » de Nancy Cunard

Bien plus que l’égérie des surréalistes, la lady émancipée, auquel le Musée du Quai-Branly rend hommage, fut une grande militante de la cause noire.

— Par Cécile Jaurès—
nancy_cunardSur la photographie, prise par Man Ray en 1926, Nancy Cunard pose, féline, dans une robe imprimée léopard, les cheveux coupés à la garçonne et les bras chargés jusqu’aux coudes de bracelets en ivoire. Pourtant, plus que son allure, c’est son regard perçant, cerné de khôl, qui aimante le visiteur de l’exposition du Musée du Quai-Branly. « L’ogresse maigre, d’une beauté farouche », selon la formule de Marcel Jouhandeau, semble animée d’une volonté sauvage de suivre le chemin qu’elle s’est choisi.

Tout destinait cette fille d’une riche famille d’origine américaine (les paquebots Cunard) à une vie de mondanités. Pourtant, dès ses 18 ans, la jeune lady se sent à l’étroit dans le carcan de l’Angleterre victorienne et fréquente les artistes de la contre-culture, de T.S. Eliot à Jacob Epstein.

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Noir de boue et d’obus

De la compagnie Difé Kako de Chantal Loïal . Le 29 avril et le 30 avril à 9h30 (scolaires, première partie assurée par les élèves du lycée Schoelcher) et le 30 avril à 20h.

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Inscrit à la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale, Noir de boue et d’obus exhume des tranchées, la mémoire des poilus venus de l’Empire colonial français. Avec sa compagnie Difé Kako, Chantal Loïal restitue une dignité à des hommes voués au sacrifice.
DU GRONDEMENT des mitrailleuses, du crépitement de la pluie, jaillissent des rythmes africains, antillais. Embourbés dans leur destin, piégés par la violence de la guerre, défaits de tout espoir de liberté, ces hommes ravivent leur lignage, leur héritage. Comment pourraient-ils tenir sans leur culture ? Comment survivre dans ce bourbier putride à des milliers de kilomètres de leurs maisonnées ?
Originaires du Maghreb, du Sénégal, de la Guadeloupe et de la Martinique, des centaines de milliers de soldats de l’Empire colonial français ont payé l’impôt du sang.
Si la grande faucheuse n’a épargné ni noir ni blanc, l’armée française a été moins égalitaire.

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Agenda des actions africaines en région parisienne d’Avril 2014 –

— Par J-P Vanhoove—

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

 le 4 avril : Fête de l’indépendance du Sénégal

 le 4 avril : Journée internationale de la lutte contre les mines antipersonnelles

 le 7 avril : journée mémoire du génocide Rwandais

 le 8 avril : journée mondiale des Roms

 le 11 avril : Intervention des forces coloniales françaises en Côte d’Ivoire

 le 15 avril : en mémoire des victimes (pour la plupart africaines) des incendies dans les hôtels (rue de Provence) et /ou taudis parisiens de l’été 2005 … Ne les oublions pas … pour pouvoir dire « plus jamais ça ». Se renseigner à Association des Victimes de l’Incendie de l’hôtel Paris Opéra (AVIPO), 5 impasse Pétin – Paris 19ème 06 82 97 42 73 asso.paris.opera@gmail.com pour connaître la date horaire et lieu de la manifestation

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Maryse Condé se livre et se délivre

Maryse Condé : La vie sans fards, Paris, J.C. Lattès, 2012, 334 p., 19 €.

maryse-conde-Par Michel Herland – En plaçant d’entrée ce livre de mémoires sous l’invocation de Jean-Jacques Rousseau et de ses Confessions, Maryse Condé (née en 1937) annonce la couleur. Loin de vouloir dresser pour la postérité une statue à sa gloire, elle livrera aux lecteurs le récit « sans fards » de ses années de jeunesse. Ce livre devrait passionner, au-delà des admirateurs de l’auteure de Ségou (publié en 1984), les Africains, sans parler de tous les Européens ou Antillais qui, comme elle, ont laissé une part d’eux-mêmes sur « le continent ». C’est pourtant en Haïti que ces nouvelles confessions ont fait le plus de bruit (1) quand il est apparu que le père de Denis, le fils aîné de M. Condé, né en 1956, n’était autre que Jean Dominique (1930-2000), une figure de la résistance contre les Duvalier, coupable d’avoir abandonné Paris et sa jeune maîtresse passionnée lorsqu’il apprit qu’elle était enceinte de ses œuvres.

