286 search results for "Le monstre"

Césaire & Picasso, Césaire & Lam à la Fondation Clément

 Suite de l’article « En revenant de l’Expo. »

—Par Roland Sabra —madame_lumumba-325b

Quand le dessin illustre le poème

Parmi les pièces rares présentées on peut voir l’enveloppe originale dans laquelle le tapuscrit de « Tombeau du soleil », annoté de la main de Césaire, a été envoyé à « Monsieur André Breton, 45 West 56 th St, New-York, 19 NY, Etats-Unis d’Amérique », ansi qu’un tiré à part du «  Cahier d’un retour au pays natal » dédicacé à Wifredo Lam avec pourrait-on croire une plume Sergent Major trempée dans un encrier d’écolier. Émotions assurées.

Césaire n’était pas né que déjà Picasso découvrait l’art africain qu’il utilisera comme une machine de guerre contre l’art occidental. Césaire partira lui à la recherche du « Nègre fondamental » avec un objectif qu’il ne lâchera plus jamais : «  Me reconquérir, voilà mon obsession » dit-il. Ces deux démarches suffisent-elle à provoquer la rencontre ? Certainement pas, d’autres faisceaux vont converger. Plus que l’appartenance en elle-même au Parti Communiste Français ( PCF) dès le lendemain de la seconde guerre ce sont les modalités de cette appartenance qui les réunissent.

→   Lire Plus

Albin et Serena

À Monchoachi, mon ami du Morne, qui m’a soufflé un chant que j’ai écouté, et aimé à ma façon…

— Par Frantz Succab —

boulanger_loverAlbin-boulanger nous procurait notre pain quotidien ; mais si l’on fait la part entre son métier qu’il exerçait avec conscience et le reste, il n’avait montré qu’un seul don dans sa vie, celui de disparaître.

  Il ne disparaissait pas lui-même. En vérité, ou plus exactement, disparaître le prenait de l’en-dedans de son corps, là-même, sans prendre son corps ; au milieu d’une conversation, d’une réunion ou d’un monter-descendre au vu et au su de tout le monde le long de la rue Bord-de-mer. Des vieux y refaisaient sans cesse le chemin du temps, des jeunes par petits-pilots bruyants,  gesticulaient avec ces mots en rafales passés à la râpe des play-list et vendus prêt-à-porter, les flâneurs s’occupaient à ne faire rien d’autre que s’occuper des affaires d’autrui et la plupart des autres gens faisaient aller-venir pour commissions autour du marché. Et Albin faisait partie de ce paysage.

→   Lire Plus

Claude Lévi-Strauss aurait eu 105 ans !

Né il y a 105 ans, l’anthropologue français honoré par le Doodle a inventé le structuralisme. Il fut l’un des scientifiques les plus influents au monde.

—Par Thibaut Danancher —

levi-straussClaude Lévi-Strauss aurait dû fêter aujourd’hui ses 105 ans ! L’académicien a tout réussi, sauf l’année de son centenaire. Il meurt le 30 octobre 2009 à trois semaines de ses 101 ans. Google rend hommage jeudi à l’anthropologue et à l’ethnologue français. Un doodle est consacré à cette grande figure de la scène intellectuelle française. Il aura exercé une influence considérable sur les sciences humaines du XXe siècle. Philosophe de formation, ce pionnier du structuralisme, auteur de Tristes tropiques (1955), arpentait le monde pour en étudier les mythes. Précurseur dans le domaine de l’écologie, il a notamment oeuvré à la réhabilitation de la pensée primitive.

C’est ce « regard éloigné » et surplombant qui semble le mieux définir l’homme qui, jusqu’en octobre 2007, continuait à se rendre deux fois par semaine à son bureau du laboratoire d’anthropologie sociale au Collège de France. Il reconnaissait appartenir à un autre temps : « Mon oeuvre termine une époque ; elle est encore ancrée dans le XIXe siècle. 

→   Lire Plus

« Imposantes ou Inquiétantes légèretés »

« revivance » des matériaux, EXPOSITION du 15 au 30 novembre 2013
Fort « Fleur d’Epée », GOSIER.

