Catégorie : Parutions

La police des Noirs en Amérique et en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles

la_police_des_noirsXVIIe et XVIIIe siècles, la France est une puissance colonisatrice qui prospère en outremer.
Face la domination blanche, les esclaves se livrent au marronnage de toutes parts, entreprennent la destruction des intérêts de leurs maîtres, attentent même à leur propre vie compromettant ainsi l’objectif qui fut à la base de l’occupation des territoires.
Pour enrayer les nombreuses révoltes noires et contenir ses insoumis, le pouvoir français se voit dans l’obligation d’adapter, de réorganiser totalement ses institutions judiciaires et son système policier.
Cette étude minutieuse et fort bien documentée aborde une tranche de l’histoire de l’esclavage sous un angle nouveau, celui du rapport complexe régissant la justice, le pouvoir des hommes blancs et les Noirs, asservis ou libres.

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Introduction
on a beaucoup écrit sur la condition des noirs vivant aux Antilles et en Guyane sous l’ancien Régime. aucun ouvrage n’aborde pourtant la police 1 de ce groupe, qui était une réalité, même si l’on peut relever ici et là quelques réflexions sur la question.

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« L’esclave avait-il donc une âme ? La fête servile à la Martinique » par Albanie Burand

esclave_avait_il_une_ameHistoire

Le thème de la fête servile nous offre de découvrir un aspect de la vie des esclaves que les études et recherches avaient négligé. La connaissance de ce groupe social s’en est trouvée lourdement déformée et aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui croient que la vie de l’esclave ne s’est résumée qu’au travail avec ses corollaires de souffrances, de privations et toutes les cruautés qui font que la mort semblait pour un grand nombre l’issue la meilleure.

Le discours actuel sur le sujet exprime souvent toute l’émotion d’un peuple en quête de réhabilitation. La justification du besoin de compensation de la population contemporaine conduit à procéder, de façon inconsciente peut-être, à la sélection des faits étudiés, occultant ceux qui ne soutenaient pas leur plaidoyer.

L’histoire de l’esclavage n’est alors devenue, dans c et esprit , qu’un moyen de reconnaissance identitaire. La fête servile ne deviendra- t-elle pas un instrument que le groupe dominant utilisera pour instaurer, sinon rappeler une distance effective entre colons et esclaves ? Ne deviendra-t-elle pas un élément d u code de détermination du statut des groupes ?

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Sociétés marronnes des Amériques

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Te yu koko yu futu, san di meki yu kaï no de na fesi, a de na yu baka

En marchant, l’homme qui bute sur un obstacle et trébuche ignore la raison de sa chute s’il ne se retourne pas pour en connaître la cause. Elle peut s’expliquer par la présence d’une motte de terre, d’une pierre, d’une souche d’arbre sur le chemin ou provenir de l’individu lui-même.

Cet adage bushinengue appelle à la vigilance sur le passé pour construire le présent.

Le colloque Marronnages et leurs productions sociales et culturelles dans les Guyanes et le bassin caribéen du XVIIe-XXe siècles : bilan et perspectives – Mémoires, patrimoines, identités et histoire, organisé par des descendants de Marrons dont les actes sont publiés ici, s’inscrit dans cette démarche.

Jusqu’à une époque récente (1960-1970), l’histoire du marronnage n’avait pas droit de cité dans le contexte surinamien, guyanais, antillais (Martinique, Guadeloupe) car elle rappelait le souvenir d’individus qui s’étaient dressés contre l’ordre établi, qui avaient refusé la « civilisation » pour s’enfuir dans la forêt.

Les plus grands spécialistes de ces rété sizé (ceux qui sont restés assis et muets), c’est-à-dire les groupes socio-culturels en marge de l’histoire officielle ou globale, nationale ou régionale sont ici réunis pour déloger le passé esclavagiste et marronniste de son enveloppe émotionnelle, catégorielle, clanique, familiale, individuelle ou collective afin de favoriser un dialogue des cultures et de redonner au terme « marron » sa dimension historique, culturelle et géographique en mettant en lumière la personnalité et les pratiques de ces esclaves qui avaient décidé de prendre leur destin en main.

