Catégorie : Sociologie

La face cachée du soutien aux associations

— Par Les Vélos Marin Martinique 
Souvent présentées comme un levier essentiel, les subventions sont censées financer des projets, encourager la participation citoyenne et renforcer les dynamiques territoriales. Mais notre expérience avec Les Vélos Marin Martinique nous a confrontés à une réalité bien plus complexe. Loin d’être un simple appui, ces financements conditionnent en profondeur l’orientation des associations. De manière implicite, parfois insidieuse, ils les poussent à se conformer à des logiques souvent éloignées des besoins réels du terrain. Cette dynamique transforme des objectifs qui devraient être , endogènes et ancrés dans les réalités sociales, en projets standardisés . Les critères de sélection de dossiers sont rigides, et le suivi ainsi que la communication des institutions offrant ces financements sont eux-mêmes impersonnels et déconnectés. Ces éléments limitent, voire empêchent, des approches ou des initiatives pourtant porteuses d’un fort potentiel de transformation sociale. Plutôt que de soutenir ces dynamiques organiques, les subventions tendent à les orienter, à les influencer, et de plus en plus souvent, même dès la genèse d’un projet, à les dénaturer.

Un constat de terrain, notre propre expérience

Le contexte local nous a conduits à adopter un modèle basé sur la gratuité, non par idéologie, mais à la suite d’une observation des réalités du terrain.

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« Schwarz-Bart, de la littérature à la musique. Itinéraire du jazzman Jacques Schwarz-Bart » par Esther Eloidin

Éditions : Caraïbéditions

Dans Schwarz-Bart, de la littérature à la musique, l’autrice et chercheuse Esther Eloidin nous invite à plonger dans l’univers foisonnant et singulier de Jacques Schwarz-Bart, saxophoniste de renommée internationale, porteur d’un héritage culturel d’une richesse rare. Ce livre dresse le portrait sensible et vibrant d’un musicien aux multiples influences, à la croisée des cultures caribéennes, juives et afro-américaines.

Fils du romancier André Schwarz-Bart, Prix Goncourt 1959 pour Le Dernier des Justes, et de Simone Schwarz-Bart, figure majeure de la littérature antillaise (Pluie et vent sur Télumée Miracle, L’Ancêtre en Solitude), Jacques Schwarz-Bart est né au sein d’un foyer où la création artistique était au cœur du quotidien. L’ouvrage met en lumière l’influence de ce double héritage littéraire sur la trajectoire musicale de Jacques, qui a su traduire en notes ce que ses parents exprimaient par les mots.

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Nicole Croisille (1936 – 2025)

La chanteuse, comédienne et danseuse Nicole Croisille est décédée le 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie. Artiste aux multiples talents, elle laisse derrière elle une carrière de plus de six décennies, marquée par une grande diversité de styles et de registres.

Née le 9 octobre 1936 à Neuilly-sur-Seine, Nicole Croisille était la fille unique de Jean Croisille, accompagnateur de voyages, et de Germaine Decorde, pianiste amatrice. Elle grandit dans un environnement sensible à la musique classique, bercée par les œuvres de Chopin et Liszt que sa mère jouait à la maison. Formée dès son plus jeune âge à la danse classique, elle manifeste très tôt un fort désir de scène, malgré les réticences de son père. Adolescente, elle découvre le jazz dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, une révélation qui influencera durablement son parcours.

À la fin des années 1950, elle se forme au mime auprès de Marcel Marceau et intègre sa troupe pour une tournée en Amérique du Sud en 1957, puis aux États-Unis en 1960. Passionnée par les comédies musicales américaines, elle enchaîne les engagements outre-Atlantique : meneuse de revue à Reno, chanteuse au Playboy Club de Chicago, participation à la tournée des Folies-Bergère à New York.