— Par Scarlett Jésus, critique d’art —
revivancePetites mains et des idées à revendre, elles sont quatre « ripppeuses » –Félie Line Lucol la présidente, Laurence Roussas, Ruti Russelli et Christelle Urgin- qui collectent, assemblent et détournent des matériaux au rebut. Au sein d’un collectif : Rip Art.
Mais pourquoi avoir choisi comme titre de leur exposition, « Imposantes légèretés » ?
Une exposition superbe, ludique, drôle au premier abord. A voir absolument. Et à revoir au besoin. De préférence à la tombée du jour. Parce que ce moment est propice à la perception de  cet entre-deux, entre clarté et obscurité, où se niche l’hésitation entre ce qui apparaît comme réel, et ce qui relève de l’imagination. L’exposition devient alors plus « trouble », plus troublante.

→   Lire Plus

Haïti, pays invité d’honneur du Salon du livre de Montréal

20 au 25 novembre 2013

Suite aux Rencontres québécoises tenues en Haïti du 1er au 8 mai 2013 à l’occasion des dix ans de Mémoire d’encrier, le Salon du livre de Montréal accueille Haïti comme pays invité d’honneur. Pour la présente édition, qui se déroule sous le thème «Une passerelle entre les cultures», Haïti déploie son imaginaire à la Place Bonaventure.En savoir plus

Pour l’occasion, des écrivains haïtiens sont parmi nous :Yanick Lahens, Kettly Mars, Emmelie Prophète, Laënnec Hurbon, James Noël, Jean-Robert Léonidas, Jean-Euphèle Milcé, Michel Soukar et Gary Victor.

Sont également présents des professionnels du livre: Monique Lafontant, librairie La Pléiade, Anaïse Chavenet, Communication Plus Distribution, Charles Tardieu, éditions Zémès. L’ancienne première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis, figure emblématique du changement en Haïti et présidente de la Fondation Connaissance & Liberté (FOKAL), fait aussi partie de la délégation.

 

 

 

 

Voir la vidéo de Bonjour voisine.

→   Lire Plus

Christiane Taubira, la force du symbole

— Par Serge Letchimy —

taubira_n&bLes racistes ne s’y sont pas trompés : Christiane Taubira est de fait un symbole. Le propre des symboles est de capter les projections négatives, individuelles ou collectives, qui émergent des crises. Ce qui est injurié à travers elle ce sont les frustrations, douleurs, souffrances et impossibles, que la situation économique, sociale et sociétale, suscite en France. Cette réception est d’autant plus forte que ce symbole identifié par ces esprits malades se trouve au cœur de l’allégorie républicaine : la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, garante des libertés, de la fraternité et de l’égalité pour tous, se trouve porteuse d’une différence visible. Dans une communauté traditionnelle, mono ethnique, mono religieuse, mono historique, le symbole concentre, rassure, exclue la différence. Ici, cet inattendu symbole proclame une constellation de différences : femme, noire, venue d’une périphérie, esprit rebelle, identité créole, mentalité progressiste, ouverte aux transformations du monde… Le symbole soudain bouscule, proclame une impérieuse diversité : les racistes n’en peuvent plus.

→   Lire Plus

Le terrorisme publicitaire

— Par Hans Magnus Enzensberger (Poète, écrivain, traducteur et journaliste) —

pubElle fut toujours bruyante. Aujourd’hui, on peut encore entendre, sur un certain nombre de marchés, la voix des camelots. Elle est agaçante, mais inoffensive. Lorsque la révolution industrielle lança le coup d’envoi de la consommation de masse, la réclame passa au régime industriel. Dans les milieux qui se prenaient pour l’élite, on tint longtemps pour vulgaire de se vanter soi-même, ou de vanter ses produits. Le fait que le secteur ait rebaptisé son activité « publicité » n’a pas amélioré sa réputation.

Des natures moins snobs participent aujourd’hui comme jadis à des jeux-concours, échangent des bons de réduction et comparent remises et promotions-bonnes affaires. Comment peut-on parler avec autant de bonhomie du terrorisme de la publicité ? N’est-on pas trop optimiste ? Et en quoi le tam-tam du camelot a-t-il absolument à voir avec la politique ?

Même si la clientèle ingénue ne veut rien en savoir, il est un fait : la politique s’est très vite emparée de la publicité –− l’inverse étant tout aussi vrai. La publicité est devenue, au plus tard à partir des années 1920, une force politique.