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Dieu dans tous ses états

— Par Nicolas Dutent —

citrus_dieuAprès le football, les faits divers et le sexe, c’est au tour du divin d’occuper subtilement les pages de Citrus, revue thématique interdisciplinaire de la jeune et innovante maison d’édition L’Agrume.

« Est-ce que Dieu existe ? » La réponse de Siri – ­l’assistant vocal intégré au iPhone – est invariable : « Bonne question. » Si la ­formulation change pour « Dieu existe-t-il ? », on obtient en revanche : « Pour moi, les religions sont un grand mystère. » C’est de cet embarras anecdotique et millénaire dont s’amuse Chloé Pathé, rédactrice en chef de Citrus, dans l’éditorial du quatrième numéro de la revue graphique, réussite qui mêle harmonieusement textes et dessins, signatures expertes et talents émergents, raffinement et rigueur. « Que Dieu soit une réponse ou une question, la réflexion se nourrit d’abstractions qui relèvent d’une poétique des sentiments. L’évidence qui se dégage, c’est que le sublime est un sublime mystère », confirme Arnaud Gaillard dans l’article « CE qui nous ­rassemble », illustré par Yasmine Gateau. Parti à la rencontre de jeunes athées, l’auteur retrouve dans la bouche de Némésis ces sentiments contrastés : « D’un côté, Némésis dénonce un Dieu social-traître laissant se propager des violences, des tortures et tout un cortège d’injustices.

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Pour une écologie des petits matins tranquilles (et pas des Grands soirs chimériques)

— Par Frédéric Denhez —
pour_1_mde_meilleurÀ la demande de France Nature Environnement, j’ai écrit cette France de demain en dix propositions d’actions et de transformations, dix actes concrets, simples, qui sont autant de leviers pour changer le pays en changeant notre rapport à la nature et au temps. Dix propositions pour le citoyen… et dix propositions pour les élus. Cela fait vingt, en fait un peu plus. Dix chapitres…

… dix thèmes transversaux sur notre place dans la nature, notre rapport à l’énergie, le rôle fondamental des collectivités, la gouvernance de l’eau comme exemple à suivre (en l’améliorant…), l’importance de l’éducation à l’environnement et de la bouffe etc. Dix chapitres rédigés à partir des documents internes de FNE, des discussions avec ses bénévoles et salariés, de mes propres réflexions. Un livre pas facile à rédiger, car il a dû se frayer un chemin entre les nombreux réseaux et membres de la plus grande fédération d’associations de protections de la nature de France. Mais le voilà, il est beau comme une feuille de route à partir de laquelle tous les prétendants à la Présidentielle devrait développer leur vision de l’avenir.

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« La Martinique à travers la carte postale ancienne » d’André Lucrèce

la_martinique_lucreceLA MARTINIQUE
À travers la carte postale ancienne
André Lucrèce
Iconographie : 400 cartes postales anciennes

« Il faut épier le réel, ces existences surgies de tous les écarts, ces signes dans les regards qui s’accordent une espérance, cet outre-soi qui n’abdique pas, tout cela restitue l’identité de l’ île, terre mouvante entre des passages orphiques, terre convoitée par les battements de l’histoire, terre de grands cris et de non-dits qui chacun ont leurs mystères, d’ où soudain nous parvient le pays, jusqu’alors caché entre deux failles qui communiquent. »

Au fil de 400 cartes postales du dОbut du XXe siècle, André Lucrèce nous embarque à bord d’ un taxi-pays au départ de Fort-de-France pour parcourir la Martinique. On retrouve la ville de Saint-Pierre avant la catastrophe de 1902, lorsqu’elle est encore le « Petit Paris des Antilles », on plonge dans l’ effervescence de Fort-de-France, alors en plein essor, on se laisse transporter à travers les différents bourgs de l’île, Le Lamentin, Sainte-Marie, Rivière-Pilote… On rencontre celles et ceux qui ont fait la Martinique : marchandes, pêcheurs, coupeurs de canne ou quimboiseurs…

André Lucrèce

Écrivain, critique littéraire et sociologue, André Lucrèce est l’auteur de plusieurs livres et de très nombreux articles consacrés à la poésie, au théâtre, à la peinture.

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«Rejeter un accent, c’est toucher à l’identité de l’être»

glottophobie-1Le premier livre à dénoncer la glottophobie, discrimination par le langage.

