Sociétés marronnes des Amériques

ste_marronnes_amerik

Te yu koko yu futu, san di meki yu kaï no de na fesi, a de na yu baka

En marchant, l’homme qui bute sur un obstacle et trébuche ignore la raison de sa chute s’il ne se retourne pas pour en connaître la cause. Elle peut s’expliquer par la présence d’une motte de terre, d’une pierre, d’une souche d’arbre sur le chemin ou provenir de l’individu lui-même.

Cet adage bushinengue appelle à la vigilance sur le passé pour construire le présent.

Le colloque Marronnages et leurs productions sociales et culturelles dans les Guyanes et le bassin caribéen du XVIIe-XXe siècles : bilan et perspectives – Mémoires, patrimoines, identités et histoire, organisé par des descendants de Marrons dont les actes sont publiés ici, s’inscrit dans cette démarche.

Jusqu’à une époque récente (1960-1970), l’histoire du marronnage n’avait pas droit de cité dans le contexte surinamien, guyanais, antillais (Martinique, Guadeloupe) car elle rappelait le souvenir d’individus qui s’étaient dressés contre l’ordre établi, qui avaient refusé la « civilisation » pour s’enfuir dans la forêt.

Les plus grands spécialistes de ces rété sizé (ceux qui sont restés assis et muets), c’est-à-dire les groupes socio-culturels en marge de l’histoire officielle ou globale, nationale ou régionale sont ici réunis pour déloger le passé esclavagiste et marronniste de son enveloppe émotionnelle, catégorielle, clanique, familiale, individuelle ou collective afin de favoriser un dialogue des cultures et de redonner au terme « marron » sa dimension historique, culturelle et géographique en mettant en lumière la personnalité et les pratiques de ces esclaves qui avaient décidé de prendre leur destin en main.

Ils sont issus des Amériques, de l’Afrique et de l’Europe et se sont retrouvés en territoire marron pour présenter les travaux les plus récents.

Cet ouvrage, né du colloque interdisciplinaire et international sur les « Marronnages et de leurs productions sociales, culturelles dans les Guyanes et le bassin caribéen du XVIIe au XXe siècle », explore le marronnage dans les colonies esclavagistes des Amériques et de la Caraïbe dans une perspective globale comparée en déterminant les grandes lignes de rencontres et de divergences. Plusieurs spécialistes (anthropologue, historien, ethnomusicologue, linguiste, ethnobotaniste, géographe, littéraire, etc.) de la question et des personnalités de la société civile (associatifs, chefs coutumiers) ont apporté leur contribution pour une meilleure connaissance des sociétés marronnes des Amériques, de leur rapport avec les sociétés amérindiennes à l’époque coloniale et d’aujourd’hui. Ainsi, divers domaines ont été examinés (histoire, pratiques culturelles et cultuelles, langue et arts) ainsi que les nouvelles problématiques rencontrées (question foncière, environnementale, chômage, exode rural, déculturation et enculturation, etc.) par ces populations au niveau des États. Ce sont par exemple, les conséquences que peut entraîner l’existence d’une frontière administrative entre un groupe de migrants et son territoire ancestral lorsque le culte des ancêtres demeure central dans le groupe, dans la famille ; les difficultés d’intégration que connaissent les sociétés marronnes et amérindiennes des Amériques, la politique des Etats à leur égard et les stratégies qu’elles mettent en place pour protéger leurs intérêts.

La thématique de la mise en mémoire et de la patrimonial isation de l’histoire de l’es clavage et du marronnage (enseignement, monuments commémoratifs) était également au coeur de ce colloque qui a eu lieu en Guyane française à Saint-Laurent-du-Maroni (ville habitée par des descendants d’esclaves, de Marrons bushinenge et d’Amérindiens, etc.).

Ouvrage publié avec le concours du laboratoire AIHP-GEODE (Université des Antilles), du CIRESC, du CNMHE et de l’APHG-G.

Jean MOOMOU, maître de conférences en histoire moderne et contemporaine et les membres de l’association des populations des fleuves Oyapock-Maroni (Julie Sélé, Paul Bakaman, Jocelyne Méda, Jacques-Philippe Safel, Chantal Bantifo, Valérie Casimir, Suzana Daninthe, Marie-France Naïsso, Millie Dimpay, Stéphane Saïfa, Shirley Abaakamofou, Lucienne Bakaman , Rand olf Li enga, Amission Momou, Ali ne Cas imir, Emmanuel Bendayo, Félix Germany, Sergine Koka son, Robert Ama ïkon, René-Carlos Landveld, Aug uste Richenel, Jean-Claude Amaïkon, Jean-Luc Maïs, Béatrice et Micheline Moomou, Agoudouman Nathalie, Charles-Antoine Canale, Pasca l Sélé , Mar ius Ma nbo, Annie Perrier, Abollo Awas aï, Stéphane Maurange, Akama Opoya).

Sociétés marronnes des Amériques

Mémoires, patrimoines, identités et histoire du XVIIe au XXe sièclesJean Moomou et APFoM
Public intéressé
Format : 17 x 24 cm / 784 pages
Reliure : Broché, dos carré cousu
© 2015
Prix : 45 € (TvA : 5,5 %, doM 2,1 %)
ISBN : 978-2-84450-451-7