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Rwanda : Alain et Dafroza Gauthier, chasseurs de génocidaires

rwanda_genocide-1Pour la première fois depuis le génocide des Tutsis il y a vingt ans, la justice française jugera l’un de ses auteurs présumés à partir de mardi prochain. L’aboutissement de plusieurs années de traque pour ce couple rémois qui a déposé près de vingt plaintes en France.

Pendant des années, les étés se sont ressemblé chez les Gauthier. Alain et Dafroza partaient de Reims avec leurs enfants sous le bras puis, une fois arrivés à Kigali, les trois petits étaient laissés chez les cousins. « Ils n’étaient pas malheureux avec leur famille, sourit Dafroza, aujourd’hui grand-mère. Et nous, on pouvait se consacrer entièrement à nos “délires”. » Peut-être faut-il être un peu délirant, en effet, pour passer ses étés à sillonner les collines du Rwanda à la recherche de rescapés ou d’anciens tueurs repentis. Enquêter, interroger, traduire. À chaque témoignage, replonger dans l’enfer. Puis, une fois de retour en France, poursuivre les tueurs. Confronter, vérifier, traquer. Réussir, enfin, à déposer plainte. Ne pas les laisser tranquilles, ces génocidaires qui, des années après avoir commis le pire des crimes, pensaient pouvoir tranquillement refaire leur vie en France.

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« Le rapport entre liberté et numérique n’est pas technique, mais politique »

— Par Pierric Marissal —
espionageLancé[…] à l’initiative d’associations, de magistrats, d’avocats et de chercheurs, l’Observatoire des libertés et du numérique entend dénoncer les dérives de la surveillance massive de la population.

Écoutes massives, fichiers de citoyens tellement nombreux que plus personne ne peut les dénombrer, généralisation de l’identification biométrique… C’est à toutes ces atteintes aux libertés que souhaite s’attaquer l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN) lancé aujourd’hui par un collectif d’associations et de syndicats (lire ci-dessous). En constatant que les révélations d’Edward Snowden n’avaient servi qu’à décomplexer l’exécutif français, Dominique Guibert, secrétaire général de la LDH, s’alarme : « Plutôt que de remettre en cause le traité transatlantique, le gouvernement fait voter la loi de programmation militaire qui fixe un cadre légal aux écoutes généralisées en France. »

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Mumia Abu Jamal : « Les couloirs de la mort doivent disparaître ! »

— Propos recueillis par Rodolf Etienne —

mumia_abu_jamal-325Mumia Abu Jamal est né le 24 avril 1954 à Philadelphie (Pennsylvanie), journaliste, écrivain et militant afro-américain. Il a été condamné en 1982 à la peine de mort pour le meurtre de Daniel Faulkner, un policier de Philadelphie. Une mobilisation internationale a eu lieu en faveur de sa libération. Il est devenu un symbole pour beaucoup d’opposants à la peine de mort.
Le 9 décembre dernier, pour marquer l’anniversaire de l’emprisonnement de Mumia Abu Jamal, une série de manifestations étaient réalisées dans le cadre d’une campagne intitulée « Bring Mumia Home – Ramenez Mumia à la maison » , lancé par plusieurs organisations de soutien à Mumia Abu Jamal. Dans leurs discours ces organisations déclarent : « Demandons au Ministre de la Justice, Eric Holder, de reconsidérer le dossier de Mumia Abu-Jamal et au Gouverneur Tom Corbett de procéder à sa libération immédiate en raison du fait que sa condamnation à mort a été jugée contraire à la loi en 2011 et qu’il est malgré tout condamné à la prison à vie pour le meurtre présumé du policier Daniel Faulkner en 1981 à Philadelphie ».