Le langage est dans notre société un instrument de pouvoir puissant et méconnu : accents et tournures langagières sont les cibles d’une discrimination généralisée, appelée glottophobie. Rejeter une personne pour sa façon de parler, c’est la même chose que la rejeter pour sa religion, la couleur de sa peau ou son orientation sexuelle, autant de discriminations punies par la loi en France.

Pourtant, les discriminations fondées sur la langue sont ignorées alors qu’elles affectent des milliers de personnes, méprisées ou rejetées pour leur accent ou leur vocabulaire. La domination s’exerce en effet aussi par le langage. Les « élites » imposent leur manière de parler comme la seule légitime.

Le livre donne un nom à ces discriminations linguistiques –la glottophobie – et attire l’attention sur leurs conséquences humaines et sociales, profondes et massives. Linguiste, son auteur démonte, exemples à l’appui, les mécanismes de la glottophobie pour mieux la révéler, la dénoncer et ainsi la combattre.

Philippe Blanchet est professeur de sociolinguistique à l’université Rennes 2. Il est spécialiste de la diversité linguistique et culturelle dans le monde francophone et expert en politique linguistique et éducative pour de grands organismes.

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RCI est les Antilles : une histoire mêlée

— Dossier de presse —

rci_carnets_secretsVous allez lire un livre passionnant.
La radio est un média magique : la musique fait partie de nos vies; les voix des journalistes et des animateurs parlent à l’intimité des auditeurs. La radio est partie prenante de la société.
Les radios sont aussi des entreprises, elles connaissent les difficultés économiques des entreprises.
Et puis la radio est un moyen d’influence, elle suscite les stratégies des politiques. Peut-être plus encore dans les outre mer, parce que des décideurs parisiens, gauche et droite confondues, recherchent surtout des créneaux d’emprise, ou de manipulation.
C’est tout cela que l’on retrouve dans ces Carnets secrets, sous la plume précise et alerte d’André Berthon, qui fut lui-même un pionnier de la captivante histoire de RCI Radio Caraïbes.
C’est l’Histoire, avec un grand H, des Antilles.
Ce sont aussi les petites histoires qui font la vie d’une radio, où les auditeurs retrouveront mille anecdotes, drôles ou tendres, sur les personnes qu’ils ont connues à l’antenne, sur leurs techniciens, leurs patrons.
L’auteur de cette préface s’est souvenu, dans ses années-lycée, avoir entendu souvent, sur Radio-Tanger, Michel Ferry, le fondateur de ce qui deviendrait RCI.

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Langue française : le chagrin et la passion

critique_avril-2016L’avilissement de la langue française est un leitmotiv du discours décliniste. Voyez comme elle est déchue, nous répètent essayistes et gazetiers ! Malmenée, maltraitée, outragée par les Français eux-mêmes ; et de par le monde, délaissée, de plus en plus ignorée, de moins en moins désirée.
Nous avons voulu rompre avec cette antienne. Car il suffit de s’éloigner du mur des lamentations médiatiques pour constater qu’il y a aujourd’hui des écrivains, des linguistes, des philosophes, des sociologues, des historiens, en France et hors de France, qui posent de manière neuve la question du français, de son état et de son statut. Ils, elles le font sans complaisance ni masochisme. Sans renier, ni dénier la part d’émotion qui colore leur rapport à cette langue, mais sans céder non plus aux mirages nostalgiques ni aux déplorations pathétiques.
Entre Alain Borer et Xavier North, Jean-Marie Klinkenberg et Laurent Jenny, Michèle Causse, Katy Barasc et Thierry Hoquet, Pascale Casanova et Tiphaine Samoyault, ce numéro ouvre non pas un, mais des dialogues – complices, complexes, critiques, polémiques.
Avec pour point commun le beau souci de ne pas parler du français sur un ton chagrin.

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Comment peut-on aimer le sport ?

— Par Thierry Blin, maître de conférences en sociologie —
sport_&_philo-1Sport & philosophie Yves Vargas. Éditions le Temps des cerises, 300 pages, 17 euros.