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Ngũgĩ wa Thiong’o (1938–2025)

Auteur kényan, géant des lettres africaines, qui a affronté l’héritage  culturel colonial

L’écrivain kényan Ngũgĩ wa Thiong’o est décédé le 28 mai 2025 à l’âge de 87 ans, à Buford, dans l’État de Géorgie (États-Unis). Figure majeure des littératures africaines, il laisse derrière lui une œuvre abondante, traduite dans près de quarante langues, et marquée par une réflexion continue sur les rapports entre culture, langue et pouvoir.

Né le 5 janvier 1938 à Kamiriithu, dans la région de Limuru au Kenya, alors colonie britannique, Ngũgĩ – de son nom de naissance James Ngugi – grandit dans un contexte politique tendu, marqué par l’insurrection des Mau Mau. Après une scolarité brillante qui le conduit de l’Alliance High School à l’université de Makerere (Ouganda), puis à celle de Leeds (Royaume-Uni), il publie son premier roman Weep Not, Child en 1964. L’ouvrage aborde les tensions coloniales à travers le regard d’un enfant, déjà révélateur des préoccupations politiques et culturelles qui nourriront toute son œuvre.

Tout au long des années 1960 et 1970, Ngũgĩ s’impose comme l’un des intellectuels les plus influents du continent africain.

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Mohamed Lakhdar-Hamina, (1934- 2025)

Mohamed Lakhdar-Hamina, cinéaste algérien de renom, s’est éteint à l’âge de 91 ans, le 23 mai 2025, à Alger, jour même où le Festival de Cannes célébrant les 50 ans de sa Palme d’or pour Chronique des années de braise, projeté dans sa version restaurée. Ce film, fresque monumentale sur la guerre d’Algérie, reste à ce jour l’unique œuvre africaine à avoir remporté la prestigieuse distinction. Lakhdar-Hamina, un homme du combat et de la création, laisse derrière lui une œuvre marquante, fidèle à son engagement pour la dignité de son peuple et la mémoire de son pays.

Né le 26 février 1934 à M’Sila, dans les montagnes de l’Aurès, il grandit dans une famille modeste, marquée par la dureté des conditions de vie et l’oppression coloniale. La guerre d’Algérie fut un tournant dans sa vie. Son père fut enlevé, torturé et assassiné par l’armée française, un drame qui forgea en lui une volonté de résistance. Mohamed Lakhdar-Hamina, en désertant l’armée française en 1958, rejoint la lutte pour l’indépendance aux côtés du FLN, tout en poursuivant sa passion naissante pour le cinéma.

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Marcel Ophüls (1927-2025)

L’Histoire en question

Le cinéma perd une figure marquante. Marcel Ophüls, réalisateur oscarisé et pionnier du documentaire historique, est décédé le 24 mai 2025, à l’âge de 97 ans, dans sa maison du sud-ouest de la France, où il vivait depuis plusieurs années. Fils du cinéaste Max Ophüls, il s’était fait un nom au-delà des frontières grâce à sa capacité unique à interroger l’Histoire, à déconstruire les mythes et à nous confronter à la mémoire du XXe siècle.

Né Hans Marcel Oppenheimer le 1er novembre 1927 à Francfort-sur-le-Main, dans la République de Weimar, Marcel Ophüls a connu dès son enfance les tumultes du siècle. Fuyant l’Allemagne nazie avec sa famille en 1933, il se réfugie d’abord en France avant de traverser l’Atlantique vers les États-Unis en 1941. Après une expérience en tant que G.I. au Japon, il s’installe à Paris en 1950, où il travaille comme assistant-réalisateur, notamment sur le dernier film de son père, Lola Montès.

L’empreinte de son père, mais aussi son propre parcours et ses origines multiples, nourriront toute son œuvre. Tout au long de sa carrière, Ophüls a su naviguer entre fiction et documentaire, mais c’est bien dans ce dernier genre qu’il marquera son époque.