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Le CMAC condamné pour licenciement abusif !

— Par Roland Sabra—

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On se souvient des conditions, honteuses pour leurs auteurs, dans lesquelles Josiane Cueff, alors directrice du CMAC avait été « remerciée » pour le travail accompli à la tête de la Scène nationale de Martinique en 2011 et 2012. Si le court bilan de la Directrice pouvait et devait faire l’objet d’un débat tout à fait légitime les manières de faire utilisées pour se défaire de sa présence soulevaient et soulevent encore, rien qu’à les évoquer, des haut-le-coeur. Il est des moyens, des méthodes qui déshonorent ceux qui y ont recours. Une cabale, menée par un groupe d’artistes dépités de ne pouvoir se hisser au niveau des exigences artistiques d’une scène nationale et organisée en sous-main par un groupe d’oligarques colonisant à son profit l’encadrement de la structure, avait conduit à l’éviction de la directrice. Des arguments martinico-lepenistes avaient été avancés, des procédures dignes de patron-voyou avaient mises en œuvre. Et tout cela bien sûr par des hommes et des femmes de « gôche », de progrès.

Les voilà aujourd’hui condamnés par le Conseil des prud’hommes de Fort-de-France pour licenciement abusif.

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Le retour de Duvalier.

— Par Jacky Dahomay—
la_faucheuse-3Ce texte, sans doute noir, est l’expression d’une expérience personnelle, mais il  se veut un hommage à tous ceux qui sont morts sous les dictatures en Haïti

Je suis en train de déjeuner tranquillement, sous le regard envieux de mon chat, quand je reçois d’Haïti, un coup de fil de Sylvie Bajeux m’annonçant  la triste nouvelle : le premier janvier, date d’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le président Martely est venu à la célébration officielle aux Gonaïves accompagné de Jean-Claude Duvalier. Il y avait aussi un ancien  dictateur comme Prosper Avril ! Le président Martely a fait un appel solennel aux autres anciens dictateurs pour l’aider à consolider son pouvoir. Symboliquement, c’est lourd, trop lourd !
 De rage, j’envoie promener mon assiette de court-bouillon.  Mon chat bondit hors de la cuisine puis revient, sans doute attiré par les éclaboussures de poisson, mais suspend son geste félin en une interrogation muette en me fixant du regard, comme si son étonnement d’animal interrogeait ma propre humanité. Veut-il me signifier que la rage, en politique, est toujours impuissante ? Je reste donc debout mais ma tête vacille.

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M comme Marronnage : éloge de l’indocilité

— Par Dénètem Touam Bona —

 m_marronnageSi vous désirez vraiment savoir ce qu’est le marronnage, ne cherchez pas dans un dictionnaire. Contentez-vous d’ouvrir grand les yeux et les oreilles. Car les « nègres marrons » ne sont pas enterrés dans les livres d’histoire, ils continuent à vivre parmi nous ; à peine perceptibles puisqu’ils ne persistent dans l’être qu’en disparaissant. Dans M Marronnage, court-métrage sélectionné au Short Film Corner du dernier festival de Cannes, Patrice Le Namouric tente de capter la course furtive de ces fugitifs. Filmés au plus près, les corps des acteurs – par la virtuosité de leurs gestes et mouvements – s’épurent, s’effacent, se virtualisent. En l’espace de 18 minutes, ce « film-manifeste » développe une conception inédite du marronnage où les esclaves évadés, dans un monde totalitaire post-apocalyptique, se font ninjas et combattants de la liberté. Cette expérience cinématographique nous donne l’occasion de revenir sur la portée historique et utopique des évasions et sécessions d’esclaves.

