Catégorie : Parutions

Le mariage d’amour n’a que 100 ans… »

mariage_damour-2Comment peut-on affirmer cela ? Il y a bien longtemps que l’on n’épouse plus ni une dot, ni un nom, ni un titre de noblesse !

Et pourtant…

À la manière d’une enquête, ce livre retrace la longue histoire du couple : notre ancêtre Lucy a-t-elle choisi son compagnon par amour comme le font avec évidence toutes les Lucies d’aujourd’hui ? Sans jugement et en se fondant sur des faits historiques, il explique comment un simple contrat d’intérêts s’est embarrassé au fil des siècles d’un élément incroyablement nouveau : l’amour ! Et comment, finalement, ce sentiment a redistribué les cartes pour offrir au xxie siècle des possibilités totalement inédites…

Laurence Caron-Verschave a débuté sa carrière comme journaliste avant de travailler dans la communication.

Yves Ferroul est médecin sexologue, chargé de cours d’histoire de la médecine et de cours de sexologie à la faculté Lille-II. Il est également agrégé de lettres, docteur en lettres, et a enseigné la littérature du Moyen Âge à l’université Lille-III. Il est le coauteur avec Élisa Brune du Secret des femmes.

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Chronique d’un lieu de pensée, Fonds Saint-Jacques

— Par Jean Benoist —

fds_st_jacques_chroniqueDurant quinze années, le Centre de recherches caraïbes de l’université de Montréal a été présent aux Antilles, par ses chercheurs et ses étudiants. Installé à la Martinique dans le beau lieu historique de l’ancien monastère de Fonds St-Jacques, le centre a d’abord permis le sauvetage et la restauration du lieu. Puis,il a réalisé de multiples travaux en anthropologie, linguistique, archéologie, géographie,démographie, zoologie et écologie et publié un grand nombre de livres et d’articles.
Créé en 1968, lors d’une période charnière de la présence du Québec au monde, il a été un lieu de rencontre de la francophonie et il a donné naissance à de nombreux liens entre les Antilles et le Québec. Dans ce livre, on suit ses activités au quotidien, on suit les efforts de ceux qui ont oeuvré à l’essor du Centre, on voit débuter la carrière des chercheurs et des enseignants qui s’y sont formés, et on découvre certains de leurs travaux.
Mais ce livre dépasse le cas particulier du centre de recherche de Fonds St-Jacques, pour devenir l’étude du milieu de la recherche.

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Les vingt ans de « Recherches en Esthétique »

— Par Pierre Juhasz —

recherches_esthetique_01-20La revue Recherches en Esthétique, avec son vingtième numéro, fête sa vingtième année d’existence. Étant un fidèle lecteur de cette revue depuis sa naissance et contribuant, depuis cinq ans, par des articles ou des recensions, à alimenter ses pages, je souhaite, par les quelques lignes qui suivent, participer à cette célébration en évoquant, à travers les vingt numéros parus, ce qui constitue, à mes yeux, la très grande qualité de cette revue et, dans le champ des publications sur l’art, son unicité. Célébration que je souhaiterais sous le signe, non d’une commémoration, mais, comme le dirait Walter Benjamin, d’une remémoration, afin que se dessinent – en plasticien que je suis – les contours du territoire et des horizons ouverts et couverts par Recherches en Esthétique, afin d’esquisser brièvement l’histoire et la géographie qui lui ont donné naissance.

En tant qu’enseignant d’arts plastiques, en tant que plasticien et aussi, parfois, critique d’art, ma réflexion porte sur l’enseignement artistique, sur l’approche discursive des œuvres d’art et plus généralement sur les questions relatives à l’art. C’est ainsi qu’à travers les numéros successifs, l’occasion m’a été donnée de m’interroger sur l’imprévisible dans l’enseignement artistique, sur l’insolite dans l’œuvre de Jean-Jacques Lebel, sur la notion de trouble dans l’Assomption du Titien ou encore, de me pencher sur la question de l’engagement dans l’œuvre de Joan Fontcuberta, ou encore, j’ai eu l’occasion de présenter, dans le dernier numéro, le très bel ouvrage de Jean Lancri sur Etant donné de Duchamp : De l’ombre chez (ou sur) Marcel Duchamp.