→   Lire Plus

En salut à Philippe Frémeaux

Invité par l’équipe de Matnik Solid  (Plan d’actions pour le développement de la Martinique).L’économiste Philippe Frémeaux a donné une conférence devant une salle comble.
Patrick Chamoiseau lui a adressé ce mot de bienvenue.

philippe_fremeauxAu nom de la collectivité régionale,
de ses agents, de ses élus et de son Président,
permettez-moi, mon cher Philippe Frémeaux, de vous souhaiter la bienvenue.
Vous avez spontanément répondu à notre invitation et accepté sans crainte d’effectuer ce très long déplacement. Nous vous en sommes reconnaissants. Vous êtes, nous le savons, attentif à la question antillaise. Vous connaissez la Guadeloupe. Vous avez parfaitement étudié la grande grève de 2009 et su en proposer une lecture stimulante. Je vous en sais gré, car pour moi ce phénomène est l’évènement poétique le plus considérable des dix dernières années, et c’est bien pour cela qu’il nous reste ici totalement illisible.
Je n’ai donc rien à vous apprendre de la Martinique que vous ne sachiez déjà. J’aimerais juste rappeler, à ceux qui nous ont fait l’amitié de venir si nombreux ce soir, le cadre dans lequel se situe votre communication.

→   Lire Plus

De Schoelcher à Tombouctou

— Par Guy Flandrina —

schoelcher_larmeDans la nuit du 10 au 11 septembre 2013, la statue de Victor Schoelcher – réalisée depuis 1964 – située à l’entrée de la ville éponyme a été vandalisée. Dans l’oeuvre originale, Victor Schoelcher tenait, dans chacune de ses mains, des chaînes brisées, symbolisant la fin de l’esclavage. Il est debout sur un bas-relief comportant un extrait du décret d’abolition de l’esclavage : « Nulle terre française ne peut plus porter d’esclave » . Sur la statue qui vient d’être saccagée des inscriptions outrageantes et exprimant de l’intolérance sont tracées. Le ou les illuminés ou pseudo révolutionnaires savent-ils seulement que de leurs mains sacrilèges ils portent atteinte à l’oeuvre d’une grande artiste martiniquaise ?
Cette statue a été réalisée par Marie-Thérèse Julien-Lung-Fu, l’une des rares femmes à avoir, en son temps, été admise à l’école des Beaux-Arts à Paris. Femme poète, écrivain, conteur, sculpteur… viscéralement attachée à sa terre et à ses traditions, tout comme son ami l’artiste « Khoko » René-Corail. Ne nous a t-elle pas d’ailleurs légué les fameuses « Recettes de Da Elodie » ?

→   Lire Plus

Alzeimer : une guerre à gagner !

— Par Patrick Chamoiseau —

alzeimerCe qui est terrifiant dans la maladie d’Alzheimer ce n’est pas seulement qu’elle menace chacun d’entre nous, qu’elle menace nos proches, ou qu’elle peut frapper n’importe qui indépendamment de son âge. Le terrifiant c’est quelle est désormais au coeur de notre tissu social comme un monstre assassin qui nous mènerait une guerre insidieuse. Des dizaines de personnes sont régulièrement frappées. Des dizaines de personnes disparaissent lentement et désespérément devant leurs proches. À travers elles, des centaines de personnes doivent affronter seules et démunies cette espèce de mort qui précède la mort. Des centaines de personnes voient donc  leur existence basculer dans la douleur et dans le désarroi.
Une sorte de massacre.
Le tissu social est donc atteint par l’ampleur grandissante du phénomène, mais aussi et surtout par notre absence de réaction énergique et massive. Les structures d’accueil sont presque inexistantes, toujours insuffisantes. Les associations et les quelques bénévoles qui s’efforcent d’accompagner les malades, leurs familles, sont le plus souvent au bord de la faillite et du découragement.  

→   Lire Plus

Mourir par dérogation

— Par Docteur Josiane Jos-Pelage, présidente de l‘Association Médicale pour la Sauvegarde de l’Environnement et de la Santé (AMSES)

epandage_aerien-3Aux Antilles françaises, l’on meurt par dérogation. Le plus grave est que l’Etat y apporte sa caution puisqu’après les Ministres, ce sont les Préfets qui dérogent.
A votre niveau de responsabilité, en charge de la santé du peuple français, vous ne pouvez méconnaître le chlordécone, insecticide utilisé contre le charançon des bananiers, dont la toxicité a été reconnue par de nombreux scientifiques et dont les conséquences sur la santé des Antillais ne font plus aucun doute. On lui attribue à juste titre la croissance exponentielle des cancers de la prostate en Guadeloupe et en Martinique. Ces deux îles largement polluées par cet organo-chloré, détiennent depuis 2008 le triste record du monde d’incidence standardisée de ce cancer. Les USA en ont interdit la fabrication et l’usage depuis 1976. La France a imprudemment continué de l’utiliser jusqu’en 1990, date de sa prohibition officielle. Mais les Ministres de l’Agriculture ont pris des arrêtés dérogeant à cette interdiction jusqu’en 1993, transformant nos pays en « monstres chimiques » cf Le Monde du 17/04/2013.