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« Au monde » selon Pommerat

Sombre et tendu, l’univers singulier de Joël Pommerat brille au théâtre de l’Odéon avec la reprise de deux spectacles : le saisissant Les Marchands et le déroutant Au Monde.

pommerat_les_marchands— Par Alexis Campion—

Pour prendre la mesure du succès public et critique de Joël Pommerat et de la troupe Louis Brouillard, il ne faut pas rater, jusqu’au 19 octobre au théâtre de L’Odéon, les reprises  de deux pièces récentes, Au monde et Les Marchands. Deux œuvres rares et actuelles, aussi captivantes et déroutantes l’une que l’autre avec leurs scénographies de haute précision, sombres et dépouillées, intimes et mouvementées. Deux pièces différentes mais complémentaires. Dans les deux cas, il est question d’une société arrivée à une impasse face à la question du travail, ou plutôt devant son équation impossible. Ce sacro-saint travail sans lequel on ne peut vivre et qui pourtant semble irrémédiablement promis à se raréfier de toutes parts, à manquer. Une question cruciale, amenée ici sous l’angle des idéologies et des discours qu’elle inspire et infuse depuis des lustres en chacun de nous, et des comportements qui s’ensuivent.
Folie sacrificielle

Dans Les Marchands, corsetée par une minerve, une narratrice (Agnès Berthon) nous raconte son amitié avec une autre femme (Saadia Bentaïeb) qui n’a pas eu, comme elle, la « chance » de se rompre le cou à l’usine.

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Mariage pour tous : les antis et l’opposition se déchaînent

 

 

Deux jours après l’adoption au Sénat du projet de loi sur le mariage entre personne du même sexe et l’annonce par le gouvernement d’avancer au 17 avril le passage en deuxième lecture à l’Assemblée nationale du texte de loi, l’opposition dénonce un « passage en force » et parle de « coup d’État » l’accélération de son réexamen au Palais Bourbon, les opposants au mariage pour tous quant à eux durcissent leurs actions.

La décision du gouvernement de soumettre les articles restant en discussion dès mercredi prochain et non fin mai comme initialement prévu a provoqué la colère des opposants au mariage pour tous et de l’opposition. Le président de l’UMP Jean-François Copé a dénoncé « la volonté délibérée du gouvernement de passer en force au Parlement », tandis que le député UMP Hervé Mariton a évoqué un « coup d’État ». Le député UMP Philippe Gosselin a pour sa part mis en garde contre « une guerre civile ». Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a estimé vendredi que « le président de la République prend le risque d’une confrontation violente avec les Français »

La présidente du Parti démocrate-chrétien (PCD, associé à l’UMP) Christine Boutin a estimé samedi sur ITélé que François Hollande et Jean-Marc Ayrault seraient « responsables » des « débordements » qui pourraient survenir en cas de maintien du texte.

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Le rôle des Jésuites dans les débuts des « bagnes » coloniaux de Guyane

  — par Danielle Donet-Vincent —

L’Ancien Régime avait ponctuellement eu recours à l’exil afin de débarrasser le territoire d’individus jugés encombrants : condamnés de droit commun, opposants politiques, prostituées avaient ainsi été mis à la disposition d’entrepreneurs chargés de développer certains territoires coloniaux français ; ils avaient été dirigés essentiellement vers le Canada et la Louisiane. La première de nos Républiques inscrivit ce processus dans l’arsenal législatif ; elle envoya en Guyane ses contingents d’indésirables, parmi lesquels les prêtres réfractaires. Le taux de mortalité fut dramatiquement élevé. Supprimée en 1801, la déportation fut rétablie par le code pénal de 1810. Faute de destination établie, la peine a été commuée en détention en forteresse en 1815. Le premier Empire puis les Restaurations étudièrent longuement le moyen de reprendre le processus interrompu pour des raisons essentiellement politiques. En 1816, un Comité fut mis sur pied afin de trouver une solution à cette situation ; il étudia avec attention les mesures prises par les Anglais en Australie. Dès cette époque, la Guyane est pressentie pour recevoir les exilés. L’Angleterre donnait un exemple magistral avec sa colonie pénale d’Australie, et la Deuxième République, déjà en marche vers le Second Empire, s’en inspira pour instaurer ce que nous appelons improprement les « bagnes » coloniaux.

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Qui a vidé la banque des békés ?