Le sport, vous en mangez à tous les repas : télévision, sortie au stade, transpiration personnelle, etc. S’il est un enthousiasme universel, c’est bien celui-là ! Disséquée par les mains érudites d’Yves Vargas, la passion collective change et livre une ossature pleine d’idées philosophiques et sociales. Quel est l’ADN du sport ? L’œil ! Le sport, c’est l’œil : l’exhibition athlétique chronométrée, mesurée, comptabilisée sous toutes les coutures. Pas étonnant qu’il soit le roi des spectacles. D’autant plus qu’il est simple, reposant. Il ne nous assomme pas de manifestes, déclarations, dissertations, etc. Il s’expose en évidence. Le drame de l’incertitude réduit à l’équation de la simplicité, de l’immédiateté, ici et maintenant. Dans le geste sportif : pas de signifié derrière les signifiants, de cause derrière les effets : la transparence causale. D’où une hostilité constitutive aux subtilités de l’herméneutique, qui explique d’ailleurs qu’il ne puisse être, en lui-même, livré en fiction. Pour faire un film, il faut rajouter tout ça.

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Honoré, l’humanité par le dessin

— Par Caroline Constant —

la_mort_apres_la_retraitePetite anthologie du dessin politique, d’Honoré. Éditions de la Martinière, 25 euros. Hélène Honoré Hélène Honoré, avec les éditions de la Martinière, sort une anthologie politique de l’œuvre de son père, assassiné le 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo. Une œuvre puissante et originale.

Il avait un trait reconnaissable entre tous, en noir et blanc, nimbé d’élégance et de férocité. Il avait aussi une signature très originale, les six lettres de son prénom, Honoré, réunies dans un petit carré. Philippe Honoré est mort assassiné, le 7 janvier 2015, à Charlie Hebdo avec les journalistes et dessinateurs qu’il côtoyait depuis la recréation du journal, en 1992. Les éditions de la Martinière ont sorti hier un très bel ouvrage, une Petite anthologie du dessin politique, préfacé par François Morel. Et surtout par sa fille, Hélène Honoré, qui affirmait dans nos colonnes, une semaine après le drame, sa volonté de « faire connaître son travail, pour que les gens s’en emparent avec leurs yeux ».

Quel bonheur de parcourir, de 1995 à 2015, tous les dessins de cet artiste.

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« Black-Label ou les déboires de Léon-Gontran Damas », un essai de Kathleen Gyssels

black-labelCaen, Passage(s), 2016, « Essais ». ISBN : 979-10-94898-01-7. 308 p. 20 €.

En 1956, le « troisième homme de la négritude » publie son troisième recueil de poésie, Black-Label. Dans cette œuvre, qui retint peu l’attention des critiques, Damas se montre particulièrement élusif tout en reprenant la thématique qui lui tient à cœur. Anti-clérical t anti-bourgeois, pacifiste et anti-assimilationniste, le Guyanais s’y révèle aussi comme un poète hypersensible, livré à des crises profondes liées à son existence nègre et son expérience d’un Antillo-guyanais toujours en exil.

Entre amour et dépression, engagement politique et danses afro-cubaines, la poétrie métissée de Damas s’imprègne du jazz et du blues pour raconter les déboires d’un être complexe, laminé par des souvenirs d’enfance et, pourtant, toujours prêt à l’exaltation. Tenant compte du contexte socio-culturel de l’époque où il paraît, le recueil de Damas est ici analysé à l’aune des affiliations esthétiques et éthiques du poète proche, entre autres, de Richard Wright, Langston Hugues et Claude Mc Kay, mais aussi d’Apollinaire, Ghérasim Luca ou Robert Desnos.

À l’heure où Christine Taubira scande devant l’Assemblée cet oublié de la littérature francophone, il convient de relire sa poésie qui transgresse toutes les lignes / frontières (ethniques, sociales, linguistiques et genrées).

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« L’identité, c’est la guerre », de Roger Martelli

roger_martelliEéditions Les liens qui libèrent, 205 pages, 18,50 euros.