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22 mai 2025 à Fonds Saint Jacques : Des gestes pour ouvrir et apaiser le lieu

— Par Jean-Marc Terrine –

J’ai vu des images, photos et vidéos, d’une célébration du 22 mai en Martinique, sur le site dit du « cimetière des esclaves » de Fonds Saint Jacques. Le mot cimetière me dérangeait encore, parce qu’un cimetière est un lieu où l’on enterre ses morts, ses défunts après un rituel-veillée, une cérémonie et un enterrement. Un lieu où l’on met le corps, ko-a, dans un caveau ou dans la terre après l’avoir retournée, préparée. Et non un trou, une excavation où on lâche des morts sans être préparés pour un voyage aux pays des sans chapeaux.

C’est cette histoire, notre histoire post-esclavagiste qui me permet, avec le temps de comprendre
pourquoi nos grands-parents et même nos parents avaient ce regard sur la mort. Partir, oui, c’est la vie mais dignement : veillée, cérémonie religieuse, enterrement dans un cimetière et surtout ne pas être inhumés dans la terre mais dans un caveau.

Quand on ne connaît pas bien tous les pendant de notre histoire, cela peu amuser la galerie. Mais cette phobie de la terre, cette blesse commence à trouver son explication avec le temps.

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Le 23 mai : Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial

Le 23 mai est l’une des deux dates nationales françaises consacrées à la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage colonial. Cette journée rend hommage aux millions de femmes, d’hommes et d’enfants arrachés à l’Afrique, déportés et réduits en esclavage pendant plus de deux siècles dans les colonies françaises. Reconnu comme crime contre l’humanité par la loi du 21 mai 2001, cet esclavage fait l’objet d’un devoir de mémoire essentiel.

Née de la marche historique du 23 mai 1998, qui rassembla 40 000 personnes à Paris pour honorer leurs ancêtres esclaves, cette journée est le fruit d’un long combat mené par les descendants d’esclaves, notamment le CM98. Elle a conduit à la reconnaissance officielle des victimes de l’esclavage colonial et à la création de mémoriaux à travers la France, en particulier en Île-de-France.

Le 23 mai est aujourd’hui un temps fort du souvenir et de la transmission. En 2025, cette journée s’annonce comme un moment d’intense recueillement, de partage et de fraternité. Elle sera marquée par des cérémonies commémoratives – républicaines et religieuses – et par un grand rassemblement culturel sur le parvis de la Basilique de Saint-Denis.

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Paul Rastocle (1932–2025)

Tanbouyé martiniquais et figure du bèlè

Paul Rastocle, musicien martiniquais et tanbouyé reconnu, est décédé le mardi 20 mai 2025 à l’âge de 93 ans. Né en janvier 1932 dans le quartier de Lassalle à Sainte-Marie, il a marqué de son empreinte la tradition du bèlè, à laquelle il a consacré la majeure partie de sa vie.

Issu d’une fratrie dans laquelle plusieurs membres se sont investis dans la culture martiniquaise — notamment son frère Benoît Rastocle — Paul découvre le tambour bèlè dès l’adolescence, aux alentours de 13 ans. Ce n’est pas dans le cadre familial qu’il apprend cet art, mais auprès d’un modèle extérieur : Anasthase « Féfé » Marolany, tanbouyé reconnu, dont il observe minutieusement la technique et adapte le jeu à sa propre main dominante.

Charpentier de formation, il travaille plusieurs années comme ouvrier, d’abord dans les champs de canne de l’habitation Union, puis dans une entreprise samaritaine, avant de terminer sa carrière professionnelle comme employé municipal à la mairie de Sainte-Marie. En parallèle, il continue à pratiquer le tambour bèlè dans divers contextes, notamment dans les Kay Bèlè de sa jeunesse.

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Pierre Lafarge (1963–2025)

Pierre Lafarge est décédé le 17 mai 2025 à l’âge de 61 ans, des suites d’une longue maladie.