 

 

Par Marie-France ETHEGOIN dans Le Nouvel Observateur 17 janvier 2013 – N° 2515

 

 

Découverts abyssaux, prêts jamais remboursés, largesses accordées aux amis et aux partenaires en affaires. Pendant des décennies, le Crédit Martiniquais tenu par les puissantes familles créoles qui dominent l’économie de l’île, a dilapidé les économies des épargnants. Marie-France Etchegoin relève les dessous d’un scandale qui ravive les brûlures de l’histoire coloniale. La Martinique est un puzzle. Mémoires disparates, blessures séculaires, colères enfouies. Celles des fils d’esclaves contre celles des enfants de colon, des Noirs contre les Blancs, des « petits » contre les » gros ». Fin novembre, à Fort-de-France, il faut grimper sur les hauteurs de la ville pour avoir un aperçu de cette névrose insulaire. Jusqu’à la cour d’appel, qui siège dans un modeste préfabriqué surplombant l’époustouflante baie. C’est là, loin des regards, dans le ronron des climatiseurs, que l’on finit d’enterrer l’une des affaires les plus emblématiques de l’île. Le scandale du Crédit Martiniquais. Charles Rimbaud, 69 ans, crinière blanche et bretelles apparentes sous le blazer, écoute d’un air las les litanies de l’accusation. A la fin des années 1990, les en-cours de cet ex-promoteur en vue s’élevaient à près de 40 millions d’euros.

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La Demora – le retard

SYNOPSIS

Dans son petit appartement, Maria s’occupe seule de ses trois jeunes enfants et de son père Agustin qui perd peu à peu la mémoire. Elle est dépassée, d’autant plus qu’elle travaille chez elle pour une entreprise textile contre une rétribution médiocre. Le jour où l’on refuse à Augustin son entrée en maison de retraite, Maria sombre…

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 20/02/2013

 

Quand une mère courage finit par craquer… María, la quarantaine fatiguée, est une ouvrière du textile, payée à la pièce — et au lance-pierre. Elle vit, ou plutôt survit, dans un modeste deux-pièces de Montevideo où se serrent ses trois enfants et son père retraité. Agustin a 80 ans et la mémoire qui flanche : il ne peut plus rester seul. María tente de concilier vaille que vaille ses rôles de soutien de famille, d’éducatrice et d’aide-soignante. Jusqu’au jour où, à bout de nerfs, elle demande à Agustin de l’attendre dans un jardin le temps d’une course… et prend la fuite.

Après La Zona, son premier film coup-de-poing sur la barbarie des élites friquées au Mexique, ce sont deux autres formes de violence que chronique Rodrigo Plá : la promiscuité aliénante à laquelle sont condamnés les pauvres ; et la logique comptable des services sociaux, qui expliquent à María que peu, c’est encore trop : les maisons de retraites publiques sont réservées aux personnes âgées sans la moindre ressource… Le jeune cinéaste uruguayen a l’intelligence de ne pas miser sur les conflits entre ses personnages (Agustin n’est pas un vieillard ­aigri ou capricieux à la Tatie Danielle) ni sur le pathos.

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50 ans après, l’O.J.A.M en débat : histoire, enjeux … et quelles continuations ?

—  Par Gilbert Pago —

–L’auteur de l’article est un de ces militants qui a vécu l’affaire de l’O.J.A.M comme ces milliers de jeunes radicalisés au moment de décembre 59 et de ses suites avec l’affaire Plénel en 1960. Agé alors de 14 ans, il assiste au  meeting du PCM, en février 60 à la Mutualité, se prononçant pour l’autonomie. Il fulmine, sympathisant actif de la Jeunesse Démocratique Martiniquaise, d’indignation après la tuerie du 24 mars 1961 au Lamentin. Il trépigne de  déception  lors de l’interdiction de la conférence de la jeunesse en juillet 61. Agé de 17 ans et admis en terminales au lycée Schoelcher, il est présent à plusieurs  réunions publiques de l’O.J.A.M en septembre-octobre 62 à la maison des syndicats. Il vécut l’atmosphère de l’arrestation des premiers militants dont Manfred Lamotte (ses frères et sa sœur étaient des fréquentations proches). Attiré par la Jeunesse Démocratique Martiniquaise, proche du Cercle Victor Schoelcher pour la défense des emprisonnés, puis membre et dirigeant de l’UJCM, il a été un actif acteur du mouvement de solidarité. 50 ans après, ce n’est pas l’historien qui parle mais le témoin partisan, resté fidèle à ce grand moment d’enthousiasme militant.  