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« Penser le nazisme » : Johann Chapoutot publie La loi du sang.

la_loi_du_sangDevant l’ampleur et le caractère inédit des crimes nazis – qu’ils soient collectifs ou individuels –, les historiens butent sur la causalité profonde, qui reste obscure.
Ces comportements monstrueux s’appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu’il faut prendre au sérieux. C’est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l’extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée – correspondances, journaux intimes –, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible comment les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d’agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l’ennemi biologique.
Si le métier d’historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.

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« Le Code Noir. Idées reçues sur un texte symbolique » de J-F Niort

code_noir_jf_niortPrésentation éditeur
Texte fondateur du droit colonial français, le Code Noir a suscité beaucoup de confusions et d’erreurs, à commencer par son nom lui-même… Code Noir ou Édit de mars 1685? Écrit par Colbert? Dont il n’existerait qu’une seule version? Qui aurait réduit les esclaves à l’état de chose? …

Présentant les acquis des recherches historiques récentes, cet ouvrage corrige un certain nombre d’idée s reçues sur le Code Noir dont on n’a d’ailleurs toujours pas retrouvé à ce jour l’original aux Archives nationales.
Auteur
Jean-François Niort , historien du droit colonial et spécialiste du Code Noir, est maître de conférence HDR en Histoire du droit, à la Faculté des Sciences juridiques et économiques de la Guadeloupe.

Sommaire
Avant-propos de Myriam Cottias
Préface de Marcel Dorigny
Introduction
« Le Code Noir a été écrit par Colbert. »
« Le Code Noir est le véritable nom de l’Edit de mars 1685. »
« Le Code Noir existe en une seule version. »
« Le Code Noir ne concerne que les esclaves. »
« Le Code Noir fait de l’esclave une chose. »
« L’esclave dans le Code Noir n’a pas de personnalité juridique.

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« Le chant du divers » de Manuel Norvat

Introduction à la philopoétique d’Édouard Glissant

le_chant_du_diversL’oeuvre d’Édouard Glissant est réputée difficile. Sa textualité résolument opaque déroute en des traces imprévisibles. C’est que Glissant fait appel à l’imaginaire des genres tant dans sa version canonique (roman, théâtre, poésie, essai) que dans le recours à la poétrie : une forme d’expression non fixée toute de poétique et de poterie, de terre et de langage.
Aussi l’oeuvre de Glissant est-elle toujours à venir et puissamment magmatique. De surcroît, Glissant ne semble pas assigné à résidence dans une spécialité puisqu’il convoque à sa guise la littérature et les autres domaines de la création, mais aussi les sciences et les savoirs de l’humain : histoire, anthropologie, sociologie, économie et philosophie.
D’où parle Glissant ? De quel point de vue ? De quel territoire de la pensée et de la création ? Ces questionnements interrogent le discours glissantien. Cet inextricable de l’oeuvre de Glissant réclamant un lecteur exigeant et sensible n’est pas inexplicable : c’est un plain-chant articulé autour du souffle du Divers. C’est de là que proviennent les sources multiples de la matière littéraire et réflexive d’Édouard Glissant : une philopoétique d’où s’énoncent les ritournelles conceptuelles et intuitives d’une vision du monde.

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L’empathie, nouvelle lumière du Monde

— Par Guy Flandrina —

pour_les_musulmansDans son dernier livre : « Pour les musulmans »1, le journaliste Edwy Plenel ouvre la porte du « plus large, contre le plus étroit ».

Il y plaide pour « l’écho divers du monde, le respect du pluriel et le souci des autres ». Il se refuse à accepter que l’on réduise la communauté humaine « à des identités assignées, à des places déterminées, à origines immuables, à nations fermées sur elles-mêmes ».