Sur tout le continent européen, l’extrême droite a imposé l’idée que l’identité serait l’enjeu crucial des sociétés contemporaines. Le mouvement des hommes, stimulé par l’actuelle mondialisation, serait en train de bouleverser l’équilibre des cultures installées. La nation, l’Occident, la chrétienté, nous dit-on, sont menacées : il nous faut donc désormais défendre notre identité, ou la retrouver si nous estimons qu’elle est perdue. « Nous ne sommes plus chez nous » devient un credo de plus en plus lancinant. Et quand on n’est plus chez soi on finit par ne plus savoir qui on est…

La peur de l’autre est en passe de devenir le pivot exclusif de nos imaginaires. À quoi s’ajoute une autre conviction, qui veut que les sociétés occidentales soient en « état de guerre ». Le choc des civilisations opposant l’Occident et l’Islam avait été annoncé dès le début des années 1990. Après l’attentat du World Trade Centre, il est devenu une guerre contre le terrorisme, qui justifie les mesures les plus sévères, aux confins de l’état d’exception. La crainte de l’identité perdue et la hantise de la menace se conjuguent ainsi, au risque de toutes les clôtures et de tous les affrontements.

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« Pour la démocratie martiniquaise » : décapant, amusant et instructif

cla_3_courants_ploitiquesChristian Louise-Alexandrine, que des générations d’élèves connaissent bien pour avoir suivi des cours de Sciences Economiques et Sociales et que quiconcque s’interesse un tant soit peu à la vie politique de la Martinique connait pour ses engagements, publie une contribution au débat qui s’intitule « Pour la démocratie martiniquaise ». Après un très rapide apperçu de ce qu’a été la vie politique ces dernières années, il propose un schéma synthétique des différents positionnements possibles à partir des de ce qu’il identifie comme étant les trois courants qui structurent la vie politique du pays. Economiste de formation il reprend le célèbre schéma de Freyssinet du « halo du chômage »et substitue aux notions initiales celles d’intégrationnistes, autonomistes et indépendantistes. On obtient donc sept positionnements politiques qui vont des plus tranchés aux plus flous. Le résultat est d’autant plus intéressant qu’au-delà du positionnement individuel au moment d’aujourd’hui on peut se poser la question de ce qu’il en était lors des scrutins précédents et reconstruire ainsi un parcours poilitique.
Mais là où l’ouvrage de Christian Louise-Alexandrine devient jubilatoire c’est quand il applique ce schéma au personnel politique de la Martinique.

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Benjamin Stora : « La gauche doit défendre les minorités et cesser de se cacher derrière un universalisme abstrait »

— Entretien réalisé par Elsa Sabado —

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La France n’en a pas fini avec son passé colonial. Il a imprégné les imaginaires et a constitué un socle idéologique sur lequel le Front national s’est construit. C’est ce Transfert d’une mémoire, de l’Algérie coloniale vers la métropole, qu’avait décrit Benjamin Stora en 1999. Cet ouvrage analysait déjà les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l’immigration ou de l’Islam en France seraient au cœur du débat public.

C’était également le sujet du roman d’Alexis Jenni, L’Art français de la guerre. Un dialogue inédit entre l’historien et l’écrivain permet ici d’éclairer la nature de cet imaginaire colonial et son actualité, dans une France secouée par les grands défis qui surgissent après le « Choc de janvier 2015 ».

Face aux crispations identitaires, cet échange passionnant invite à mener une bataille culturelle décisive pour sortir de la violence des mémoires et à affronter enfin, par une prise en compte sereine de l’Histoire, les enjeux du présent.

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Pour l’historien Benjamin stora, si la parole s’est libérée en France sur la guerre d’algérie, cela s’est fait en ordre dispersé, faisant craindre une guerre de « mémoires ».

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Le serpent et la hache, chronique d’ETA avant l’adieu aux armes

file_ramuntxoENTRE LES LIGNES – Ils sont flics, avocats, journalistes, bandits, magistrats… Acteurs ou observateurs de l’actualité judiciaire, ils ont pris la plume. Stéphane Joahny, reporter au service société du JDD, leur donne la parole. Ce mois-ci : File, Ramuntxo, de Pierre Lodi, aux éditions Gatuzain.

« Nous luttons pour la liberté de ce pays et nous ne cesserons jamais de le faire… » Arnaldo Otegi, 57 ans, était attendu en héros ce samedi 5 mars dans un stade vélodrome de San Sébastian trop petit pour les 10 à 20.000 personnes venues lui rendre hommage. Après six ans et demi passés en détention et auréolé d’une image de pacificateur pour avoir été l’un des premiers à souhaiter l’arrêt de la violence, l’ancien dirigeant de Batasuna incarne plus que jamais le renouveau politique indépendantiste basque.