→   Lire Plus

Épandage aérien : « Ce n’est pas la dose qui fait le poison mais la répétition des petites doses »

—- Par le Docteur Josiane JOSPELAGE, Présidente de l’AMSES- Martinique

epandage_aerien-3Objet : Dérogation à l’épandage aérien

Madame le Ministre ,

Aux Antilles françaises, l’on meurt par dérogation. Le plus grave est que l’Etat y apporte sa caution puisque après les Ministres ce sont les Préfets qui dérogent.

A votre niveau de responsabilité, en charge de la santé du peuple français, vous ne pouvez méconnaître le chlordécone, insecticide utilisé contre le charançon des bananiers, dont la toxicité a été reconnue par de nombreux scientifiques et dont les conséquences sur la santé des antillais ne fait plus aucun doute. On lui attribue à juste titre la croissance exponentielle des cancers de la prostate en Guadeloupe et en Martinique.

→   Lire Plus

Rencontres cinémas : Le court c’est long (parfois) !

—Par Selim Lander —

Quatre films étaient au programme de la soirée court-métrage de ces Rencontres 2013. Le court est un genre à part qui éveille d’autres envies que les films au format habituel. On sait que l’argument restera très simple mais l’on s’attend à une surprise dans le scénario, et surtout on s’apprête à découvrir l’univers particulier d’un auteur qui n’a pas encore, en général, eu l’occasion de l’exprimer.

De ces quatre films, Entre Deux (de Nadia Charlery) est le seul qui remplisse entièrement le contrat et ce n’est donc pas pour rien qu’il a emporté le Prix de court, cette année. Les cinéphiles martiniquais qui ont déjà eu l’occasion de le visionner l’ont revu avec plaisir : l’applaudimètre en faisait foi. L’histoire, fondée sur un qui pro quo téléphonique, fonctionne bien, elle a une fin heureuse et les deux comédiens (y compris celle qui n’est qu’une voix au téléphone) se tirent avec honneur de leur prestation. Enfin – ce qui n’est peut-être pas un détail – Entre Deux, qui dure sept minutes d’horloge, est le seul film vraiment court de cette sélection.

→   Lire Plus

Veille ou réveil ?

— Par Jacky Dahomay —

(Compte-rendu de la réunion sur l’épandage aérien et l’avenir de l’agriculture tenue au Conseil Régional le mercredi 12 juin 2013)

bananeEtrange, cette réunion tenue au Conseil Régional à l’initiative de la présidente Mme Borel, idée qui avait été suggérée par un élu, M. Durimel. Si on peut féliciter cette dernière d’avoir voulu  réunir divers acteurs (scientifiques, planteurs, associations de défense de l’environnement) concernant la question de l’épandage aérien et de l’avenir de l’agriculture, le malaise  qui régnait durant cette réunion consiste en ce que tout s’est passé comme si on avait voulu esquiver une question, essentielle pourtant, celle de la nocivité que comporte l’épandage aérien de produits phytosanitaires. Il est significatif de constater que la Présidente de la Région avait prévu de donner la parole  d’abord à M. Lignères, représentant des planteurs, et aux « scientifiques », (CIRAD), et ce n’est qu’après qu’elle a passé la parole  à la salle.

→   Lire Plus

De l’essence à la violence.

—Par Jacky Dahomay —

penseur

Beaucoup de tapage, ces jours-ci en Guadeloupe, concernant le prix de l’essence ! Il est sans doute légitime de se battre contre la vie chère et de se concentrer sur le prix de l’essence. Cela dit, attention tout de même à ce que pour nous, Antillais, l’essence ne précède l’existence.