Le président de Médiapart clarifie les origines et les fondements de la laïcité, tout en pourfendant la construction des boucs émissaires que sont les musulmans, les noirs, les roms, les minorités, les opprimés.

L’auteur rappelle l’ouverture et la lucide générosité de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « les hommes naissent libres et égaux en droits ». Il ne se prive pas de rappeler son Préambule : « sans distinction de race, de religion, ni de croyances »… rempart plus que jamais d’actualité !

La naissance d’un homme et son histoire personnelle font le lit de sa perception du Monde, de son rapport à l’Autre.

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Le maître, l’esclave et l’Etat

— Par Philippe-Jean Catinchi —

libres_&_sans_fersLe 5 mars 1848, une semaine à peine après la chute de la monarchie de Juillet et la proclamation de la IIe République, se mettait en place une commission d’abolition de l’esclavage chargée de préparer l’émancipation, sous la présidence de Victor Schœlcher. Dès la première réunion, le 6 mars, les décrets sont en chantier, qui aboutiront le 27 avril à la pleine reconnaissance des  » nouveaux citoyens  » ou  » nouveaux libres « .

Mais qui sont ces femmes et ces hommes dont le sort se joue à Paris, fixés dans ces territoires lointains, Guadeloupe, Martinique, Réunion ? Plongeant dans les archives judiciaires où la  » parole de l’esclave  » s’entend parfois, sous la plume des greffiers, lorsque larcins et meurtres conduisent à la recueillir, Frédéric Régent, Gilda Gonfier et Bruno Maillard, qui travaillent respectivement en métropole, à la Guadeloupe et à La Réunion, relèvent le défi de l’interroger. Malgré la difficulté de la langue, d’abord. S’ils s’expriment  » libres et sans fers « , selon l’expression judiciaire consacrée, les esclaves le font dans des idiomes que les sources ne respectent pas, traduisant avec le piège d’équivalences linguistiques peu sûres la plupart des propos, sauf à conserver une formule originale pour le piquant du pittoresque.

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« La démocratie contre les experts » de Paulin Ismard

Les esclaves publics en Grèce ancienne

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Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l’expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l’État qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.
Imaginons un instant que le dirigeant de la Banque centrale européenne, le directeur des CRS comme celui des Archives nationales, tout comme les greffiers des tribunaux soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français, ou, plus improbable encore, d’un peuple européen. Quelle forme emprunterait la délibération entre députés si les esclaves étaient le seul personnel attaché de façon permanente à l’institution, alors que les parlementaires étaient renouvelés tous les ans ?
Ils étaient greffiers, archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, ils furent, à leur manière, les premiers fonctionnaires des cités grecques. Le relatif silence des sources à leur sujet ne dit rien de l’ampleur de cette étrange institution que fut l’esclavage public en Grèce ancienne. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui supposaient une véritable expertise dont étaient dénués la plupart des citoyens, il s’agissait pour la cité de placer hors du champ du politique la question de la compétence technique en la rendant impropre à justifier la participation politique.

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Soirée littéraire autour de l’ouvrage : « Alfred MARIE-JEANNE, une traversée verticale du siècle »