Animateur et producteur, il a marqué durant près de quarante ans le paysage audiovisuel martiniquais, d’abord à la radio RV7, puis au sein de RFO Martinique, devenue Martinique La 1ère. Il y a animé de nombreuses émissions culturelles, à la radio comme à la télévision, parmi lesquelles Mélod’hits, Tempo sur RFO, Notes d’hier et d’aujourd’hui ou encore Le grand bain.

Originaire de Vitry-sur-Seine, Pierre Lafarge s’était installé en Martinique à la fin des années 1980. Il y avait trouvé une terre d’adoption qu’il n’a plus quittée. Passionné de musique et de culture caribéenne, il a consacré sa carrière à mettre en valeur les artistes, les œuvres et les trajectoires, avec rigueur, écoute et simplicité.

Travailleur exigeant et discret, apprécié de ses collègues et du public, il s’était imposé comme une figure respectée du monde des médias.

À sa famille, ses proches et ses collaborateurs, Madinin’Art adresse ses sincères condoléances.

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Tropique Atrium, salue la mémoire de Pierre Lafarge

C’est avec une grande émotion que nous avons appris le décès de Pierre Lafarge, qui en plus de 35 ans de carrière était devenu une signature du paysage audiovisuel martiniquais.

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Werenoi (1994-2025)

Jérémy Bana Owona, plus connu sous son nom de scène Werenoi, est mort le 17 mai 2025 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, à l’âge de 31 ans. La cause de son décès, confirmée par ses proches, est une défaillance cardiaque. Il devait se produire en concert le soir même à Lyon.

Originaire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Werenoi était né le 30 janvier 1994 à Melun, de parents camerounais. Il avait toujours choisi de préserver sa vie personnelle, refusant de se conformer aux codes de l’exposition permanente sur les réseaux sociaux. Une pudeur assumée : « Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes », disait-il au Parisien en 2024.

Révélé en 2021 avec le titre Guadalajara, il avait très rapidement marqué les esprits par un style singulier mêlant voix autotunée, récits rugueux et mélodies sombres. Après avoir brièvement collaboré avec le label AWA, il avait fondé sa propre structure, PLR Music, distribuant ses œuvres de manière indépendante.

Son ascension a été rapide. Son premier EP Telegram paraît en 2022, suivi de trois albums — Carré (2023), Pyramide (2024) et Diamant noir (2025) — tous classés numéro un à leur sortie.

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TRANSAGLO : Accord de fin de conflit

— Communiqué de la CGTM —
Après 33 jours de lutte, les grévistes de la société TRANSAGLO ont signé le 13 mai 2025 un protocole d’accord de fin de conflit et de reprise du travail au bout de 5 heures de négociation.
Ils ont obtenu entièrement satisfaction sur leurs deux principales revendications :
• Une revalorisation du salaire de 100 euros nets par mois et par salarié à compter
du 1er janvier 2025,
• L’attribution d’une prime de 13ème mois.
En présence du président de Martinique Transport et de représentants de la DEETS, ils
ont conclu un « accord d’entreprise », ce qui avait été proposé très tôt et que le gérant
refusait jusque-là. De ce fait, ils ont refusé de supporter des pertes de salaires à cause de l’obstination du gérant qui a fini par accepter leur proposition.
Cet accord est le résultat de la détermination de travailleurs qui sont restés unis du début à la fin, en dépit des critiques entendus ça et là, mais également des soutiens très surprenants apportés au gérant.
C’est aussi le résultat du soutien fraternel et sans faille, tout au long du mouvement, de travailleurs exerçant dans le secteur du transport urbain et interurbain (RTM, RDC, Transurbain, Transnav, etc.),

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De l’argile au copier-coller : l’écriture en quête d’infini

— Par Pierre Jamet (*) —

L’écriture naît sous le signe de l’économie et de la mémoire (comptabilité pastorale, enregistrement de dettes). Vers 3200 avant J.-C., à Sumer, les symboles écrits prirent une apparence proche de la convention abstraite (c’est l’écriture dite cunéiforme) mais l’étape capitale dans l’évolution des systèmes d’écriture apparut chez les Grecs à la fin du deuxième millénaire avant J.-C. C’est le système alphabétique. Les symboles consonantiques d’un alphabet sémitique furent mélangés à la langue grecque pour créer des voyelles. Cette innovation eut une immense influence puisque les Romains empruntèrent ensuite l’alphabet grec pour créer celui que nous utilisons ici.