En parodiant cette expression célèbre de Sartre, nous voulons rappeler ce que déclaraient Edouard Glissant et d’autres intellectuels antillais, lors des événements de 2009, sur « les biens de haute nécessité ». Nous avons la nette impression que, depuis quelques temps, c’est la hiérarchie même des biens qui se trouve bouleversée sinon mise tête en bas. Quand nous parlons d’ « existence », nous faisons référence à l’existence collective. Celle-ci, comme toute réalité humaine, ne peut avoir une essence définitive, une substance établie une fois pour toutes. Voilà pourquoi Sartre disait que, pour l’homme, « l’existence précède l’essence ». Il n’existe donc ni une « guadeloupéanité » ni une « martinicalité » essentielles ou substantielles, définies une fois pour toutes et pouvant guider notre action, comme pourrait le supposer un nationalisme simpliste.

→   Lire Plus

Max Ernst, le goût démesuré de l’énigme

La Fondation Beyeler à Bâle présente l’œuvre stimulante d’une des figures majeures du surréalisme.

Se laisser bousculer par cet adepte des ruptures ! Voilà une bonne raison de traverser le Rhin et de découvrir à Bâle la rétrospective stimulante de l’œuvre de Max Ernst. Collage, grattage, décalcomanie, sculpture, peinture par oscillation : ce nomade dans sa vie et dans son art a toujours expérimenté de nouvelles techniques et pris de nouveaux départs. « Un peintre est perdu quand il se trouve », déclarait-il dans un film qui lui était consacré. La Fondation Beyeler, qui présente plus de 160 de ses œuvres depuis 1915 aux années 1970, célèbre ce pionnier du surréalisme moins populaire que Dali ou Magritte. Moins identifiable à un style aussi. « Il se cherchait de façon permanente, ce qui le rend difficilement saisissable du grand public », reconnaît Raphaël Bouvier, commissaire de l’exposition, avec Werner Spies, spécialiste de Max Ernst.

→   Lire Plus

Portrait de Clément Méric, bien plus qu’un « antifa »

Très bon élève, antifasciste, anticapitaliste et anti-homophobe, Clément Méric n’a pas survécu à ses blessures à la suite de son agression mercredi soir.

clement_meric

[…] Originaire de Brest et étudiant à Sciences Po à Paris, Clément Méric, 19 ans, était un « antifa », un militant antifasciste d’extrême gauche, très engagé dans de multiples causes. Ses camarades de Sciences Po décrivent un jeune homme blond, petit, frêle, avec un visage poupin. « Clément se relevait d’une leucémie, ce n’était pas un monstre de guerre », ont même précisé des membres d’Action antifasciste Paris-banlieue, groupe auquel appartenait selon eux Clément Méric. Ce dernier « faisait du terrain, du renseignement, de l’agit-prop ». « Il portait tout le temps son badge antifasciste », précise un étudiant de première année comme lui. « C’était un militant qui était tout le temps là. Il tractait contre les fascistes, pour le droit des étrangers, pour l’égalité hommes-femmes », ajoute Adrien, de 5e année, qui le connaissait.

Fils de deux professeurs de droit de la faculté de Brest, le jeune homme, qui avait obtenu son bac scientifique avec mention très bien l’an passé, était installé depuis septembre à Paris et habitait, d’après le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans le 9e arrondissement de la capitale.

→   Lire Plus

Pourquoi faut-il tous manifester samedi 1° juin?

— Par Jacky Dahomay —

Que nous soyons tous différents, selon nos  origines, nos conceptions politiques, religieuses, idéologiques, nos âges ou nos expériences diverses, quoi de plus normal dans toute société démocratique ? Mais il arrive que les démocraties se perdent, dans des expériences négatives. Cela se produit lorsque nous oublions le sens du bien commun, surtout quand l’Etat et les partis politiques n’ont guère le  souci d’un sens plus élevé de la politique. C’est ce qui s’est produit avec la  tragédie de  la chlordécone. Des intérêts particuliers ont  prévalu sur le bien public. Il  appartient donc  aux différentes composantes de la société civile de se révolter et de réaffirmer le sens  du bien public c’est-à-dire de l’intérêt général. Telle la tache de l’heure, celle qui nous dicte de manifester le premier juin contre la reprise de l’épandage aérien. Et nous devons le faire pour plusieurs raisons :

→   Lire Plus

Tintouin au Congo

 

Pendant 4 jours, le festival Étonnants Voyageurs s’est posé dans le pays très répressif de Denis Sassou-Nguesso avec près de 90 écrivains venus parler littérature, Afrique et liberté d’expression. Reportage à Brazzaville.