Condamné en 2003 à vingt ans de réclusion pour son appartenance à ETA, Lorentxa Guimon, 46 ans, originaire d’Anglet, vient elle aussi de recouvrer la liberté. Elle la doit à la mobilisation militante qui accompagne tout prisonnier basque détenu aussi bien en France qu’en Espagne – plusieurs centaines de personnes avaient fait le déplacement jusqu’à Rennes fin février pour appuyer sa demande de remise en liberté – mais surtout à son état de mauvaise santé (elle est atteint de la maladie de Crohn) jugée incompatible avec la détention…

Qui sont-ils ces Basques aux passeports espagnols ou français qui, de sept provinces accrochées de part et d’autre des Pyrénées, rêvent de construire un pays malgré le prix à payer : plus de 800 morts d’un côté, des années de prison par centaines de l’autre?

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Les syndicats en Afrique à l’épreuve du néolibéralisme

revue_tiers-monde-224Les chantiers du syndicalisme en Afrique Sous la direction de Benjamin Rubbers et Alexis Roy. Revue Tiers- Monde, n° 224, Armand Colin, 20 euros.

Le choc des politiques d’ajustement structurel, à partir des années 1980, a totalement refaçonné les paysages syndicaux sur le continent africain, avec les suppressions massives d’emplois et la fragilisation des travailleurs dans les bastions traditionnels. L’arrivée, ces dix dernières années, de compagnies étrangères attirées par les ressources minières, forestières ou agricoles, a dopé les taux de croissance… sans retombées en matière d’emploi. Ce numéro de la revue Tiers-Monde décrypte les défis que ces mutations économiques posent aux syndicats africains. Les auteurs s’attachent, aussi, aux dynamiques syndicales créées par la relative ouverture du jeu politique depuis les années 1990. De la concurrence avec les ONG estampillées « société civile » à la complexité, voire l’ambivalence des rapports avec des gouvernements toujours placés sous la tutelle des institutions financières internationales, se dessinent des stratégies syndicales contrastées, miroirs d’inégales luttes contre les politiques néolibérales.

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Parutions. Janvier 2016

emprise_religionsPenser la religion en matérialistes historiques

Nicolas Mathey

L’Emprise  des religions Manière de voir, éditions le Monde diplomatique numéro 145, février-mars  2016, 98 pages,
8,50 euros.

Face à l’inhumaine absurdité du monde libéral, il nous faut aussi comprendre le phénomène religieux qui prétend lui répondre. Citons Marx : « Tout bouleversement historique des conditions sociales entraîne en même temps le bouleversement des conceptions et des représentations des hommes et donc de leurs représentations religieuses. » Dans le dernier recueil d’articles du Monde diplomatique, on retrouvera justement l’analyse des conditions qui encouragent la résurgence politique du religieux. Ainsi, « les régimes arabes n’ont jamais cessé d’instrumentaliser la religion musulmane », note Akram Belkaïd. D’autres contributions se penchent sur l’importance électorale des Séfarades en Israël, du mouvement Gülen en Turquie, et de l’Opus Dei dans le monde chrétien. Au-delà de ces confusions entre pouvoirs religieux et politiques, c’est la question de la nécessité de croire que pose le philosophe Jacques Bouveresse. Y compris par une « une religion de l’humanité », selon l’expression de Durkheim.

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la_nueeEthnographie surréaliste dans le champ jazzistique

SOCIOLOGUE Michael Löwy
La Nuée.  

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Une «  nouvelle efficacité productive, économique, écologique  »

— Par Jean Lojkine, sociologue —

daniel_bachet_critiqueCritique de la finance capitaliste. Pour un financement solidaire Daniel Bachet. Éditions du Croquant, 190 pages, 20 euros.

