Le canal de Panama devient panaméen le 31 décembre 1999.
Au terme d’une minutieuse période de transition, les Etats-Unis avaient, à l’époque, accepté de «rendre» à Panama la pleine propriété du canal et de la compagnie d’exploitation, ainsi que la zone (une bande de 8 kilomètres de large tout autour du bassin hydraulique) sur laquelle Washington exerçait «à perpétuité» une pleine souveraineté, avec les 14 bases militaires censées garantir la sécurité du site. La rétrocession est effective depuis le 14 décembre, date des cérémonies protocolaires organisées en présence de Jimmy Carter – mais snobées par Bill Clinton et Madeleine Albright. Depuis, malgré les Cassandre, les écluses poursuivent sans grincement leurs rotations octogénaires. Ni les communistes chinois ni les guérilleros colombiens ne se sont emparés des lieux? Les seuls envahisseurs sont les milliers de touristes qui, par paquebots entiers, accomplissent, sur les eaux du lac Gatun, ce qu’on leur a vendu comme la croisière «du millenium».
Mais, si Panama n’a rien changé au canal, le canal, lui, a tout changé à Panama. Le pays, satellite américain, créé par l’Oncle Sam en 1903 parce que la Colombie, propriétaire de l’isthme, ne voulait pas entendre parler du canal américain, est devenu un Etat.