 

Elle est congolaise, elle est romancière et elle n’était pas prévue au programme. Surtout pas pour l’inauguration du premier festival Etonnants Voyageurs de Brazzaville. Mais ce 14 février, dans un grand auditorium encadré par deux portraits du président Denis Sassou-Nguesso qui font de la réclame «pour une république unie et indivisible», le discours de l’ambassadeur de France venant de succéder à celui d’un représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, on commençait vaguement à s’assoupir quand soudain Gilda Moutsara, 38 ans, grimpe sur scène, attrape le micro sous le nez du ministre de la Culture et réveille tout le monde en plaidant avec véhémence la cause de « 400 familles sinistrées qui dorment dans la cour de la mairie de Makélékélé » depuis les terribles inondations de décembre: 

Nous sommes un pays pétrolier, nous avons des richesses.
Pourquoi les Congolais souffrent?
J’interpelle ici les autorités!»
 

Malaise chez les officiels locaux ; tumulte enthousiaste dans le reste de la salle, bourrée de lycéens en uniformes.

→   Lire Plus

Gérard Depardieu dans « L’Homme qui rit » : un dernier nanar pour la route

–A Madiana–

Par Vincent Malausa
Chroniqueur cinéma

LE PLUS. Ce jeudi 27 décembre, c’est l’anniversaire de Gérard Depardieu ! Et comme cadeau, quoi de plus beau que de jouer dans le nouveau film de Jean-Pierre Améris,  « L’Homme qui rit ». L’ex-monstre sacré du cinéma devenu une bête de foire médiatique réussit-il à faire oublier la polémique ? Vincent Malausa, chroniqueur cinéma au Plus, est loin d’être convaincu.

 L'homme qui rit (Thierry Valletoux / Inognita / Europacorp)

« L’homme qui rit » de Jean-Pierre Améris (Thierry Valletoux/Inognita/Europacorp)

CINÉMA. Il y a au moins une bonne raison d’apprécier « L’Homme qui rit » : celle de constater à quel point tout le délire qui a accompagné l’exil de « Depardiou » (tel qu’on le surnommait du temps de sa tentative ratée de conquête de l’Amérique) n’était que du vent. Du vent, car quand on décide aujourd’hui de mesurer de quelle perte réelle il s’agit pour ce sinistre « art national » dont l’acteur est censé incarner l’esprit et la lettre, le bilan touche au néant absolu.

 

Pars vite et reviens tard

 

Depuis qu’il s’est embarqué dans son rôle médiatique d’usine à gaz ou de citerne ambulante (pets, rots, insultes et arrogance de grand patron se relâchant en public), l’acteur pouvait se défendre au seul nom de son talent démesuré.

→   Lire Plus

Le triomphe de l’animation française

par Cécile Mury –

Dossier | Ecoles de pointe, succès en salles, passerelles vers la télévision… La création animée française se renouvelle et s’exporte jusqu’aux Etats-Unis, où les Frenchies imposent leur savoir-faire.

 

Le jour des Corneilles. © Finalement et Moi, moche et méchant.© Universal studio 2010

En France, le cinéma n’a jamais été aussi… animé. Alors que le succès d’Un monstre à Paris, le joli film d’Eric Bergeron (2011), est encore dans les esprits, cet automne aura offert un feu d’artifice : Kirikou a fait son retour, Le Jour des corneilles a pris son envol, et on attend un ours et une souris (Ernest et Célestine, le 12 décembre) qui vont faire du bruit, sur un scénario de Daniel Pennac. Même le réalisateur Patrice Leconte s’y est mis, avec Le Magasin des suicides.

Des découvertes aux valeurs sûres, le cas français est unique. Du plus industriel au plus artisanal, le cinéma d’animation fait preuve d’une vitalité exceptionnelle. Au cœur du secteur, la création télé est aussi en pleine mutation. D’où viennent cette profusion et cette diversité ?

→   Lire Plus

Impressions sur les Békés

Par Dominique DOMIQUIN

–C’est difficile pour un Guadeloupéen de prendre position dans une querelle entre Martiniquais. Encore plus lorsqu’il s’agit d’un contentieux entre blancs et noirs. Ce qui suit n’engage que moi. Je ne suis ni un universitaire ni une sommité littéraire mais je vais tâcher d’être honnête : Des chansons du répertoire traditionnel antillais à Petitjean-Roget en passant par Guy Cabort (Masson), Drasta Houël et Clémence Cassius de Linval, on aura tout dit, tout écrit sur les békés.