Jeudi 19 mars 2015, 18h30 à la Bibliothèque Schœlcher

amj_verticaleLa Bibliothèque Schœlcher vous invite à la soirée littéraire autour de l’ouvrage : « Alfred MARIE-JEANNE, une traversée verticale du siècle » de Louis BOUTRIN et Raphaël CONFIANT.
Grande figure de la vie politique martiniquaise depuis bientôt quatre décennies, Alfred Marie-Jeanne ne s’est jamais vu consacrer aucun livre et le parti qu’il a fondé, le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), est, lui aussi, très peu étudié par les politologues, sociologues et autres spécialistes des sciences humaines et sociales.
Ils sont pourtant incontournables pour qui cherche à comprendre les aspirations politiques des Martiniquais, aspirations que l’on peut étudier à travers leurs votes aux différentes élections locales et « nationales ».« Après plus de vingt ans d’isolement en tant que maire dans son fief de Rivière-Pilote, Alfred Marie-Jeanne a su s’imposer avec maestria sur la scène politique martiniquaise, devenant deux fois président du Conseil régional et député (d’abord du Sud, puis du Centre-Atlantique) (…) Décrypter la figure de Marie-Jeanne n’est pas un exercice facile tant son parti et lui ont fonctionné dans l’oralité, privilégiant le contact direct avec le peuple en lieu et place de manifestes politiques fièrement affichés à travers des livres.

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« Kant et le temps » de Guillaume Pigeard de Gurbert

kant_&_le_tempsEn élargissant l’extension du concept de temps, Kant en révolutionne la compréhension : le temps a en effet été restreint à la succession, alors que « les trois modes du temps sont la permanence, la succession, la simultanéité ». Kant révèle que le temps n’est pas seulement ce qui fait que les choses passent, mais aussi ce qui fait qu’elles arrivent en même temps et, plus fondamentalement encore, ce qui fait qu’elles durent. Cette extension du domaine du temps déclenche bel et bien une révolution qui va révéler la présence du temps là où il semblait absent : deux points ne pouvant se trouver à côté dans l’espace sans y être en même temps, la géométrie baigne dans le temps. De même, la substance des choses que les philosophes ont prise pour leur être éternel ou métaphysique n’était que leur permanence dans le temps, c’est-à-dire leur durée ! Kant met ainsi au jour un inconscient de la raison pure (c’est Kant qui parle d’inconscience) qui la montre influencée à son insu par le temps qu’elle croyait avoir dépassé.

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Le pari du réel pour sortir de l’ordre établi

— Par Aliocha Wald Lasowski, philosophe —

badiou_platonÀ la recherche du réel perdu, éditions Fayard, 80 pages, 12 euros.
Métaphysique du bonheur réel, éditions PUF, 96 pages, 12 euros.
Entretien platonicien, éditions Lignes, 80 pages, 14 euros.

 

Le renoncement au réel est-il définitif ? Dans trois ouvrages, le philosophe Alain Badiou en appelle à interroger notre société contemporaine pour redécouvrir la pensée vive et joyeuse.

Il y a dix ans, dans le Siècle (Le Seuil, 2005), le philosophe Alain Badiou posait un double regard sur le XXe siècle : d’un côté, les violences et atrocités ont plongé le monde dans la guerre et la barbarie, conduisant à ce qu’il appelle « l’horreur du réel » ; de l’autre, certaines figures exemplaires, comme les artistes des années 1920-1930 (le poète Mandelstam, le peintre Malevitch, le musicien Webern…), loin de l’utopie imaginaire ou de l’idéologie destructrice, ont incarné un élan enthousiaste et positif, énergie créatrice que Badiou nomme « la passion du réel ». Mêlant projet esthétique et expérimentation politique, la passion du réel des avant-gardes a rapidement laissé place, dès les années 1950, à une forme d’abandon et de désespoir.

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Dominique Hoflack, le crime féminin dans la peau

— Par Karen Lajon —
hoflakDans un livre coup de poing, la magistrate Dominique Hoflack se penche sur ces femmes victimes ou bourreaux.