Les écrits rendaient superflue la présence du détenteur du souvenir puis se déportèrent vers l’abstraction pour représenter également des idées. Au Moyen-Âge, l’invention de la ponctuation contribua au découpage plus précis de la pensée mais il faut également dire un mot de l’importance du support.

À l’origine de l’écriture, des plaques de glaise

En observant les tablettes mésopotamiennes, on remarque qu’il s’agissait de plaques de glaise qui tenaient dans la main. Or, l’intérêt de la tablette moderne, numérique, est similaire : on favorise la portabilité de l’objet.

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Koyo Kouoh (1967 – 2025)

Commissaire d’exposition, conservatrice, productrice culturelle

Koyo Kouoh, figure influente de l’art contemporain africain et diasporique, est décédée le 10 mai 2025 à Bâle (Suisse), à l’âge de 57 ans. Directrice exécutive et conservatrice en chef du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) au Cap depuis 2019, elle avait été désignée en 2024 commissaire de la 61e Biennale d’art de Venise, prévue en 2026 — devenant ainsi la première femme africaine à occuper ce poste.

Née à Douala (Cameroun) le 24 décembre 1967, Koyo Kouoh a grandi entre le Cameroun et la Suisse, où sa famille s’est installée dans son adolescence. Encouragée à suivre une formation en économie, elle a débuté sa carrière dans le secteur bancaire avant de se tourner progressivement vers la culture, d’abord par le biais de la littérature et du cinéma. C’est à Dakar, où elle s’installe en 1996 après un premier voyage pour interviewer le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène, qu’elle engage pleinement sa trajectoire dans le champ artistique.

Entre 1998 et 2002, elle coordonne le programme culturel de l’Institut de Gorée, tout en participant dès le début des années 2000 à plusieurs initiatives structurantes pour la scène artistique africaine, notamment les Rencontres africaines de la photographie de Bamako et la Biennale de Dakar.

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Terramation : et si vous serviez de compost après votre mort ?!

— Par Jordy Bony (*) & Damien Charabidze (*) —

Pourra-t-on bientôt choisir d’être transformé en compost après notre mort ? Alors que la pratique du compostage funéraire, appelée terramation, se répand aux États-Unis et qu’elle est actuellement expérimentée en Allemagne, l’idée est à l’étude en France. Pour le moment, notre cadre juridique restreint les modes de sépulture aux deux seules pratiques citées dans la loi : l’inhumation et la crémation.

Mais cette apparente exclusivité cache en réalité une grande diversité de procédés et laisse ouverte la possibilité d’une évolution des pratiques funéraires. La terramation, fusion de terra et transformatio qui renvoient respectivement aux idées de “surface au sol” et de “métamorphose”, est un mode de sépulture inspiré du cycle de la nature.

Qu’est-ce que la terramation ?

La terramation repose sur l’emploi de copeaux de bois afin de créer des conditions propices à l’activité des bactéries dites aérobies, c’est-à-dire utilisant l’oxygène. Elle diffère ainsi de l’enterrement classique, qui place le corps dans des conditions anaérobies en le recouvrant de terre où en le plaçant dans un caveau hermétique.

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en Mémoire des victimes de l’esclavage

Commémoration ?