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Daniel Boukman , un héros martiniquais

par Raphaël Confiant,

 

J’ai rencontré l’écrivain martiniquais Daniel Boukman en Algérie, en 1974, lorsque, comme bon nombre de jeunes étudiants antillais de cette époque, j’avais décidé de tout larguer pour rejoindre le rêve de la Révolution algérienne alors dirigée par le président Houari Boumédienne. Avant moi, il avait accueilli, d’une année sur l’autre, des Martiniquais, des Guadeloupéens, des Guyanais, quelques Haïtiens même.

Une décennie venait de s’écouler après l’indépendance de ce pays (1962) au terme d’une guerre de libération sanglante de huit ans qui avait vu périr un million d’Algériens. Je me souviens de l’arrivée du ferry, à bord duquel j’avais embarqué à Marseille, dans la rade d’Alger la Blanche, et, dans le lointain de cette fin d’après-midi d’octobre, la Casbah et ses demeures mauresques qui surplombaient orgueilleusement la ville européenne. Au contrôle douanier, à la rudesse plutôt des douaniers envers les nombreux immigrés algériens qui rentraient au bled pour de courtes vacances, immigrés qui faute d’argent avait voyagé sur le pont, je compris que quelque chose clochait. Avec moi, les douaniers se montrèrent chaleureux, le souvenir de Frantz Fanon étant encore dans toutes les mémoires.

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Sociologie : Avis de parution Octobre 2012

 

En librairie

ACCUEILLIR L’ENFANT SOUS DE MEILLEURS AUSPICES
Association Nationale des Placements Familiaux
Comment en placement familial faire une place à l’enfant, prendre en compte ses parents et construire un cadre sécurisant pour développer le soin des liens ? L’ouvrage répond aux interrogations des professionnels de la protection de l’Enfance et aux familles d’accueil au regard de l’accélération du mouvement législatif dans ce domaine, notamment la loi du 5 mars 2007 énonçant l’objectif de travail de collaboration avec les parents.(12,5 euros, 112 p., octobre 2012) ISBN : 978‑2‑336‑00135‑7
EAN PDF : 9782296505490 EAN ePUB : 9782296983731
LES IDENTITÉS MULTIPLES
Joseph Aoun
Avec le développement de la mondialisation, de la technologie, la progression de l’immigration, des mariages mixtes… une nouvelle identité est née et se développe : l’identité multiple. Identités multiplesaborde les questions de codes culturels, du port du voile, du Blanc et du Noir, des accommodements raisonnables, de l’identité nationale, de l’immigration. Les porteurs d’identités multiples représentent presque la moitié de l’humanité. Voici une invitation à un regard plus ouvert, qui refuse l’uniformisation et le repli sur soi.

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Hommage à Edouard Glissant

— Par Manthia Diawara—

 

Manthia Diawara  est cinéaste et enseignant à l’université de New York, auteur du documentaire «Edouard Glissant: un monde en relation»

 

Je me souviendrai toujours de ce voyage entrepris avec Edouard à Sainte Marie en Martinique, pour visiter la case de sa naissance dans un petit village du nom de Bezaudin. Du Diamant, en contournant Fort de France, pour aller vers le Lamantin, nous traversions un petit pont sur une rivière où jouait Edouard avec ses amis, quand il était enfant.

Edouard me montra du doigt les cases-nègres en bordure du fleuve, qui ont inspiré Joseph Zobel pour son livre La Rue Cases-Nègres. Nous descendions d’abord vallées après vallées, pour remonter ensuite par des chemins escarpés sans fin, vers la Montagne Pelée.