Dominique Hoflack possède la voix rauque des grands fumeurs. D’ailleurs, l’avocate générale de la Cour de Bordeaux, éclate d’un rire franc lorsque je lui pose la question : « Mais bien sûr, que je fume! ». Quelle question, franchement! Il y a des évidences qui semblent inhérentes à cette femme de droit. Comme son amour de la loi et de la justice. Comme cette fascination qu’elle éprouve pour le crime et peut-être encore plus pour le « passage à l’acte ». « J’invite les lecteurs à pénétrer dans l’antre des cours d’assises qui est le reflet de l’âme humaine. »

Une égalité revendiquée jusque dans le crime

Dominique Hoflack, redoutée dans les prétoires, aime les grandes phrases, celles qui veulent signifier le Mal et le Bien. Dans un livre court et musclé, cette avocate, qui se plaint déjà de partir à la retraite l’année prochaine, se penche sur le cas de plusieurs femmes, tantôt victimes, tantôt bourreaux. Elle commence par expliquer que les deux l’intéressent puis, après réflexion, admet sa préférence pour les femmes bourreaux, « parce qu’elles ont une personnalité plus difficile à décrypter que celles des victimes ».

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Les Indo-Européens, un peuple zombie

— Par Boris Valentin, professeur d’archéologie —

proto_indo_europeenMais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident Jean-Paul Demoule, Éditions du Seuil, 752 pages, 27 euros.

La plupart des langues d’Europe, actuelles ou mortes, présentent divers niveaux de ressemblance entre elles et avec des parlers iraniens et indiens. Ces correspondances, relevées dès le XVIIIe siècle, furent trop vite assimilées aux vestiges d’une langue primordiale. Depuis, beaucoup de chercheurs ont traqué l’origine géographique de ces prétendus locuteurs ainsi que leurs pérégrinations. Placé d’abord en Inde, le berceau originel fut rapatrié sur les rives de la Baltique par des germanomanes de la fin du XIXe siècle, obsédés par le destin historique de leur nation récemment unifiée. L’archéo
logie et l’anthropologie raciste s’enrôlèrent pour donner une fausse consistance à ce mirage 
d’où surgirent les « Aryens », ancêtres tutélaires 
dans la légende pangermaniste des nationaux-socialistes. Depuis les années 1960 et Louis Pauwels, cette saga criminogène est resservie presque telle quelle par l’extrême droite « paganiste », mais son infamie a orienté des savants illustres vers deux autres hypothèses géographiques formulées bien avant eux.

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Libres et sans fers, paroles d’esclaves français. Conférence ouverte à tous.

Un cours tout public sur les sociétés et économies antillaises au lendemain de l’abolition suivi d’une séance de dédicace le samedi 21 février 2015

libres_&_sans_fersRaconter sa vie d’esclave,
raconter son maître
« Il y a beaucoup de mots français dont je ne saisis ni le sens ni la
portée »
« Je ne concevais pas tant de rigueur de la part d’un maître si bon »
Des vies vouées au travail
« Il faisait avec sa bande des trous de canne »
« J’ai dit à mon maître : Vous voyez, monsieur, il saigne, mon fouet est
plein de sang. »
« Je me nomme Florentine, je suis âgée de trente ans, je suis
couturière et esclave. »
La vie en dehors du travail forcé
« Il avait le plus beau jardin. Il travaillait autant pour lui que s’il avait
travaillé pour un blanc»
« Des ignames, des bananes, des cabris… de la morue, de la farine de
manioc, du maïs, du sel et du sirop ».
« Comme j’avais quelqu’argent »
« J’étais habillé d’une simple culotte bleu et d’un manteau que
m’avait prété Louis
« J’ai eu des relations tout-à-fait fugitives »
Violence des maîtres, souffrance et violence des esclaves
« Il faut corriger les mauvais sujets »
« Maître qu’à faire froid dans cachot-là »
« Je ne me rappelle plus j’étais ivre et je perdis connaissance »
Vivre libre et mourir
« J’ai voyagé avec quelques noirs mais que je ne connais pas.

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Derrida et la question juive

 

— Par Nicolas Dutent —

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Le Dernier des juifs,
de Jacques Derrida,
Editions Galilée, 144 pages, 22 euros.