L’originalité de la démarche de Daniel Bachet tient dans sa conception plurielle de la rationalité économique. Pour lui, en effet, la notion d’efficacité économique, d’efficience, ne se réduit pas à la rationalité économique capitaliste. On peut sortir du cadre étroit de la division entre rationalité économique et « logique des sentiments » en privilégiant une économie alternative tournée vers les valeurs universelles : égalité, justice sociale. Une autre efficacité est possible, est même présente dans le mouvement coopératif à travers la découverte de nouvelles normes, de nouvelles règles, de nouveaux critères de gestion qui relèveraient du « bien commun », de la primauté accordée à la satisfaction des besoins humains et sociaux. Ainsi on peut construire une « nouvelle efficacité productive, économique, écologique ». Le profit ne doit plus être l’unique objectif. On rejoint ici d’autres démarches alternatives comme les « nouveaux critères de gestion » de Paul Boccara. Mais est-ce possible ou n’est-ce qu’une nouvelle utopie ?

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Pour la sociologie Et pour en finir avec une prétendue « culture de l’excuse »

lahire_pour_la_socioBernard Lahire

Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement accusée d’excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. A gauche comme à droite, nombre d’éditorialistes et de responsables politiques s’en prennent à une « culture de l’excuse » sociologique, voire à un « sociologisme  » qui serait devenu dominant. Bernard Lahire démonte ici cette vulgate et son lot de fantasmes et de contre-vérités.
Il livre un plaidoyer lumineux pour la sociologie et, plus généralement, pour les sciences qui se donnent pour mission d’étudier avec rigueur le monde social. Il rappelle que comprendre les déterminismes sociaux et les formes de domination permet de rompre avec cette vieille philosophie de la responsabilité qui a souvent pour effet de légitimer les vainqueurs de la compétition sociale et de reconduire certains mythes comme celui du self made man, celui de la « méritocratie » ou celui du « génie » individuel.
Plus que la morale ou l’éducation civique, les sciences sociales devraient se trouver au coeur de la formation du citoyen, dès le plus jeune âge.

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Parutions : Guy Debord, Yvon Quiniou, François Châtelet

guy_debordGuy Debord, l’ivresse situationniste

Didier Pinaud
Jeudi, 14 Janvier, 2016

« Debord, le naufrageur« , de Jean-Marie Apostolidès. Le nouveau travail biographique sur celui qui incarne le mouvement des années 1950-1970 cherche à démontrer la tentation messianique et le penchant dogmatique de sa démarche.

Après le Guy Debord d’Anselm Jappe (Denoël, 2001), celui de Vincent Kaufmann (Fayard, 2001), voici celui de Jean-Marie Apostolidès, avec cette phrase de Guy Debord lui-même présentée sur le bandeau : « Les naufrageurs n’écrivent leur nom que sur l’eau »…

Écrire, marcher sur l’eau : c’est précisément ce qu’il y a de nouveau dans cette biographie. Le côté quasi religieux du personnage, que l’on voit ici avoir eu un vif intérêt pour le pamphlétaire catholique Léon Bloy… C’est même tout le discours situationniste qui développe cette tendance. « Le postulant doit adhérer aux dogmes d’une façon absolue », dit ici Jean-Marie Apostolidès. Le biographe insiste : « Ceux-ci donnent en toute lucidité aux thèses situationnistes la forme de dogmes dont il serait dangereux de s’écarter. »

« L’avenir sera peut-être de situations, il ne sera sûrement pas situationniste »

La Société du spectacle paraît en 1967 et ne sera sans doute pas pour rien dans le déclenchement des événements du printemps suivant, comme Guy Debord le laisse entendre dans Panégyrique.

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Eugénie Tell-Eboué : histoire d’une passion

—Avant-propos de Rodolphe Alexandre, Président de la Région Guyane —

tell_eboueEugénie Tell naît à Cayenne le 23 novembre 1891. Elle est la fille d’Herménégilde Tell, fonctionnaire de l’administration pénitentiaire, qui a gravi tous les échelons des postes d’encadrement jusqu’à en devenir le tout puissant directeur en Guyane. Il est en outre franc-maçon, fréquente les hauts grades, et il est le vénérable de la loge La France Equinoxiale, de la Grande Loge de France à Cayenne.
Après des études secondaires au lycée de jeunes filles de Montauban, Eugénie Tell revient en Guyane, où son père lui assure un emploi d’institutrice à Saint-Laurent-du-Maroni.
Tout ainsi concourt à faire d’Eugénie une jeune fille en vue de la bonne bourgeoisie créole guyanaise, fréquentant les associations de bon goûts, les thés dansants et les bals de la loge, et pouvant espérer un mariage « aisé » avec un notable local, bien à l’écart de la misère du petit peuple de la colonie.
Les hasards de la vie vont lui faire rencontrer, de passage en Guyane, un jeune administrateur colonial en congé de son poste africain : Félix Eboué.