— Par Pierre Pastel —

 Esclavage et mémoire collective : Message des Ancêtres aux responsables politiques et citoyens d’aujourd’hui, pour que la commémoration cesse d’être un rituel figé et devienne une force de transformation sociale, par des actions politiques et citoyennes concrètes, mesurables et porteuses de justice. Pierre Pastel, sociologue, se fait le porte-voix des aïeux.

« Lettre des Ancêtres aux Décideurs d’Aujourd’hui1

(Hommage à ceux qui ont choisi de braver le silence qui blesse pour épouser la parole, énergie qui libère et vivifie).

À vous, acteurs politiques, économiques, sociaux, religieux, éducatifs et culturels,

À vous qui avez hérité d’un monde bâti sur notre souffrance,

À vous qui détenez aujourd’hui la responsabilité de la mémoire et de la justice,

Nous sommes les voix d’outre-tombe, celles que l’Histoire a voulu ensevelir sous le silence,

nous sommes les cris étouffés dans les cales des navires négriers,

nous sommes les corps/les cœurs/les esprits brisés sous le joug d’un système qui a « marchandisé » l’humanité.

Nous avons survécu dans vos livres, dans vos discours, dans les noms des rues et des places où l’on murmure encore notre histoire.

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Les Mains Vides

 Par Yves Untel Pastel —-

J’ai les mains vides
Pourtant j’irai aux champs
J’irai aux champs récolter la providence
En rivière de sueur sous un soleil brutal
J’irai recueillir tout ce que la vie
Veut bien offrir au travailleur

Au craquement de mes os rompus
Supportant les morsures de l’arthrose
À la déchirure de mes muscles meurtris
Usés comme lanières maintes fois battues
J’irai retourner, ensemencer, arroser,
L’humus tantôt aride, tantôt détrempé

J’ai les mains vides
Et la peau tannée de paysan besogneux
Fidèle à caresser ce ventre qui nourrit
Cette terre passée de main en main
Où les miens, tant et tant, ont trimé
Pour en accueillir chaque fruit

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Commémoration mémorielle, Et pourquoi faudrait-il encore danser !

 Par Yves Untel Pastel —-

Quand vient l’heure de commémorer la rafle du Vel’d’Hiv’, les juifs ne dansent pas.
Ils s’enveloppent dans un lourd manteau d’affliction ; ils se tiennent raides ils égrènent un à un, dans une litanie interminable, le nom des ancêtres déportés et gazés. Non, le juif ne danse pas dans ces moments-là. Il marque un lourd et profond silence ; il laisse planer l’aigle noir du souvenir sur la mémoire des disparus.

Et la France, et son président le premier, se tait, s’arrête, marque le pas, respecte, compatit ; Entre en profonde contrition. Pas un rire inconvenant, pas un semblant de liesse. Le ciel est lugubre, et les visages scellés dans le marbre du recueillement !

Ne sont-ils pas respectueux, respectables et respectés ?

Les juifs ne dansent pas au souvenir de leurs frères massacrés, non ! Ils se recueillent, s’abîment dans la contrition, portent la force d’un deuil rude qui saura les rendre plus soudés pour vivre et survivre dignes ! Comme ils ont raison !

Les nègres eux, sommés de séduire, coupables d’être fils de vaincus, donnent des gages de loyauté.

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Pensionnats catholiques de Guyane, la blessure

Dimanche 4 mai à 22h40 sur France 5 et sur france.tv
Synopsis :

Franck, Guillaume, Kadi, Antoine n’ont pas grandi auprès de leurs parents, mais sous la tutelle de religieux catholiques. Pour la première fois devant une caméra, ils et elles racontent leur enfance dans les « homes indiens » de Guyane, des pensionnats catholiques destinés spécifiquement aux enfants amérindiens et noirs-marrons, populations qualifiées de « primitives » par les autorités étatiques jusqu’à tard dans le XXe siècle.