«Tu vas rentrer chez toi, mon petit, tes parents recevront un mot. » Ce matin d’octobre 1942, sous le soleil trompeur d’Alger, les mots que Jackie reçoit du surveillant du lycée de Ben Aknoun ont l’effet d’un tremblement de terre. « Le pourcentage de juifs admis dans les classes algériennes vient d’être baissé de 14 à 7 % : une nouvelle fois, le zèle de l’administration a dépassé celui de Vichy », situe Benoît Peeters dans sa riche biographie (Derrida, Flammarion) consacrée à l’intellectuel des marges. L’étude du rapport que Jacques Derrida cultiva avec le thème de la judéité, entreprise qui fait l’objet d’un ouvrage audacieux aux éditions Galilée, est une belle aventure. Elle n’en demeure pas moins risquée tant les liens que le penseur entretient avec son éducation et sa culture juives – sans même statuer sur l’assignation incertaine à une essence – sont profonds et complexes⋅ Ce travail est indissociablement introspectif et conceptuel⋅ Il impose déjà, en vue d’atteindre ce que Sartre appelle la profondeur du vécu, de renouer avec une approche biographique sans laquelle une blessure, disons originelle, ne peut s’apprivoiser.

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Libres et sans fers, paroles d’esclaves français

Présentation-débat du livre de Frédéric Régent, Gilda Gonfier, Bruno Maillard  le 10 février à 19h

libres_&_sans_fersIls s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor…
Tous sont esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique. Ils s’expriment, « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs témoignages inédits racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux châtiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient parfois la mort.

Ces témoignages, souvent très émouvants, permettent de revoir l’image trop caricaturale d’un être aliéné, sans capacité face à l’horreur de l’esclavage, ou celle au contraire, d’un esclave toujours rebelle obsédé par l’idée de détruire la société coloniale.

 Cet ouvrage a été co-écrit par Gilda Gonfier, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), Bruno Maillard, docteur en histoire et chercheur rattaché au Centre de Recherche sur l’Océan Indien, Université de la Réunion (Université de la Réunion) et Frédéric Régent, maître de conférences en histoire à l’université Paris 1 Panthéon- Sorbonne à L’institut d’Histoire de la Révolution française.

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Un racisme en Noir(e) et Blanc(he), de Marie-Andrée Ciprut

Avec la collaboration de Franca Ongarelli Loup

m-a_ciprutLa perception du Semblable et de l’Autre différent évolue suivant les époques, influencée par des phénomènes politiques, sociaux, culturels et religieux. Quant au racisme, il sévit partout, pas seulement dans les partis d’extrême droite qui en font commerce. Il persiste en début de XXIe siècle malgré les grands progrès pour l’éradiquer.
Après un bref survol de la mise en esclavage d’Africains pendant quatre siècles aux Antilles, source d’un racisme lié à la couleur de peau, des exemples et des témoignages mettront en lumière ses répercussions et les relations qu’il entretient aujourd’hui avec des catégories telles que les stéréotypes, la xénophobie et la discrimination.
Ici, contrairement aux notes de musique,
une Noire = une Blanche, une Blanche égale une Noire !…
Marie-Andrée Ciprut est psychologue-psychothérapeute, co-fondatrice en 1995 et ancienne responsable clinique de l’association « Pluriels » (Centre de Consultations ethnopsychologiques pour Migrants) à Genève.

Editions Fortuna :

ISBN : 978-2-87591-041-7

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Une géographie humaine racontée par celles et ceux qui l’habitent

romain_cruseRomain Cruse

Une géographie populaire de la Caraïbe, adaptation d’Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn, rompt avec le regard enchanteur et fantastique des clichés touristiques. La Caraïbe est enfin une terre habitée. Romain Cruse mise ainsi sur une géographie humaine : la terre racontée par celles et ceux qui l’habitent. La caméra est braquée sur les villages de pêcheurs de Trinidad et de la Dominique, les quartiers surpeuplés d’Haïti, les Nègres marrons du Suriname, les communautés rasta de la Jamaïque, etc. L’auteur adopte le regard des classes populaires, inspiré d’observations sur le terrain et fondé sur un travail de recherche minutieux. La Caraïbe n’est donc ni un éden, ni un modèle de libre-échange, encore moins une région à forte croissance économique. On y découvre plutôt des sociétés profondément divisées selon des clivages ethniques et sociaux hérités du colonialisme, des bidonvilles dissimulés derrière des décors de carte postale, la manipulation des masses par les élites locales et les investisseurs étrangers⋅ Le géographe Romain Cruse donne à voir et à comprendre la condition caribéenne contemporaine, condition qui se nourrit de cultures et d’histoires singulières.