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Benjamin Stora : « La décolonisation des imaginaires n’est pas une question achevée »

stora_memoires_dangereusesDans les « Mémoires dangereuses. De l’Algérie coloniale à la France d’aujourd’hui » (Albin Michel), 
le spécialiste de la guerre d’Algérie lance un plaidoyer en faveur d’une bataille culturelle contre la radicalisation et l’obscurantisme par la réappropriation en commun d’une histoire coloniale refoulée. 
Il sera l’hôte des Agoras de l’Humanité, accueillies samedi, au musée de l’histoire de l’immigration à Paris.

La réédition de votre essai Transfert d’une mémoire, avec vos Mémoires dangereuses, se veut un acte engagé. Quels enjeux attachez-vous à cette intervention dans le débat public actuel ?

Benjamin Stora Ce livre, je l’ai écrit en 1998, à mon retour du Vietnam. À l’époque, j’avais trouvé un paysage politique français inquiétant. J’avais quitté la France à un moment marqué par la montée du FN. Tout au long de mes études sur l’histoire de l’Algérie et du Maghreb contemporain, j’avais déjà pointé une série de passages de mémoire d’une rive à l’autre de la Méditerranée et j’avais, à l’époque, décidé d’écrire cet essai pour montrer comment se formaient des comportements, des réflexes et des mémoires que j’ai qualifiés de « sudistes ».Il

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Dictionnaire passionné du tango

tango_passion« Le tango réside entre un pas et un autre, là où s’entendent les silences et où chantent les muses », disait le danseur Gavito, comme si c’était dans cette pause, cet interstice, que s’exprimaient les émotions qui donnent naissance au pas suivant. Dans cet entre-deux, naît et vit le tango que nous aimons.

Ni guide, ni encyclopédie exhaustive, ce dictionnaire se veut une déambulation subjective dans un univers en perpétuelle mutation. Car si le tango est bien un monde en soi, une musique, une danse, une poésie, il définit aussi une certaine conception de l’existence. Une promenade en liberté qui, si elle parcourt les sentes balisées de l’histoire et des références communes de Buenos Aires à Paris et au-delà, emprunte aussi des chemins de traverse au gré de nos investigations et de notre fantaisie.

Plus de cinq cents entrées font ainsi la part belle aux biographies de personnages (musiciens, chanteurs, danseurs, poètes…), mais aussi aux lieux, aux paroles, aux techniques et aux concepts, et permettent de reconstituer le voyage de cette alchimie métisse née dans le Río de la Plata au tournant du XXe siècle et vécue aujourd’hui autour du monde par des milliers de passionnés.

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Bourdieu et les sciences sociales. Réception et usages

bourdieu_&_sciences_socialeCollectif sous la direction de Catherine Leclercq, Wenceslas Lizé et Hélène Stevens
Pierre Bourdieu n’a cessé de dialoguer, mais aussi parfois de « ferrailler », avec différentes traditions disciplinaires. Mais que sait-on, au juste, de la façon dont son œuvre est lue et utilisée par les chercheurs en sciences sociales ?
Ce livre cherche à répondre à cette question en éclairant les logiques de réception et d’appropriation de ses travaux dans plusieurs disciplines : la sociologie, l’anthropologie, l’histoire, la science politique, la philosophie, l’économie, le droit, les études littéraires et les sciences de l’information et de la communication.
L’originalité de cet ouvrage tient non seulement à son parti pris pluridisciplinaire, mais également au fait qu’il rassemble plusieurs générations de chercheurs, et donne ainsi à voir la dynamique des usages de la pensée de Pierre Bourdieu au-delà du premier cercle de ses collaborateurs et de ses élèves.
Contribution à une histoire des sciences sociales, ce livre témoigne du travail de chercheurs qui concourent à la construction de savoirs décloisonnés, réflexifs et critiques.
Avec une conférence inédite de Pierre Bourdieu, donnée à Chicago, le 8 avril 1989.

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