Des années 1930 jusqu’à 2023 – date de la fermeture du dernier home de Guyane –, plus de 2 000 enfants ont grandi dans ces établissements. Ils y ont été éloignés de leur famille et coupés de leur culture, soumis à une évangélisation et une assimilation forcée. En finançant avec l’argent public la formation des jeunes « primitifs » dans des pensionnats catholiques initiés et tenus par des congrégations religieuses, les représentants de la République et de l’Église se sont-ils rendus coupables de « génocide culturel » ? C’est la question que soulèvent aujourd’hui des juristes et d’anciens pensionnaires.

À l’aide d’archives inédites, Pensionnats catholiques de Guyane : la blessure plonge dans cette histoire encore méconnue de la France en Guyane, une vieille colonie devenue un jeune département d’Outre-mer.

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Renaud Jouye de Grandmaison (1936–2025)

Un bâtisseur de Fort-de-France, un militant de la conscience martiniquaise

Renaud Jouye de Grandmaison s’est éteint le 1er mai 2025 à l’âge de 88 ans. Son décès marque la disparition d’une figure emblématique de la vie politique, sociale et culturelle de la Martinique. Fidèle compagnon d’Aimé Césaire et de Pierre Aliker, il fut l’un des piliers du Parti progressiste martiniquais (PPM), mais aussi un artisan discret et rigoureux du développement de Fort-de-France.

Né le 18 mai 1936, il s’engage très jeune dans la vie militante. Pendant ses années d’études à Bordeaux, il adhère à l’Association générale des étudiants martiniquais (AGEM), puis participe en 1963 à la création de l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise), deux mouvements qui nourriront sa pensée humaniste et décoloniale. En 1958, il participe à la fondation du PPM, dont il deviendra secrétaire général à l’organisation et à la propagande en 1967.

Titulaire d’une maîtrise en droit public, il débute sa carrière à l’hôpital du Lamentin avant d’être nommé secrétaire général de la mairie de Fort-de-France. À ce poste-clé, qu’il occupera jusqu’en 2000, il sera le bras droit d’Aimé Césaire, incarnant un sens profond du devoir et de l’efficacité administrative.

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“Les Enjeux des littoraux humides de la Guadeloupe”, de Michelle Dahomé Di Ruggiero

Des ressources à exploiter et un bien à préserver 

À propos :

Seize ans après sa thèse, ses observations de terrain montrent la nécessité de continuer à sensibiliser la population à l’importance des relations Homme /Nature. Tel est l’objectif de cet ouvrage sur le futur des milieux littoraux humides de Guadeloupe. 

La première partie, tout en décrivant son histoire, montre l’intérêt écologique du projet Taonaba aux Abymes.

La deuxième partie est un état des lieux de ces milieux au regard de leurs atouts, des impacts anthropogènes, ainsi que de leur gestion.

Un florilège de photographies met en valeur la beauté de ces espaces et traduit le rôle des usagers dans leur pérennité.

Que tous s’approprient la richesse exceptionnelle et fragile des écosystèmes mangroves pour les préserver !

Auteur : Michelle DAHOME DI RUGGIERO

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Politsyen bòkay, zòt ki kapitenn abò, wa koute, souple !

 Par Yves Untel Pastel —-

Politsyen bòkay, zòt ki kapitenn abò, sé ba zòt man ka palé
Sé pa fyon man ka vréyé pou blésé lòrgèy pèsonn
Sé pawòl pou nou soukwé kò nou kon poul ka soukwé sann.

Nou ka jwé ròl, nou sé nonm, men dépi van soukoué fèy tòl
Sé anba anba tab nou ka séré, kon timanmy an janm manman’i !
Nou ka jwé ròl, nou sé nonm, men an chòvsouri nou wè lajounen
Nou ja ka vréyé dlo béni pou nou kouri dèyé malédyksyon.

Nou pè lombraj noumenm, Kon chyen pè kout baton
Nou pè palé pou lonnè péyi-a, nou pè chanjé vyé labitid nou.
Zyé noumenm nou ka bésé, si bétjé gadé nou nan kokozyé.
Mannikou ki mannikou pè pa maché anmitan granchimen
Men nou menm sé an granmitan chan kann nou lé séré.