Pour que la société martiniquaise fonctionne il faut que le béké demeure… le béké ! Et si un béké tente de marronner la bitasyon (un béké riche, s’entend), si les plus conservateurs de ses compères békés ne l’ostracisent pas, les noirs se chargeront de systématiquement l’y renvoyer afin qu’il continue d’occuper son rôle indispensable d’être-à-détester, sans qui tout partirait à vau-l’eau… Je risque une hypothèse : en 2009, au plus fort d’une crise politico-sociale sans précédent aux Antilles, aucun noir Martiniquais n’est allé « koupé tèt boulé kay » du vieux béké symbole, Alain Huygues-Despointes, après sa performance hallucinante, hallucinée et hallucinogène dans le reportage de R Bolzinger, Les derniers maîtres de la Martinique.

→   Lire Plus

Les Chimères de Sébastien JEAN

—par Scarlett JESUS —


« Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés de la campagne,
l’on voit, plongé dans d’amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes, indécises, fantastiques ».
LAUTREAMONT, Les Chants de Maldoror,

Peintre et sculpteur, Sébastien JEAN est un jeune artiste haïtien audacieux qui cultive ses chimères. Sans se soucier véritablement de plaire. Adepte d’un art contemporain dérangeant, il a fait le choix de rendre compte de la réalité telle qu’il la perçoit, en visionnaire. D’ailleurs, lui-même ne se qualifie-t-il pas, malicieusement, de « fou » pour définir une pratique qu’il veut entièrement libre ?

Le travail que cet artiste a réalisé durant sa résidence de trois mois en Guadeloupe, à LARTOCARPE au Moule, confirme-t-il un tel propos, propos qui est loin d`être celui d’un naïf? Bien qu’autodidacte Sébastien JEAN s’est adonné à la peinture dès son plus jeune âge et a pu, à maintes reprises, confronter sa pratique à celle d’artistes de renommée internationale, à travers des expositions qui l’ont conduit de Miami à Marmande puis Paris et, tout dernièrement, à la Biennale de Venise.

→   Lire Plus

« La loi de Tibi » d’après « Mieux que nos pères »

DON QUICHOTTE…. ET SANCHO PANZA

 Imaginons un ailleurs au milieu de nulle part,  mais marqué par la misère, par un déterminisme prénatal, cette prédisposition au manque de chance, à une victimisation chronique, où le malheur s’écrit en lettres capitales. Ravages de tous les fléaux qui touchent la société. L’avidité et tous les vices de la condition humaine, qui font de ce monde ce qu’il est, dans son masque le plus ténébreux. A ce moment là entre en scène Tibi en «  habit de lumière. » L’Auguste triste mais encore plus joyeux. La mise en scène nous l’impose déplorable et au bout du compte, relativement attachant. Forgé d’humour noir ou d’ironie féroce. Avec un cœur qui respire la communication. Si Don quichotte transparaît dans sa fibre combative, il y a certainement dans un recoin un Sancho Panza dans sa force d’aimer. Comme dans un traveling de cinéma, revenant sans cesse sur «  le séducteur »pour faire jaillir en gros plan son rôle principal , ce voyage , ce formidable questionnement montre un personnage en constantes métamorphoses mentales autour d’un seul axe ; ce monde qui est le notre et dont on ne peut renoncer au nom de l’humain.

→   Lire Plus

La création théâtrale à la Havane: Espace de renouveau de la réflexion identitaire cubaine

 

Alvina Ruprecht[1]

 

Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.

Eugenio Hernandez Espinosa, l’auteur de Maria Antonia, un classique contemporain de la littérature dramatique cubaine, a eu la gentillesse de m’inviter à une répétition de sa nouvelle mise en scène de son œuvre. L’événement a eu lieu au théâtre City Hall, siège de sa troupe le Teatro Caribeño de Cuba. Créée en 1967 par le regretté Roberto Blanco (le Grupo nacional el Taller dramático, devenu le Teatro Irrumpe), la production originale de Maria Antonia a représenté Cuba à la première édition du Festival des Amériques à Montréal (1985). Restée gravée dans la mémoire des artistes de l’époque, elle est devenue un événement mythique dans les annales théâtrales cubaines.

→   Lire Plus