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Le privé à l’assaut du patrimoine culturel

— Par Laurent Etre —
culture_&_privatisationAvec leur ouvrage Main basse sur la culture, les journalistes Michaël Moreau et Raphaël Porier 
nous entraînent dans les arcanes de la marchandisation de la culture.

Voici un livre qui tombe à point nommé, alors que l’inauguration de la Fondation Louis-Vuitton par Bernard Arnault, le week-end dernier, a suscité un emballement médiatique sans doute au-delà des espérances du PDG de l’entreprise de luxe LVMH. Certes, pour une part, l’enthousiasme concernait la prouesse architecturale de Frank Gehry, le concepteur du bâtiment de verre. Mais cela ne fera pas oublier l’opération de communication menée par Bernard Arnault. Évoquant le personnage, les auteurs de Main basse sur la culture rappellent qu’il a « bâti son empire sur les décombres de l’usine de textiles Boussac, rachetée en 1984 parce que l’entreprise détenait la pépite Christian Dior ».

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« Contre-histoire du libéralisme », de Domenico Losurdo

— Par Jérémy Perrin —
domenico_losurdo-400Victor Hugo passe pour être l’auteur de l’observation selon laquelle « l’amour des Anglais pour la liberté se complique d’une certaine acceptation de la servitude d’autrui. » Si l’on réclame des preuves, c’est du côté de Domenico Losurdo qu’il faut se tourner, avec cette Contre-histoire du libéralisme qui paraît aux éditions La Découverte, traduction bienvenue d’un ouvrage italien, paru en 2006 aux éditions Laterza. Le philosophe d’Urbino, spécialiste de Hegel, nous y propose une enquête attentive sur les angles les moins flatteurs du libéralisme réel. Il insiste en particulier sur la permanence massive de pratiques attentatoires à toute liberté, dans les sociétés britanniques et américaines des XVIIIe et XIXe siècles.

Les premières révolutions « libérales » – celles d’Angleterre, d’Amérique et bien sûr, avant cela, de Hollande – ont largement renforcé l’esclavage. Bien loin de constituer une menace pour lui, leurs principes généreux l’ont conduit à son âge d’or – statistiquement visible à l’explosion du nombre d’esclaves. Domenico Losurdo parle ainsi d’un « accouchement gémellaire » du libéralisme et de l’esclavage racial. Ce thème constitue le point de départ de sa démarche qui, par un jeu serré de citations éclairées par quelques faits de contexte, nous conduit des colonies à la métropole, avant d’aborder la vision mondiale des libéraux classiques, puis de conclure par l’héritage supposé de cette vision dans les catastrophes politiques du siècle dernier.

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«La Troisième Révolution» de Rifkin n’aura pas lieu

— Par collectif* —

rifkin_3eme_revoLe dernier livre de Jeremy Rifkin, la Troisième Révolution industrielle , est, ces jours-ci, très abondamment commenté dans la presse alors que son auteur multiplie les conférences grassement payées et les entrevues avec les puissants. Le succès foudroyant de cette expression «Troisième Révolution industrielle» n’est pas sans rappeler la formule, très à la mode dans les années 70, de «société postindustrielle». Mais quelle est exactement sa fonction ? Que recouvre-t-elle ? Et surtout, derrière son évidence apparente, que dissimule-t-elle ?