Politisyen péyi-nou, kité mwen di zòt dé mo kat pawòl !
Ki rèspé zòt ni pou pèp zòtmenm ?
ki lanmou zòt ni pou manman zotmenm ?
Zòt ka kouri dèyè lajan sal kon mouch anmen chawany
Sé kotjen zot ka fè kon manawa ka fè riyen ki malproptans.

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Les crabes du lundi de Pâques

 Par Yves Untel Pastel —

Nous aimions aller sur la plage
À la trêve de Pâques.
La Martinique tout entière
Déferlait en bord de mer,
Le lundi de Pâques.

Et c’était un jour de liesse,
Un jour maudit pour les crabes.
C’était l’hécatombe des crustacés,
Tant on faisait bombance de crabes.

Mais ce temps est mort.
Les mangroves puent
Et les vents mêmes
Se bouchent les naseaux.
Ils vont tous mourir au large,
Troupes de mustangs incommodés.

La marée brasse la mangrove.
Le poison est partout.
Il transpire du silence.
Et dans la mangrove,
La mort lente s’installe.

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Boycoteurs, boycotteuses… qui êtes vous ?

Des appels au boycott des produits en provenance des États-Unis s’élèvent depuis quelques semaines en réponse à la volonté du Président Trump de durcir leurs relations diplomatiques et économiques avec leurs principaux partenaires. Qui est tenté par ce boycott et pour quelles raisons ?

Une étude publiée en avril 2025 par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) révèle que 45% des Français se sentent concernés par le boycott des produits ou des marques en provenance des États-Unis. Elle s’appuie sur une enquête menée en mars 2025 auprès de 2 000 majeurs résidant en France hexagonale.

Pourquoi boycotter ?

Afin de protester contre la politique étrangère du gouvernement de Donald Trump, 18% des personnes interrogées déclarent boycotter les produits états-uniens et 27% en ont l’intention. Les répondants sont enclins à boycotter les produits d’une entreprise :

  • qui épuise les ressources naturelles au détriment des populations locales (pour 75% d’entre eux) ;
  • qui offre de mauvaises conditions de travail à ses employés (70%) ;
  • qui néglige la protection de l’environnement (68%) ;
  • qui cherche à rémunérer toujours plus ses dirigeants et ses actionnaires (64%) ;
  • qui soutient des actions politiques qu’ils désapprouvent (62%) ;
  • originaire d’un pays dont ils réprouvent la politique (56%).

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Le crabe, roi de la semaine sainte aux Antilles : un plat, une histoire, un héritage

— Par Sarha Fauré —

Aux Antilles françaises, et plus particulièrement en Martinique et en Guadeloupe, la célébration de Pâques ne saurait se concevoir sans la présence du crabe. Alors que dans de nombreuses cultures, les fêtes pascales riment avec chocolat et œufs décorés, aux Antilles, c’est le crabe de terre, préparé avec savoir-faire et patience, qui occupe le devant de la scène. Mais cette tradition culinaire, si joyeuse et festive aujourd’hui, prend racine dans une histoire douloureuse, celle de l’esclavage, de la privation… et aussi de la résistance.

Un héritage issu des chaînes de l’histoire

La place centrale du crabe durant la semaine dite « Sainte » remonte à l’époque coloniale, où l’Église catholique imposait aux esclaves africains le strict respect du carême. Durant cette période de quarante jours précédant Pâques, la consommation de viande leur était formellement interdite. Livrés à eux-mêmes, sans moyen ni accès à des aliments nobles, les esclaves durent se tourner vers la nature pour survivre.

Parmi les ressources disponibles, le crabe de terre, abondant dans les mangroves, les champs et les bords de rivière, devint leur principale source de protéines.

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