Tout le long du chemin, nous traversions des plantations de bananes. Edouard me parla du vert foncé des arbres géants qu’on ne trouve plus; des rivières dont on entend plus le bruit de l’eau qui coulait sur les petits cailloux et contre les rochers.

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« La Martinique aux Martiniquais » : l’affaire de l’OJAM

 —Par Christian Antourel —

Le dimanche 20 décembre 1959 chacun s’affaire aux préparatifs de noël quand intervient un banal accident entre le scooter d’un martiniquais et un automobiliste récemment arrivé de France. Un imposant groupe de curieux se rassemble aux abords du Central Hôtel, place de la Savane, et commente vivement l’incident alors que les deux personnes en cause en viennent aux mains. La C.R.S (Compagnie Républicaine de Sécurité) alertée, disperse la foule sans ménagement. Sans suivent deux nuits d’affrontement entre policiers martiniquais, et les CRS, pris à partis par des mécontents rapidement rejoints par de nombreux jeunes. Deux commissariats sont incendiés. Lors de ces émeutes les forces de l’ordre tuent 3 jeunes Martiniquais. Le lundi 21 : Edmond Eloi, dit Rosile, 20 ans, et Christian Marajo, 15 ans. Le Mardi 22 : Julien Betzi, 19 ans. Les appels au calme du Dr Pierre Aliker, 1er adjoint au maire et du Dr Camille Petit conseiller Général ne changent rien. La mèche est allumée ; l’ordre établit peut vaciller à tout instant. Le courant nationaliste, s’affirme à partir de ces évènements d’autant que les structures économiques et sociales sont dès lors profondément modifiées par des mesures gouvernementales visant à écarter une montée de la violence.

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Le nouveau Lycée Schoelcher : De l’art du ravaudage!

— Par Roland Sabra —

 

On se souvient du débat autour du choix architectural retenu pour la reconstruction du Lycée Schoelcher avant que l’ancienne équipe en charge de la Région décide purement et simplement de renoncer à ce projet. Le Lycée devait donc mourir, lui et le nom honni qu’il porte. La défaite de Marie-Jeanne et donc la victoire de Letchimy ont sauvé le Lycée. On peut même raisonnablement penser que l’affaire du Lycée Schoelcher n’est pas tout à fait étrangère à ce résultat. Mais la défaite des « indépendantistes » au profit des » autonomistes » laissait entière la question du choix esthétique à faire. Fallait-il reconstruire à l’identique le lycée, comme le souhaitaient certains passéistes, proches du Président de Région, qui ne voyaient pas le ridicule qu’il y avait dans cette tentative de construire un Dysneyland de l’Art moderniste? Fallait-il valider le projet initialement retenu par l’équipe précédente, au risque de faire passer pour des manœuvres politiciennes le refus par la mairie de Fort-de-France du permis de construire? Fallait-il relancer toute la procédure d’un concours, perdre de nombreuses années, ranimer la flamme de l’amertume chez ceux qui avaient choisi, sans être entendus le bel objet architectural, présenté par une équipe franco-française?

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Les Martiniquaises à travers les âges

Compte-rendu par Michel Herland

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Femmes de la Martinique : quelle histoire ? Archives départementales, Fort-de-France, 2009, 98 p., 14 €. Alexandre Cadet-Petit, La Femme – un roman de plus de 69 pages, Desnel, Fort-de-France, 2008, 287 p., 20 €.

La femme est-elle vraiment l’avenir de l’homme ? La confrontation des deux ouvrages consacrés récemment à la femme martiniquaise ne permet pas d’aboutir là-dessus à une réponse bien tranchée.