L’idée de Troisième Révolution industrielle part d’un constat apparemment juste : ce sont les lois de l’énergie qui gouvernent l’activité économique, or la crise actuelle marque l’essoufflement des trajectoires énergétiques du passé.

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Inégalités à tous les étages

— Par Patrice Trapier —
dubet_pref_inegalC’est l’une des énigmes du monde moderne : comment l’explosion des inégalités salariales (l’échelle idéale pour Henry Ford était de 1 à 4 ; elle est aujourd’hui plutôt de 1 à 30) et de la rente (10 % des Français se partagent 62 % des revenus du capital) ne fédèrent-elle pas 99% de la population contre le 1% le plus fortuné?

Au contraire, l’époque est marquée par une fragmentation des couches sociales et une crise des solidarités. Les fractures sont partout : régions riches contre régions pauvres ; salariés contre « assistés » ; diplômés contre non-diplômés ; logés contre SDF ; centres-villes contre périphéries ; Français « de souche » ou anciennement installés contre nouveaux arrivants, etc.

On a longtemps cru que le tropisme égalitaire handicapait la France dans la compétition mondiale. Le sociologue François Dubet montre, au contraire, que la devise républicaine « liberté-égalité-fraternité » n’est plus que de pure forme, que « le lien fraternel préalable » à la recherche de l’égalité (ou de l’équité) s’est affaibli après des décennies de crise. Pour lui, le pays a fait le choix de l’inégalité qui se déploie sur de multiples terrains : recherche du bouc émissaire, peur du déclassement, succès des intérêts catégoriels, incapacité à réformer l’école…

Dubet situe les ressorts de cet inégalitarisme dans la crise des piliers de l’intégration : le travail, la nation, les institutions.

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« Les années 30 sont de retour »

annees_30_retourPetite leçon d’histoire pour comprendre les crises du présent

de Renaud Dély, Pascal Blanchard, Claude Askolovitch, Yvan Gastaut

Comment tout cela va-t-il finir ? Les haines et les peurs de notre temps ont un parfum de redite, celui des années 30, cette décennie tragique qui mena le monde à l’abîme. Economique, sociale, identitaire ou politique, les crises s’additionnent depuis le krach de 2008, comme au temps de la Grande Dépression de 1929.
Mais qu’en est-il au fond ? Le reniement « social-libéral » de François Hollande vaut-il vraiment la « pause » de Léon Blum ? Poutine phagocytant l’Ukraine rejoue-t-il Hitler avalant les sudètes ? L’antisémitisme de la génération Soral-Dieudonné illustre-t-il la résurgence des haines d’un Céline ? Le danger Le Pen fait-il écho au péril nationaliste d’hier ? Telles sont quelques-unes des questions de cet ouvrage, fruit de la rencontre entre deux historiens et deux journalistes, qui se livrent à un incessant aller-retour entre passé et présent. L’Histoire n’est pas un éternel recommencement, mais ces années 30, si proches et si lointaines, si terribles et pourtant fondatrices, éclairent bien étrangement les crises du temps présent…
Claude Askolovitch est journaliste à iTélé.

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Avis de parution … Sociologie … Monde caraïbes … Questions de genre … Travail social … septembre 2014

siganos_esclavageL’ESCLAVAGE EST-IL SANS FIN ?

Nouvelles chroniques antillaise

André Siganos, ancien Recteur de l’Académie de Martinique

Ecrit sans langue de bois, sans parti-pris ni complaisance, mais avec une rigueur empathique, cet ouvrage est le viatique indispensable de tous ceux qui veulent vivre ou travailler aux Antilles, comme de tous ceux qui veulent comprendre de quoi se nourrit le malaise identitaire antillais. Eclairées par un séjour de quatre ans aux Antilles, s’inspirant des événements nationaux les plus récents, ces pages détruisent bien des clichés et traversent les préoccupations actuelles.

(19 euros, 192 p., septembre 2014) EAN : 9782343042510

EAN PDF : 9782336356280.

 

 

 

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