Modestement présenté comme un « dossier pédagogique », le livret publié à l’initiative du service éducatif des Archives départementales rassemble et commente de nombreux documents écrits, accompagnés d’une riche iconographie. Il en ressort un panorama très varié qui commence par les Indiennes caraïbes portraiturées par le père Labat (« plus petites que les hommes, assez bien faites et grasses, elles ont les yeux et les cheveux noirs, le tour du visage rond, la bouche petite, les dents fort blanches, l’air plus gai, plus ouvert et plus riant que les hommes ; avec tout cela elles sont réservées et fort modestes… ») ; puis les esclaves, « amarreuses » ou servantes-maîtresses (c’est selon), bien différentes des blanches créoles si « indolentes » ; les « schœlchéristes », après 1848, qui prêchaient « l’ordre et le travail », tout en s’efforçant de pratiquer elles-mêmes « l’amour de dieu et des choses honnêtes » ; les charbonnières, un peu plus tard, qui ont créé le premier syndicat martiniquais ; les maîtresses d’école et leurs jeunes élèves ; les militantes de la négritude avant la dernière guerre ; jusqu’à l’actuelle présidente de l’Union des femmes de la Martinique.

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A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale !

 

— Par Serge Latouche —

 

 

 

«Il n’y a pas le moindre doute que le développement durable est l’un des concepts les plus nuisibles». Nicholas Georgescu-Roegen, (correspondance avec J. Berry, 1991) (1).

 

On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires, comme «l’obscure clarté», chère à Victor Hugo, «qui tombe des étoiles…». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l’inexprimable est de plus en plus utilisé par les technocrates pour faire croire à l’impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain, une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie.

 

En 1989, déjà, John Pessey de la Banque mondiale recensait 37 acceptions différentes du concept de «sustainable development» (2). Le seul Rapport Bruntland (World commission 1987) en contiendrait six différentes. François Hatem, qui à la même époque en répertoriait 60, propose de classer les théories principales actuellement disponibles sur le développement durable en deux catégories, «écocentrées» et «anthropocentrées», suivant qu’elles se donnent pour objectif essentiel la protection de la vie en général (et donc de tous les êtres vivants, tout au moins de ceux qui ne sont pas encore condamnés) ou le bien-être de l’homme (3).

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« Mon » vieil homme et « ma » mer…

 IMPROMPTU avec Aimé Césaire

— Par Marie-Andrée Ciprut —

 

 Il commença par s’excuser et se plaindre de sa santé chancelante car il souffrait déjà du poids des ans. Nous avons craint le pire en pensant tout bas : « ça y est, nous voila pris au piège de ce radoteur qui va nous parler de ses petits bobos : pourvu que cela soit bref ! » Car lorsque l’on passait la porte du bureau de ce vieux sage, on ne savait jamais au préalable combien de temps allait durer l’entretien qui pouvait varier d’un quart d’heure à une heure ou deux, rarement plus, selon l’intérêt qu’Aimé Césaire portait à son hôte. Pour nous, ce fut une heure trente de pur bonheur, moments d’exception voire d’extase en mars 2005, durant lesquels il nous a entraînés dans le tourbillon de sa vie prolifique, son œuvre pluridimensionnelle, sa pensée si lucide, à travers certains souvenirs qu’il a reliés aux miens…

 Un homme politique engagé

 Il fut une figure incontournable du XXème siècle pendant ses 56 années à la tête de la mairie de Fort-de-France, ses 48 ans de députation, et plus tard au cours de sa longue retraite.

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Insularité, indépendance et développement

 

par Michel Herland—

Michel Herland

Cet article explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique. Le concept de petit État insulaire est d’abord précisé en s’appuyant sur les travaux antérieurs du Commonwealth et de la  CNUCED. L

es handicaps de la faible dimension se traduisent par une vulnérabilité accrue aux accidents conjoncturels ou aux catastrophes naturelles. Néanmoins l’examen des performances différentes de ces États en matière de niveau de vie et de « développement humain » ainsi que du point de vue de leur capacité à affronter la « contrainte extérieure » permet de faire émerger quelques facteurs clefs de leur développement. Au-delà des avantages naturels spécifiques dont bénéficient certaines de ces îles (pétrole, minerais, etc.), les institutions semblent jouer un rôle déterminant. À la lumière de ces résultats, il est possible, en conclusion, de proposer certaines règles à suivre par un territoire insulaire dépendant – à l’instar des DOM – qui souhaiterait atteindre à la souveraineté politique.


Les économistes n’ont pas grand-chose à dire à propos du développement des départements d’outre-mer.

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